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marche, de plus mystérieuse par les causes, que la cruelle maladie dont nous allons nous occuper dans cet article. - Connue dès l'origine du monde, elle a reçu diverses appellations, qui donnent une faible idée des superstitions inhérentes à son histoire : les malheureux qu'elle frappait ont été, en effet, tour à tour regardés comme des victimes de la colère céleste, des maudits à séparer de la société humaine, ou, au contraire, comme des êtres prédestinés, dignes de la vénération publique. Il n'est pas surprenant, d'après cela, que, pendant longtemps, les sciences occultes aient joué un rôle plus important que la médecine elle-même dans le traitement de l'épilepsie. Toutefois les efforts tentés par les médecins de tous les siècles pour éclairer l'histoire de cette terrible affection, et pour en arrêter les progrès, témoignent hautement qu'ils ont compris la gravité du sujet; mais, chose triste à dire, la multiplicité de ces efforts toujours renouvelés atteste également l'impuissance presque absolue de l'art, en présence des atteintes d'un mal aussi rebelle.

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Ce n'est pourtant pas que le médecin se trouve tout à fait désarmé contre l'épilepsie. Si l'on s'en rapporte à cette multitude d'auteurs, et nous ne parlons ici que des écrivains sérieux qui ont publié les résultats de leur pratique particulière, il n'est pas douteux que, dans une foule de cas, l'intervention de l'art ait été utile. Il nous suffirait, à cet égard, de rappeler les faits consignés dans l'ouvrage de M. Herpin (1), dont l'un de nos savants collaborateurs, M. Marc d'Espine, a publié une excellente analyse dans le tome XLIX des Annales d'hygiène.· Mais la plupart de ces observations ayant été recueillies à des points de vue plus ou moins exclusifs de certains agents thérapeutiques, de certaines formes de la maladie, de certaines théories alors en vigueur, etc., il n'est guère possible d'en tirer des données comparatives suffisantes pour asseoir une doctrine positive de l'épilepsie, et des règles applicables au traitement des cas particuliers.

C'est là une lacune regrettable. M. Delasiauve s'est efforcé de la combler. Parmi tant de médications vantées, s'est-il dit, quelles sont les meilleures? Sur quelles indications le praticien, appelé à entreprendre une cure, doit-il baser sa préférence ?

Pour répondre à ces questions, M. Delasiauve a commencé par analyser d'une manière rigoureuse tous les faits pratiques consignés dans les traités spéciaux et les publications périodiques. Ce premier travail a conduit l'auteur à la production d'une œuvre dont l'Académie des sciences a reconnu la valeur en lui décernant une récompense. C'est à cette œuvre, publiée par fragments dans les journaux, que M. Delasiauve avait d'abord limité ses recherches. Désireux de leur donner une publicité plus étendue, il a joint à l'histoire du traitement de l'épilepsie un résumé aussi complet que possible des autres

(1) Du pronostic et du traitement curatif de l'épilepsie. Paris, 1852, 1 vol. in-8 de 650 pages.

points du sujet. Il est presque inutile d'ajouter que, dans cette étude complémentaire, toutes les sources ont étécompulsées, rien d'essen tiel n'a été omis, et le même procédé analytique a été mis en usage; en sorte que, dans chacune des subdivisions de la question, l'inventaire historique et critique de la science se trouve établi de la manière la plus satisfaisante.

Le livre de M. Delasiauve se compose de trois parties. Dans la première, on trouve, par ordre de chapitres, tout ce qui intéresse l'histoire de la maladie, la synonymie, la définition, la nature et le siége, la division, les symptômes, la marche, les conséquences et les terminaisons, l'anatomie pathologique, les causes, le diagnostic et le pronostic.

La seconde partie, consacrée au traitement, comprend l'historique, les indications thérapeutiques, les médications, un aperçu rétrospectif des médications, le traitement hygiénique et le traitement de l'accès.

Dans la troisième partie sont réunies toutes les questions ressortissant à la médecine légale ; pour en faire apprécier l'importance, il suffit de dire que ces questions sont relatives à la responsabilité, la séquestration, l'interdiction, les actes civils, contrats, testaments; la comparution en justice, la simulation.

Les détails qui précèdent suffisent pour donner une idée exacte de l'importance d'un livre dont tous nos lecteurs voudront apprécier l'érudition fécondée par une saine critique. Ce livre, le plus complet qui ait été publié sur la matière, est appelé à guider le praticien dans la lutte contre une maladie grave et rebelle; les familles, dans la conduite à tenir à l'égard de ceux de leurs membres qui en sont affligés; l'administration, dans des mesures réclamées aussi bien par l'intérêt public que par l'intérêt privé; les magistrats enfin dans des arrêts touchant à l'honneur et à la fortune des citoyens. A. GUÉRARD. Etude pratique, rétrospective et comparée, sur le traitement des épidémies au XVIIIe siècle, appréciation des travaux et Éloge de Lepecq de la Cloture, par le docteur MAX SIMON. 1 vol. in-8 de 332 pages. Chez J.-B. Baillière, rue Hautefeuille, 19. Prix: 5 fr.

L'Académie impériale de Rouen a eu l'heureuse pensée, au double point de vue de la science et du patriotisme, de mettre au concours Fappréciation des ouvrages et l'éloge de Lepecq de la Cloture.

M. Max Simon a obtenu le prix, et c'est son travail dont nous allons présenter une analyse abrégée.

Après quelques pages consacrées à la biographie de Lepecq de la Cloture, homme profondément instruit, dont la vie fut un long dévouement à la science et à l'humanité, M. Max Simon entre en matière par l'examen de la doctrine de son auteur, doctrine fort simple, consti

tuée par l'hippocratisme pur, les livres du médecin de Cos étant pour lui la Bible de la médecine. A cette occasion, M. Max Simon aborde une discussion générale sur la méthode ou les moyens de parvenir à la vérité dans la science, qui a pour objet l'étude de la vie. La conclusion de ce chapitre est que l'observation des faits et la recherche directe des causes sont les deux éléments dont se compose une méthode qui aspire à être complète. S'il est donné à tous d'accumuler les faits d'observation, et par eux de remonter plus ou moins péniblement aux causes qui les produisent, l'histoire des sciences montre que, souvent, le savant, doué d'une imagination vive, a entrevu la cause des phénomènes avant que les observations aient pu l'y conduire (LAPLACE, Système du monde).

Le chapitre suivant traite de la force vitale. M. Max Simon le résume lui-même en ces termes : « Il y a dans l'organisme des faits physiques, des faits chimiques et des faits vitaux; ces faits, pour être coordonnés entre eux, dans l'intérêt de l'unité de la vie, ne sauraient être soustraits d'une manière absolue aux lois qui naissent de leur nature intime..... Toute théorie physiologique qui s'élabore en dehors de ce principe incontestable ne saurait être qu'un décevant mirage. »

La doctrine pathologique sur les constitutions médicales professée par Lepecq de la Cloture, avec la plupart des médecins du xvII® et du xvIIe siècle, fait l'objet du quatrième chapitre. M. Max Simon montre ce qu'il y a de vrai dans cette doctrine, qui signale la réalité de certaines impressions morbides déterminées dans l'organisme vivant par la succession régulière des saisons ou par les intempéries. Mais il fait ressortir les conséquences fâcheuses qu'entraîne pour la pratique l'extension donnée à ces influences, dont on voudrait, avec Lepecq de la Cloture, « faire sortir une affection générale, catarrhale, inflammatoire ou bilieuse, marquant de son cachet toute affection concomitante, et se la subordonnant et dans sa marche et dans son traitement. »

Les chapitres suivants comprennent l'étude des épidémies du Gros-Theil, de Louviers, des prisons de Rouen; celle de la topographie médicale de la Normandie, des constitutions médicales de cette province de 1763 à 1777; et enfin celle des maladies sporadiques. Dans cette revue critique, M. Max Simon s'est attaché à faire ressortir de la pratique du médecin de Rouen des enseignements dont puisse profiter la thérapeutique contemporaine: il a voulu, comme il ledit lui-même, transporter la clinique dans l'histoire, et par là déplacer pour un instant le champ de l'observation, et étudier à un autre point de vue les faits qui se passent encore tous les jours sous nos yeux.

Les trois derniers chapitres de l'ouvrage sont consacrés, le douzième à la question de l'antagonisme des fièvres paludéennes et

de la fièvre typhoïde, le treizième à la doctrine de la prétendue transformation de la variole en fièvre typhoïde, et le quatorzième au traitement comparé de la fièvre typhoïde au XVIIIe et au XIXe siècle. M. Max Simon se prononce pour la négative dans la question de l'antagonisme des fièvres paludéennes et typhoïdes, aussi bien que dans celle de la substitution des fièvres graves à la variole par suite de la pratique de la vaccination. Il utilise, à ce sujet, les travaux les plus récents, et il les met en œuvre avec une telle puissance de logique, qu'il force le lecteur à s'associer à ses opinions.

Le livre de M. Max Simon se distingue, comme tous les ouvrages du même auteur, par une grande érudition, une critique vive et pénétrante, une dialectique serrée, et un style non moins remarquable par l'élégance que par l'originalité. On y trouve sinon la solution définitive, du moins l'examen sérieux d'une foule de problèmes se rattachant à la pratique médicale ou à l'hygiène publique. A ce double titre, il devra être recherché par tous les lecteurs de nos Annales. A. GUÉRARD.

Du goître à Strasbourg et dans le département du Bas-Rhin, par G. TOURDES, professeur à la Faculté de médecine de Strasbourg. 1854, in-8 de 72 pages.

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Le goître et le crétinisme se présentent dans le département du Bas-Rhin avec une extension que sa richesse ne faisait point prévoir. Cette dégradation de l'espèce humaine devient d'année en année moins profonde et plus rare; mais cette déplorable endémie existe encore dans des proportions assez considérables pour appeler vivement l'attention. Les recherches de M. le professeur G. Tourdes se divisent en deux parties: la première comprend la statistique du goftre et du crétinisme dans le département du Bas-Rhin; la seconde est consacrée à l'endémie goîtreuse de Strasbourg. L'auteur examine successivement le siége de l'endémie, son étendue et ses limites; la distribution du goître suivant l'âge et suivant le sexe, et dans les différentes catégories de la population; les principales conditions étiologiques, les caractères pathologiques du goître endémique. M. Tourdes termine cet intéressant travail par quelques particularités relatives au développement de la glande thyroïde, qu'il signale comme en étant le symptôme habituel.

Recherches statistiques sur les aliénés du département des DeuxSèvres, par le docteur LUNIER, médecin en chef de l'asile des aliénés de Niort.-Niort, 1853, grand in-8 de 31 pages, avec une carte.

FIN DU TOME DEUXIÈME.

CONTENUES DANS LE TOME DEUXIÈME.

Alimentaires (substances).

Moyens de les améliorer, de les con-
server et d'en reconnaître les altérations, par A. PAYEN, Ana-

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DESBOIS. Nécessité d'appeler deux médecins dans les affaires crimi-
nelles qui peuvent entraîner la peine capitale.
Dictionnaire d'hygiène publique et de salubrité, par A. TARDIEU.
Analyse.

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Gaz de l'éclairage Fuites et appareil pour les reconnaître, par

MACCAUD.

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