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» Moins importante, parce qu'elle ne touche qu'aux droits d'une partie des citoyens, mais pourtant d'un grand intérêt la loi sur les mines vient d'obtenir votre assentiment; et dès ce moment elle tient sa place près des lois fondamentales de la propriété, près de ce Code Napoléon que le respect a déjà vieilli, et qui, recommandé par sa seule sagesse aux nations de l'Europe, a enlevé à l'antique Rome l'honneur de donner des lois à presque tous les peuples.

» Et cependant un autre Code non moins précieux pour une nation agricole, le Code rural, se prepare encore par de longs travaux, des conférences lumineuses, des méditations profondes, afin qu'il puisse, dans ses principes comme dans ses développemens, pourvoir aux besoins divers d'un Empire qui embrasse dans son étendue des climats et des températures si variées, des cultures, des exploitations si différentes, des travaux et des besoins si multipliés.

» De si graves intérêts n'ont pas fait oublier ou négliger les demandes particulières des plus petites corporations, des com→ munes les moins considérables de l'Etat; nulle n'est en souffrance ou en retard, et le chef de PEtat, comme la Providence, n'aura été invoqué en vain par aucun de ses sujets.

» Voilà, messieurs, dans l'histoire législative de ces derniers mois, de ces derniers jours, l'analise des travaux auxquels vous avez été spécialement associés : la France doit en recueillir les fruits, et vous devez en partager la reconnaissance. Mais combien il est d'autres événemens auxquels vous n'avez participé que par votre admiration et par tous les sentimens qu'ils doivent faire naître dans les cœurs français ! Je parler de l'administration intérieure et des événemens politiques.

veux

SECONDE PArtie.

Administration intérieure.

» Vous avez su comment toutes les parties de l'administration ont passé successivement sous les yeux de S. M. depuis son retour, pour être toutes ramenées aux principes invariables que sa sagesse a établis, et auxquels sa mémoire inaltérable, malgré l'étendue des objets qu'elle embrasse, rapporte fidèlement les détails les plus éloignés.

>> C'est ainsi qu'une nouvelle et plus convenable disposition des centimes départementaux fixes et variables est préparée, et va être ordonnée; qu'une autre classification des préfectures selon leur importance, va déterminer entre elles des degrés qui ajouteront au dévouement et au zèle des préfets l'aiguillon d'une émulation honorable

XX.

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» C'est ainsi que les dépenses communales, régularisées, dirigées toutes vers les besoins de leurs habitans, vers le soulagement des pauvres, vers l'embellissement des cités, vers l'instruction de la jeunesse, vers l'érection des temples, vers la décence ou la solennité du culte religieux, sont soumises à une comptabilité si exacte, et en même temps si claire et si facile, que la Cour des Comptes a achevé, à un très petit nombre de villes près, l'apurement de tout l'exercice de 1808, et déjà commencé celui de 1809.

» C'est ainsi que les travaux immenses ordonnés de toutes parts, depuis les embellissemens de la capitale jusqu'à la construction des villes nouvelles qui s'élèvent dans la Vendée ou le Morbihan; depuis les canaux qui vont amener à Paris plus d'eau que n'en ont jamais distribué les riches fontaines de Rome, jusqu'à ces autres canaux qui vont marier les fleuves et rapprocher les mers les plus éloignées; depuis les chemins utiles qui n'ont pour objet que d'économiser les travaux du laboureur, jusqu'aux routes destinées à aplanir les Alpes et les Pyrénées; depuis les ponts qui doivent rapprocher les Invalides et le Champ-de-Mars de l'arc de triomphe des ChampsElysées, jusqu'à ceux qui doivent unir les deux rives de la Gironde à Bordeaux, les deux rives du Pô à Turin, tout a été soumis à la révision annuelle qui rectifie ou arrête les plans, vérifie les devis, règle les dépenses, pourvoit aux moyens, ne laisse enfin aucune conception inféconde, aucune entreprise sans continuation, aucun projet sans succès.

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Et, au milieu de ces grandes pensées civiles, de ces immenses perfectionnemens d'administration intérieure, les rapports politiques n'ont pas cessé d'être l'objet des méditations

de S. M.

TROISIÈME PARTIE. Politique extérieure.

Vous avez vu paraître, messieurs, le senatus-consulte qui réunit à l'Empire français la ville de Rome, l'antique patrimoine des Césars et de Charlemagne.

» Cet acte des Constitutions de l'Empire, indiqué par l'histoire, conseillé par la politique, arrêté par le génie, rassemble les parties trop longtemps séparées de l'Empire d'occident, établit une alliance entre le Tibre et la Seine, entre Paris et Rome; cet acte enfin, respectant l'autorité toujours sacrée de l'Eglise, et préparant la véritable gloire de la religion, assure l'indépendance des trônes et le respect des souverains.

» Aux deux départemens que l'Empire a acquis vers l'occi

dent va se joindre, vers le nord, un nouvel accroissement plus utile que considérable.

S. M. a publié le traité qui recule les limites de la France jusqu'au cours de la Waal, et un senatus-consulte est déjà proposé pour réaliser cet agrandissement, devenu nécessaire autant à la défense militaire de nos frontières qu'au maintien de notre système de douanes, pour consacrer cette détermination qu'en ouvrant votre session, messieurs, S. M. daigna vous faire pressentir. Un département nouveau sera formé sous le nom de département des Bouches-du-Rhin, et le surplus du territoire cédé, y compris l'île de Walcheren, sera réuni au département des Deux-Nèthes, qui deviendra ainsi un des plus considérables, des plus importans, comme un des plus riches de l'Empire.

» Cet acte, messieurs, garantit l'affranchissement de la navigation de ces trois fleuves, artères vivifiantes et fécondes du territoire français, la Meuse, le Rhin et l'Escaut : leurs eaux, à jamais affranchies, et communiquant bientôt par les canaux nombreux qui sont déjà ouverts, fourniront au commerce, dont la liberté se conquerra enfin par la force, si elle ne s'obtient de la justice, des routes nouvelles, garans de son étendue, de sa prospérité, de sa richesse.

Pendant ce temps la Confédération du Rhin voit sa considération s'accroître, sa puissance s'affermir, ses liens se res

serrer.

» Un de ses princes a vu, si je puis parler ainsi, séculariser ses états, et la durée de son pouvoir bienfaisant, le bonheur de ses heureux sujets assuré par la transmission de sa succession à un jeune prince, digne élève, formé dans les camps et dans les conseils par le plus grand des maîtres; présent fait à l'Allemagne par la France, sans l'enlever pourtant à l'affection et à la reconnaissance de l'Italie (1).

» La Suède, secouant un double joug au dedans et au dehors, est entrée dans la ligue continentale.

» Garans nouveaux de la paix, ces arrangemens, et quelques autres moins importans qui mettent hors des mains de S. M. impériale et royale, pour en enrichir ses alliés, les fruits de ses conquêtes, consolident le grand système qui rallie tous les rois de l'Europe contre leur unique ennemie, et assurent le repos du continent.

(1) Voyez plus loin le message relatif à Eugène Napoléon et au grand duché de Francfort.

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Si la guerre gronde encore dans les lieux où les Anglai conservent le funeste pouvoir d'aborder, c'est où à une tell distance, vers les fontières de l'empire Ottoman, de manièr que l'Europe n'en peut souffrir longtemps, et que l'Asi seule pourrait en être menacée, si le divan ne revenait à de meilleures résolutions; ou, pour si peu de jours encore, audelà des Pyrénées, et jusqu'à ce que les ports de l'Espagn soient ouverts à nos armes et fermés à l'Angleterre, qu'o peut dès ce moment regarder la paix de l'Europe comm garantie à la fois par la sainteté des traités, par l'étendue d la puissance, par la conformité des intérêts, par l'ascendant d génie.

» Et cette paix, sur la foi de laquelle tant de peuple respirent, soulagés de trop longs malheurs, délivrés de trop justes craintes, quelle nouvelle garantie l'Europe vient d'acquérir pour sa solidité et sa durée !

» Vous avez vu arriver au sein de la France, enivrée de joie et transportée d'amour, une auguste messagère de paix un gage révéré d'une alliance éternelle. Il vous a été donne d'être témoins de ces nœuds solennels qui, en unissant à jamais Napoléon et Marie-Louise, ont en même temps uni les intérêts de la France et les intérêts de l'Autriche pour le bonheur des deux peuples et la tranquillité du monde.

» Toutes les nations alliées bénissent un événement mémorable qui achève de fonder leur puissance et de cimenter les liens qui les unissent: la politique éclairée, l'humanité consolée y applaudissent également.

» La raison de l'Europe le sanctionne; mais c'est surtout à la France qu'il est donné d'en sentir tout le prix.

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Quand le reste du monde n'y voit que le présage du repos de l'univers, les sujets de Napoléon y voient avec transport le présage de son bonheur; leur affection reconnaissante voit s'embellir la vie que le héros leur a consacrée. L'accomplissenient des tendres vœux de leurs cœurs les touche plus vivement que l'accomplissement des vœux réfléchis de la politique; la plus chère espérance que leur donne l'auguste union qu'ils bénissent est celle que vous partagez, messieurs, à laquelle les Français s'associent de toutes les facultés, de toutes les puissances de leur âme : c'est l'espérance de voir le nom de Napoléon immortel comme son génie, et sa dynastie éternelle comme sa gloire.

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IV.

DIVORCE DE NAPOLÉON. SON MARIAGE. (1)

Ce double événement commence la chaîne des malheurs qui conduiront à la décadence de l'Empire.

Le scandale du divorcè, en ajoutant aux sentimens d'affection que le peuple portait à l'impératrice, qu'il nommait la bonne Joséphine, fit perdre à Napoléon le respect qu'imposaient les vertus sévères du héros on lui avait pardonné comme erreur de l'esprit sa faiblesse pour certaines chimères; alors on accusa son cœur. L'opinion n'accueillit aucune des raisons données pour justifier l'union nouvelle. Les Français avaient encore trop présens à la pensée les principes proclamés pendant leur révolution pour se reposer entière

(1) On a répété dans ce volume, pages 75 et 175, une assertion assez généralement reçue en montrant le mariage de Napoléon avec MarieLouise comme une condition secrète du traité de paix signé à Vienne. Cette assertion est fausse. Napoléon, étant à Sainte-Hélène, s'en est expliqué ainsi dans ses entretiens avec M le docteur O'Meara :

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« Dès qu'on sut que les intérêts de la France m'avaient engagé à >> rompre les liens d'un premier mariage, les plus grands souverains de l'Europe sollicitèrent une alliance avec moi. L'empereur d'Autriche parut surpris qu'on n'eût point songé à sa famille, e le témoigna à » Narbonne. On songeait alors à une princesse russe ou saxonne. Le >> cabinet de Vienne envoya des instructions à ce sujet au prince de » Schwartzenberg, alors ambassadeur à Paris. On reçut aussi des dé◄ » pêches de l'ambassadeur de Russie ; la volonté de l'empereur Alexandre » était d'offrir sa sœur la grande duchesse Anne: cependant quelques » difficultés s'élevèrent à cause de la demande d'une chapelle pour le >> rit grec à établir aux Tuileries. On tint un conseil privé, et la majo»rité fut pour une princesse d'Autriche.

J'autorisai en conséquence le prince Eugène à faire des ouvertures » au prince de Schwartzenberg, et l'on signa des articles de mariage » semblables à ceux qui furent arrêtés pour Louis XVI et Marie⚫ Antoinette.

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L'empereur Alexandre fut mécontent qu'on n'eût point donné de » suite à ses ouvertures; il crut qu'il avait été trompé, et deux que » négociations avaient été conduites en même temps, ce qui n'était pas. » On a dit que le mariage de Marie-Louise, était un des articles secrets du traité de Vienne, conclu quelques mois auparavant. Cela » est entièrement faux. On ne songeait point à une alliance avec l'Au>>triche avant les dépêches de Narbonne concernant les ouvertures qui » lui avaient été faites par l'empereur François et par Metternich. Le » fait est que le mariage avec l'impératrice Marie-Louise fut proposé >> au conseil, discuté, décidé et signé dans les vingt-quatre heures, ce qui peut être attesté par des membres du conseil encore vivans, Plu »sieurs étaient d'avis que j'épousasse une Française, et les argumens en » faveur de cette opinion étaient assez forts pour me faire balancer un » moment; cependant la cour d'Autriche prétendit que le refus d'une » princesse d'une des maisons, régnantes de l'Europe serait une décla>> ration tacite de les renverser quand l'occasion s'en présenterait. »

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XX.

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