PRÉFACE Sollicité par mes amis de la Société de géographie de Madrid de donner quelques extraits de mes Voyages en Orient, j'ai consenti à en laisser paraître un fragment. L'ensemble verra peut-être le jour prochai nement. Pendant mes divers séjours prolongés, de 1889 à 1893, en Roumanie, j'ai eu l'occasion d'étudier spécialement et à loisir une minuscule partie de la population rappelant ma chère patrie, les Juifs espagnols, qui ont captivé mon attention par leurs mœurs, leur langue, à un tel point que je me suis décidé à leur consacrer un chapitre entier. Mais bientôt je me suis aperçu que je touchais à un sujet brûlant et qu'ils n'étaient pas seuls soumis à des lois d'exception, mais que les autres juifs, ainsi que les étrangers à un titre quelconque, étaient privés de droits qu'on leur accorde dans d'autres pays; par suite j'ai dû les fondre en une seule description. Dans sa marche rapide, la Roumanie, comme dévorée de la fièvre des perfectionnements, semble n'avoir pas eu le temps de se guérir d'anciens préjugés et elle entraîne, dans son bagage moderne, le paquet archaïque et encombrant. Plus d'une fois il l'arrêtera, gênant dans sa course et suscitera, comme cela est déjà arrivé, des susceptibilités internationales. Le temps, ce grand guérisseur de tous les maux, ce grand niveleur, arrivera certainement à effacer les aspérités et les inégalités qui existent encore ici et qui paraissent d'autant plus grandes que le pays a plus de prétentions dans ses comparaisons avec d'autres États. Si je détache le chapitre des Juifs et des Étrangers, c'est parce qu'il intéressera un plus grand nombre de personnes, en quoi j'obéis aux vœux de mes compagnons en études ethnographiques, qui, comme moi, recherchent la vérité dans l'influence des races les unes sur les autres et le résultat politique ou philosophique qui en découle. Madrid, le 30 octobre 1893. EUSEBIO GONZALEZ Y MENDOZA. |