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AGRICULTURE.

JARDINAGE.

MOYENS de conservation du figuier pendant les hivers rigoureux, par ANT.-ALEXIS CADET-DE-VAUX.

LE figuier, naturalisé dans le Midi de la France, ne l'est pas, à beaucoup près, dans nos autres contrées ; on y parviendrait, peut-être, en l'obtenant de sémis, car c'est ainsi qu'on a acclimaté, parmi nous, nombre de végétaux exotiques.

Mais ce n'est pas le jeune homme qui plante, c'est l'homme mûr; or, à cet âge, on est pressé de jouir, et difficilement on se décide à semer ce qu'on peut obtenir de plant enraciné, de marcotte, de bouture, de greffe ; tous moyens de réproduction beaucoup plus hâtifs qu'offre le figuier.

Combien doit-on regretter de ne pouvoir pas mettre plus sûrement à l'abri des gelées cet arbre qui croît si bien, dont le fruit est si bon, et dont la récolte est si abondante, même dans notre climat? Sur cent figuiers, cinq parviennent au terme de leur vie végétative; le surplus est moissonné par les gelées et n'offre plus que des posthumes dont il faut soigner l'enfance, ce qui ajourne la jouissance ; dans les forts hivers il y a plus : le figuier gèle jusque dans ses racines. C'est ainsi qu'Argenteuil a vingt fois perdu ses figueries; aussi ses habitans avaient-ils presque renoncé à ce genre de culture, et vraiment il y a du courage à l'avoir repris.

Cependant on n'a point à leur reprocher le défaut de précaution; ils creusent de larges fossés dans lesquels ils recèlent les figuiers enveloppés de paille et recouverts de terre pour tout le tems de la saison rigoureuse.

Ce moyen, qui toutefois ne préserve pas le figuier de l'atteinte des grands hivers, lui préjudicie dans les hivers humides; sa tige, alors pénétrée par l'eau, pourrit en terre

ou a tellement pâti que l'arbre souffre long-tems après être déterré; enfin cette opération est pénible, elle nuit aux racines ainsi qu'aux tiges que souvent elle fait éclater; car tout souple que soit le bois du figuier il se prête mal à passer de sa position verticale à une position plus qu'horizontale.

Ma figuerie est assise de deux côtés sur un plan incliné qui borde un petit étang; elle est abritée du nord et du couchant; le pié dans l'eau, la tête au soleil. Ce principe je l'ai suivi.

Cette position donne la facilité d'enterrer mes figuiers; depuis quatre ans ils l'ont été et s'en sont assez mal tiré ; notamment à l'issue de l'hiver dernier qui a été fort humide, plusieurs ont péri.

Je me promenais dans ma figuerie cherchant de plus heureux expédiens que ceux qui sont usités pour la mettre désormais à l'abri des gelées, lorsque j'aperçus une hausse au pié d'une ruche; voilà, me dis-je, mes figuiers sauvés pour l'avenir.

Ce mot de hausse me fait deviner; cependant disons. comment je procéderai; planter au milieu du figuier un fort tuteur; redresser les branches, les y assujettir avec des liens de paille, relever pyramidalement la terre au pié, empailler le figuier, l'engaîner dans des hauses, et, si l'arbre est fort, dans des paniers de grossier clayonnage, sans fond, qu'on aura calfatés à l'extérieur avec de la terre. Il faut que l'interstice soit de 7 à 8 pouces dans tout le pourtour. Les choses ainsi disposées, remplir le vide de terre sèche, de feuilles ou de menue paille, placer sur la pointe du tuteur un pavois de paille semblable à ceux qu'on place sur les ruches pour l'écoulement de la pluie ; certes il n'y a pas d'hiver, quelque rigoureux qu'il soit, qui puisse pénétrer six à huit pouces de terre sèche; il n'y a pas d'hiver assez humide pour atteindre cette masse, surtout étant pavoisée.

Il est inutile d'observer que les racines seront par-là à

l'abri de la gelée ; car c'est la gelivure des tiges couchées qui opère celle du pié du figuier.

Ce moyen, peu coûteux, est applicable à nombre de grands végétaux qui encombrent les serres d'orangeries, pour deux ou trois mois d'hiver qu'ils ne peuvent passer en pleine terre. Il y en a auxquels on est obligé de bâtir des cabanes très-coûteuses, dépense qui prive de l'agrément de ces arbres : tandis que trois paniers de quatre piés, formant une élévation de deux toises et pouvant durer plusieurs années de suite forment une faible dépense. Je desire que ceux qui croiront devoir adopter ce procédé, vous fassent part, au printems, du succès qu'ils en auront obtenu, de manière à le rendre usuel.

Nota. Nous publierons dans le numéro prochain une réponse très-obligeante, que le C. Cadet-de-Vaux adresse au C. d'Arcet, sur la peinture au lait. (1)

ÉCONOMIE PUBLIQUE.

LE CULTIVATEUR ANGLAIS, ou Œuvres choisies d'Agriculture et d'Économie rurale et politique, D'ARTHUR YOUNG, traduit de l'anglais par les CC. Lamare, Benoist et Billecocq, avec des notes par le C. Delalauze, coopérateur du Cours d'Agriculture de l'abbé Rosier, 18 vol. grand in-8°, avec des notes, des tableaux et un grand nombre de planches en taille-douce gravées par Tardieu, Prix, 108 fr. A Paris, chez Maradan, libraire, rue Pavée Saint-André-des-Arcs, N° 16.

(SECOND EXTRAIT.)

Le compte que nous avons rendu des deux premières

(1) La dissertation du C. Darcet et la lettre qu'annonce le C. Cadetde-Vaux, se trouvent séparément au bureau de la Décade philosophique. Elles forment une petite brochure de 15 pages, qui fait suite à celle publiée par le C. Cadet-de-Vaux sur la peinture au lait. Le prix de la nouvelle brochure est de 20 centimes.

livraisons de cette excellente collection (1), ne nous laisse rien à dire sur son mérite et son utilité. La troisième et dernière vient de paraître, en 8 vol. in-8°, ce qui la porte à 18 volumes au lieu de 16 que nous avions annoncés par erreur. Cette livraison est composée du Guide du fermier et des Essais sur l'économie rurale, I vol.-D'Expériences sur l'agriculture, 2 vol. · De morceaux choisis des Annales d'Agriculture, 3 vol. - Du Voyage en France, I vol. De l'Arithmétique politique avec une table générale des matières, 1 vol. (2)

Le Guide du fermier a été écrit pour les deux espèces d'agriculteurs qui existent en Angleterre, les fermiers ordinaires et les gentelemen fermiers, c'est-à-dire pour les laboureurs de profession et pour une classe plus aisée et plus instruite qui pratique aussi l'agriculture. Ces deux classes se retrouvent par-tout; il n'y a de différence que dans leur proportion. La première, quoiqu'elle ne lise guères, même en Angleterre, peut puiser dans le Guide du fermier des instructions appropriées à son niveau ; la seconde, que l'agronome a eu plus en vue, en peut aussi retirer plus d'avantage. Le but principal de l'auteur est de prouver jusqu'à l'évidence qu'il n'y a point de profession qui puisse rapporter davantage que l'agriculture, si l'on y verse des fonds suffisans et si elle est pratiquée par un homme habile, actif et prudent. Il voudrait persuader aux gens riches qui ne cherchent des professions libérales pour leurs enfans que dans l'état militaire, le commerce ou les manufactures, de tourner aussi leurs regards vers la profession d'agriculteur, de la faire apprendre méthodiquement et dans toute son étendue, enfin de préparer à ce bel art, comme l'on prépare à la médecine, au commerce, etc. Il n'y a pas de meilleurs prin

(1) Voyez le N° 2, 20 vendémiaire.

(2) Les souscripteurs sont invités à faire retirer cette livraison d'ici au 1er pluviôse prochain, passé lequel tems, ils paieront les volumes à raison de 6 fr. chacun, prix actuel de la collection.

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manque

cipes à propager, surtout en France, et dans les circons-
tances présentes où nous avons beaucoup de fortunes nou-
velles à fixer et un immense territoire auquel il ne
que des capitaux. Sous ce point de vue Arthur Young
offre des lumières et des calculs qu'on ne trouverait chez
nul autre aussi complets, ni aussi exacts, puisqu'il part
de ses propres expériences. Les chapitres XV, XVI,
XVIII, XIX et XX, ont pour objet d'établir la propor
tion entre la quantité de terre qu'on veut exploiter et l'ar-
gent qu'on possède, de connaître la meilleure manière
d'employer une somme d'argent en agriculture, depuis
50 liv. sterlings ( 1200 fr. ) jusqu'à 20,000 liv. sterl. ( près
de 500,000 fr.). Les autres chapitres traitent des moyens
de juger de la nature du sol; de ce qu'il faut examiner,
quand on loue une ferme ; des moyens de rendre l'agri-
culture aussi profitable au propriétaire qui fait valoir qu'au
fermier; enfin de quelques avis aux propriétaires qui se
font un amusement de l'agriculture, etc.

Le dessein des essais pratiques sur l'économie rurale, ou systême général d'exploitation, est d'expliquer plusieurs parties de cette économie, de classer avec un peu d'ordre une foule de sujets multiformes ou fugitifs, de les subordonner, autant que possible, à des principes géné

raux.

Les 2 volumes d'Expériences sur l'agriculture sont l'extrait de deux gros in-4°, en anglais. Quoique tous les ouvrages d'Arthur Young portent plus ou moius sur l'expérience, celui-ci est plus particulièrement destiné à substituer des faits aux théories. L'auteur passe en revue dans une préface tous les écrivains qui ont traité de l'agriculture, depuis Caton et Varron jusqu'à lui, et il en conclut qu'aucun n'a suivi la bonne méthode pour instruire utilement et complettement. Ceux qui présentent le plus d'expériences et de résultats omettent de faire connaître la dépense, ce qui rend leurs résultats presqu'inutiles pour l'instruction. A. Young assure, au contraire, n'avoir jamais quitté sa ferme, même d'un jour, sans avoir pris les précautions pour

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