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attire une molécule magnétique avec la même force que l'autre fluide la repousse.

Lorsque des fluides sont séparés, ils tendent à se réunir et à se neutraliser, et ils se réuniraient effectivemeut, s'il n'y avait pas une force coërcitive qui s'opposât à cette réunion. Cette force peut être, ou l'adhérence des molécules du fluide à l'acier, ou le frottement qu'elles éprou vent en passant d'un point à un autre.

L'auteur a prouvé, Mémoires de l'Académie des sciences pour 1787, page 491, que, soit que les deux fluides fussent séparés et portés chacun à une extrémité de la lame, soit qu'ils ne fussent que déplacés dans chaque moléculė de l'acier, sans pouvoir passer d'une molécule à une autre, le calcul donnait le même résultat. Il a prouvé en même tems que cette dernière supposition est la seule qui puisse s'accorder avec l'expérience.

Dans le mémoire dont nous rendons compte aujourd'hui, Tauteur cherche à déterminer l'état magnétique de plusieurs lames que l'on réunit successivement l'une sur l'autre, ou, ce qui revient au même, il cherche à déterminer la force de différentes lames relativement à leur épaisseur.

(Nous renverrons nos lecteurs pour les détails ou au mémoire mêine qui sera sans doute inséré dans le recueil des Mémoires de l'Institut, ou seulement à l'excellenté Notice quen a publiée le C. Delambre, et d'où nous extrayons cet article.)

(La suite au numéro prochain.)

ANATOMIE.

ANATOMIE GÉNÉRALE appliquée à la physiologie et à la médecine; par Xavier Bichat, médecin du grand hospice d'humanité de Paris, professeur de médecine et de physiologie. 4 vol. in-8°. Prix 16 fr, 50 c. pour Paris, et 22 fr. franc de port. A Paris, chez Gabon et Compagnie, lib., rue et place de l'Ecole de médecine. (EXTRAIT communiqué par Jacq.-L. MOREAU, de la Sarthe.}

DANS l'étude de l'homme physique, comme dans les re cherches sur le globe que nous habitons, deux points de voe principaux appellent successivement l'attention des savans : 1o. L'examen des surfaces; 2°. L'inspection des profondeurs.

La géographie proprement dite, ou plutôt la topographie et l'anatomie descriptive se rapportent au premier point dé yue au second répondent la géologie et l'anatomie générale, c'est-à-dire, ce mode d'étude anatomique qui, dévoilant par des recherches moins superficielles la structure de nos parties, consiste à considérer isolément et à présenter avec leurs attributs chacun des systêmes dont les combinaisons diverses forment les organes (1). C'est sous ce deuxième point de vue, aussi neuf qu'intéressant, que le C. Bichat considère l'anatomie, dans l'ouvrage que nous annonçons.

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(1) Organe vient du mot grec organon, qui signifie instrument. Il se prend toujours dans l'acception d'instrument employé pour l'entretien de la vie, ou de moyen quelconque dont un corps animé fait usage. Ainsi nous disons des instrumens de physique, de musique, de mathématique; et l'organe de la vue de l'ouïe, de lɩ pensée, de la parole. Le novum organum de Bacon, ne pourrait pas dans ce sens être remplacé par les mots novum instrumenturn. La réunion d'organes plus ou moins nombreux et plus ou moins faciles à analyser, constitue l'organisation; c'est-à-dire, un ensemble de pièces ou de parties, au jeu et à la réaction desquelles l'entretien de la vie est attaché.

Regardant avec les autres physiologistes, le corps animal tomme un assemblage d'organes divers qui se combinent et se réunissent pour former différens appareils auxquels on rapporte les actes ou fonctions d'où résulte la vie, il s'occupe pécialement des parties constituantes, de ces appareils, et les réduit à des tissus particuliers, dont il fait successivement connaitre les différens caractères, le développement, les propriétés, l'usage et les altérations.

↑ La chimie, dit le C. Bichat, a ses corps, simples; qui "forment par les combinaisons diverses dont ils sont sus"ceptibles les corps composés: tels sont le calorique, la , lumière, l'hydrogène, etc. etc. De même l'anatomie a " ses tissus simples, qui par leur combinaison de quatre à " quatre, de six à six, de huit à huit, forment des or"ganes. "

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Ces tissus sont compris dans deux grandes classes; savoir 10. Les systèmes appelés généraux, parce qu'universellement distribués, et partout présens, ils forment, en quelque sorte, la trame générale de toutes les parties, le canevas de l'organisation. Ce sont 1°. Le tissu cellulaire; 2o. Le systême nerveux de la vie animale; 3°. Le systême nerveux de la vie organique (2); 4°. Le système vasculaire à sang rouge;

(2) Le C. Bichat appelle vie animale, cette manière d'être et d'exister du corps vivant qui résulte de la faculté de sentir et de se mouvoir. Il nomme vie orgnique un mode de vie plus profond et dont les actes ont pour objet de préparer et d'opérer la nutrition. Ces divisions et ces expressions sont loin d'être exactes; toute vie est organique, c'est-à-dire, exécutée par des organes; et si en effet, en vivant, dans lui et hors de lui, un animal nous présente les deux manières d'être que nous distinguons par les mots existence et vie proprement dite, qui sont loin d'être synonymes, il n'en est pas moins vrai qu'il est impossible d'admettre avec le C. Bichat, une division tranchée entre ces deux modes du développement de la vitalité, saus désunir ce que la nature n'a point séparé.

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Dans le cas même où cette remarque ne serait point fondée en raison, les dénominations et la classification de notre collègue et ami, seraient toujours vicieuses, puisque plusieurs animaux

5. Le système vasculaire à sang froid; 6°. Le systême capil laire; 7°. Le systême exhalant; 8°. Le systême absorbant.

2o. Les systêmes particuliers qui sont: 1°. Le systême osseux; 2°. Le médullaire; 10°. Le cartilagineux; 11o. Le fibreux; 12°. Le fibro-cartilagineux; 13°. Le musculaire de la vie animale; 14°. Le musculaire de la vie organique; 15°. Le muqueux; 16°. Le séreux; 17°. Le synovial; 18°. Le glanduleux; 19°. Le dermoïde; 20. L'épidermoide; 21°. Le pileux.

Tels sont, d'après l'analyse du C. Bichat, les différens élémens qu'il est possible de démêler et de signaler dans le cadavre, dans ces débris qui furent l'homme, et que l'anatomiste soustrait pour quelques instans à la tombe qui doit les dévorer, afin d'élever sur leur observation et leur étude, une des sciences dont les progrès et les applications importent le plus au bonheur de l'humanité.

Ce simple aperçu de la carrière que le C. Bichat a ouverte et fournie, doit déjà donner sans doute une grande et bel'e idée de son travail, que nous ne craignons pas de placer parmi

sont dépourvus de sa vie animale qui résulte seulement de la sersation et de la locomotion; et que dans sa vie organique, conmune à toute la matière animée, nous trouvons la digestion, dont la présence, comme l'a très-bien observé le C. Cuvier, est un attribut caractéristique pour les animaux. Du reste, la division adoptée par le C. Bichat, et sur laquelle nous osons nous per→ mettre ces réflexions, lui appartient toute entière et ne se trouve pas, comme l'ont prétendu quelques critiques injustes sur ce point, dans Aristote, Buffon et Grimaud. Ce dernier, dont je possède la physiologie inédite, dans laquelle on prétend que le C. Bichat a puisé sans en avertir, s'est borné, comme Buffon, à quelques aperçus vagues et indéterminés sur les forces sensitives et digestives; ce qui est loin de ressembler à la distribution méthodique et à la division suivie avec détail de la vie organique et vie animale, présentées comme les deux grandes classes dans lesquelles doivent être compris tous les phénomènes de la vie individuelle. Blane, dans un mémoire ayant pour titre: A lecture on muscular motion, avait aussi divisé la vie en vie sensitive ou extrinsèque, et en vie insensible ou intrinsèque; mais, comme les physiologistes précédens, il s'est borné à une vue superficielle, à une simple indication.

les monumens littéraires qui font le plus d'honneur à notre nation (3), et que l'historien philosophe des sciences peut opposer comme objection irrésistible à ces esprits superficiels qui se désolent sérieusement de notre barbarie, et no nomment décadence de l'esprit humain son changement de direction. L'examen détaillé et approfondi de chacun des systèmes qui concourent à la formation des différens organes, est précédé d'une suite de considérations générales qui servent d'introduction, et dans l'exposition desquelles l'auteur indique plusieurs opinions qui lui appartiennent, et dont on a dejå su s'emparer, sans indiquer la source d'un emprunt adroitement offert comme une propriété. Voici, en les présentant à grands traits, quelques-unes de ces considérations.

La nature comprend deux grandes classes de productions, et son histoire deux classes de sciences. Les productions sont organiques ou inorganiques; les sciences sont physiologiques ou physiques.

Des propriétés qu'il ne faut pas confondre avec les propriétés générales de la matière, sont les véritables principes, les causes auxquelles doivent se rapporter les phénomènes présentés par les productions organiques, si l'on veut éviter les analogies illusoires, les rapprochemens que la nature désavoue, et donner à la physiologie la seule direction capable de l'élever au niveau des différens genres de savoir plus avancés, et qui, tels que la chimie et la physique, nous offrent un enchainement de faits dépendans en dernière analyse d'un petit nombre de propriétés.

On peut successivement découvrir ces diverses propriétés sur la connaissance desquelles repose la physiologie, en parcou rant les différens degrés de l'échelle des êtres vivans.

(3) Les ouvrages des Lagrange, Laplace, Monges, Guyton, Bertholet, Chaptal, Fourcroy, Vauquelin, Cuvier, Lacépède, Pinel, Cabanis, Chaussier, Haüy, dont le beau traité de minéralogie, qui vient enfin de paraitre, est regardé par tous les savans comme l'un des ouvrages qui font le plus d'honneur au siècle présent, à la nation français et à l'Institut.

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