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jugement est plus prompt; les discussions sont moins embarrassées c'est un des bienfaits de notre nouveau Code civil. Chacun désormais connaît ses droits, et sait mieux quand et comment il peut les exercer.

» Le gouvernement a reçu des plaintes sur les frais excessifs 'qu'occasionnent les honoraires des avocats et les salaires des officiers de justice. L'empereur a donné au grand-juge l'ordre de s'occuper des moyens de diminuer ces frais.

» Les procès criminels sont plus sensiblement réduits encore que les procès civils. En 1801 la population était de trentequatre millions d'individus : cette année présentait huit mille cinq cents affaires criminelles, dans lesquelles douze mille quatre cents prévenus étaient impliqués. En 1811 une population de quarante-deux millions n'a plus présenté que six mille affaires, dans lesquelles huit mille six cents prévenus étaient intéressés.

>> En 1801, huit mille prévenus ont été condamnés; en 1811, cinq mille cinq cents; en 1801 il y a eu huit cent quatrevingt-deux condamnations à mort; en 1811 trois cent quatrevingt-douze seulement. Cette diminution a été progressive chaque année ; et, s'il était besoin de prouver davantage l'influence de nos lois et de notre prospérité sur le maintien de l'ordre public, nous remarquerions, que cette progression croissante a lieu surtout dans les départemens réunis, et devient plus grande à mesure que leur incorporation à la France devient plus ancienne.

» L'administration des départemens, celle des communes et des établissemens de bienfaisance, est active et surveillante ; elle concourt avec zèle aux améliorations dont s'occupe le gou

vernement.

>> Les revenus des communes et des villes, en y comprenant Paris, s'élèvent à 128 millions, ci.

128,000,000

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» Les communes ont outre cela des propriétés qu'elles ne comptent point dans les recettes municipales; ce sont celles dont les habitans jouissent en commun, les pâturages communaux, les bois affouagés, etc.

» Le capital du revenu foncier de 20 millions serait une res

source d'autant plus précieuse pour l'Etat, s'il avait intérêt d'en disposer, que les communes seraient facilement indemnisées, par une rente beaucoup moindre, d'une jouissance grevée pour elles de beaucoup de charges et d'embarras.

» Les caisses municipales sont tenues avec le même soin que celles de tous les autres comptables.

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Huit cent cinquante villes ont plus de 10,000 francs de revenus; la majeure partie de leurs budgets de 1813 est arrêtée.

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Instruction publique.

» En 1809 le nombre des élèves des lycées n'était que de 9,500, dont 2,700 externes, et 6,800 pensionnaires.

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Aujourd'hui le nombre des élèves est de 18,000, dont 10,000 externes, et 8,000 pensionnaires.

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Cinq cent dix colléges donnent l'instruction à 50,000 élèves, dont 12,000 pensionnaires.

» Dix-huit cent soixante-dix-sept pensions ou institutions particulières sont fréquentées par 47,000 élèves.

» Trente-un mille écoles primaires donnent l'instruction du premier degré à 920,000 jeunes garçons. Ainsi 1000,000 de jeunes Français reçoit le bienfait de l'instruction publique.

» L'école normale de l'Université forme des sujets distingués dans les sciences, dans les lettres, dans la manière de les enseigner; ils portent chaque année dans les lycées les bonnes traditions, les méthodes perfectionnées..

» Les 35 académies de l'Université ont 9,000 auditeurs : les deux tiers de ces élèves suivent les cours de droit et de médecine.

» L'école Polytechnique donne tous les ans aux écoles spéciales du génie, de l'artillerie, des ponts et chaussées et des mines, 150 sujets déjà recommandables par leurs connaissances.

>> Les écoles de Saint-Cyr, de Saint-Germain, de la Flèche, fournissent tous les ans 1,500 jeunes gens pour la carrière militaire.

» Le nombre des élèves des écoles vétérinaires est doublé. Les intérêts de l'agriculture ont dicté une meilleure organisation de ces écoles.

» L'académie de la Crusca de Florence, dépositaire du plus pur idiôme de la langue italienne,

» L'Institut d'Amsterdam,

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L'académie de Saint-Luc de Rome,

>> Ont reçu de nouveaux réglemens et des dotations suffi

santes.

» Les travaux de l'Institut de France se continuent : le tiers de son dictionnaire est fait ; il peut être achevé dans deux ans :

les recherches sur notre langue, sur notre histoi e, occupent un grand nombre de ses membres.

>> Les traductions de Strabon et de Ptolémée honorent les savans utiles qui en ont été chargés. Le 16o volume du recueil des ordonnances des rois de France a été publié.

Marine.

» La France a éprouvé par les événemens de Toulon, la guerre civile du Midi, de la Vendée et de l'Ouest, par les affaires de Quiberon, des pertes très grandes ; les meilleurs officiers de sa marine, l'élite des contre-maîtres et des équipages y ont péri.

» Nos escadres, depuis cette époque, ont été montées par des équipages peu exercés. L'insuffisance de l'inscription maritime a été reconnue, et toutes les années les moyens qu'elle offrait ont été en décroissant, résultat inévitable de la constante supériorité de l'ennemi et de la destruction presque entière de notre commerce maritime.

» Il n'y a plus eu moyen de se dissimuler qu'il fallait Ou désespérer de la restauration de notre marine en temps de guerre, ou avoir recours à des mesures nouvelles. En prenant le premier parti, on eût agi comme l'a fait l'administration sous Louis XIV et Louis XV, découragée par la défaite de la Hogue et par les suites de la guerre de 1758: à l'une et l'autre époque on. renonça à la marine, on cessa de construire; on porta les ressources des finances sur l'armée de terre et sur les autres départemens mais les résultats de cet abandon furent bien funestes à la gloire et à la prospérité de la France.

>>

L'Angleterre nous donna la loi; elle nous imposa des traités qu'il faudrait pouvoir déchirer de nos annales : nous dûmes nous-mêmes démolir nos ports, et recevoir des commissaires anglais pour en surveiller la démolition. Par une conséquence trop naturelle de la supériorité de ses forces, l'Angleterre nous imposa des traités de commerce destructifs de notre industrie, et lorsqu'elle jugea devoir nous faire la guerre pour piller notre commerce ou s'emparer de nos établissemens dans les différentes parties du monde, elle nous trouva sans armées navales et sans aucun moyen de défendre notre pavillon. De là ce mépris que le peuple d'Angleterre témoignait en toute occasion pour

nous.

>>

L'administration sous Louis XIV et sous Louis XV futelle obligée d'embrasser le parti funeste de renoncer à la marine par le dérangement de nos finances, ou par l'impossibilité réelle où se trouvait la France, dans ses anciennes limites, construire et réorganiser de grandes flottes er temps de guerre?

de

» Presque rien n'est possible à Brest, ou du moins tout y est extrêmement difficile, lorsque ce port est bloqué par une escadre supérieure ; mais il est probable que les raisons de finances, les besoins que faisaient naître les guerres continentales, et la difficulté de recréer la marine concoururent, avec le peu d'énergie de l'administration, à faire preudre le parti désespéré de laisser dépérir notre marine.

» Les échecs qu'ont éprouvés depuis nos escadres, fruits immédiats de nos dissensions civiles, nous ont placés dans la même situation où se trouvait l'administration sous Louis XIV et sous Louis XV; mais si la situation était semblable, les autres circonstances étaient différentes en tout point.

» La possession de la Hollande, de l'Escaut, l'extension de notre puissance sur les côtes de l'Adriatique, sur les ports de Gênes et de la Spezzia, sur tous les cours du Rhin et de la Meuse, nous donnent des moyens maritimes d'une bien autre importance que ceux que possédait l'ancienne monarchie; nous pouvous construire des flottes sans que la supériorité de l'ennemi puisse l'empêcher, ou même les rendre plus coûteuses.

» La bonne administration des finances de l'Empire nous met en état de faire face aux dépenses qu'entraîne l'établissement d'une grande marine, et de satisfaire aux frais des guerres continentales. Enfin, l'énergie de notre gouvernement, sa volonté ferme et constante, étaient seules capables de lever de plus grands obstacles.

» L'administration de la marine sentit pourtant la nécessité d'adopter un système fixe et calculé qui fît marcher de front la création ou le rétablissement des ports, la construction des vaisseaux et l'instruction des matelots.

>> Dans la Manche, la nature a tout fait pour l'Angleterre; elle a tout fait contre nous. Dès le règne de Louis XVI on avait senti l'importance d'avoir un port sur cette mer le projet de Cherbourg avait été adopté, et les fondemens des digues avaient été jetés. Mais dans nos troubles civils tous ces ouvrages, interrompus, s'étaient détériorés; tout avait été remis en problème, jusqu'à la convenance du choix du local, et on demandait si on n'aurait pas mieux fait de préférer la Hogue à Cherbourg. » L'administration fixa ses regards sur ces importantes questions. La décision en faveur de Cherbourg fut confirmée, et on travailla sans délai à rehausser la digue pour abriter la rade.

» Mais cette rade avait les inconvéniens d'une rade foraine: le carénage des vaisseaux y était impossible ou difficile. L'administration ne s'arrêta ni à la dépense ni à la difficulté des localités, et on entreprit un port creusé dans le roc, pou

vant contenir cinquante vaisseaux de guerre, et des chantiers suffisans pour la construction d'une escadre.

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Après dix ans de travaux, le succès a justifié toutes ces entreprises. Une escadre est sur le chantier de Cherbourg, et les bassins pourront recevoir cette année l'escadre la plus nombreuse. C'était beaucoup que d'avoir satisfait au besoin, senti depuis le combat de la Hogue, d'avoir un port dans la Manche; mais il n'était pas moins important d'avoir un port dans la mer du Nord, et de pouvoir profiter des rades nombreuses et sûres de l'Escaut.

» Le bassin de Flessingue, celui d'Anvers, ont coûté bien des millions. Vingt vaisseaux peuvent être construits à la fois dans les chantiers d'Anvers, et plus de soixante trouver un abri dans les ports d'Anvers et de Flessingue.

» La Hollande contenait une population qui s'est toujours distinguée dans la marine; mais les vaisseaux de construction hollandaise ne pouvaient être employés utilement dans la lutte actuelle la célérité de la marche est un des élémens de la guerre maritime, et les vaisseaux hollandais paraissent plutôt construits pour porter des marchandises que pour évoluer et livrer des batailles.

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» Ce peuple industrieux avait fait des miracles pour vaincre les obstacles, en apparence insurmontables, de ses localités, mais il n'avait réussi qu'imparfaitement.

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L'administration sentit qu'il n'y avait dans la Hollande qu'un seul port, un seul chantier, un seul remède à tous les inconvéniens des localités, et elle porta les forces maritimes de Ja Hollande au Niew-Dypp. Quoique ce projet n'ait été conçu que depuis deux ans, nous jouissons déjà de tous ses avantages, et par ce moyen un nouveau port se trouve être en notre pouvoir à l'extrémité de la mer du Nord.

» Les ingénieurs de l'armée de terre ont poussé les travaux avec la plus grande et la plus louable activité. Le Helder, Flessingue, Auvers et Cherbourg sont dans une situation telle que nos escadres y sont à l'abri de toute insulte, et peuvent donner à nos armées de terre le temps d'arriver à leur secours, fussent-elles au fond de l'Italie ou de la Pologne. Ce que pouvait ajouter aux avantages naturels de Brest et de Toulon avait été fait par l'ancienne administration.

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l'art

Il n'en était pas de même de l'embouchure de la Charente; la rade de l'Isle-d'Aix n'était pas propre à contenir un grand nombre de vaisseaux. L'administration a senti le besoin d'avoir un abri plus sûr dans la mer de Gascogne.

» La rade de Saumouard a été reconnue et fortifiée; les rades de la Gironde l'ont été également, et une communication

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