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ne l'autorisait à concevoir cette espérance, soit dans les trois lettres que nous lui avons adressées en réponse aux siennes, soit dans la brochure que nous lui avons envoyée.

Dans cette brochure, publiée en 1838, en faisant l'analyse de l'ouvrage de M. Moreau sur la réforme des prisons, tout en rendant justice à son talent, nous avons, comme dans nos lettres, combattu de la manière la plus positive et, selon nous, la plus victorieuse, les arguments exposés par l'honorable auteur.

Son but est de faire triompher le système de Philadelphie. Quant à nous, nous persistons à croire que ce système n'est pas applicable à notre pays, encore moins à beaucoup d'autres pour les longues détentions.

Ces opinions, nous les avons soutenues dans nos précédents ouvrages, et nous les reproduisons dans un nouvel écrit sur la réforme des prisons, car nous n'avons en aucune manière changé nos convictions à cet égard '.

Nous compléterons enfin notre rectification, en observant que nous ne sommes nullement chargé de la direction des prisons dans les états de S. M. le roi de Sardaigne, comme le dit M. Moreau dans sa brochure.

Il est vrai qu'en 1835 nous fùmes chargé d'inspecter la prison centrale de Saluces, et qu'en 1836 et 1837 nous avons été honoré d'une mission administrative dans les provinces. En cette occasion nous avons aussi visité toutes les prisons.

Les rapports que nous avons été dans le cas d'adres-` ser au ministère de l'intérieur peuvent certainement

V. Della condizione attuale delle carceri e dei mezzi di migliorarla, Mémoire qui paraît par articles séparés dans le Journal mensael de Turin, intitulé le Subalpino. 1839.

III. 2o SÉRIE.

avoir ajouté à notre conviction, déjà bien acquise au reste, de la nécessité d'une réforme de ces établissements; d'ailleurs l'opportunité de cette mesure ne pouvait échapper à l'esprit si éclairé du roi, comme à celui de son ministre.

Cette visite des prisons a donc été la seule circonstance où nous ayons pris part, et encore bien indirectement, à l'administration des prisons de notre pays. Dès lors nous sommes resté complétement étranger aux autres actes de notre gouvernement dont nous avons parlé jusqu'ici. M. Moreau-Christophe, ainsi que plusieurs journaux français et suisses, se sont donc trompés en les attribuant à notre influence.

En faisant cette réflexion, certes ce n'est pas pour désapprouver ces actes, car ils sont tout à fait conformes à nos principes; mais pour faire observer que tout le mérite en appartient à d'autres qu'à nous, qui sommes intervenu dans la discussion de ces matières, non comme employé du gouvernement, mais comme auteur qui expose librement ses doctrines.

Telles sont les observations que nous avons dû faire à regret sur la brochure de M. Moreau; nous disons à regret, car nous apprécions hautement son talent, et nous lui gardons reconnaissance des marques d'estime qu'il nous a données. Mais nous avons cru être dans notre droit en rectifiant les graves inexactitudes de son nouveau travail 1.

Comte PETITTI.

'Avant de finir notre dernier écrit, intitulé: De l'état actuel des prisons et des moyens de l'améliorer, nous avons encore voulu nous éclairer par un nouveau voyage à Lyon et en Suisse, afin de visiter de nouveau les établissements pénitentiaires de ces pays. Nous sommes revenu avec nos précédentes convictions, même après en avoir discuté à Lausanne et à Berne avec MM. Roud et d'Erntz. L'isole

NOUVELLES PUBLICATIONS.

1. Rapport préliminaire fait au sénat de l'état de Massachusetts, par la commission nommée pour systématiser et codifier, autant que possible, toutes les dispositions de la loi commune relatives aux crimes et au châtiments (Boston, 1839).

Dans les divers états de l'Union américaine, pas plus qu'en Angleterre, les lois ne sont pas coordonnées et réunies en codes, comme en France et dans plusieurs autres pays de l'Europe. Chaque matière a ses lois spéciales, le plus souvent rendues à des époques différentes, et dont certaines dispositions se contred isent et s'entredétruisent.

Outre les statuts ou lois écrites qui forment la moindre partie de la législation, aux États-Unis, comme en Angleterre, il y a la loi commune (the common law), qui n'est autre chose que la jurisprudence, ou une sorte de droit coutumier consigné dans les ouvrage; des jurisconsultes.

De là résulte une espèce de dédale impenetrable souvent même aux hommes les plus versés dans la science des lois. Cette confusion, extrêmement fâcheuse dans les matières civiles, a surtout d'im

ment continuel, qui est appliqué à douze ou quinze détenus dans chaque prison, pour un temps limité, est précisément celui que nous admettons, et que nous croyons même pratiqué dans les maisons centrales de France. Il n'y a rien là qui puisse en conséquence résoudre les difficultés que nous trouvons, à adopter l'isolement con Ganel pour les condamnés à long terme.

Les exemples que M. Moreau-Christophe cite de l'Angleterre, de la France, de la Hollande, de la Belgique et de la Suisse, ne sauraient done résoudre la question, puisque dans aucun de ces pays on n'a appliqué l'isolement continuel aux longues détentions.

Quant à l'exemple récemment cité de la maison des jeunes détenur de Paris, dans le rapport de M. Delessert sur cet établissement, il n'a rien de concluant par le même motif, puisque l'expérience faite ne date que de quinze mois, pour une moyenne de trois mois de détention.

menses inconvénients en matière criminelle, où tout doit être clair, précis, méthodique; et ces inconvénients se font sentir à chaque pas.

Aussi est-ce dans cette partie de la législation d'abord que l'état de Massachusetts a songé à introduire l'ordre, l'harmonie. Une commission composée de cinq membres, MM. Villard Philips, John Gray Rogers, Luther S. Cushing, Samuel B. Walcott et James C. Alvort, fut nommée à cet effet par la législature, le 10 mars 1837. Elle vient de faire, après deux mois de recherches et d'études opiniâtres, son premier rapport au sénat. Après avoir exposé les difficultés qu'elle a eues à surmonter et qui ont entravé sa marche, la commission soumet au sénat, avec le plan qu'elle a cru devoir adopter, une sorte de spécimen de ses travaux, afin d'obtenir l'approbation de la législature, ou d'être mise à même de modifier son système en ce qu'il pourrait avoir de défectueux.

Ces travaux ne s'appliquent encore qu'à une faible partie de la législation criminelle; mais cet essai suffit pour donner la preuve que la commission a parfaitement compris sa tâche laborieuse, et il y a lieu d'espérer que maintenant qu'elle pourra marcher d'un pas plus sûr, elle amènera promptement à bonne fin son œuvre importante.

2. Manuel d'économic politique (Lehrbuch der politischen Oeconomie); par M. Rau, professeur à Heidelberg. Tome III: principes de la science des finances. Deuxième partie. Heidelberg, Winter.

Si c'est de l'Angleterre et de la France qu'est venue l'impulsion à laquelle l'économie politique doit ses progrès et son développement actuel, il faut aussi reconnaître que, de nos jours principalement, l'Allemagne a beaucoup fait, surtout pour systematiser cette science; et, sans contredit, l'ouvrage dont nous annonçons la dernière partie, classe son auteur parmi les économistes les plus dis. tingués de notre époque. Le premier volume, parvenu déjà à sa troisième édition, renferme la théorie de l'économie nationale (Volkswirthschaftslehre) ou l'économie politique prise dans son sens le plus restreint; le second traite des soins donnés à l'économie nationale (Volkswirthschaftspflege); le troisième enfin, de la science des finances (Finanzwissenschaft). Dans l'introduction placée en tête de la première partie de ce troisième volume, l'auteur déter

mine l'objet et les limites de la science des finances; il la considère dans ses rapports avec les autres branches de l'économie politique; il en trace l'historique; puis, il s'occupe des recettes et des dépenses publiques, des domaines et de ce qu'on appelle les droits régaliens. Dans la seconde partie, il traite de l'impôt sous ses différentes formes, du rapport des recettes avec les dépenses, et il jette un coup d'œil sur l'organisation financière de notre époque. Ce qui caractérise cet excellent travail, c'est 1° que l'économie nationale est complètement séparée de la science des finances, qu'elle précède naturellement comme devant lui servir de base; cette démarcation scientifique, qui a pris origine en Allemagne, et que les écrivains anglais et français n'ont pas encore essayée, forme un grand progrès, surtout en ce qui concerne la détermination des limites et des rapports mutuels des deux sciences; 2o l'auteur sait tenir le milieu entre la théorie et la pratique : l'une lui sert à juger les résultats que l'autre lui fournit; il ne se complaît pas dans des descriptions idéales, dont le modèle n'existerait pas, et il ne se contente pas d'énumérer séchement les sources du revenu public; à l'aide des principes de l'économie nationale, il juge, d'une part, du mérite ou des vices du mode actuel d'administration des domaines et des droits régaliens, et, d'autre part, de l'établissement et de la perception des impôts qui se multiplient sous tant de formes, et agissent toujours si puissamment sur l'économie nationale. Cet ouvrage ne contribuera pas peu à éclaircir les principes d'une science qui s'épure et se dégage de jour en jour de tout alliage extérieur, d'une science dont l'importance, pour le bien public, est de plus en plus comprise par tout le monde. MICHAELIS.

3. Archives du Droit criminel (Archiv des Criminalrechts). 1838, cah. 4; 1839, cah. 1 et 2.

Sommaire. Du crime de faux, et particulièrement des fausses balances; par M. Birnbaum (deux articles). Du crime de haute trahison commis contre la confédération germanique; par M. Scheurlea. Résumé des débats du Code pénal dans les chambres du Würtemberg; par M. Hohbach (deux articles). Études sur des questions de Droit criminel; par M. Geib (deux articles). De la preuve de la vérité d'une imputation diffamatoire; par M. Mittermaier. Débats de la seconde chambre des états du Hanovre sur le projet de Code penal; par M. Freudentheil (suite). De la force obligatoire de

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