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DES PAYS-BAS.

ORIGINE.

SOMMAIRE.

Observation préliminaire. — Chute de la république des
Provinces- Unies des Pays-Bas. — Rétablissement
de la nationalité hollandaise. Dissolution de l'Em-
pire français.-Position de la France dans le système
politique de l'Europe. Etablissement du royaume
des Pays-Bas. Sa position dans le système politi-
Droits et devoirs réciproques y
que de l'Europe.
relatifs. — Récapitulation et suite des événemens.
Complément des actes constitutifs du royaume des
Pays-Bas. Conclusion.

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préliminaire.

Ce n'est pas uniquement dans les actes consti- Observation tutifs d'une société politique qu'il faut étudier l'histoire de son origine, pour se former des notions claires et complètes sur un objet d'un

si haut intérêt.

TOM. I.

2

Dans la vie des nations comme dans celle des

:

individus, tout se tient, tout se lie, tout est soumis à la loi des influences successives et simultanées et pour bien comprendre le principe, le but et les destinées d'une grande institution sociale, il ne suffit pas de remonter à sa source immédiate; il faut encore la considérer dans l'ensemble des rapports de suite et de coexistence dont le concours a préparé et développé sa naissance.

Chute de la

république des

des Pays-Bas.

Avant donc de rendre compte des traités dont l'établissement du royaume des Pays-Bas fut le résultat direct et définitif, il sera nécessaire de tracer ici un exposé succinct des événemens qui ont exercé une puissante influence sur cette importante combinaison de la politique européenne.

A cet effet je prendrai mon point de départ de Provinces-Unies la chute de l'ancienne république des ProvincesUnies des Pays-Bas, qui, ainsi qu'on ne tardera pas de le voir, se lie par des rapports, à la vérité un peu éloignés, mais cependant réels et intimes au sujet de mes recherches.

Personne n'ignore que cette République fut entraînée, en dépit de son gouvernement, dans la longue et terrible guerre qui, à la suite de la révolution française, éclata sur le monde civilisé à-peu-près tout entier. La nation hollandaise ne nourrissait à cette époque des intentions hostiles contre aucune Puissance de l'Europe. Son gouvernement n'avait rien fait pour provoquer le courroux de la France. Mais la Hollande était riche en ressources de toute espèce. Sa position topographique rendait la conquête de ce pays d'une extrême importance pour les opérations des armées françaises. Il n'en fallait pas davantage à la Convention nationale pour rompre brusquement avec un État inoffensif, mais dont elle convoitait la possession. Un prétexte manquait: il fut bientôt trouvé.

Un beau jour, Brissot, organe des comités diplomatique et de défense générale, monta à la tribune, et après s'être violemment déchaîné contre la politique de l'Angleterre, il s'écria (1):

(1) Mémoires tirés des papiers d'un homme d'état, T. 2. p. 11.

« Le Stathouder de Hollande fait cause commune » avec le cabinet de St.-James, dont il se montre » plus le sujet que l'allié. »— Peu d'instans après, la Convention décréta à l'unanimité la guerre

«< contre le roi Georges et le Stathouder de Hol» lande. » (1)

Cherchant par ces vaines subtilités à séparer la cause d'un gouvernement qu'elle voulait perdre, de celle d'une nation qu'elle se proposait d'exploiter au profit et d'assujétir aux destinées de la république française, la Convention nationale couvrit ainsi ses vues ambitieuses du masque d'une politique de déception, qui de tout temps causa la ruine des peuples assez aveuglés pour y prendre confiance.

Dans cette occasion, elle n'en obtint pas les succès immédiats qu'elle s'en était promis. Les Provinces-Unies étaient à la vérité agitées par des dissensions intestines, et le Stathoudérat y avait des ennemis nombreux et redoutables; mais on

(1) Mémoires tirés des papiers d'un homme d'état, T 2. p. 11,

y sentit généralement qu'une nation est perdue sans ressource, lorsqu'elle s'en remet sur ses destinées à une Puissance étrangère. On résolut donc d'opposer une courageuse résistance à l'aggression de la France, qu'on n'avait rien fait pour provoquer.

Il n'est pas d'homme sensé qui puisse reprocher sérieusement à un peuple pacifique, inoffensif et commerçant, composé à cette époque de moins de deux millions d'habitans, de ne point avoir imposé la loi du vainqueur à la France. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était de fournir des subsides et un contingent proportionné à sa population, aux Puissances engagées avec lui dans une lutte, à laquelle il se vit forcé de prendre une part active. Ce devoir, la Hollande l'a loyalement rempli; et je ne sache point que jamais on ait reproché à ses troupes d'avoir forfait à l'honneur aux jours de combat.

L'histoire parle même avec éloge des actions d'éclat que le prince héréditaire d'Orange (aujourd'hui roi des Pays-Bas), et son frère le prince

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