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DISCOURS adressé à l'empereur et à l'impératrice, au nom du Sénat, par son président annuel, M. Garnier. Aux Tuileries, le 3 avril 1810.

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Sire, c'est avec une respectueuse et profonde émotion que le Sénat se présente aujourd'hui devant Votre Majesté. Il n'a jamais eu à porter au pied du trône de plus douces félicitations; jamais il n'a mieux senti la force et la dignité de ces liens de famille qui unisserit le monarque à ses fidèles sujets. Vos plus tendres affections, Sire, les besoins les plus intimes de votre cœur vont désormais se confondre avec le premier intérêt de la monarchie et le vœu le plus ardent de vos peuples, la durée de cette dynastie, la plus puissante qui ait jamais été fondée parmi les hommes.

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Que de cœurs, même au-delà des frontières de votre Empire, ont tressailli de ce qui va faire votre félicité ! Et votre grande âme n'a point été insensible à leurs transports.

» L'Europe contemple avec ravissement l'auguste fille des souverains d'Autriche sur le trône glorieux de Napoléon; et la Providence, Sire, en vous réservant cette illustre épouse, a voulu manifester de plus en plus qu'elle vous a fait naître pour le bonheur des nations, et pour assurer le repos du

monde.

» Madame, ces cris d'allégresse qui ont partout accompagné les pas de Votre Majesté, ce concert de bénédictions qui relentit encore de Vienne jusqu'à Paris, sont l'expression fidèle des sentimens du peuple. Le Sénat vient offrir à Votre Majesté des hommages non moins empressés ni moius sin

cères.

» La couronne impériale qui brille sur votre front, cette autre couronne de grâces et de vertus qui tempère et qui adoucit l'éclat de la première, attirent vers vous les cœurs de trente millions de Français, qui mettent leur joie et leur orgueil à vous saluer du nom de leur souveraine. Ces Français, , que Vous avez adoptés, à qui vous venez, par la plus sainte des promesses, de vouer les sentimens d'une tendre mère, vous les trouverez dignes de vos bontés. Vous chérirez de plus en plus ce peuple bon et sensible, toujours pressé du besoin d'aimer ceux qui le gouvernent, et de placer l'affection et, l'honneur à côté de l'obéissance et du dévouement.

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Ces sentimens, que nous sommes si heureux d'exprimer à Vos Majestés, sont sous la garantie du ciel comme le ser

ment sacré qui vient d'unir à jamais les grandes et belles destinées de Napoléon et de Marie-Louise. »

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REPONSE de l'empereur.

Sénateurs, moi et l'impératrice nous méritons les sentimens que vous nous exprimez par l'amour que nous portons à nos peuples. Le bien de la France est notre premier besoin.

DISCOURS adressé à l'empereur et à l'impératrice au nom du Corps législatif, par son président, M. de Montesquiou. Au palais des Tuileries, le 3

avril 1810.

Sire, le Corps législatif vient mêler ses vœux aux acclamations des peuples. Toute l'Europe retentit de cet illustre hyménée, de ce gage assuré de la paix, de cette auguste alliance qui semble porter avec elle toutes ses destinées. Il est glorieux, Sire, de pouvoir commander aux fureurs de la guerre, et de faire cesser les rivalités des nations; mais qu'il est heureux de jouir de cette gloire auprès d'une jeune princesse dont les vertus ont devancé l'âge, et qui, par les regrets qu'elle laisse aux lieux de sa naissance, promet tant de bonheur à Votre Majesté et au peuple qu'elle vient d'adopter!

la

» La renommée, Madame, a fait assez connaître les merveilles de ce règne et l'éclat du trône où vous montez; mais il est auprès de ce trône glorieux une place toujours réservée pour grâce et la bonté, dont le malheur fait son premier asile, et dont la gloire se compose de bienfaits et de reconnaissance : c'est à ce rang suprême que vous appellent tous les vœux. Déjà les plus douces espérances naissent à votre approche; un charme inconnu se fait sentir dans cet Empire: il semble qu'un nouveau cours de prospérités commence pour le monarque pour ses peuples.

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et

Oui, Sire, nous verrons les plus doux sentimens de la nature inspirer votre génie, l'esprit de famille s'unir à l'amour de la patrie, et la France recevoir de nouveaux bienfaits de la tendresse paternelle.

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Que votre bonheur et celui de vos peuples consacrent donc à jamais cette illustre alliance! qu'elle ramène parmi nous ces longues années de paix si chères à nos souvenirs! que l'auguste compagne de votre trône réalise tous nos voeux! qu'elle soit chère à Votre Majesté, chère à ses peuples, et que ce concours

d'affection et d'hommages soit le charme de votre vie et sa plus douce récompense! >>

"

RÉPONSE de l'empereur.

Messieurs les députés des départemens au Corps législatif, les vœux que vous faites pour nous nous sont fort agréables. Vous allez bientôt retourner dans vos départemens; dites-leur que l'impératrice, bonne mère de ce grand peuple, partage tous nos sentimens pour lui; nous et elle ne pouvant goûter de félicité qu'autant que nous sommes assurés de l'amour de la

France. >>

V.

RÉUNION DE LA HOLLANDE A L'EMPIRE.

NION DU VALAIS.

RÉU

CONSCRIPTION ETC.
"

L'exécution du blocus continental, généralement consentie par la crainte, parce qu'elle n'était pas encore comprise dans ses résultats salutaires, exigeait partout une surveillance rigoureuse, mais principalement en Hollande, où l'esprit mercantile est capable de déjouer les combinaisons les plus profondes, et de fausser les traités les plus solennels. Le roi que Napoléon avait donné aux Bataves ne possédait pas cette fermeté de caractère indispensable à l'accomplissement des grands desseins de son frère ; il ne croyait pas devoir exiger, en faveur de la France, le maintien d'un système contraire aux intérêts directs et préscns de son peuple, dont la vocation naturelle est le commerce, son premier besoin, son unique politique; il laissait faire. Pour ce peuple il n'y a d'Anglais, d'ennemi du continent que celui qui entrave ses relations. C'est aux négocians hollandais que la ruine de l'Angleterre aurait été le plus favorable; mais il fallait l'acheter par des sacrifices, et l'égoïsme commercial se refusait à placer dans l'avenir. Napoléon hésitait à user de ses moyens de force contre une nation soumise au gouvernement d'un de ses frères; il se borna d'abord à des plaintes, à des menaces : les ports bataves n'en continuèrent pas moins de s'ouvrir aux marchandises anglaises. En novembre 1809 le roi Louis vint à Paris; il trouva Napoléon déterminé à réunir la Hollande à son Empire si le blocus continental n'y obtenait pas une exécution plus fidèle: par un acte du mois de janvier 1810, l'empereur des Français adressa même officiellement des reproches à l'administration hollandaise. Les deux frères convinrent en outre qu'avant d'ôter à la nation batave son indépendance poli

tique il serait fait à l'Angleterre de nouvelles ouvertures de paix, dussent ces démarches, prévues comme inutiles, ne servir qu'à justifier la réunion projetée. Le roi Louis écrivit en conséquence à ses ministres, qui envoyèrent sur le champ à Londres un négociant d'Amsterdam, M. Labouchère, pour entrer en pourparlers avec le ministère britannique. La mission de M. Labouchère n'eut pas un résultat satisfaisant. Alors Napoléon, pour essayer encore de contenir le commerce hollandais dans les termes du système continental, jugea seulement nécessaire de réunir à la France le Brabant hollandais, la Zélande, une partie de la Gueldre, que son frère lui céda par un traité du mois de mars de la même année : il en forma les départemens des Bouches-du-Rhin et des Bouches-de-l'Escaut. Quelques mois s'écoulèrent, et le blocus continental ne reçut pas une exécution plus parfaite. Le roi Louis, fatigué à la fois des reproches de son frère et des plaintes de son peuple, abandonna le trône; il abdiqua en faveur de son fils: transmission bientôt annullée par le chef suprême de la famille, qui réunit enfin la Hollande tout entière à l'Empire français.

LETTRE du roi de Hollande à ses ministres.

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Paris, janvier 1810.

Messieurs, depuis six semaines que je suis auprès de l'empereur mon frère, je me suis constamment occupé des affaires du royaume. Si j'ai pu effacer quelques impressions défavorables, ou du moins les modifier, je dois avouer que je n'ai pas réussi à concilier dans son esprit l'existence et l'indépendance du royaume avec la réussite et le succès du système continental, et en particulier de la France contre l'Angleterre. Je me suis assuré que la France est fermement décidée à réunir la Hollande, malgré toutes les considérations, et qu'elle est convaincue que son indépendance ne peut plus se prolonger si la guerre maritime continue. Dans cette cruelle certitude il ne nous reste plus qu'un espoir; c'est celui que la paix maritime se négocie cela seul peut détourner le péril imminent qui nous menace; et, sans la réussite de ces négociations, il est certain que c'en est fait de l'indépendance de la Hollande, qu'aucun sacrifice ne pourra prévenir. Ainsi l'intention claire et formelle de la France est de tout sacrifier pour acquérir la Hollande, augmenter par là, quelque chose qu'il doive lui en coûter, moyens à opposer à l'Angleterre. Sans doute l'Angleterre aurait tout à craindre d'une pareille augmentation de côtes et de marine pour la France; il est donc possible que leur intérêt porte les Anglais à éviter un coup qui peut leur être aussi

funeste.

et

les

» Je vous laisse le soin de développer cette idée avec toute l'énergie qui sera nécessaire pour faire bien sentir au gouvernement anglais l'importance de la démarche qui lui reste à faire. Faites bien valoir auprès de lui tous les argumens et toutes les considérations qui se présenteront à votre esprit. Faites la démarche dont il s'agit de vous-mêmes, sans que j'y sois nullement mentionné. Mais il n'y a pas de temps à perdre; envoyez de suite quelqu'un d'un commerce sûr et discret en Angleterre, et envoyez-le moi de suite dès qu'il sera de retour. Faites-moi savoir l'époque à laquelle il pourra l'être; car nous n'avons pas de temps à perdre ; il ne nous reste plus que peu de jours. Deux corps de la grande armée marchent sur le royaume; le maréchal Oudinot vient de partir pour en prendre le commandement. Faites-moi savoir ce que vous aurez fait en conséquence de cette lettre, et quel jour je pourrai avoir la réponse d'Angleterre. Signé Louis. >>

(M. Labouchère, négociant d'Amsterdam, reçut ses instructions du ministère hollandais le 1er février 1810; il partit sur le champ. Le 12, dans un compte rendu de ses démarches, il déclara n'apercevoir aucune chance de succès, et quitta immédiatement l'Angleterre.)

ABDICATION du roi de Hollande.

« Amsterdam, le 3 juillet 1810.

» Louis, par la grâce de Dieu, etc.

» Nous avons résolu, comme nous arrêtons par les présentes lettres patentes et solennelles, d'abdiquer, comme nous abdiquons dans ce moment, le rang et la dignité royale de ce royaume en faveur de notre bien aimé fils Napoléon-Louis, et, au défaut de celui-ci, en faveur de son frère Charles-LouisNapoléon.

» Décidons en outre que, conformément à l'article constitutionnel, la régence demeurera à S. M. la reine, sous la garantie de S. M. l'empereur notre frère, secondé par un conseil de régence, qui sera provisoirement composé de nos ministres, auxquels nous confions la garde du roi mineur en attendaut le retour de S. M. la reine.

Ordonnons de plus que les différens corps de notre garde, sous le commandement en chef de notre grand écuyer le lieutenant général Bruno, et après lui le général Sels, feront et continueront le service auprès du roi mineur de ce royaume, et que les grands officiers de la couronne, ainsi que les officiers

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