Page images
PDF
EPUB

1844 et 1842 dans le département de la Dordogne (1), a signalé la fréquence plus grande que dans les autres épidémies, des formes intermittente et rémittente, auxquelles il a opposé avec succès le sulfale de quinine, on est porté à penser que, dans une maladie dont M. Foucart lui-même admet l'origine miasmatique et la nature septique, le degré, la nature, la force du principe infectieux doivent donner lieu à d'importantes différences dans les manifestations symptomatiques, et peut-être aussi, par suite, dans les indications thérapeutiques.

Quoi qu'il en soit, le travail de M. Foucart a mérité l'approbation de l'Académie de médecine, qui, sur le rapport de M. Jules Guérin (2), l'a renvoyé au comité de publication, en félicitant l'auteur d'une manière toute spéciale pour ses importantes recherches. Les suffrages de la savante compagnie font le plus bel éloge du livre de M. Foucart, et appellent l'attention de tous ceux qui savent apprécier les œuvres faites avec conscience et talent. A. GUÉRARD.

Traité d'électricité théorique et appliquée, par A. De la Rive. Paris, 1854, t. I, in-8 de 620 pages, avec 180 figures intercalées dans le texte. Chez J.-B. Baillière, libraire, rue Hautefeuille, 19. Prix 9 fr.

Les découvertes que les observateurs modernes ont faites dans les diverses subdivisions de l'électricité ont transformé d'une manière complète cette branche de la physique, et lui ont donné une prééminence à laquelle les esprits les plus aventureux n'eussent jamais osé s'attendre. Il suffit, en effet, de rappeler la télégraphie électrique, la galvanoplastie, l'éclairage par la lumière de la pile, etc., pour montrer que de tous les agents dont dispose le physicien, il n'en est aucun qui puisse être comparé à l'électricité pour la variété des phénomènes, et la multiplicité aussi bien que l'importance des applications. -Aujourd'hui, les appareils électriques se présentent partout à nos yeux dans nos demeures, qu'ils protégent contre la foudre; sur nos grandes voies de fer. où ils servent de véhicule à la pensée; dans une foule d'ateliers où ils sont employés à l'extraction, au moulage, à la fixation des métaux ; au sein même des mines, où on les utilise pour enflammer à distance et sans danger les mélanges explosifs. Tous les hommes qui s'occupent de sciences, physiciens, chimistes, géologues, ingénieurs, etc., reconnaissent la nécessité de se familiariser avec un agent dont la puissance égale la fécondité. Le médecin lui-même, qui, soit comme physiologiste, soit comme thérapeutiste, doit à l'électricité la solution de plus d'un problème, ne saurait en négliger l'étude.

(1) Mémoires de l'Académie de médecine, 1842, t. X, p. 386. (2) Mémoires de l'Académie de médecine.

Ce sont là les considérations qui ont porté M. de la Rive à rédiger un traité à la fois élémentaire et complet d'électricité. Ce traité se composera de deux volumes avec figures intercalées dans le texte. Le premier volume a déjà paru; le second est sous presse, et ne doit pas tarder à paraître.

L'ouvrage est divisé en six parties: la première, qui tient lieu d'Introduction, est consacrée à l'exposition générale des phénomènes fondamentaux, et à une description sommaire des principaux instruments à l'aide desquels on peut produire, percevoir ou mesurer l'électricité.

La seconde partie a pour titre Électricité statique : elle a pour objet l'exposition des phénomènes généraux offerts par l'électricité à l'état de repos ou de tension; attractions et répulsions, distribution, induction, électricités dissimulées, théories sur la nature de l'électricité.

La troisième partie comprend les lois générales de l'électricité en mouvement, dont l'ensemble constitue l'électro-dynamique et le magnétisme.

A raison de l'importance de cette troisième partie, qui forme à elle seule les trois quarts du premier volume, nous allons énumérer rapidement les chapitres dont elle se compose: I. Aimant et phénomènes magnétiques.-II. Action mutuelle du magnétisme et de l'électricité dynamique, et des courants électriques les uns sur les autres. -III. Aimantation par l'électricité dynamique.- IV. Galvanomètres multiplicateurs.-V. Induction électro-dynamique. -VI. Action du magnétisme sur tous les corps.

A la suite de la troisième partie sont reléguées des notes relatives aux développements mathématiques de quelques points particuliers. Ces notes, qui terminent le volume, ne sont point indispensables à l'intelligence de l'ensemble. Si les personnes versées dans l'étude des mathématiques éprouvent une véritable satisfaction en se trouvant à même de les consulter, ceux qui sont privés de cet avantage ne seront pas exposés au découragement, qui résulte presque inévitablement de la nécessité d'interrompre sa lecture, et de passer un certain nombre de pages faute de les comprendre suffisamment.

Le second volume, sur lequel nous reviendrons plus tard, comprend la transmission de l'électricité à travers les différents milieux, les sources, et enfin les applications de l'électricité.

Ce qui distingue l'ouvrage de M. de la Rive, c'est une classification très méthodique des nombreux matériaux dont se compose l'étude de l'électricité; les descriptions se recommandent, en outre, par la précision et la clarté du style.

L'exécution matérielle de ce livre ne laisse rien à désirer, et nous ne doutons pas qu'il ne soit accueilli avec la plus grande faveur. A. GUÉRARD.

De l'organisation des sociétés de prévoyance ou de secours mutuels, et des bases scientifiques sur lesquelles elles doivent : être établies, par M. G. HUBBARD. 1 vol. in-8 de 315 pages. Chez Guillaumin et compagnie, libraireséditeurs, rue Richelieu, 14.

Les sociétés de secours mutuels ont essentiellement pour but d'assurer aux personnes qui en font partie : 4° une allocation quotidienne en cas de maladie; 2° une pension pour la vieillesse ; 3° une allocation payable à la famille au moment du décès.

Un droit d'admission et des cotisations périodiques, telles sont les seules ressources que possèdent ces sociétés pour faire face à ces engagements.

Pour que ces sociétés prospèrent, il est d'absolue nécessité que ce droit d'admission et ces cotisations soient fixés d'après des données scientifiques.

Parmi ces données, il en est deux principales qui doivent servir de base à l'établissement de toute société de secours : nous voulons parler de la connaissance suffisamment exacte de la durée probable de la vie humaine, et de celle des chances de maladie suivant les âges. On comprend, d'après cela, de quelle importance peuvent être pour les fondateurs de ces institutions utiles de bonnes Tables de mortalité et de maladie.

Hâtons-nous d'ajouter cependant que si la perfection de ces tables, à laquelle nous ne saurions prétendre, même dans un avenir encore éloigné, est indispensable pour fixer scientifiquement la marche de la vitalité au point de vue de l'histoire naturelle de l'homme, elle n'offre pas le même degré d'urgence quand il s'agit d'asseoir les calculs financiers qui doivent présider à l'établissement des sociétés de secours mutuels.

Il y a d'ailleurs un excellent moyen de remédier à l'imperfection des tables c'est de faire faire, à de fréquents intervalles, la liquidation des sociétés par des personnes versées dans l'étude des mathématiques appliquées à la statistique. Eût-on même des tables irréprochables, cette mesure serait encore de première nécessité. En effet, toute table de mortalité ou de maladie ne donne pour chaque âge qu'une valeur moyenne, exacte, si l'on fait abstraction des conditions sociales, professions, etc., mais certainement variable, si, comme cela se pratique pour les sociétés de secours mutuels, on fait entrer ces éléments en ligne de compte.

L'ouvrage que M. Hubbard a publié sur les institutions dont nous parlons est divisé en quatre sections. Dans la première, ou Introduction, l'auteur pose en principe que ces institutions doivent être

SOCIÉTÉS DE PRÉVOYANCE ET DE SECOURS MUTUELS. 473

organisées d'une manière régulière et scientifique, et il rappelle les travaux exécutés en Angleterre et en France pour atteindre ce but, ainsi que les dispositions législatives qui, dans l'un et l'autre pays, intéressent les sociétés de secours. Il termine par l'indication de la marche suivie pour arriver à la réunion des documents nécessaires à la composition d'une table de maladie et de mortalité.

La seconde section, ou première partie du livre de M. Hubbard, est consacrée à l'état actuel des sociétés de secours mutuels. Elle comprend l'histoire de ces sociétés en France; un essai statistique sur les sociétés existantes; un aperçu des formes diverses sous lesquelles elles se présentent, et des différents objets qu'elles se proposent; les règlements et statuts de ces sociétés ; leurs modes d'administration, de comptabilité et de surveillance; leurs recettes et leurs dépenses; leur instabilité; l'incapacité de la plupart d'entre elles à remplir leurs engagements, les vices de leur organisation actuelle.

La troisième section, ou seconde partie, traite des bases sur lesquelles doivent être établies les sociétés de secours mutuels. Ces bases sont financières et administratives. Comme bases financières, M. Hubbard donne les nouvelles tables de mortalité et de maladie, qu'il a construites d'après les documents fournis par vingt-cing sociétés de secours mutuels de France. Ces documents embrassent un champ d'observations qui, pour quelques-unes de ces sociétés, dépasse trente années. Ces tables doivent servir à l'application du principe fondamental des cotisations suivant l'âge. D'autres tableaux sont affectés à la fixation de l'allocation payable à la famille au décès du sociétaire et à celle du traitement en cas de maladie, et de la pension d'infirmités. Quant aux pensions viagères analogues à celles. que promettent actuellement la plupart des sociétés existantes, M. Hubbard croit inutile d'en fixer la valeur aux différents âges, la création d'une caisse générale de retraite pour la vieillesse sous la garantie de l'État devant avoir pour conséquence de faire sortir ces pensions du domaine des associations privées. Un chapitre sur l'influence de la localité et de la profession, sur la maladie et la mortalité, termine l'exposé des bases financières des sociétés de secours.

Les bases administratives comprennent les objets que peuvent se proposer ces sociétés, tels que service médical, médicaments, secours aux familles; le nombre des membres dont ces sociétés doivent se composer, nombre que la loi du 15 juillet 1850 a fixé entre 100 et 2000; l'utilité et les dangers de l'admission de membres honoraires; le service des visiteurs de malades; la comptabilité, le placement des fonds et la responsabilité des trésoriers ; les assemblées générales, le conseil d'administration et le tribunal arbitral; enfin les frais généraux, et les relations des sociétés entre elles.

Dans la quatrième section, ou appendice, M. Hubbard expose les

[ocr errors]

principes élémentaires de calcul applicable: 1° aux intérêts et aux annuités, 2o aux probabilités; et il montre comment on peut faire servir les données théoriques à la détermination des valeurs en prime unique et primes annuelles d'annuités viagères, d'allocations au décès ou de traitements de maladies.

L'ouvrage est terminé par l'exposé de la législation nouvelle relative aux sociétés de secours mutuels. Cet exposé comprend les lois, décrets et circulaires sur ces sociétés; les lois et décrets sur les caisses d'épargne et sur la caisse générale des retraites intéressant les sociétés de secours mutuels; des extraits des tarifs de la caisse des retraites; et, enfin, les dispositions nouvelles à insérer dans les statuts, et l'usage des tables de cotisation.

Le sujet traité par M. Hubbard est, sans contredit, l'un des plus importants de l'hygiène publique; les nombreuses citations empruntées par l'auteur aux travaux de plusieurs hygiénistes statisticiens, et notamment de MM. Villermé, Benoiston de Chateauneuf, Quetelet, etc., viendraient, au besoin, à l'appui de notre assertion. Mais ce qui lui donnera une évidence encore plus frappante, ce sont les conséquences que nous regardons, avec M. Hubbard, comme devant résulter, pour la société tout entière, de la généralisation, parmi la classe ouvrière, de ces institutions éminemment utiles.

« Elles feront, dit-il, mieux apprécier les besoins réels du travailleur ;

>> Elles permettront de réduire les fonds des hôpitaux et des bureaux de bienfaisance;

» Elles préserveront la santé des travailleurs ;

» Elles faciliteront, par la réunion des capitaux de la classe ouvrière, la création d'institutions nouvelles que l'on pourra fonder en vue de son intérêt particulier. »>

Les avantages matériels, intellectuels et moraux des sociétés de secours mutuels ne sauraient donc être révoqués en doute, et le livre que nous venons d'analyser doit concourir à en favoriser le développement et à en assurer la stabilité.

D'après le rapport de la commission sur le concours pour le prix de statistique pour 1853, l'Académie des sciences a accordé une médaille d'encouragement au travail de M. Hubbard. A. GUÉRARD.

Traité de l'épilepsie, histoire, traitement, médecine légale,

par M. DELASIAUVE, médecin de l'hospice de Bicêtre, 1 vol. in-8 de 559 pages. Chez Victor Masson, place de l'École-deMédecine, 17.

De toutes les infirmités qui affligent l'espèce humaine, il n'en est pas de plus repoussante par les symptômes, de plus bizarre par la

« PreviousContinue »