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ANALYSES ET COMPTES RENDUS.

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Girault. Principes de colonisation et de législation coloniale, 1 vol. in-12, Paris, Larose, 1895. Les livres se font nombreux sur cette matière. Ce nouveau venu tient bien sa place au milieu des anciens; il a en outre l'avantage d'être le dernier en date et de présenter les questions sous leur forme actuelle.

J. Crestey. L'esprit nouveau dans l'action morale irréligieuse, Guillaumin, 1 vol. in-12, 1895. Beaucoup de bonnes idées, d'heureuses inspirations et de généreuses pensées, mais tout cela assombri par la marque du cachet indélébile d'une désespérance sans retour.

André Daniel. L'Année politique, 1894. Paris, 1 vol. in-12, 1895. - L'éloge de cette intéressante publication n'est plus à faire. Le volume qui vient de paraître est même très heureusement une collection qui, nous l'espérons bien, étendra peu à peu et accumulera les petits in-12 pour la plus grande joie et utilité des chercheurs pressés.

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Ch. de Larivière. Catherine II et la Révolution francaise. Le Soudier, 1 vol. in-12, 1895. A l'aide d'une foule de documents inédits ou originaux, et en particulier de la curieuse correspondance de la Tsarine, M. Ch. de Larivière a exposé de magistrale façon, dans un livre aussi bien écrit que bien conçu, ce que l'Impératrice de Russie dit et fit contre la Révolution.

Ch. Arion. La situation économique et sociale du paysan en Roumanie, une broch. in-8°, Paris, Giard et Brière, 1895. La première partie de l'étude de M. Arion est un exposé de la misère à laquelle est en proie le paysan roumain. Le tableau qu'il nous en fait est si sombre, sa position semble si désespérée, qu'on parcourt bien vite la deuxième partie du travail, dans laquelle les causes de cette triste situation sont exposées pour

arriver bien vite à la troisième, où nous trouvons un commentaire fort instructif des lois des 7 et 19 avril 1889 et 2 et 14 juin 1892, destinées à changer du tout au tout, dans un bref délai, la situation des classes agricoles de la Roumanie.

G. Bry. Cours élémentaire de législation industrielle. Travail industriel et question ouvrière, propriété industrielle, délits de contrefaçon et concurrence déloyale, 1 vol. in-8°, Paris, Larose, 1895. -Depuis quelques années déjà la législation industrielle a été inscrite dans le programme des facultés de droit. L'intérêt sans cesse grandissant que nous attachons à l'étude des questions économiques rendait cette création nécessaire. L'affluence des auditeurs a suffi du reste à prouver l'utilité du nouveau cours. Malheureusement, une fois sortis de l'école, les élèves ne trouvaient pas de livre qui leur offrit, sous une forme claire et pratique, un résumé lucide des notions qu'ils avaient recueillies au pied de la chaire. M. G. Bry vient de combler cette regrettable lacune. L'ouvrage, qu'il met au jour, renferme dans ses 750 pages un exposé remarquablement méthodique et complet de la législation du travail. Des paragraphes bien découpés en rendent la lecture facile. Nous ne regrettons que l'absence d'une table analytique des matières qui guiderait l'étudiant dans ses recherches.

Sentupéry. L'Europe politique, sixième fascicule. Lecène et Oudin, 1 vol. in-8, 1895. Poursuivant l'étude des divers États de l'Europe, l'auteur nous présente dans ce sixième fascicule le grand-duché de Luxembourg, les principautés de Monaco et du Monténégro, les royaumes des Pays Bas et du Portugal. Les lecteurs des premiers volumes de cette collection savent déjà quels soins scrupuleux, M. Sentupéry apporte à la rédaction de ses notices et quelle masse de renseignements il sait accumuler, dans un ordre logique, sous le petit volume de ses ouvrages. Le présent fascicule remportera à coup sûr le même succès que ses aînés.

L. Auger. La guerre de sécession. Lavauzelle, 1 vol. in-8°, 1895. – La première partie de l'ouvrage nous présente un exposé savant des opérations militaires de la guerre de Sécession. Dans le second, l'auteur nous initie à l'organisation générale de l'armée et de divers services et critique la stratégie et la tactique des généraux américains. Enfin la troisième partie constitue à elle seule un travail autonome, une étude très approfondie du rôle de la fortification dans la guerre de Sécession. Malgré le caractère technique que présente à première vue un semblable ouvrage, la lecture en est facile et pleine de suggestives échappées sur le tableau général de la grande lutt e dont les États-Unis sont sortis si rajeunis et si puissants.

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F. Lenôtre. Paris révolutionnaire. F. Didot, 1 vol. in-12, 1895. Commencez la lecture de ce petit ouvrage, vous courrez bien jusqu'au bout. Ce défilé des décors du drame révolutionnaire, parfois tragiques, souvent sanglants, toujours empreints d'une triste grandeur, émeut, saisit, passionne. L'auteur se défend d'avoir fait de l'histoire en plus d'un passage de son œuvre je trouve de belle et bonne histoire. Ces jours, jetés de biais sur le grand édifice révolutionnaire, l'éclairent de lueurs très vives qui fouillent certains coins sombres où jamais jusqu'alors la lumière ne pénétra, des étincelles s'allument sur certaines moulures restées jusqu'ici dans l'ombre et le monument entier prend un aspect plus réel, plus proche et plus vécu.

J. Rougier. Précis de législation et d'économie coloniale, 1 vol. in-12, Larose, 1895. Encore une sérieuse lacune de nos bibliothèques d'étudiants comblée. La législation coloniale a déjà été étudiée dans de fort bons mais trop volumineux ouvrages, d'un prix élevé, d'une contexture compacte, d'une allure trop théorique et spéciale, travaux faits non pour des élèves, mais pour des administrateurs depuis longtemps initiés au fonctionnement des services coloniaux. L'auteur du présent ouvrage s'adresse aux étudiants, aux profanes qui veulent apprendre, aussi commence-t-il par une large entrée en matière. Il étudie la colonisation en elle-même, détermine les divers types, justifie sa raison d'être, démontre ses avantages. Une esquisse historique met le lecteur au courant du développement des colonies françaises dans le cours des siècles, et nous amène par une transition nécessaire à l'étude du régime actuel de nos possessions d'outre-mer.

T. Tarbouriech. Du Conseil d'Etat comme organe législatif, Marescq, 1894, une broch. L'auteur nous montre le rôle important que pourrait jouer le conseil d'État dans la confection des lois et quelle aide précieuse sa compétence indiscutable saurait fournir aux membres du parlement. Il remonte dans le passé et considère ce qu'avait fait dans cette voie l'ancien Conseil; il scrute également l'avenir et trace les grandes lignes d'une réorganisation des services de notre Conseil actuel.

Garnot. L'Expédition française de Formose, 1884-1885. Delagrave, 1 vol. in-8° et un atlas, 1895. Intéressante étude de la campagne française à Formose en 1885. Un aperçu très large de la situation géographique, des produits, du commerce et de l'histoire de l'île précède l'exposé des opérations militaires.

Baron Hulot. Le chevalier d'Entrecasteaux, 1737-1793. Paris, Société de Géographie, 1 vol. in-8° avec cartes et gravures, 1894. M. le baron Hulot a eu l'heureuse inspiration de fixer d'une manière définitive une des plus

sympathiques physionomies de notre ancien corps de la marine: le chevalier d'Entrecasteaux. On ne pouvait mieux choisir pour donner d'un seul coup une idée exacte de ce qu'était le personnel de la flotte sous l'ancien régime le chevalier est bien le type le plus accompli de l'officier de la marine royale, de l'officier rouge, et nous nous plaisons à trouver dans le 'capitaine de la Révolution les hautes qualités morales, les connaissances scientifiques étendues, l'esprit d'entreprise, les capacités d'organisation qui, léguées de génération en génération, caractérisent aujourd'hui plus que jamais nos officiers de marine.

Les renseignements biographiques sur le chevalier d'Entrecasteaux nous faisaient presque complètement défaut. On n'était pas fixé sur la date de sa naissance ni sur celle de sa mort, on connaissait à peine par la sèche énumération de ses états de service les grandes lignes de sa vie. Les recherches patientes de M. Hulot dans les archives de nos différents ministères et dans les collections particulières ont éclairé cette grande existence d'un jour tout nouveau, de belles reproductions de portraits nous font connaître les traits du savant amiral, et achèvent de fixer dans l'esprit une physionomie physique et morale déjà esquissée très heureusement par la plume de l'auteur.

M. C.

M. Joly. La Rome d'aujourd'hui. Paris, Dentu, 1 vol. in-12, 1895. La Rome d'aujourd'hui, ville singulière, vieille métropole des papes, toute pleine encore des souvenirs de la domination séculaire des pontifes, cité sacrée que, nous autres profanes qui ne l'avons point vue, nous plaisons à rêver étendue entre les sept collines, sous l'ombre gigantesque du dôme de Saint-Pierre profilée dans la grande lueur calme des soleils couchants, et en même temps jeune capitale d'un État adolescent qui la remplit du bruit perpétuel de ses machines administratives trop neuves, aux rouages encore durs qui grincent, aux ressorts trop délicats ou grossiers qui se faussent ou se brisent. Cité bizarre où deux mondes se coudoient, où deux pouvoirs s'affrontent, où deux idées, la foi antique baignée du reflet magique des grands siècles passés et la pensée moderne, scintillante de l'éclat charmeur et brutal des choses nouvelles, accourues de tous les coins de l'horizon, se menacent du regard et se heurtent.

M. Joly nous fait pénétrer dans ce monde curieux en guide autorisé il nous conduit tour à tour dans la nouvelle ville et dans l'antique cité, dans les séminaires et dans les prisons, dans les basiliques et dans les ministères, à la Cour papale et au Quirinal, et d'un doigt discret il nous montre les couloirs dérobés, les portes secrètes, qui de l'une à l'autre ménagent de multiples passages. Au cours de notre visite, de curieuses physionomies se dressent devant nous, et le crayon délicat de l'auteur les esquisse en larges traits sincères qui s'impriment fortement dans la mémoire; l'artiste est un psychologue: son œil observateur a été tout droit chercher la vérité sous les traits fins des masques italiens, son oreille a saisi au vol les moin

dres mots et noté, dans l'harmonieuse sonorité du langage, le timbre fêlé des paroles fausses, son esprit droit a discerné le sentiment qui les inspirait. L'entretien avec M. Crispi est une page à lire, et qui l'ignore ne peut prétendre connaître le premier ministre italien; c'est cette page qui, dès le commencement du livre, captive l'attention et sollicite la curiosité vers les suivantes : vous poursuivrez en effet et vous verrez plus loin un triste tableau de la misère romaine, de navrants rapports sur le progrès de l'idée anarchiste, vous jetterez en passant un regard attendri aux œuvres françaises qui, là-bas, combattent la misère, le crime et l'ignorance. Doucement entraîné par la verve du conteur, vous arriverez au point culminant, au récit de l'entrevue, à Venise, du roi d'Italie et de l'empereur d'Allemagne, au compte rendu de l'entretien que l'auteur eut avec le SaintPère.

Cette trop courte visite à la Rome moderne se termine par un retour sur nous-mêmes, et c'est sur une très haute et très noble appréciation de notre politique française que le livre se referme.

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Max Leclerc. Les professions et la société en Angleterre. Paris, A. Colin, 1 vol. in-12, 1894. - (( Voyez donc les Anglais! Ah, certes, cela ne se passe pas ainsi en Angleterre! voilà des colonisateurs émérites, de hardis négociants, des politiques incomparables! » Prêtez un peu l'oreille, ouvrez les gazettes, ces mots résonnent sans cesse dans tous les milieux, ces phrases se rencontrent dans tous les journaux. Et de bonne foi, pleins de la crédulité naïve qui s'empare de nous lorsque, de loin, de très loin, hélas! nous jetons aux quatre points cardinaux, un fugitif coup d'œil sur nos voisins, nous admirons, glorifions les étrangers et nous consolons des avantages qu'ils ont pu remporter sur nous en constatant bénévolement que, décidément, ce sont des gens très forts.

Mais pourquoi sont-ils forts? et, au fond, sont-ils aussi forts qu'ils le paraissent? Voilà ce que nous nous demandons plus rarement. De loin en loin seulement, quelque esprit curieux procède à une enquête, relève des faits, étudie des types, accumule des documents, fixe la physionomie d'un peuple et trace un tableau très vivant d'une société étrangère. C'est un tableau de ce genre que M. Max Leclerc nous présente aujourd'hui.

Dans un précédent ouvrage, l'auteur nous avait montré comment, en Angleterre, on élève l'enfant; il nous avait dit ce qu'on lui enseigne et comment on le lui enseigne, et l'avait quitté au seuil de la vie, armé de pied en cap pour la lutte. Aujourd'hui, il reprend son sujet et nous le présente aux prises avec les difficultés de l'existence. Une à une, il énumère les différentes professions libérales, les hautes fonctions publiques, et nous voyons comment le jeune Anglais se prépare à les exercer. Nous constatons avec étonnement quelle large part l'apprentissage pratique tient dans cette préparation et combien exigu au contraire est le rôle des études théo

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