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quatre petits vers, que plusieurs personnes ont appliqués à Buonaparte, les voici :

Par les plus grands forfaits

Sur le trône affermi,

De la publique paix

C'est le seul ennemi.

Le Lis et la Violette.

APOLOGUE.

Auprès d'un Lis, éblouissant, superbe,
Et dont le calice orgueilleux

Charmait l'odorat et les yeux,

Croissait loin des regards, et se cachant sous l'herbe, Une gentille fleur,

Emblême de la modestie,

Et de la timide pudeur,

La Violette, enfin, de l'éclat ennemie.
Le Ciel était aussi calme que pur,

Et l'astre qui brillait sur la voûte d'azur,
Embellissait le Lis; aussi sa tête altière,
Du trône, des jardins l'ornement et l'honneur,
S'élève noblement et semble encor plus fière
De son éclatante blancheur.

Mais soudain un affreux orage

Couvre d'un voile épais et la terre et les cieux;
Et du sein d'un sombre nuage,

S'élance un aigle furieux,

Dont la serre encore sanglante

Saisit le Lis, l'arrache et le laisse étendu

Près de sa voisine tremblante.

En un moment, hélas! le Lis a tant perdu.
Tels on voit les palais, d'orgueilleuse structuré,
Renversés par la foudre, et tout-à-coup réduits
Au niveau de la frêle et chétive måsure,
Qu'à peine ils honoraient d'un regard de mépris.
Après ce bel exploit, tout fier d'une victoire
Qu'il attribue à sa valeur,

Et se croyant couvert d'une immortelle gloire,
L'Aigle, pour se parer, veut avoir une fleur;
La Violette en vain, dans une humble cachette,
Se croit en sûreté. Son agréable odeur

La trahit; et l'oiseau vainqueur,

De mainte et mainte fleur dépouille la pauvrette, Puis s'envole, tenant dans son bec destructeur, Une touffe de Violette.

On vit alors les Hiboux, les Corbeaux, Les Milans, les Vautours, enfin tous les oiseaux Avides de pillage,

De sang, de meurtre et de carnage,

Se rengorger, faire les beaux,

Et d'un pareil bouquet décorer leurs plumages. Mais laissons-le pour un instant

Avilir la fleur printannière,

Et revenons au Lis; hélas! dans la poussière,
Auprès de sa voisine il était expirant,
Celle-ci n'eût jamais adressé la parole

Au Lis majestueux, au Lis éblouissant;
Mais il est renversé, malheureux, languissant,
Il accuse le sort, gémit et se désole;

La tendre sensibilité,

A la timide fleur, dicte alors ce langage:

Console-toi, reprends courage,
Dit-elle au Lis, tu n'as point mérité
Un tel affront, un si cruel outrage;
Console-toi; l'Aigle persécuteur
N'obtiens pour prix de sa victoire,
Que mépris, honte et déshonneur ;
Le Lis a conservé sa gloire.

Ah! que n'en puis-je dire autant!
Mais, hélas! maintenant,

Que par la trahison du crime et du parjure,
Par un fatal destin,

Chacun avec ma fleur signale sa parure,
Puis-je encore aspirer à mourir sur le sein
D'une vierge innocence et pure?
Ton sort est mille fois plus heureux que le mien ;
Bientôt un appui tutélaire

Te rendra ta splendeur première,
Et sera ton sauveur ainsi que ton soutien.
Oui, bientôt du pouvoir suprême,

De la candeur, de lá vertu

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Le Lis redeviendra l'ornement et l'emblême ;
Mais aujourd'hui, languissant, abattu,
Et du malheur innocente victime,
Rappèle-toi qu'il est plus glorieux
De succomber en restant vertueux
Que de triompher par le crime.

Buonaparte et l'Echo.

Je suis seul en ces lieux, personne ne m'écoute.
Morbleu, qui me répond, qui douc est avec moi?

Ecoute.

Moi.

Ah! j'entends, c'est l'Echo qui me rend ma demande ? Demande.
Sais-tu si désormais l'ordre ici restera ?-
Restera.

Si Vienne et Pétersbourg me haïront toujours ? Toujours.
Ah! ciel, que dois-je attendre,après tant de malheurs? Malheurs.
Crois-tu, dans ces instans, que je serai réduit?
Après tant de hauts faits, que devrais-je entre-

prendre ?

Rendre ce que j'ai pris, par un mal inouï?
Et quel sera le fruit de mes trop longues peines ?
Enfin, que deviendra mon peuple malheureux?
Que deviendrai-je moi, qui me crois immortel?
L'univers n'est-il pas rempli de mon grand nom?
Autrefois, ce nom seul inspirait la terreur?
Triste écho, laisse-moi, j'enrage, je me meurs.

Réduit.

Rendre.

Oui. Peines. Heureux. Mortel, Non.

Erreur.

Meurs.

Agonie et mort de Nicolas.

La Russie est la garde-malade;
L'Angleterre fournit la médecine;
L'Autriche donne l'extrême-onction ;
La Suède sonne l'agonie et la mort;
La Bavière invite au convoi;
Le Danemarck porte la croix;
L'Espagne creuse la fosse;
La Prusse le met dedans;

La Hollande chante le libera;

La Sardaigne donne l'eau bénite;

La France paie l'enterrement;

Et tout le monde est content.

Ainsi-soit-il.

Nouvelle Oraison dominicale.

Notre père qui devriez être à l'île d'Elbe, que votre nom odieux soit pour toujours exécré; que votre volonté ne soit jamais accomplie, cette volonté prononcée de réduire la France, après en avoir dévoré tous les habitans. Soyez traité sur cette terre comme vous devez l'être dans l'éternité, où les furies vengeresses vous attendent dans le Tartare. Que nous soyons dé barassés au plutôt de votre abominable présence, afin que nous puissions compter sur notre pain quotidien dont chaque jour vous rongez la portion par vos honteux monopoles. Après avoir secoué le joug de votre affreuse tyrannie, tous les Français ne formeront plus qu'une seule famille; ils oublieront les erreurs de leur vie que vous avez égarée; ils pardonneront les offenses qu'ils auront reçues, comme on leur pardonnera celles que vous avez faites en leur nom; ils ne seront plus enclins à succomber à la tentation d'une vaine gloire, source de malheurs réels. C'est ainsi que nous serons délivrés du plus grand fléau qui ait jamais dévasté la terre. Ainsi-soit-il.

NOTE.

Réponse du feld-maréchal Blücher, etc.

Nous avons rapporté ci-dessus, page 280, la lettre qu'écrivit le prince d'Eckmühl à Mylord-duc Wellington, et celle qu'il écrivit en même temps au feld- maréchal prince Blücher, pour demander un armistice. La réponse de ce général à S. E. le général français n'a été connue du public qu'à la fin de juillet; elle est importante

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