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eroyez-en l'homme dont le sang a souvent coulé près du vôtre, et dont la loyauté n'a jamais été soupçonnée. Vous connaîtrez dans peu le détail de ces exécrables forfaits.

L'honneur crie vengeance. Qu'à nous il appartienne de sauver le nom français. Rappelons-nous le Roi et nos sermens, l'honneur et la patrie, notre gloire et la postérité, et courons tous nous ranger sous ce drapeau sans tache que nous avons juré de défendre.

Je sais qu'une crainte vous arrête: on veut vous persuader que Louis ne vous recevra que pour vous punir, qu'il ne vous reste qu'à vaincre ou à mourir. Eh bien! braves camarades, je suis autorisé à vous annoncer que le meilleur des Rois nous ouvre les bras d'un père : courons nous y jeter, ne laissons point aux alliés l'honneur de remplir notre devoir en exterminant le tyran féroce qui doit tomber sous le poids de la vengeance nationale; c'est le seul moyen d'éviter l'invasion des armées étrangères, et de montrer à notre Roi, à la patrie, aux nations réunies, que l'honneur et la fidélité sont toujours les premières vertus des soldats français.

La cause de la France est-elle liée à celle de Buonaparte?

On ne cesse de nous répéter que Buonaparte est le seul représentant des intérêts de la révolution. Ce sont là les termes sacramentels avec lesquels de vils folliculaires naguères déchaînés contre le tyran qui soudoie aujourd'hui leur vénalité, pensent follement venir à bout d'égarer l'opinion publique. Mais qu'ils ne s'y

trompent pas, cette révolution, dont ils invoquent sans cesse les principes, nous a ouvert les yeux, et le temps n'est plus où l'on pouvait séduire la multitude à l'aide de quelques mots équivoques ou de quelques phrases vides de sens....... Le passé et le présent même, malgré la faiblesse et la crainte du tyran, ne nous répondentils pas assez de l'avenir? Un tigre cesse-t il d'être un tigre, parce qu'il est un moment hors d'état de déchirer? Buonaparte est-il changé? A-t-il acheté de la modération et des vertus en achetant les Dumolard et les Benjamin Constant? N'est-ce pas encore le même homme qui disait: C'est moi qui suis la Nation ?....... Voulons-nous savoir au juste à quoi peuvent se réduire les droits des citoyens sous un tel homme?

1o. Liberté civile: Il vient de nous l'imposer dans son acte additionnel. Nous avons une liberté de sa façon, et à laquelle il faut souscrire, sous peine d'être inquiété, persécuté, chassé de ses emplois.

2. Inviolabilité des propriétés

Il se réserve, par sa Constitution, le droit odieux, de confisquer nos biens, droit aboli par Louis XVIII.

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3o. Egalité des droits : Nous sommes et nous serons tous également sous ses pieds.

4. Sûreté personnelle : C'est à Vincennes et dans la plaine de Grenelle que doit s'exécuter cet article.

Français voilà le seul représentant de nos intérêts! Voilà celui qui vient nous délivrer du despotisme de Louis XVIII! Voilà celui que quelques misérables ont voulu substituer à notre Roi constitutionnel! Français..., écoutez le tyran sophiste qui vous dit, du milieu des baïonnettes: << Vous m'avez désiré et je viens parmi vous. Je consens à vous opprimer, puisque vous voulez que

je vous opprime encore. Peuple souverain, présente tes mains à mes chaînes. Peuple à qui je rapporte le bonheur, mourez de misère dans les places publiques. Peuple à qui je donne la paix, venez vous faire égorger pour défendre un despote..... »

A l'Armée, à la Garde nationale, à la Jeunesse, aux Français.

(Ce placard a été affiché à Paris dans la nuit du 10 au 11 avril 1815 la police l'arrachait le matin, et on le réaffichait la nuit suivante.)

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SOLDATS,

Buonaparte vous a dit qu'il avait une trêve de vingt ans. Buonaparte a menti.

Vous savez déjà qu'il vous a trompés; et quoi qu'en disent ses journalistes stipendiés, malgré leurs ridicules déclarations contre la possibilité d'une nouvelle coalition, malgré leurs lettres fabriquées dans le cabinet du tyran, et auxquelles personne ne croit, la guerre que vous aurez à soutenir, pour la cause de ce brigand proscrit par toutes les nations qui se disposent à lui courir sus, sera la preuve la plus complète de son mensonge.

Buonaparte vous a annoncé l'arrivée prochaine de son épouse bien-aimée et de son bien-aimé fils. Buonaparte a menti.

En vous annonçant cette arrivée prochaine, dont le jour auquel il l'avait fixée s'enfuit déjà loin de nous, il a voulu nous faire croire qu'il n'était revenu en

France que de l'ayeu de ce généreux prince qui a eu le malheur d'être son beau-père. Non, soldats, cette victime infortunée, qui n'est plus son épouse, ne reviendra pas ajouter au déshonneur de s'être alliée à l'homme le plus méprisable de tout l'univers, le déshonneur bien plus grand de partager avec ce bourreau du genre humain, ce fléau des peuples, le crime qui le conduit à l'échafaud.

Buonaparte vous a dit que le peuple français l'avait redemandé. Buonaparte a menti.

A l'exception d'une poignée de brigands comme lui, qui ont renversé le trône, et prêté serment de fidélité à la république; qui ont ensuite assassiné leurs propres enfans pour servir de marche-pied à l'usurpateur qui s'est assis sur le trône; qui lui ont prêté un nouveau serment en sa qualité de tyran impérial; et qui, depuis, toujours parjures viennent encore de trahir le meilleur des Rois; à l'exception de ces autres réprouvés dont les noms font horreur, et qui se sont réunis aux premiers pour l'exécution d'un attentat qui réclame la plus prompte et la plus terrible vengeance, il n'y a pas un Français honnête homme qui ne renie Buonaparte; il n'appartient qu'aux suppôts du crime de se faire honneur d'être ses amis.

Buonaparte a dit et fait répandre par ses émissai res que les droits féodaux devaient être rétablis. Ses partisans vont jusqu'à dire qu'ils l'étaient déjà dans quelques départemens. Buonaparte a menti, ses parti sans mentent avec lui.

Aucun Français ne peut être dupe de leur mensonge; car sous le Gouvernement paternel dont leur noire perfidie vient de nous priver pour quelques momens,

jamais aucun discours sorti de la bouche de nos princes, et aucun acte, soit de leur part, soit de la part des ministres, n'a pu faire croire ni même donner l'idée qu'on ait eu l'intention d'un pareil rétablissement.

Buonaparte a dit encore qu'on voulait rétablir la dime. Buonaparte a encore menti.

Qu'il dise plutôt, qu'il dise l'imposteur, qu'il n'a tenu à rien, il y a cinq ans, qu'il n'eût mis lui-même à exécution son décret sur le rétablissement de cet impôt. Ce décret, ouvrage de ses lâches et perfides conseillers, fut imprimé alors, mais la publication en fut suspendue par des causes qu'il serait trop long de rapporter ici; l'impôt foncier avait été augmenté en raison de la suppression du produit de la dîme; mais s'il eut osé la faire revivre, croit-on qu'il eût diminué l'impôt foncier? Non, le dévorateur de la fortune pu→ blique et particulière, ne respecte rien, quand il s'agit d'accabler, sous le poids de l'or, ces hommes exécra- · bles qui courent après la récompense des crimes qu'ils ont commis, par une servile complaisance pour leur digne chef.

Buonaparte vous a dit qu'il n'aurait point de guerre avec les étrangers. Buonaparte a menti.

Voudrait il nous faire croire que toutes les forces que les puissances justement indignées, font avancer en poste sur nos frontières, ne sont destinées qu'à s'op poser à ses tentatives contre elles? Eh! quelle crainte peuvent avoir les puissances d'un homme à qui il ne reste plus qu'un très-petit parti des troupes qui ont reconnu sa fourberie, d'un homme qui n'a d'autre argent que celui qu'on ne peut s'empêcher de lui donner? D'autre argent que celui dont il vient de dépouiller la

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