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tentiaires ont signé et apposé leur sceau à cé traité. Donné à Vienne le 13 (25 mars) 1815.

Signé, Le comte RASOUMOUSKI. NESSELRODE,

METTERNICH. WEISSEMBERG.

Louis XVIII à l'Armée.

Gand, le 10 avril 1815,

SOLDATS,

Que me reprochez-vous? Est-ce moi, qui, pendant dix ans ai constamment acheté la victoire au prix de

votre sang?

Est-ce moi qui ai couvert tous les champs de l'Europe des ossemens de vos compagnons d'armes ? vous ai-je abandonné dans les sables de l'Egypte ou sous les neiges de la Russie? Non, soldats, dans l'exil ou sur le trône, je fus toujours votre père; sur le trône ou dans l'exil, je ne vis en vous que mes enfans. Je le conçois, dans le repos où s'indignait votre valeur, une fausse lueur de gloire a pu vous égarer au bord du précipice; si votre erreur n'est que passagère, elle est honorable; mais si elle se prolonge, vous perdrez en peu de jours le fruit de dix ans de travaux.

Soldats votre honneur, le bonheur de la France, le repos de l'Europe entière l'exige; fuyez cette aigle qui dévore les générations; accourez sous la bannière des Bourbons, sous celle des lis, toujours chère à la nation, et respectée de la victoire. Soldats, je vous attends pour vous pardonner; si je viens, il me faudra punir.

Signé, Louis.

, par

Lettre à MM. les Journalistes
M. Maillart de Lescourt, major d'artillerie.

Paris, 5 avril 1814.

Monsieur,

J'ai communiqué à quelques amis seulement le bonheur que j'ai eu d'éviter à la ville de Paris une catastrophe horrible; c'est d'eux probablement que vous aurez appris ce fait. Une action purement raisonnable devait rester ignorée; mais puisque vous l'avez fait connaître, je vous prie d'en recevoir de moi les détails et de les publier dans votre prochain numéro.

J'étais occupé, dans la soirée de l'attaque de Paris, à rassembler au Champ-de-Mars les chevaux nécessaires pour l'évacuation de l'artillerie; je partageais ce soin avec les officiers de la direction générale. A neuf heures du soir environ, un colonel à cheval arrive près de la grille Saint-Dominique, où j'étais alors, et demande à parler au directeur de l'artillerie. Je me présente. Monsieur, me dit dit-il, le magasin à poudre de Grenelle est-il évacué? Non, lui répondis-je; il ne peut même pas l'être; nous n'avons pour cela ni assez de temps, ni assez de chevaux. Eh bien! il faut le faire sauter sur-le-champ. A ces mots, je pâlis, je me troublai, sans penser que je n'avais pas à m'inquiéter d'un ordre qui ne m'était point donné par écrit, et qui m'était transmis par un officier que je ne connaissais pas.

Hésiteriez-vous, Monsieur ? me dit-il. Après un moment de réflexion, je revins à moi; et craignant qu'il

ne transmit à d'autres un pareil ordre, je lui répon

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dis en affectant un air calme, que j'allais de suite m'en occuper. Il disparut. Maître de ce secret affreux, je ne le confiai à personne.

Je ne fis point fermer les portes du magasin de Grenelle, je n'en pris point les clefs; je laissai continuer l'évacuation commencée dans la journée.

J'ajouterai maintenant, Monsieur, que cet ordre ne peut m'être venu des bureaux de l'artillerie, dont tous les officiers me sont connus; que je savais déjà que le ministre de la guerre et le général en chef de division de l'artillerie avaient quitté Paris depuis plusieurs heures, et que tous les officiers d'artillerie de la direction générale étaient réunis au Champ-de-Mars, où ils s'occupaient de l'évacuation ordonnée.

Le major d'artillerie, MAILLARD DE LESCOURT.

(Extrait de la Gazette de Berlin, du 5 avril 1815.)

Au Prince de Schwarzenberg.

J'ai l'honneur de transmettre à Votre Excellence la réponse que j'ai cru devoir faire aux insinuations de Buonaparte. Elle verra entièrement le fonds de mes pensées. J'ai l'orgueil de croire qu'elle ne me trouvera pas indigne du commandement qu'elle a eu la bonté de me proposer. Je n'aurai pas la fausse modestie de refuser de donner à mon Roi l'éclatant témoignage de ma fidélité et de mon dévoûment. Heureux, en versant mon sang pour sa cause, d'effacer le souvenir des

services que j'ai trop long-temps rendus au plus ingrat et au plus perfide des hommes!

Je suis, etc.

Signé, MARMONT, duc de Raguse.

A M. de Caulaincourt.

MONSIEUR.

:

Buonaparte, après m'avoir abreuvé d'outrages, vous rend l'intermédiaire des propositions qu'il croit devoir me faire. Il pense me rappeler à lui par des promesses et des flatteries j'ai trop appris comment il savait allier le mépris et les faveurs, pour être étonné de son dernier message. Puisque vous êtes chargé, Monsieur, de lui transmettre ma réponse, je vais vous faire connaître avec franchise mes sentimens, afin que celui que vous appelez votre maître, se dispense de faire auprès de moi de nouvelles instances. Vous savez, Monsieur, avec quel dévouement j'ai servi Buonaparte, tant que ses destinées ont été liées à celle de la France. Depuis plusieurs années, je ne me dissimulais ni l'injustice de ses entreprises, ni l'extravagance de ses projets, ni son ambition, ni ses crimes, mais il était le chef de l'Etat, et ses succès, quelque coupable qu'ils me parussent, me semblaient préférables pour la patrie, à des revers qui, en augmentant les excès de sa fureur, pouvaient précipiter la France sous le joug de l'étranger. Buonaparte ne peut nier luimême l'importance des services que j'ai rendus à l'armée. Il n'a jamais été dans mon caractère d'étaler mes faits d'armes; mais je puis dire que quelques journées

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de gloire recommandent peut-être mon nom à l'histoire. Une témérité payée par les plus éclatans désastres, amena toutes les armées de l'Europe dans le cœur de la France. Je soutins avec ardeur, quoiqu'avec des forces inégales, le choc de la division qui me fut opposée. Buonaparte avait laissé Paris sans défense. Je courus couvrir la capitale. J'arrive avec mon corps, au moment où une armée de 120 mille hommes se précipitait sur elle: c'était fait de la première cité du monde. La valeur de la garde nationale de Paris n'avait fait qu'irriter les vainqueurs, lorsque le prince de Schwarzenberg et M. de Nesselrode me déclarèrent que la ville pouvait être sauvée par une capitulation. Je traitai d'abord pour le salut d'un million d'hommes, et j'eus le bonheur d'entrer en négociation pour le salut de la France entière.

Un juste ressentiment animait les Souverains alliés, ils le sacrifièrent au désir d'acquérir une gloire plus sublime que celle des conquêtes; ils m'apprirent que le tyran du monde une fois renversé, leurs ressentimens s'éteindraient. J'osai alors porter un coup-d'œil scrutateur jusque sur les secrètes pensées des souverains; j'osai dire qu'il existait une famille entièrement regrettée en France, que recommandaient des siècles d'une gloire pure, dont le nom, lié à tous les souvenirs de bonheur et de prospérité, retentirait d'un bout de la France à l'autre, aussitôt qu'une bouche l'aurait nommé. Je vis, à la réponse que j'obtins, que j'avais capitulé, non avec nos ennemis, mais avec nos libérateurs. Je fis alors une faute immense, et c'est la seule que je me reproche en ce moment : j'eus la faiblesse d'exiger la conservation des jours de Buonaparte. J'en

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