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voient encore aujourd'hui des armées innombra- | poids de leur mortalité, et ils se hâtent de se dé

bles qui sont prêtes à combattre. Un jeune roi, vraiment catholique par ses mœurs pures, par sa piété sincère, par son zèle pour l'Église, expose actuellement sa personne sacrée aux dangers de la guerre, pour défendre les royaumes que le titre le plus légitime lui a acquis, et où le desir de tous les peuples l'a appelé. Demandons au Dieu des armées qu'il bénisse celles qui combattent avec tant de justice et de nécessité; soupirons après une prompte et heureuse fin de tant de maux qui désolent l'Europe. Disons d'un cœur humble et soumis à la puissante main de Dieu : Malheur à nous, parce que nous avons péché! Tâchons d'apaiser la juste colère de Dieu. Attirons enfin par nos vœux et par nos bonnes œuvres cette paix opulente, que Dieu promettoit autrefois à son peuple par la bouche d'un prophète. Souhaitons cette paix, moins pour jouir des prospérités dangereuses de la terre, que pour être plus libres de nous préparer au bienheureux repos de notre patrie céleste.

C'est dans cet esprit que nous ordonnons, conformément à la lettre écrite par son altesse électorale de Bavière, au nom de sa majesté catholique, que l'on fera le trente et unième de ce mois et le deux jours suivants des prières publiques dans toutes les églises, tant collégiales que paroissiales, tant des communautés séculières que des régulières de ce diocèse, qui sont sous la domination d'Espagne, pour demander la prospérité des armes de sadite majesté, et pour obtenir une paix constante entre les chrétiens. Nous voulons que le très vénérable sacrement soit exposé dans toutes les églises ledit jour et les deux suivants, depuis six heures du matin jusqu'à six heures du soir, et que le tout soit terminé par un salut solennel. Dans les villes on fera une procession générale, où tous les corps seront invités, et où tout le clergé tant séculier que régulier se joindra à celui de l'église principale. Donné à Avesnes, dans le cours de nos visites, le vingt-cinquième mai 1706.

VII.

MANDEMENT POUR DES PRIÈRES. 1706.

FRANÇOIS, etc., à tous les fidèles de notre diocèse, salut et bénédiction.

La guerre, quoique aussi ancienne que le genre humain, devroit nous étonner, comme si elle étoit nouvelle parmi les hommes. Ils sont accablés du

truire, comme s'ils ne se trouvoient pas assez mortels. Ils ne veulent qu'être heureux, et ils agissent comme s'ils étoient ennemis de leur bonheur. Ils cherchent toujours la paix, et ils la troublent euxmêmes. Ils ont inventé un art, auquel ils ont attaché toute leur gloire, pour augmenter les maux presque infinis de l'humanité. Ce spectacle est terrible. La justice d'en haut les livre à leurs passions, afin qu'ils se punissent eux-mêmes, et qu'ils vengent Dieu de leurs péchés.

Ce qu'il y a de plus déplorable est de voir qu'en nos jours le sang chrétien est presque le seul qui paroît couler sur la terre, pendant que les nations infidèles jouissent d'un profond repos. Ceux qui devroient n'être qu'un cœur et une ame, ceux qui composent la famille du Père céleste, ceux qu'on devroit reconnoître à la marque de l'amour mutuel, sont tous armés les uns contre les autres.

Mais le comble du malheur pour les guerres, c'est qu'elles sont souvent inévitables. Un jeune prince doux, modéré, courageux, exemplaire dans ses mœurs, vraiment digne de porter le nom de roi catholique par son zèle pour l'Église, est appelé au trône d'Espagne par le testament du feu roi son oncle, par la demande solennelle de toute la nation espagnole, par les acclamations de tous les peuples d'une si vaste monarchie. Aussitôt des puissances jalouses, et conjurées pour le détrôner, mettent en armes toute l'Europe. Le roi peut-il abandonner la bonne cause de son petit-fils? Ne faut-il pas espérer que Dieu le protégera dans une défense si juste et si nécessaire? Prions donc pour demander au Dieu des armées qu'il dissipe cette confédération, et qu'il donne enfin à la chrétienté une paix dont elle fasse un saint usage.

L'Apôtre nous recommande de faire des prières.. pour les rois et pour tous ceux qui sont dans l'autorité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille en toute piété, etc. 1.

En effet, la paix et le bon ordre de l'Église dépendent beaucoup du repos des royaumes chrétiens. Ainsi c'est prier pour nous-mêmes, c'est prier pour toute l'Église, que de prier pour les rois fidèles. C'est dans cette vue que saint Augustin disoit 2: « Pendant que les deux cités sont mêlées >> ensemble ici-bas, nous nous servons de la paix » de Babylone même. » La tranquillité du monde sert à l'Église pour épargner à ses enfants foibles et fragiles un surcroît de tentation dans le péle

'I Tim., 11.

De Civ. Dei, lib. xIx, cap. XVI, tom. VII, pag. 532.

VIII.

MANDEMENT POUR LE CARÈME

DE L'ANNÉE 1707.

FRANÇOIS, etc., à tous les fidèles de notre diocèse, salut et bénédiction.

Nous avions espéré, mes très chers frères, que nous pourrions enfin cette année rétablir la pénitence du carême. Cette discipline, qui a été si austère, et pratiquée avec tant de ferveur dans toute l'antiquité, n'est plus qu'une ombre de ce qu'elle a été autrefois. Mais plus elle est affoiblie, plus nous devons être jaloux d'en conserver les précieux restes. Saint Augustin montroit aux manichéens la pureté des mœurs de l'Église catholique, en disant qu'un grand nombre de fidèles observoient un jeûne quotidien, et le continuoient même d'une manière incroyable '. Il assure que beaucoup de catholiques, même des femmes, ne se contentoient pas de jeûner, « en ne prenant aucune nourriture qu'à l'entrée de la nuit; ce qui

rinage de cette vie. A Dieu ne plaise que nous cherchions une paix qui amollisse, qui enivre, qui empoisonne les cœurs! à Dieu ne plaise que nous soyons jamais du nombre de ces hommes dont saint Augustin dit qu'ils font à Dieu des prières et des offrandes pour en obtenir, non la grace de guérir leurs passions, mais une prospérité mondaine pour les assouvir ! Craignons d'être du nombre de ces lâches et mercenaires chrétiens qui usent de Dieu pour jouir du monde. Joignonsnous à ceux qui usent de ce monde pour jouir de Dieu 2. Ne demandons à Dieu la paix, qu'afin qu'elle ramène la beauté des anciens jours, qu'elle fasse fleurir la pure discipline, et que Jésus-Christ règne encore plus au-dessus des rois que les rois régneront au-dessus des peuples. Demandons, pour la consolation de l'Église, la fin de ces jours de colère, de tribulation et d'angoisse, de ces jours de calamité et de misère, de ces jours de ténèbres et d'obscurité, de ces jours de nuages et de tourbillons, de ces jours où la trompette sonne sur les places fortes; enfin où l'Église ne peut qu'à demi instruire, exhorter, consoler, corriger. Re-» est, dit-il, partout très commun; mais encore gardons toutes les nations ennemies avec des yeux » qu'ils ne buvoient ni ne mangeoient rien penIde foi et de charité. Desirons-leur le même bien » dant trois jours de suite, et très souvent encore qu'à nous. Prions le souverain Père de famille de » au-delà. » Il ajoute qu'il y avoit des chrétiens réunir dans sa maison tous ses enfants, afin qu'ils accoutumés à jeûner (de ce grand jeûne jusqu'à soient moins touchés de ce qu'ils sont des peuples la nuit) le mercredi, le vendredi et le samedi, séparés en divers états, que de ce qu'ils sont comme le peuple de Rome, dit-il, le fait souhommes, chrétiens, et enfants de Dieu. vent. I assure qu'un grand nombre de ces chrétiens, et surtout de solitaires, jeûnoient cinq jours de la semaine, et le continuoient toute leur vie. « Nous savons, dit encore ce Père3, que » quelques fidèles l'ont fait, c'est-à-dire que, pas>> sant au-delà d'une semaine entière sans prendre >> aucune nourriture, ils approchoient le plus » qu'ils pouvoient du nombre de quarante jours; » car des frères très dignes de foi nous ont assuré » qu'un fidèle est parvenu jusqu'à ce nombre. » Dans ces bienheureux siècles, on voyoit de tous côtés des chrétiens innocents qui se punissoient comme s'ils eussent été de grands pécheurs. Un solitaire n'avoit besoin, dans le désert, que d'un palmier et d'une fontaine pour satisfaire à tous ses besoins. Ils ne vivoient que d'aliments secs, et sans les faire cuire.

Prions afin que le fer du glaive soit changé en soc de charrue; que les armes tombent des mains des peuples; qu'ils oublient à faire la guerre ; | que chacun soit assis à l'ombre de sa vigne ou de son figuier; que nul ennemi n'ose les troubler, parce que la bouche du Seigneur des armées aura parlé pour annoncer la paix ; que tous les peuples marchent ensemble sans jalousie ni défiance, chacun au nom de son Dieu; que cette paix dure jusqu'à la fin des temps et au-delà, et que le Seigneur règne à jamais sur eux dans la montagne de Sion.

C'est dans ce dessein d'attirer la bénédiction de Dieu sur les armes du roi, et d'obtenir une paix prompte et universelle, que nous ordonnons, etc. Donné à Cambrai, le 24 août 1706.

De Civ. Dei, lib. xv, cap. vII. n. 1, pag. 385. 3 Soph., 1, 43.

4 Mich., IV. 5.

2 Ibid.

Voilà, mes très chers frères, ce que nos chrétiens relâchés ne peuvent pas même croire quand ils le lisent, loin d'oser essayer de le mettre en

De Morib. Eccl. cathol., lib. 1, cap. xxxш, n. 70, tom. 1, pag. 711. Contr. Faust., lib. v, cap. Ix, tom. vIII, pag. 200. Ad Casul.. ep. xxxvi. cap. tv. n. 8. toin. II, pag. 74, 3 Ibid., cap. XII, n. 27, tom. II, pag. 78.

pratique. Avez-vous moins de tentations à vaincre, moins de péchés à expier, moins de récompenses à obtenir ? La vie est-elle moins fragile et moins courte, ou l'éternité moins longue? Dieu est-il devenu moins aimable? Devez-vous moins à JésusChrist? La nature des corps humains n'est-elle plus la même ? Quelle différence reste-t-il donc, sinon que les premiers chrétiens étoient du nombre de ces violents qui ravissent le royaume du ciel, et que nos chrétiens qui ont dégénéré, n'ayant, comme parle l'Apôtre, d'autre Dieu que leur rentre, se jugent eux-mêmes indignes de la vie éternelle?

Il n'y a donc rien de plus important que de rétablir cette discipline aussi ancienne que les apòtres. Elle ne fut jamais si nécessaire qu'en ces jours de péché. Quand est-ce que nous jeûnerons, comme les Ninivites, sinon en un temps où les crimes énormes de la terre ont attiré la colère du ciel, et où toutes les nations semblent animées à s'entredéchirer pour venger la loi de Dieu méprisée ? Quand est-ce que nous frapperous nos poitrines pour apaiser Dieu, si ce n'est lorsque son bras est levé sur nous?

Mais les malheurs que la guerre entraîne sont eux-mêmes l'obstacle qui retarde encore l'entier rétablissement d'une discipline si révérée de tous les siècles. Malgré tant de raisons pressantes de la rétablir, nous usons encore d'une dernière indulgence dans ces temps de confusion et de désordre. C'est pourquoi nous permettons, etc.

ceux qui sont en plus grande commodité, de donner davantage à proportion de leurs moyens. Ces aumônes seront mises entre les mains de la trésorière de l'assemblée de la charité, dans les villes où l'on a établi de telles assemblées pour les pauvres malades. Dans tous les autres lieux, chacun remettra sa petite somme au pasteur, pour être employée au même usage. Donné à Cambrai, le 15 février 1707.

IX.

MANDEMENT POUR LE JUBILE

DE L'ANNÉE 1707.

FRANÇOIS, etc., à tous les fidèles de notre diocèse, salut et bénédiction.

Saint Augustin dit que la terre est agitée par les guerres, comme la mer l'est par les tempêtes '. Eu effet, le genre humain a ses orages : tels sont les tristes jours où nous voyons que le ciel semble couvert de tous côtés; tout paroît entraîné malgré soi dans ce tourbillon de guerre universelle. On allègue, dit encore ce Père 2, « que le sage fait » des guerres justes. Mais comme ce sage se sou» vient qu'il est homme, sa peine n'en est que plus » grande, de se voir réduit à soutenir des guerres » nécessaires..... Souffrir ou voir ces maux sans » en être affligé, ce seroit être d'autant plus mal» heureux, en se croyant heureux, qu'on auroit » perdu jusqu'au sentiment de l'humanité.

» Ceux, dit le saint docteur 3, qui font la guerre » avec tant de fatigues et de dangers pour vaincre » un ennemi, et pour donner un repos à la répu»blique, méritent sans doute une louange; mais » on acquiert une gloire bien plus solide en exterminant la guerre par les paroles de la paix, » qu'en exterminant les ennemis par les armes... » La condition de ceux qui combattent est néces»saire; mais la condition de ceux qui épargnent les combats est plus heureuse. »

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Enfin, nous ne saurions trop fortement avertir les riches sur deux points que saint Augustin explique touchant le jeûne. Le premier est que cette mortification se tourne en volupté, par les délicatesses qu'on y introduit: Negotium ventris agitur, non religionis '. Ce n'est plus une peine imposée au corps par religion; c'est un raffinement de table, qui tourne en jeu la pénitence même. Le second point est « qu'il ne suffit pas de jeûner.» « Votre jeûne, dit ce Père 2, abat votre corps; » mais il ne relève pas celui de votre prochain... » A qui donnerez-vous ce que vous vous refusez à » vous-même? Combien ce repas retranché au»jourd'hui peut-il nourrir de pauvres!» C'est dans cet esprit que nous recommandons à chacun de ceux qui mangeront des œufs pendant ce carême, en vertu de la présente permission, de donner au moins trois sous en aumônes. Il n'y aura que les pauvres qui soient exempts de donner une si petite somme. D'ailleurs, nous exhortons tous

' In Psal.. LXXXVI, n. 9, tom. iv, pag. 925.

* In Psal. XLH, n. 8, pag. 270.

Le saint pontife que la main du Très-Haut a mis malgré lui sur la chaire apostolique voit d'un lieu si élevé l'affreux spectacle de tant de nations animées à se détruire. Il voit des ruisseaux de sang qui coulent depuis sept années, et ce sang est celui des enfants de Dieu. Le Père commun sent ses entrailles déchirées; il gémit sur la montagne sainte; il lève des mains pures au ciel; il tâche d'apaiser Dieu, afin que Dieu apaise les hommes ; il nous envoie un nouveau jubilé, afin que l'esprit

De Civ. Dei., lib. v, cap. XXII, tom. VII, pag. 159.
Ibid., lib. IX, cap. VII, pag. 531.

3 Ep. CCXXIX, ad Darium, n 2. tom. II, pag. 836.

de paix descende sur les cœurs désunis. Joignons, mes très chers frères, nos vœux aux siens. Hâtons-nous de demander ce que nous avons un si pressant besoin d'obtenir. Soupirons après cette paix d'ici-bas, puisqu'elle peut servir pour nous préparer à celle de la Jérusalem d'en haut. Demandons des jours sereins qui soient l'image de ce beau jour, de ce jour sans nuage et sans fin, où nous verrons la lumière dans la source de la lumière même; de ce jour où nous n'aurons plus d'autre soleil que Dieu et d'autre lumière que l'Agneau; de ce jour où les douleurs, les gémissements et les maux s'enfuiront à jamais.

che le confesseur qu'on avoit toujours craint, parce qu'il ne flatte pas, et qu'on craigne celui qu'on cherchoit, s'il est vrai qu'il flatte. Que la grace du jubilé se fasse sentir par les fruits, et qu'elle change les mœurs corrompues. Que les pauvres deviennent humbles, exempts de faste et charitables. Que la sanctification du jour du Seigneur répande ses graces sur tous les autres de la semaine. Que l'ivrognerie, qui exclut du royaume de Dieu, selon l'Apôtre, fasse horreur aux chrétiens; que l'impureté ne soit pas même nommée parmi eux. Qu'on se détache d'une vie qui échappe à tout moment; qu'on se prépare au royaume de Dieu, qui ne finira jamais, et qui sera bientôt le nôtre, si nous le desirons; qu'enfin l'amour, loin d'être un commandement onéreux, soit l'adoucissement de tous les autres, et qu'il nous rende nos croix légères par ses consolations.

Profitez donc, mes très chers frères, de la grace qui vous est offerte; n'endurcissez pas vos cœurs en ce jour de miséricorde. C'est par la pénitence que vous désarmerez la colère de Dieu pour rappeler la paix sur la terre. Venez, vous tous qui avez la bienheureuse soif, vous puiserez avec joie dans les fontaines du Sauveur.

Nous avons jugé à propos de ne faire gagner le jubilé aux peuples de notre diocèse que pendant la quinzaine qui commence précisément le lund¡ d'après le dimanche de la Passion, et qui finit le dimanche de Pâques, afin que chacun soit plus touché et plus recueilli dans le concours de la grande solennité de Pâques avec la grace du jubilé. Ainsi

Mais le vrai moyen de finir la guerre causée par nos péchés est de finir les péchés qui la causent. Dieu ne la permet, dit saint Augustin, que pour humilier les ames et pour exercer leur patience. C'est le grand bien que nous pouvons tirer de tant de maux. Que chacun repasse ses années dans l'amertume de son ame; que tout enfant prodigue revenu de ses égarements s'écrie: O Père, j'ai péché contre le ciel et contre vous. Gardezvous bien, mes très chers frères, de regarder le jubilé comme un asile du relâchement contre la pénitence. Le jubilé, tout au contraire, est un adoucissement de la pénitence extérieure, qui invite les hommes à redoubler la pénitence du cœur. Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, dit l'Église après l'Écriture. L'Église relâche de grandes peines, il est vrai; mais elle ne dispense point de la douleur d'avoir péché. Au contraire, c'est celui à qui il est le plus remis qui doit le plus aimer, le plus sentir l'excès de la bonté qui l'épar-tout le temps du carême servira à se préparer à gne, le plus détester son ingratitude, le plus haïr tout ce qu'il a aimé et que Dieu n'aime pas. L'indulgence n'élargit point la voie étroite. Elle ne nous dispense point de suivre Jésus-Christ en portant la croix avec lui, ni de nous renoncer nousmêmes. Elle soulage seulement notre foiblesse; elle nous supporte dans notre découragement, en attendant que nous croissions en Jésus-Christ, et que nous soyons devenus robustes dans la foi. O vous tous qui êtes fatigués et chargés, venez à Jésus-Christ, il vous soulagera; venez, goûtez, et voyez combien le Seigneur est doux! Du moins ayez le courage d'en faire l'expérience, et bientôt vous direz comme le prophète : J'ai couru dans la voie de vos commandements, dès que l'amour a élargi mon cœur. Qu'on se défie de soi, qu'on se fie à Dieu, qu'on se livre à un bon confesseur, qui, plein de l'esprit de grace, mène tout à sa fin avec force et douceur. Qu'on ne se confesse que pour se convertir et pour se corriger. Qu'on cher

ces deux grandes actions réunies dans une seule.

Mais comme les malades peuvent ne vivre pas jusqu'à ce temps-là, et que les militaires peuvent être obligés de partir avant ce terme, nous donnons aux uns et aux autres la consolation de pouvoir gagner le jubilé dès le commencement du carême, quand leurs confesseurs les trouveront suffisamment préparés.

Au reste, comme il faut, selon la bulle, faire quelque aumône, nous réglons que chaque particulier qui ne sera pas dans une impuissance véritable donnera au moins trois sous pour les pauvres malades, exhortant tous ceux qui sont en état de donner davantage de le faire à proportion de leurs facultés. Ils mettront leurs aumônes entre les mains de leurs pasteurs, qui les remettront entre les mains des trésoriers de la charité, s'il y a dans leur lieu des assemblées de charité pour les pauvres; sinon ils les distribueront eux-mêmes aux pauvres de leurs paroisses, selon leur prudence.

La bulle détermine suffisamment les autres cho- | de son oncle, en vertu de son testament. Il ne fait

ses qu'on doit faire pour gagner le jubilé. Il ne nous reste qu'à désigner les églises qu'il faudra visiter, et où chacun devra faire ses prières, etc. Donné à Cambrai, le douzième de mars 1707.

X.

MANDEMENT POUR DES PRIÈRES.

1707.

FRANÇOIS, etc., à tous les fidèles de notre diocèse qui sont sous la domination du roi, salut et bénédiction.

Nous n'avons jamais eu, mes très chers frères, un si pressant besoin de prier pour la tranquillité publique, qu'en ce temps où la paix semble s'éloigner, et où les maux de la guerre augmentent.

que prêter son secours à la monarchie d'Espagne, sans aucune vue d'ambition pour la sienne. Des intentions si droites nous font espérer pour lui le secours d'en haut. Que nos ennemis se glorifient de leurs forces; pour nous, c'est au nom du Seigneur que nous mettons notre confiance. Quoique la France, après tant de pertes, se montre encore de tous côtés supérieure à ses ennemis; quoique rien ne semble pouvoir épuiser les ressources qu'elle trouve dans son courage, dans sa patience, et dans son zèle pour son roi, nous levons néanmoins les yeux vers les montagnes, pour voir d'où nous viendra le vrai secours, et nous disons : C'est du Seigneur qu'il nous viendra. C'est en nous humiliant, c'est en nous défiant de nous-mêmes, c'est en apaisant la colère de Dieu, que nous apaiserons la jalousie des nations voisines. Disons à Il est vrai, comme le remarque saint Augustin, Dieu : C'est par vous que nous dissiperons les arque si les hommes gardoient les règles du christia- mées de nos ennemis, et c'est en votre nom que nisme, ils conserveroient, même au milieu des nous mépriserons ceux qui s'élèvent contre nous. combats, une sincère bienveillance pour les peu- Je n'espérerai point en mon arc, et ce n'est point ples ennemis. Les bons, dit ce Père', combattroient mon glaive qui me sauvera '. Demandons à Dieu, sans perdre jamais le sentiment de compassion, mes très chers frères, non des triomphes inuque l'humanité inspire. « La volonté, ajoute ce tiles, non la perte de nos ennemis, puisqu'ils sont » Père 2, doit garder la paix, quoique la nécessité nos frères, mais des succès qui amènent une paix » réduise à faire la guerre; car on ne cherche solide et constante pour réunir toutes les nations » point la paix pour recommencer la guerre. Au chrétiennes. Demandons ce qu'un prophète a pro» contraire, on fait la guerre pour s'assurer de la mis au nom du Seigneur. Je briserai l'arc, le » paix. » Mais où est-ce, dit encore ce saint doc- glaive, et la guerre, et je les ferai dormir avec >>teur 3, qu'on nous donnera une armée composée confiance...; et voici ce qui arrivera en ce jour. » de soldats tels que la doctrine de Jésus-Christ J'exaucerai, dit le Seigneur, j'exaucerai les >> les demande? » De plus, une armée qui obser- cieux, et les cieux exauceront la terre, et la veroit inviolablement cette discipline évangélique | terre répandra le blé, le vin et l'huile.... Je diauroit le malheur de répandre malgré elle le sangrai : Vous êtes mon peuple, et il répondra: Vous humain. Elle ne seroit assemblée que pour faire, dans l'espérance des biens à venir, des maux présents dont elle auroit horreur. Quelle déplorable nécessité!

3

Il faut donc demander à Dieu qu'il abrège ces jours de péché, de licence, de scandale et de tentation, où les cœurs même les plus justes, les plus modérés et les plus humains sont entraînés par le torrent, et ne peuvent donner une borne certaine aux maux qu'ils sont contraints de tolérer. Prions Dieu, mes très chers frères, qu'il bénisse les armes du roi. Ce n'est point pour sa propre cause que ce prince combat. Il se borne à défendre son petit-fils, que la nation espagnole est venue lui demander pour le mettre sur le trône

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3

êtes mon Dieu 2. Soupirons donc après cette paix
de la terre; mais gardons-nous bien d'oublier ja-
mais celle du ciel, pour laquelle seule nous de-
vons demander celle d'ici-bas. « Si la paix hu-
» maine, dit saint Augustin 3, est si douce pour la
» conservation temporelle des hommes mortels,
>> combien plus sera douce cette paix divine qui
» fait le salut éternel des esprits célestes? Ainsi
» quand nous entendons ces paroles: QUE LES
» CŒURS SOIENT EN HAUT; prenons garde que
»notre réponse ne soit pas un mensonge,
et que

»> nous ne répondions faussement : NOUS LES TE-
» NONS ÉLEVÉS AU SEIGNEUR. »

A ces causes, etc. Donné à Cambrai, le 18 d'août 1707.

Ps. XLIII, 7. 2 Osee, 1, 10.

3 Ep. CLXXXIX, n. 6, pag. 699.

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