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tion imposée à tout souverain de maintenir ses garan ties et ses alliances, mais encore par les devoirs sacrés que lui impose l'institution de la souveraineté.

La guerre est sans doute un grand mal; aucun gouvernement ne doit l'entreprendre, si ce n'est pour préserver ses peuples de calamités plus grandes que la guerre elle-même. Espagnols! c'est ici le cas où nous nous trouvons. Après son agression contre la France et son légitime souverain, après avoir rompu le traité› qu'il avait consenti, Buonaparte soutient qu'il n'a offensé personne, qu'il a seulement recouvré ses droits légitimes, que les souverains ne peuvent pas les mettre en discussion, et qu'il veut vivre en paix avec tout le monde.

En semblable circonstance personne ne saurait hésiter sur le choix d'un parti: toute l'Europe a pris le parti le plus sûr, le plus avantageux et le plus honorable. Toute défiance a disparu entre les puissances qui, dans le danger commun, ont réuni leurs intérêts. La Prusse ne sera point passive spectatrice des revers de l'Autriche; l'Autriche ne regardera point avec indifférence le sort de la Prusse. La Russie ne permettra pas› que le midi de l'Europe soit divisé en héritages pour nourrir des esclaves couronnés. L'Angleterre persistera à ne pas souffrir qu'on compte de nouveau au nombre des souverains ce guerrier qui eut l'audace de don-> ner des lois aux mers, tandis que tous les vaisseaux français restaient bloqués dans ses ports.

Espagnols! nous avons à soutenir une guerre ordonnée par la loi suprême de tous les gouvernemens : elle est innocente et parfaitement juste, parce qu'elle est combinée pour le bien des peuples et pour la sûreté

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des souverains appelés à les gouverner par la Provi dence et par la loi fondamentale des Etats. Cette guerre est préparée avec prudence, parce que les moyens que les puissances coalisées ont pris et prennent encore pour reconquérir la paix de l'Europe, doivent être conformes à la gravité et à l'importance de l'entreprise. Cette guerre est surtout nécessaire, parce que les corps nationaux, de même que les individus, ne peuvent oublier la loi de leur propre conservation.

La nécessité de la guerre ne résulte pas de ce seul principe. Espagnols! vous devez aussi considérer comme un besoin impérieux, celui de lutter contre l'auteur du plan impie dressé pour détruire l'œuvre de Jésus-Christ, ét achever dans deux ou quatre ans ce qu'il appelait dans ses instructions à Cervalloni: œuvres de tromperie. Voilà ce qu'est Buonaparte, qui, non content d'être une source de calamités, voudrait qu'on les supportat sans appui, sans consolation, sans espérance d'un meilleur sort, enfin, sans le secours de la tendre, officieuse et compatissante religion catholique. Ils ne conviennent pas à Napoléon, des dogmes qui condamnent le droit de la force, l'unique droit qu'il reconnaît. Ces dogmes, qui prêchent la justice et l'équité, ne peuvent plaire à l'usurpateur des trônes. Ils ne conviennent point enfin à celui qui soutient que les noms de juste, d'équitable et de vertueux, appartiennent exclusivement aux conquérans.

Espagnols! la justice, la prudence, la loi de la défense et la religion, commandent également cette guerre pour délivrer la France et son trône du joug de l'oppression sous lequel ils gémissent, et pour conquérir la tranquillité et le repos du monde. Les conseils

de l'ambition n'ont eu aucune influence auprès d'un tribunal aussi intègre. La France ne sera démembrée ni sous le rapport de ses places ni sous celui de ses provinces. Ses limites seront religieusement respectées; et, pour que les armées alliées ne missent pas les pieds au-delà de ses limites, il suffirait que la France suivît la seule impulsion de ses réflexions sur l'outrage que l'on fait à sa dignité nationale, en la rendant le jouet et l'objet du mépris des factions; qu'elle pensât qu'une nation commence à être esclave dès qu'elle perd les Rois appelés par ses lois fondamentales à la gouverner.

Je sais bien que j'ai le pouvoir de déclarer et de faire la guerre. Je suis sûr que mes sujets se reposeront avec confiance sur l'idée qu'un Roi qui fonde sa félicité sur celle de ses peuples, ne peut entreprendre la guerre sans la douleur de se voir dans la nécessité dé les défendre. Cependant j'ai voulu appeler à mon secours la force de la conviction pour affermir ma réputation de juste dans la pensée des nations, pour encourager la valeur de mes troupes, pour stimuler la générosité de ceux qui peuvent faire preuve de cette vertu, pour soutenir la résignation de tous dans les travaux que nous prépare cette fatale circonstance, et pour que, la guerre se trouvant sanctifiée, tous espèrent dans le secours du dispensateur des victoires.

De mon palais royal de Madrid, le 2 mai 1815. »

Signé, FERDINAND.

Déclaration de la garde nationale d' Amiens, affichée à Amiens, Beauvais et autres villes de Picardie.

Dans un moment où Buonaparte, en mettant en œuvre tout ce qui lui reste de moyens fantastiques, vient, par un acte arbitraire et despotique, nous contraindre tous à prendre le parti le plus infâme qui fût jamais, et à soutenir un trồne usurpé; nous prenons à témoin notre honneur, la patrie et le roi, que jamais personne ne sera capable de nous faire armer pour défendre un homme que l'enfer en courroux a vomi de ses gouffres.

Nous sommes, dit-on, menacés de l'invasion des ennemis. Non, ce sont des amis. Ils viennent rendre à la nation son souverain, dont la trahison de l'armée l'a privée.

Qui est-ce qui a rappelé Buonaparte dans la France? Qui est-ce qui a trahi son roi, pour placer sur le trône ce vil proscrit? C'est l'armée. Eh bien ! quelle le défende. Tels sont les vœux de la garde nationale.

J

Buonaparte dit que les Bourbons amènent les étrangers en France. Eh! s'il n'était venu souiller notre sol, nous serions en paix avec l'Europe.

Sébastiani est venu pour nous faire prendre les armes. Nous jurons tous que, si ce vil satellite de Buonaparte revient dans nos murs avec l'intention et les pouvoirs proconsulaires, pour organiser une mesure aussi inique, il y trouvera le châtiment de ses crimes, et malheur aux traîtres qui oseraient seconder ses infàmes projets !

Le cri de ralliement de la garde nationale est ; Vive le Roi vivent les Bourbons! mort au tyran et aux brigands qui l'ont soutenu dans sa criminelle entreprise!

Français ! le jour approche où vous verrez flotter sur vos tours ce pavillon blanc, signal du bonheur.

Armement de la France, au mois d'avril et mai 1815.

Persuadera-t-on à l'Europe que la France entière est levée, qu'elle court aux armes de toutes parts et qu'elle est décidée à soutenir une guerre à mort pour repousser un roi qu'elle chérit, qui ne s'est jamais fait connaître d'elle que par des bienfaits, qui ne lui a coûté de larmes que le jour où il lui a été ravi par la perfidie et la violence, et qui est l'objet des regrets de la grande majorité des citoyens et de l'estime de tous ? Osera-t-on supposer qu'un seul Français, fait pour l'être, se croie obligé à cimenter de son sang l'usurpation d'un soldat révolté, en exécration au genre humain, et dont la nouvelle tentative a déjà jeté l'alarme dans tous les états civilisés? Avec quelles paroles pourrions-nous justifier devant nos neveux les calamités irréparables que nous aurions attirées sur la patrie, et de quel front soutiendrons-nous le reproche des générations opprimées, à qui l'on veut nous faire léguer tant de honte et tant d'esclavage? Il faudrait bien le leur avouer, c'est pour assouvir la basse cupidité, l'ambition aveugle et sanguinaire, les passions haineuses et féroces de quelques milliers de brigands, déjà engraissés de tout le sang que les révolutions ont fait répandre; c'est

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