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VOYAGES EN ORIENT

LES JUIFS ET LES ÉTRANGERS

EN ROUMANIE

Les Juifs allemands-polonais et les Juifs
portugais-espagnols.

Il existe en Roumanie une question grave, un point noir qui obscurcit l'horizon, la question juive soudée à celle des étrangers et qui fait de ce petit pays un foyer d'intolérance plus gros que lui et qui est d'une telle importance qu'elle vaut la peine de s'y arrêter quelque peu. Le pays me fait l'effet d'un homme désireux de se faire arracher une dent, mais reculant toujours devant l'opération, l'extraction de la molaire importune, hésitant dans la recherche du dentiste qui doit, sans douleur, le débarrasser de la névrose maxillaire.

Examinens la situation et le remède..
VII

Dans aucune contrée de l'Europe, si ce n'est en Russie, le juif n'est tenu à un pareil état d'infériorité. C'est un paria sans patrie et, malgré l'hostilité légale et morale qui est armée, sans trêve, contre lui et qui se manifeste à jet continu, il prospère par son activité commerciale, sa sobriété, sa force économique, au milieu d'un peuple qui ne possède pas ces aptitudes.

La raison de la fortune du juif n'est un secret pour personne. Il s'établit avec peu de chose, vend à bon marché et vit sobrement. On marchande chez lui, alors que le marchand chrétien est autoritaire dans ses prix que, par une sorte de dignité commerciale, il ne permet pas de discuter. Le juif préfère vendre avec 1 p. 100 de bénéfice plutôt que de ne pas vendre, et comme il a moins de besoins que son concurrent et qu'il économise plus que lui, il réussit toujours. Que les chrétiens qui le dédaignent tant pour cette manière d'agir, lui fassent concurrence par le même procédé et la clientèle ira de préférence chez eux. On les appelle accapareurs, mais l'accaparement n'est-il pas la conséquence naturelle et forcée par une aussi bonne entente du commerce? Il résulte

de la comparaison entre la pratique commer-ciale chrétienne et juive que la première est plus avide que la seconde et certes moins intelligente.

Obéissant aux prescriptions hygiéniques primordiales du Code mosaïque, il voit sa race se multiplier, prolifier dans des proportions que n'atteint pas la population plus ou moins autochtone au sein de laquelle il s'agite. Cette particularité a, à plusieurs reprises, attiré l'attention de patriotes myopes qui en ont fait à la tribune, entre autres M. Ceaur Aslan, député de Jassy, la révélation, comme une menace de l'augmentation du nombre toujours croissant des juifs au détriment des autres habitants, et l'on dut avouer qu'ils possédaient des qualités enviables sous le rapport de la tempérance et d'un régime alimentaire peu observés par les orthodoxes. M. Aslan, se posant en nouveau Pharaon, a répété (voir Exode I, 9): « Voilà les enfants d'Israël qui forment un peuple plus nombreux et puissant que nous. » Et d'une enjambée, il voulait ramener la Roumanie à 2,500 ans en arrière, belle équipée pour un pays à peine sorti de l'enfance et s'ornant déjà de toutes les garnitures de la civilisation. Cet orateur, nouvel Aman, n'attendait-il pas d'un

Assuérus, en lui criant: « Si le Roi le trouve bon, qu'on écrive l'ordre de faire périr ce peuple! l'ordre du massacre? Heureusement, l'Assuérus était une représentation nationale qui garda le silence. Le souvenir de la chute de ce Stocker antediluvien est célébré toutes les années par le carnaval israélite (la fête du Purim). Quand pourront-ils célébrer la chute des Amans roumains?... Je souhaite donc qu'il y ait beaucoup d'Esther dans la vallée du Danube.

Mais la haine héréditaire, grossissant le nombre des juifs, on a dépassé le but qu'on avait voulu atteindre, le Buletin Statistic General al României (1892) accusant moins de la moitié du chiffre fantaisiste donné, 450,000 pour tout le royaume.

Aimant sa famille, très affairé, très laborieux, le juif ne ruine pas sa constitution dans les plaisirs affaissants; il ne se livre pas à l'ivrognerie et est presque toujours indemne des maladies régnantes qui éprouvent endémiquement les autres habitants de la grande plaine. Il n'est jamais atteint de la pellagre et autres maux provenant de mauvaise nourriture, du manque de précautions sanitaires élémentaires et qui déciment les orthodoxes

grecs. Il échappe souvent aux épidémies de variole et de la diphtérie ou de l'angine qui font de si terribles ravages chez les enfants des paysans, comme cette année autour de Bucarest, prouvant que sa religion est autant une religion. de corps que d'esprit, dont Mahomet s'est inspiré. Ce ne sont pas les juifs qui auraient inventé des ordres dans lesquels on ne se lave pas.

Voici d'ailleurs le tableau démographique de 5 années, donnant les naissances et les décès chez les juifs et les orthodoxes:

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