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ticipation personnelle aux événements dont j'écris l'histoire, après y avoir été acteur ou témoin.

Un auteur, un historien surtout, dira-t-on peut-être, doit toujours s'effacer devant le public!....

Oui sans doute, s'il n'a d'autre pensée que la glorification de ses propres actes.

Non, lorsqu'il n'a pour but que d'ajouter des témoignages DE VISU à l'appui de ce qu'il raconte; alors il s'écrie avec le poète :

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PREMIÈRE PARTIE.

LIVRE PREMIER.

La Vérité QUAND MÊME

A TOUS LES PARTIS.

Attitude des Partis le 25 février 1848, lendemain du triomphe de leur conjuration collective. - Le parti Orléaniste. — Le parti Républicain. Le parti Bonapartiste. Le parti Légitimiste. Conséquences de cette tour de Babel politique.

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CHAPITRE I°r.

Le parti Orléaniste.

En 1830, je me le rappelle encore, les héros de juillet, comme ils se baptisèrent à l'Hôtel-de-Ville, en proclamant Louis-Philippe, la meilleure des républiques; en 1830, c'était à qui de ces bénéficiaires de l'incapacité ministérielle et de la débonnaireté d'un Roi méconnu ferait de la fanfaronnade ou de l'ironie à l'égard

des royalistes, qui, disaient-ils, avaient laissé démolir l'édifice monarchique sans venir à son secours :

« Où étaient donc les royalistes pendant les journées de juillet? » s'écriaient narquoisement les admirateurs de Louis-Philippe pendant cette lune de miel révolutionnaire.

Ne pourrait-on pas appliquer la peine du talion aux Orléanistes, et leur demander où ils s'étaient cachés le 24 février, lorsque leur roi, leur reine, leurs princes, grands et petits, fuyaient éperdus sur les grands chemins, et que les retardataires travestis se cachaient dans Paris, en attendant les moyens de gagner furtivement la frontière?...

Voilà pour les têtes couronnées sur les barricades de juillet, la récompense, après dix-huit années de jouissances souveraines; oui, voilà la juste récompense; mais, que dis-je ?.... le châtiment d'avoir chassé leurs parents pour prendre leur place, et jusqu'à leur patrimoine arrêt providentiel s'il en fut jamais!...

Quant aux ministres, également en fuite ou cachés, ils devaient expier aussi leur conduite ou leurs vœux à l'égard des conseillers de Charles X; mais ils furent plus heureux ou moins confiants que ces derniers, car ils purent se soustraire à la colère du peuple et aux actes d'accusation des Baroche, des Odilon Barrot, des Ledru-Rollin et des Garnier-Pagès, devenus les Croquemitaines de l'Orléanisme en déroute.

Les pairs, dits de France, fondirent comme la neige; le brouillard salpêtré du 24 février n'en laissa

même pas vestige, et leur somptueux palais était devenu une caserne d'infanterie !...

Les députés, qualifiés de Bornes par l'illustre orateur de la république de 1848, étaient redevenus de chair et d'os, et retrouvèrent des jambes pour vider les lieux ou se blottir dans les coins les plus reculés de ce labyrinthe législatif, si souvent témoin de leur insolente omnipotence, de leur cynisme gouvernemental; c'était à qui s'éclipserait ou passerait en rampant à travers les jambes du peuple pour regagner son logis ou son département!...

Fonctionnaires de toutes robes, qu'ils dussent ou non leurs grades, leurs rubans ou leurs dignités aux d'Orléans, n'attendirent même pas le temps ordinaire d'un deuil de convenance, et dès la proclamation de l'Ere nouvelle, ce fut à qui ne serait pas le dernier à fléchir le genou devant la république démocratique, à lui offrir ses services, son bras et son épée... Pauvre espèce humaine!... Ces mêmes hommes, alors républicains par peur, par cupidité ou par ambition, si la victoire leur fût restée, eussent étranglé tous les républicains de la veille dès le lendemain de leur triomphe!...

Il y eut au moins cela de consolant pour la famille Royale, dans ses revers de 1830, qu'Elle quitta le sol de France avec tous les honneurs de la guerre, et non point en fuyards, comme les d'Orléans; qu'Elle se vit entourée de respect et d'hommages pendant sa marche lente vers l'exil, et qu'enfin, après ce devoir rempli, deux mille officiers, depuis le grade le plus élevé,

jusqu'au modeste sous-lieutenant, brisèrent leur épée pour s'associer à la mauvaise fortune d'un Roi qu'ils avaient servi avec zèle, dévoûment et sympathie; et pas un officier ne l'accabla de ses malédictions, ainsi que le fut Louis-Philippe par la plupart de ceux dont il avait fait la fortune militaire. Et combien inspirat-il de démissions?...

PAS UNE!!!!

Quel jugement renferme ce simple rapprochement de deux époques semblables sous tant d'autres rapports!...

Louis-Philippe ne laissa donc après lui nulle trace de reconnaissance, d'estime ni d'affection, et sa chute fut le résultat de la révolution du mépris (1).

La milice citoyenne elle-même, qu'il choya si longtemps, qu'il couvrit de tant de rubans rouges; ses chers camarades, en un mot, l'insultèrent jusque dans son propre palais, et pour dernier témoignage de sympathie le saluèrent des cris séditieux de : VIVE LA RÉFORME!

A BAS GUIZOT!

pendant que des détachements de plusieurs légions, officiers en tête, marchaient sur les Tuileries, mêlés avec le peuple, pour en chasser le roi de leur choix!...

Le parti orléaniste, le 25 février, avait donc totalement disparu de la scène politique. Chacun était rentré,

(1) Lamartine.

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