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pères règnent depuis huit siècles sur les vôtres, revient pour consacrer le reste de ses jours à vous défendre et à vous consoler. >>

Signé, LOUIS.

Ce ne sont point là des mensonges, des impostures, comme nous n'avons cessé d'en entendre depuis vingt années, c'est-à-dire depuis que l'astucieux Buonaparte a commencé à se faire connaître. Il avait tellement changé le caractère d'une partie des Français, lui et ses perfides agens, que les mœurs étaient presque généralement corrompues; la faussetéromplaçait la franchise, l'amour de la patrie n'était plus qu'une chimère; l'égoïsme et l'intérêt passaient pour des vertus ; et l'on n'avait plus d'attachement pour tout ce qui était noble et estimable. Une telle perversité de sentimens ne pourra disparaître que peu-à-peu, sous le gouvernement d'un bon roi, entouré de ministres

vertueux.

Pour empêcher cette utile réforme, les partisans du crime et de l'anarchie, soulevaient le menu peuple de la capitale, le faisaient paraître encore moins éclairé et beaucoup plus méchant qu'il n'a coutume de l'être, en lui prodiguant les moyens de s'enivrer. Ils voulaient effrayer le Roi et et retarder son entrée dans la

capitale le plus qu'il leur serait possible, ou lui faire naître le dessein d'établir sa cour, pendant quelque temps, dans une autre ville de France. Mais heureusement que leur infàme projet a été déjoué. Notre Roi a retrouvé dans le cœur des Parisiens les mêmes sentimens d'attachement pour son auguste personne qui ont éclaté de toutes parts sur son passage.

La plus grande partie des prétendus représentans de la Nation, assemblée par Buonaparte, était incapable de rendre hommage aux vertus de Louis XVIII, et de sentir les avantages inappréciables dont son retour ferait jouir la France (1). lui fallait un despote qui mit à même ses créatures de jouir d'une fortune énorme; qui en fit des ducs, des princes, des comtes, et qui écrasât tous les autres individus. La seule proposition qu'il fallait un ⚫ roi aux Français excita un orage terrible et des transports furieux. Qu'aurait-ce donc été, si un membre avait eu le courage de déclarer à la tribune que Louis XVIII réunissait tous les

(1) Ce n'est point notre Roi qui est cause de l'inva sion des armées étrangères; encore une fois, c'est Buonaparte seul qui les a attirées, et à qui il faut s'en pren dre du mal passager qu'ils nous font.

droits et toutes les qualités qui le rappelaient au trône ? Le courageux, M. de Malleville fils, quoique son titre de représentant lui donnât le droit de parler avec liberté, faillit en faire la triste expérience, pour avoir publié, par la voie de l'impression, le juste dévouement qu'il éprouvait, lui et tous les bons Français, en faveur des Bourbons ; dans cette brochure intiulée: Au gouvernement provisoire et aux deux Chambres, il s'exprime avec toute l'énergie d'un patriote dévoué à son roi. «Aujourd'hui s'agit-il de proposer le rétablisse... ment de Louis, dit-il ? ce n'est point par votre coopération que ce prince va remonter sur son trône; il y remontera, quoique vous fassiez, par l'effet du vœu et des efforts des puissances alliées; il y remontera parce qu'il y est rappelé par l'amour du peuple que vous ne sauriez plus comprimer; il y remontera enfin de lui-même, parce qu'il sent que lui seul peut assurer le bonheur de la nation, et réconcilier nos intérêts avec les intérêts de l'Europe. Vous ne pouvez done rien pour lui, sinon de ne plus vous opposer à l'accomplisscment de tous ces vœux. »

Ils étaient loin d'être disposés à suivre ces sages conseils. Ils ne pouvaient même pas être frappés des vérités que leur annonçait M.

de Malleville; ce n'est qu'en s'enfuyant de la capitale, qu'ils entendirent les cris de joie de toute la France; qui leur apprirent le triomphe de la vertu sur le crime, et la honte dont ils étaient couverts.

et

Le Roi quitta Gand le 22 juin, cette ville qui, parmi tous ses titres d'illustration, ne manquera pas de citer avec gloire dans ses annales l'honneur qu'elle a eu, pendant plusieurs mois de donner asile à un Monarque Français, forcé de fuir des sujets rebelles. Louis se rendit à Mons: il y reçut le 23 des rapports certains sur l'entrée des alliés en France sur le desir que les habitans témoignaient de revoir leur souverain. Ces informations déterminèrent le Roi à partir le lendemain matin pour le Cateau-Cambrésis, où il se trouverait près de plusieurs places fortes défendues par des Français égarés depuis quelque temps; mais qui, refusant d'ouvrir leurs portes aux étrangers, ne pourraient, sans persister dans la rébellion, les fermer à leur monarque légitime. Sa présence en France devait d'ailleurs imposer aux traîtres dont les dangers allaient redoubler les fureurs.

Ce fut le 24 que S. M. passa la frontière, et eut la satisfaction de se trouver dans ses Etats, trois mois après s'être vue dans la néces

sité de les abandonner par la révolte de l'armée. Les mêmes marques d'amour qui furent prodiguées au roi à son funeste départ, l'attendaient à son heureux retour; avec cetle différence, que la première fois on pleurait de douleur, et qu'à son second passage tous les yeux répandaient des larmes de joie. Le drapeau blanc, arboré sur la limite du royaume, annonçait la régénération qui allait se faire et la pureté des sentimens qui animaient les bons Français. Ils accouraient en foule au-devant de leur roi; partout ils venaient bénir leur bienfaiteur, leur libérateur, et ils rendaient grâce au ciel de ce qu'une poignée de factieux, de rebelles ne les arracherait plus aux soins paternels de l'autorité la plus douce qui jamais ait présidé aux destinées d'un grand peuple. Toute la population de Cateau-Cambrésis vint au-devant du monarque. Louis resta dans cette ville toute la journée du dimanche 25. On attendait pendant ce temps la reddition de quelques places, et l'on savait que Cambrai désirait surtout impatiemment l'arrivée des alliés.

Enfin, Louis apprit que cette ville était prise en son nom par les Anglais, et que la citadelle, après une courte résistance, s'était aussi soumise. Les circonstances de la prise

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