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Que deviendrait la Grande Bretagne, si une fois on » lui coupait la source de ses richesses de l'Amérique ? » Comment payerait-elle cette nombreuse troupe de

cution de M. Vowel et du colonel Gérard qui avaient conjuré sa perte. Vowel fut pendu, Gérard fut décapité sur l'esplanade de la Tour. Le même échafaud servit aussi à l'exécution de D. Pantaleon de Sâ, chevalier de Malte, et frère de l'ambassadeur de Portugal. Le chevalier de Sâ s'était rendu à la nouvelle bourse avec plusieurs gens armés, pour y chercher ce même colonel Gérard dont il avait reçu un affront le jour précédent. Un autre homme, qu'il prit pour le colonel, fut assassiné sur la place, et plusieurs personnes furent blessées par ses gens. D. Pantaleon se retira aussitôt après en la demeure de son frère: elle fut investie sur-le-champ par une nombreuse populace qui demandait le meurtrier à grands cris et menaçait de l'enlever de force.

Cromwell, informé de cet événement, envoya une troupe de gens armés pour réclamer le coupable, et, au besoin, l'enlever de vive force de l'hôtel de l'ambassade. L'ambassadeur fut obligé de le livrer ainsi que ses complices. On les conduisit à la Tour, on leur fit leur procès sans désemparer, et le Protecteur ne voulut écouter ni les prières, ni les remontrances de l'ambassadeur. D. Pantaléon eut la tête tranchée, et tous ses complices furent pendus à Tyburn. Jean IV, roi de Portugal, s'en plaignit comme d'un outrage fait au droit des gens, mais n'ayant reçu aucune satisfaction, il ne rappela pas son envoyé, et conclut bientôt après un traité d'alliance avec l'Angleterre ! Depuis le règne d'Elizabeth, la Grande Bretagne n'avait pas joui d'un plus grand ascendant; Cromwell imposait à toutes les puissances, c'était une terreur universelle. La France ellemême, avec laquelle il était allié, lui fournit l'occasion de déployer toute sa fermeté.

Un navire marchand anglais, commandé par un quaker, fut arrêté dans la Manche par un bâtiment français et conduit à SaintMalo, parce qu'on accusa le capitaine d'avoir profité de l'alliance avec la France pour faire la contrebande. Le navire fut confisqué et vendu avec sa cargaison.

Le quaker se plaignit à Cromwell de cette violence, et implora son appui pour obtenir des dédommagements. Le Protecteur le manda devant le Conseil; on y examina l'affaire, et l'on trouva que le

» terre, et cette grande armée de mer ? Comment donne>> rait-elle à son souverain les moyens de vivre avec » l'éclat d'un grand roi? D'où tirerait-elle ces subsides

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qu'elle paye aux puissances étrangères pour étayer la >> sienne? Comment vivraient un million de sujets anglais, » si la main-d'œuvre d'où ils tirent leur subsistance » n'existait plus? Dans quel état de pauvreté ne tomberait » pas le royaume, si cette première source de richesses » lui manquait? Le Portugal n'a qu'à refuser ses grains, » c'est-à-dire, son pain, pour que la moitié de l'Angle» terre mourût de faim. Vous direz peut-être qu'on ne » change pas ainsi l'ordre des choses, et qu'un système » établi depuis longtemps ne se change pas dans un

quaker était innocent. « Venez me voir demain matin, lui dit Cromwell, je vous ferai rendre justice. Le lendemain, il le chargea d'une lettre pour le cardinal Mazarin; il lui recommanda de la remettre lui-même, et d'attendre la réponse pendant trois jours: « Cette réponse, ajouta-t-il, doit être le payement de votre navire » et de sa cargaison. Dites de ma part au cardinal, que je vous ai » ordonné de quitter Paris au bout de trois jours. »

Le cardinal n'eut point égard à ce message, le quaker revint à Londres et apprit à Cromwell qu'on n'avait point répondu à son attente. «Cela suffit, lui dit-il, allez, je me charge du reste.» En effet, sans perdre de temps en d'ennuyeuses négociations, le Protecteur envoya sur-le-champ deux frégates dans le canal, avec ordre d'user de représailles sur les bâtiments français.

Après quelques jours de navigation, les frégates s'emparèrent de trois petits navires; Cromwell les fit vendre à l'encan, et, du produit de la vente, il fit rembourser au quaker toutes ses pertes, et remettre le surplus au Consul de France, pour être restitué aux armateurs auxquels les navires vendus appartenaient.

Cette action d'éclat en imposa tellement au cardinal Mazarin, qu'il n'osa plus lutter contre un homme d'un tel caractère, et qu'à sa sollicitation, il engagea le duc de Savoie à mettre un terme à la persécution contre les religionnaires Vaudois.

> moment? Vous direz bien; mais moi je dirai mieux : > c'est qu'en attendant le temps qui doit amener cette » réforme, j'établirai un plan préliminaire d'économie » qui tendra au même but. Depuis longtemps la France » nous ouvre les bras pour que nous recevions ses ma›nufactures de laine; il ne tient qu'à nous d'accepter ses » offres; ce qui anéantirait les vôtres. La Barbarie qui abonde en grains nous en fournirait au même prix, » et peut-être à meilleur marché que vous. Alors vous ⚫ verriez avec une extrême douleur une des plus grandes » branches de votre marine s'éteindre entièrement, car » vous êtes trop versés dans le ministère, pour ignorer * que c'est une pépinière d'officiers et de matelots dont › la marine royale se sert en temps de guerre, et c'est » avec celle-ci que vous avez élevé votre puissance.

» La satisfaction que je vous demande est conforme » au droit des gens. Il arrive tous les jours que des >> officiers de mer ou de terre font par zèle ou par incon» sidération ce qu'ils ne devraient pas faire; c'est au ⚫ gouvernement à les punir et à faire réparation à l'État » qu'ils ont offensé. Il ne faut pas croire que ces sortes de réparations le rendent méprisable; on a meilleure opinion d'une nation qui se prête à ce qui est juste, » et c'est toujours de l'opinion que dépend la puissance * d'un État.

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Soit que le cabinet anglais ait eu égard à ces raisons, ou que d'autres causes l'y déterminassent, toujours est-il que le roi d'Angleterre envoya un ambassadeur extraordinaire à Lisbonne pour donner la satisfaction qu'on demandait. Lord Quinoul fut chargé de cette mission embarrassante, et il s'en acquitta comme le marquis de Pombal l'exigeait. Il déclara hautement en pleine audience, en présence des Ministres étrangers,

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« que les officiers anglais qui avaient brûlé les vaisseaux français sur la côte de Lagos étaient répréhensibles, » et qu'en conséquence le Roi son maître l'envoyait à >> Lisbonne pour témoigner à S. M. T. F. qu'il n'y avait »> eu aucune part, et que c'était contre ses ordres qu'ils >> avaient commis cet acte d'hostilité dont il lui faisait réparation. »

On respire, dit l'historien du marquis de Pombal, lorsqu'on voit un gouvernement excédé sortir enfin de cet état de dépendance où le retenait depuis si longtemps la politique subversive d'un État étranger.

DE HOFFMANNS.

NOUVELLES PUBLICATIONS.

1. Ouvrages publiés en Allemagne.

Annales de la législation en matière de douanes et de l'union douanière et commerciale allemande (Jahrbücher, etc.); par M. Pochhammer. Année 1839. Berlin, Jonas.

Dispositions additionelles et modifications des Codes prussiens. (Ergaenzungen und Abaenderungen, etc.) Vol. 8. Berlin, Nauck. Rapport fait à Sa Majesté l'empereur de Russie, sur le ministère de l'instruction publique, pour 1838 (Bericht, etc.). Hambourg, Nestler et Melle.

Projet révisé du Code d'instruction criminelle pour le royaume de Wurtemberg. (Revidirter Entwurf, etc.). Stutgart, Steinkopf.

Du cautionnement des femmes en droit romain (Ueber Intercessionen, etc.); par M. Kattenhorn. Giessen, Heyer.

2. Des systèmes hypothécaires; par M. Odier, professeur de droit à Genève. Genève et Paris, Cherbulliez.

S'il est un moyen de parvenir à améliorer le système hypothécaire qui régit la France actuellement, c'est certainement en cher. chant de quelle manière ce sujet est traité dans les autres pays, et en s'assurant des points de rapport qui doivent exister avec les

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autres parties du droit, afin de constituer une harmonie parfaite dans la législation.

Cette difficulté de faire accorder les diverses dispositions du Code Napoléon avec celles relatives aux hypothèques, a été sans cesse l'écueil de la réalisation de tous les projets qu'avait enfantés la proposition de M. Casimir Périer pour l'amélioration du système hypothécaire. On conçoit parfaitement qu'il en doive être ainsi, puisque lors de la rédaction du C. N. les législateurs ont été obligés, par suite des dispositions déjà votées sur les autres matières, de proclamer l'adoption d'un régime qui contrariait ces grands principes de spécialité et de publicité, seule base d'un véritable et solide crédit foncier.

M. Odier vient de publier un volume qu'il ne considère que comme une introduction à un ouvrage considérable, dû au savant M. Bellot, auteur du projet de loi de Genève sur les hypothèques ; il y donne des notions précises et claires sur les divers systèmes hypothécaires qui régissent les états principaux de l'Europe. On y trouve analysées, de manière à en faire connaître l'esprit et l'ensemble, les dispositions du système germanique, bien préférable au nôtre, et qui laisse bien loin derrière lui la loi de brumaire an VII; qui cependant avait une tendance à lui ressembler.

Il est vrai que toute la législation allemande favorise ce système; car il existe presque partout un tribunal des tutelles, qui est chargé de veiller à l'intérêt des mineurs, et d'un autre côté les femmes conservent des droits distincts qui les mettent moins sous la domination administrative du mari.

Toutefois, on peut puiser dans ce système des principes utiles, propres à donner à la propriété territoriale ce crédit, qui lui est nécessaire pour attirer les capitaux, que les dangers du prêt sur l'hypothèque en tiennent éloignés. Ce n'est que quand on aura toute sûreté de rentrer dans ses fonds qu'on pourra, non pas créer des cédules hypothécaires, ce qui était un appât trompeur offert à la crédulité publique, mais former des associations de propriétés et de propriétaires composant un foyer de crédit garanti par le sol et la position de la personne, comme il en existe dans plusieurs etats, où l'on n'a point à redouter ces actions brutales, qui enlèvent tout d'un coup un gage que l'on croyait posséder.

Le procés est fait à la législation hypothécaire française tacitement par l'éloignement dans lequel on fait remarquer que se sont

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