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Lorsque quelques Évêques s'avancèrent les premiers dans cette arène des discussions publiques, légalement ouverte à toutes les intelligences, des cris d'improbation, d'indignation et de fureur se firent entendre unanimement du camp opposé, et nous n'en fûmes ni intimidé ni surpris. Mais ce qui fut alors de nature à nous causer de l'étonnement, c'est que le Gouvernement lui-même, dont la charge principale est de veiller au maintien des libertés publiques et au respect des droits de tous, peu content de blâmer amèrement à la tribune ces manifestations cependant si légitimes, envoya, pour les étouffer, à tout l'Épiscopat, des réprimandes impérieuses et de dures menaces'. Plus tard, il voulut effrayer les Évêques par quelques appels comme d'abus au conseil d'État, et surtout il s'efforça de les diviser, tantôt en les interrogeant sur des questions difficiles et graves sans leur permettre de s'entendre, tantôt, même, en provoquant auprès de quelques-uns d'entre eux le désaveu des publications de quelques au

tres.

Nous savons que les premiers moyens ne lui

1 Si les organes du ministère se hasardaient à révoquer en doute l'exactitude de ce mot, nous pourrions publier les pièces officielles, et l'on serait certainement surpris de ce dont alors on nous menaçait.

ont pas réussi ; mais il assure que le dernier lui a obtenu quelques succès. Si on l'en croit, plusieurs d'entre nous penseraient que, dans la question de la Liberté d'enseignement aussi bien que dans celle de toutes les Libertés de l'Église, la publicité donnée à nos plaintes même les mieux fondées, ne fait que nuire à notre considération, irriter les esprits et mécontenter sans fruits le Pouvoir, qu'après tout il importe de ménager.

Nous ne savons pas jusqu'où ces allégations peuvent être fondées; nous sommes fortement tenté de croire qu'elles ne le sont pas du tout, en ce qui regarde nos vénérés collègues, dont le plus grand nombre a donné des preuves éclatantes du contraire. Cependant, nous n'oserions affirmer que cette opinion, si opposée à la nôtre, ne jouit pas de quelque crédit auprès d'un certain nombre de prêtres et de fidèles.

Comme dans tous les temps et sous tous les drapeaux, surtout après des combats pénibles et des succès incomplets, il s'est toujours rencontré des âmes timides et des esprits fatigués qui cherchent avant tout à sortir par la voie la plus courte des difficultés du moment, sans s'occuper de celles qu'ils pourraient se préparer pour l'avenir, nous admettons volontiers que, même parmi des catholiques très-sincères,

il en est aujourd'hui qui se prononceraient pour le parti du silence.

Or, comme ce parti est sans contredit le plus commode, le plus tranquille et par cela même le plus attrayant, il est présumable que si des ecclésiastiques et même des laïques influents, surtout s'ils étaient sincèrement religieux, se déclaraient hautement pour lui, ils y entraîneraient une certaine multitude, affaiblissant ainsi, et, aux yeux de plusieurs, discréditant la portion du clergé qui croirait devoir continuer toujours son action publique.

Cependant, le moment approche où de nouveaux éléments de débats vont être présentés à la France constitutionnelle'; le moment est donc venu d'apprécier la position que nous avons prise jusqu'à ce jour, et de chercher ainsi à connaître celle qu'il conviendra de prendre à l'avenir.

Si des lois inquiétantes pour la conservation des doctrines révélées, si des mesures destructives de la liberté des consciences et de la discipline de l'Église allaient être proposées par le

1 On assure, dans un certain monde, qu'il n'y aura pas celte année de projet de loi présenté aux Chambres sur la Liberté d'enseignement. Nous croyons que ce bruit n'est pas fondé, et qu'il a pour but d'endormir les amis de cette liberté précieuse, en faveur de laquelle on craint que l'épiscopat ne se prononce de nouveau,

Pouvoir, qu'aurions-nous à faire, et que ferions-nous?

L'examen de cette grave question nous a semblé d'ailleurs opportun au moment où le Comité pour la défense de la Liberté religieuse publie le recueil des actes épiscopaux qui ont paru depuis quelques années. Assurément, ces actes n'ont aucunement besoin de notre apologie, mais les peuples ont besoin de connaître les motifs impérieux et sacrés qui les ont fait naître.

Au reste, nous livrons 'nos pensées au jugement de l'Épiscopat lui-même, dont nous avons l'intention de défendre la cause. S'il était vrai que quelques vénérables Évêques nous crussent dans l'erreur, ces prélats auraient certainement trop de charité pour ne pas nous avertir, et trop de zèle pour ne pas éclairer les peuples sur nos illusions. Si, au contraire, comme il en a été jusqu'à présent, aucun d'eux ne réclame contre nos écrits, nous nous en tiendrons aux témoignages approbateurs que beaucoup d'entre eux nous ont accordés précédemment, et nous continuerons à croire que nous sommes dans la vérité.

Dieu nous fait la grâce de sentir que nous apportons à cet examen une âme calme, désintéressée et désireuse uniquement de voir ce qui

il en est aujourd'hui qui se prononceraient pour le parti du silence.

Or, comme ce parti est sans contredit le plus commode, le plus tranquille et par cela même le plus attrayant, il est présumable que si des ecclésiastiques et même des laïques influents, surtout s'ils étaient sincèrement religieux, se déclaraient hautement pour lui, ils y entraîneraient une certaine multitude, affaiblissant ainsi, et, aux yeux de plusieurs, discréditant la portion du clergé qui croirait devoir continuer toujours son action publique.

Cependant, le moment approche où de nouveaux éléments de débats vont être présentés à la France constitutionnelle '; le moment est donc venu d'apprécier la position que nous avons prise jusqu'à ce jour, et de chercher ainsi à connaître celle qu'il conviendra de prendre à l'avenir.

Si des lois inquiétantes pour la conservation des doctrines révélées, si des mesures destructives de la liberté des consciences et de la discipline de l'Église allaient être proposées par le

1 On assure, dans un certain monde, qu'il n'y aura pas cette année de projet de loi présenté aux Chambres sur la Liberté d'enseignement. Nous croyons que ce bruit n'est pas fondé, et qu'il a pour but d'endormir les amis de cette liberté précieuse, en faveur de laquelle on craint que l'épiscopat ne se prononce de nouveau,

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