Page images
PDF
EPUB

Il ne s'agit ici, au contraire, que de fixer les conditions d'exercice d'un droit, comme sont réglées celles du droit de bâtir dans les villes, ou de rouler sur les routes en automobile.

Quelles n'ont pas été les exclamations, les protestations et les fins de non recevoir quand on a prôné pour la première fois l'emploi des engrais chimiques ? Et combien sont aujourd'hui ceux qui ne les emploient pas. Qui parlait autrefois de syndicats agricoles; et par combien de milliers compte-t-on à présent le nombre des syndiqués. La modification des conditions d'exercice du droit de chasse entrera de même progressivement dans nos mœurs, sans provoquer de graves perturbations.

Wauthier

8

CONCLUSION

La reconstitution de la chasse en France ne peut s'effectuer d'une manière efficace qu'au moyen de l'application d'un système cynégétique inspiré de celui de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie.

Le succès de cette réforme en Alsace-Lorraine nous est un sûr garant de la réussite de son application en France.

Elle sera avantageuse pour les cultivateurs, en leur rendant la jouissance d'un revenu supprimé depuis longtemps; pour les petits chasseurs, en mettant par leur multiplicité, des territoires giboyeux à la portée de leur bourse ; pour les grands chasseurs en leur facilitant la création et l'entretien de leurs chasses, par la vigoureuse répression du braconnage, conséquence de la loi, et la suppression des chasses banales sur leurs limites; pour les humbles en mettant le gibier à la portée de leur casserole ; enfin pour tous les artisans ou employés qui vivent de la chasse et dont le nombre s'accroîtra dans de grandes proportions, en assurant l'existence et la pros

périté de l'industrie cynégétique, qui menace à l'heure actuelle de péricliter.

Cette réforme diminuera progressivement en attendant de le supprimer le considérable tribut (1) que nous payons à l'étranger principalement à l'Allemagne et à l'Autriche, pour les importations de gibier. Nous pourrons devenir alors nous-mêmes exportateurs et concurrencer l'étranger sur ses propres marchés.

D'une manière générale ce sera là enfin une augmentation sensible de la prospérité du pays.

C'est l'opinion de M. le ministre de l'Agriculture Mougeot qui ne put s'empêcher de la laisser transparaître dans sa fameuse circulaire du 15 janvier 1903. C'est celle de M. Madelin inspecteur des eaux et forêts au ministère de l'agriculture et rapporteur de la question de la communalisation au Congrès de la Chasse (2); c'est celle des dirigeants du Saint-Hubert-Club de France.

1. Voir sur les importations étrangères et l'importance de l'industrie de la chasse le chapitre I de la première partie de cette étude.

2. Les personnes qui liront le rapport de M. Madelin au Congrès pourront y voir une apparente contradiction entre l'opinion que nous lui prêtons et celle qu'il émet dans ce travail. Il a été obligé d'adopter les conclusions de la commission dont il était le rapporteur, qui ne sont pas, nous le tenons de sa propre bouche, les siennes propres.

C'est l'avis de M. Bodmer qui fut chargé par le ministre de l'Agriculture d'aller sur place étudier le régime austro-allemand et auquel nous empruntons ces lignes.

<< Il n'est malheureusement que trop certain que la communalisation, livrée à l'initiative privée, n'a aucune chance de réussite, tous les efforts tentés devant se heurter, dans nos campagnes, à des ferments de discorde dont le principal est la jalousie. Pour assurer le succès des essais déjà faits en France il a manqué une mise en demeure forçant les hésitations et la timidité de la grande masse des propriétaires.

« Les résultats obtenus chez nos voisins d'OutreRhin ne permettent pas de douter de l'excellence du procédé et on préjuge sans crainte de se tromper que le pays accueillerait avec satisfaction une loi sur la communalisation basée sur ces précédents et dont l'utilité est indiscutable (1). »

C'est enfin l'opinion de tous ceux qui, sans idée préconçue, ont impartialement étudié la question de la rénovation de notre chasse française. Tous sont

1. Extrait du « Rapport à Monsieur le ministre de l'Agriculture par M. H. Bodmer sur la mission qui lui a été confiée pour étudier les questions concernant la chasse en Allemagne et en Autriche-Hongrie » (1904).

« PreviousContinue »