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2. L'impératrice Joséphine conservera les titre et rang d'impératrice-reine couronnée.

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» 3. Son douaire est fixé à une rente annuelle de deux millions de francs sur le trésor de l'Etat.

4. Toutes les dispositions qui pourront être faites par l'empereur en faveur de l'impératrice Joséphine, sur les fonds de la liste civile, seront obligatoires pour ses successeurs. »

Lecture faite de ce projet, M. le comte Regnault ( de Saint-Jeand'Angely) ajoute:

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Monseigneur, sénateurs

l'acte solennel rapporté en entier dans le senatus-consulte que vous venez d'entendre en contient seul tous les motifs.

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Que pourrions-nous ajouter! Quelles paroles pourrionsnous adresser au Sénat français qui ne fussent bien au dessous des paroles touchantes recueillies de la bouche des deux augustes époux dont votre délibération va consacrer les généreuses résolutions!

Leurs cœurs se sont entendus pour faire au plus grand des intérêts le plus noble des sacrifices; ils se sont entendus pour faire parler à la politique et au sentiment le langage le plus vrai, le plus persuasif, le plus fait pour convaincre et pour émouvoir.

» Comme souverains et comme époux, l'empereur et l'impératrice ont tout fait; ils ont tout dit.

» Il ne nous reste qu'à les aimer, les bénir, les admirer.

» C'est désormais au peuple français à se faire entendre. Sa mémoire est fidèle comme son cœur : il unira dans sa pensée reconnaissante les espérances de l'avenir et les souvenirs du passé, et jamais monarques n'auront recueilli plus de respect, d'admiration, de gratitude et d'amour que Napoléon immolant la plus sainte de ses affections au besoin de ses sujets, que Joséphine immolant sa tendresse pour le meilleur des époux, par dévouement pour le meilleur des rois, par attachement pour le meilleur des peuples.

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Acceptez, messieurs, au nom de la France attendrie, aux yeux de l'Europe étonnée, ce sacrifice, le plus grand qui ait été fait sur la terre; et, pleins de la profonde émotion que vous éprouvez, hâtez-vous de porter au pied du trône, dans les tributs de vos sentimens, des sentimens de tous les Français, le seul prix qui soit digne du courage de nos souverains, la seule consolation qui soit digne de leurs cœurs! »

DISCOURS du prince Eugène.

« Prince, sénateurs, vous venez d'entendre la lecture du projet de senatus-consulte soumis à votre délibération. Je crois devoir dans cette circonstance manifester les sentimens dont ma famille est animée.

» Ma mère, ma sœur et moi nous devons tout à l'empereur; il a été pour nous un véritable père il trouvera en nous, dans tous les temps, des enfans dévoués et des sujets soumis.

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Il importe au bonheur de la France que le fondateur de cette quatrième dynastie vieillisse environné d'une descendance directe qui soit notre garantie à tous, comme le gage de la gloire de la patrie.

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Lorsque ma mère fut couronnée devant toute la nation par les mains de son auguste époux, elle contracta l'obligation de sacrifier toutes ses affections aux intérêts de la France: elle a rempli avec courage, noblesse et dignité, ce premier des devoirs. Son âme a été souvent attendrie en voyant en butte à de pénibles combats le cœur d'un homme accoutumé à maîtriser la fortune, et à marcher toujours d'un pas ferme à l'accomplissement de ses grands desseins. Les larmes qu'a coûtées cette résolution à l'empereur suffisent à la gloire de ma mère. Dans la situation où elle va se trouver elle ne sera pas étrangère, par ses vœux et par ses sentimens, aux nouvelles prospérités qui nous attendent, et ce sera avec une satisfaction mêlée d'orgueil qu'elle verra tout ce que ses sacrifices auront produit d'heureux pour sa patrie et pour son empereur. »

Sur la proposition de M. Garnier, président annuel du Sénat, le projet de senatus-consulte est renvoyé à l'examen d'une commission de neuf membres, chargée d'en faire son rapport séance tenante : les sénateurs qui la composent sont MM. Garnier, Lacépède, Sémonville, Beurnonville, Chaptal, Laplace, le duc de Dantzick, maréchal Serrurier, Monge. La séance, suspendue pendant deux heures, est reprise ensuite pour entendre un membre de cette commission.

"Monseigneur

RAPPORT fait par M. Lacépède.

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sénateurs, vous avez renvoyé à votre commission spéciale le projet de senatus-consulte qui vous a été présenté par les orateurs du Conseil d'état.

» Vous avez entendu, sénateurs, la lecture de cet acte

mémorable annexé au projet de senatus-consulte, et que l'histoire transmettra à la postérité comme un monument des affections les plus touchantes, des sentimens les plus généreux, et du dévouement le plus absolu au premier intérêt d'une monarchie héréditaire.

Ces paroles mémorables, prononcées par le plus grand des souverains et par son auguste et bien aimée épouse, retentiront longtemps dans tous les cœurs français.

» C'est aujourd'hui plus que jamais que l'empereur a prouvé qu'il ne veut régner que pour servir ses sujets, et que l'impératrice a mérité que la postérité associât son nom à celui de l'immortel Napoléon!

» Et telle est donc la condition de ceux que le trône n'élève au dessus des autres hommes que pour leur imposer des obligations plus rigoureuses!

» Combien de princes qui, ne consultant que le bonheur de leurs peuples, ont dû renoncer aux liens qui leur étaient les plus chers!

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» En ne portant même nos regards que sur les prédécesseurs de Napoléon, nous voyons treize rois que leur devoir de verain a contraints à dissoudre les nœuds qui les unissaient à leurs épouses; et, ce qui est bien digne de remarque, parmi ces treize princes nous devons compter quatre des monarques français les plus admirés et les plus chéris, Charlemagne, Philippe Auguste, Louis XII et Henri IV.

» Ah! que celui dont la gloire et le dévouement surpasse leur dévouement et leur gloire règne longtemps pour la prospérité de la France et de l'Europe!

Que sa vie s'étende bien au delà des trente ans qu'il a désirés pour la stabilité de son Empire! Qu'il puisse voir autour de son trône des princes issus de son sang, élevés dans son esprit ainsi que dans sa pensée, et dignes de leur auguste origine, garantir pour nos arrière-petits neveux la durée de tous les biens que lui devra notre patrie, et que l'image du bonheur des Français, que lui offriront le présent et l'avenir, soit la récompense de ses travaux et le prix de ses sacrifices!

"Votre commission, sénateurs, vous propose à l'unani mité, premièrement, d'adopter le projet de senatus-consulte qui vous a été présenté; secondement, d'adopter aussi deux adresses que je vais avoir l'honneur de vous soumettre, et dont votre bureau présenterait l'une à S. M. l'empereur et roi, et l'autre à S. M. l'impératrice et reine. »>

Le Sénat délibère, et adopte les propositions de la commission.
(Il y avait quatre-vingt-sept votans; le dépouillement des bulletins

a donné pour résultat : : Oui, soixante-seize votes; NON, Sept; billets blancs, quatre. Grégoire voulut parler contre le senatus-consulte; mais la majorité enleva la délibération sans permettre qu'on discutât: ce qui d'ailleurs n'était plus d'usage; les orateurs du gouvernement obtenaient seuls la parole.)

Voici les deux adresses. Voyez plus haut le senatus-consulte.

ADRESSE du Sénat à l'empereur et roi.

Sire, le Sénat vient d'adopter le projet de senatus-consulte qui lui a été présenté au nom de S. M. impériale et royale. » Votre Majesté, Sire, ne pouvait pas donner à la France un plus grand témoignage de son dévouement absolu aux devoirs qu'impose un trône héréditaire.

» Le Sénat ressent vivement le besoin de vous exprimer combien il est pénétré de tout ce qu'éprouve la grande âme de Votre Majesté.

» La puissance la plus étendue, la gloire la plus éclatante, l'admiration de la postérité la plus reculée, ne pourront pas payer, Sire, le sacrifice de vos affections les plus chères ; l'éternel amour du peuple français et le sentiment profond de tout ce que vous faites pour lui pourront seuls consoler le cœur de Votre Majesté.

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ADRESSE du Sénat à l'impératrice-reine.

Madame, Votre Majesté impériale et royale vient de faire à la France le plus grand des sacrifices; l'histoire en conservera un éternel souvenir.

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L'auguste épouse du plus grand des monarques ne poupas s'associer à sa gloire immortelle par un dévouement plus héroïque !

»

Depuis longtemps, Madame, le peuple français révère vos vertus; il chérit cette bonté touchante qui inspire toutes vos paroles, comme elle dirige toutes vos actions : il admirera votre dévouement sublime; il décernera à jamais à Votre Majesté impériale et royale un hommage de reconnaissance, de respect et d'amour.»

Le 18 janvier 1810, une sentence de l'officialité diocésaine de Paris, confirmée par l'officialité métropolitaine, déclara la nullité, quant au lien spirituel, du mariage de Napoléon avec Joséphine.

MARIAGE.

(Le mariage de Napoléon avec Marie-Louise d'Autriche était une condition secrète de la paix de Vienne. La convention en fut signée dans cette capitale le 7 février 1810, par les plénipotentiaires le comte de Champagny, duc de Cadore, ministre des affaires étrangères de France, et le prince de Schwartzenberg.)

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MESSAGE de l'empereur au Sénat.

Sénateurs, nous avons fait partir pour Vienne, comme notre ambassadeur extraordinaire, notre cousin le prince de Neufchâtel, pour faire la demande de la main de l'archiduchesse Marie-Louise, fille de l'empereur d'Autriche.

» Nous ordonnons à notre ministre des relations extérieures de vous communiquer les articles de la convention de mariage entre nous et l'archiduchesse Marie-Louise, laquelle a été conclue, signée et ratifiée.

» Nous avons voulu contribuer éminemment au bonheur de

la présente génération. Les ennemis du continent ont fondé leur prospérité sur ses dissensions et son déchirement; ils ne pourront plus alimenter la guerre en nous supposant des projets incompatibles avec les liens et les devoirs de parenté que nous venons de contracter avec la maison impériale régnante en Autriche.

» Les brillantes qualités qui distinguent l'archiduchesse Marie-Louise lui ont acquis l'amour des peuples de l'Autriche; elles ont fixé nos regards. Nos peuples aimeront cette princesse pour l'amour de nous jusqu'à ce que, témoins de toutes les vertus qui l'ont placée si haut dans notre pensée, ils l'aiment pour elle-même.

» Donné en notre palais des Tuileries, le 27 février 1810. Signé NAPOLÉOn. »

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Autre MESSAGE (1).

Sénateurs, les principes de l'Empire s'opposant à ce que le sacerdoce soit réuni à aucune souveraineté temporelle, nous

(1) Par un message au Sénat du 5 juin 1806 (voyez le tome précédent, page 293), Napoléon avait annoncé la nomination de son oncle le cardinal Fesch à la place de coadjuteur du prince primat de Ger

manie.

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