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28 MARS. Déclaration du même. « Comme le duc d'Otrante (Fouché), se disant ministre de la police, m'outrage assez pour me faire dire que je peux rester en sûreté à Bordeaux, et vaquer aux travaux de ma profession, je déclare que si son maître et ses odieux agens ne me respectent pas assez pour me faire mourir pour mon pays, je les méprise trop pour recevoir leurs outrageans avis. Qu'ils sachent qu'après avoir lu, le 20 mars, dans la salle des séances, la proclamation du Roi, au moment où les soldats de Buonaparte entroient dans Paris, je suis venu dans le pays qui m'a député; que j'y suis à mon poste, sous les ordres de madame la duchesse d'Angoulême, occupé à conserver l'honneur et la liberté d'une partie de la France, en attendant que le reste soit délivré de la plus honteuse tyrannie qui ait jamais menacé un grand peuple. Non, je ne serai jamais soumis à Napoléon Buonaparte, et celui qui a été honoré de la qualité de chef des représentans de la France, aspire à l'honneur d'être en son pays la première victime de l'ennemi du Roi, de la patrie et de la liberté, si, ce qui n'arrivera pas, il étoit réduit à l'impuissance de contribuer à les défendre.

Signé LAINÉ. »

30 MARS. Proclamation de Joachim Murat, datée de Rimini, adressée aux peuples d'Italie : << Italiens, l'heure est arrivée où de hautes destinées doivent s'accomplir; la Providence vous appelle enfin à être une nation indépendante; des Alpes au détroit de Sylla, l'on n'entend plus qu'un cri: l'indépendance de P'Italie. De quel droit des peuples étrangers veulent-ils vous ravir cette indépendance, le premier droit et le premier bien de tous les peuples? et, commandés par leur roi, quatrevingt mille Napolitains sont en marche, et jurent de ne poser les armes qu'après la délivrance de l'Italie, etc. » Murat auroit dû ajouter, vous deviendrez alors mes esclaves.

5 AVRIL. Proclamation du général Bellegarde, gouverneur de la Lombardie, datée de Milan. « L'Europe commençoit à peine à cicatriser ses plaies, lorsqu'un évènement imprévu appelle de nouveau aux armes toutes les nations, qui connoissoient déjà, par expérience, l'ambition d'un seul homme. L'Italie pouvoit espérer d'être tranquille, et déjà il étoit arrivé d'Allemagne des troupes nombreuses uniquement pour la défendre. Mais le roi de Naples a jeté à la fin le masque qui l'a sauvé dans les momens les plus dangereux; sans déclaration de guerre,, il menace de nouveau, avec son armée,

la tranquillité de la belle Italie, etc. Non content de tromper la multitude par l'espoir d'une prétendue indépendance, le roi de Naples veut encore induire en erreur les Italiens prudens, etc. Lombards! le gouvernement autrichien vous a promis tranquillité, bon ordre, administration paternelle, et il vous tiendra sa promesse, etc. >>

5 AVRIL. Proclamation du roi de Prusse aux habitans du grand-duché du Rhin, réunis à la monarchie prussienne. «La guerre menace nos frontières; pour l'éloigner, je serai 'obligé de vous demander momentanément des efforts. Je prendrai parmi vous une partie de mon armée de ligne, je requerrai la landwerkr, et je ferai organiser le landsturm, si l'urgence du danger l'exigeoit. Mais, réunis avec ma brave armée, avec mes autres peuples, vous vaincrez l'ennemi de votre patrie, et vous aurez part à la gloire d'avoir fondé pour des siècles. la liberté et l'indépendance de l'empire d'Allemagne.»

7. Dans un discours prononcé par lord Castlereagh, dans la séance de la chambre des communes, il dit : «que les préparatifs d'évasion faits par Buonaprte ont été si précipités et si inopinés, que le général Bertrand, qu'on supposoit être dans la confidence, n'en étoit pas

498 DÉPART DE PARIS DE LOUIS XVIII.

informé la veille. Buonaparte avoit récemment établi une telle étiquette, que le colonel Campbell ne pouvoit plus le voir que dans certaines occasions, etc.; qui oseroit dire que le retour de Buonaparte en France est un acte national, et qui hésitera à prononcer que ce n'est qu'un acte de militaires qui voient naturellement à regret le retour de la paix, ayant été accoutumés à acquérir de la fortune, de l'avancement et des récompenses par l'effusion du sang des autres nations. Si cependant il leur reste encore aucun des sentimens qui appartiennent aux guerriers, depuis qu'ils ont trahi leur Roi et faussé leur serment, ils doivent éprouver des remords, etc. »>

DE NAPOLÉON BUONAPARTE

A PARIS,

ET SON RÈGNE DE TROIS MOIS.

La politique de son prétendu gouvernement. - Conduite des conjurés. Physionomie de son Champ-de-Mai; - de ses Chambres des Pairs, et de sa Chambre des représentans. Sa nouvelle Constitution libérale.

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- Sa

Sa deuxième abdica

tion. Son départ pour Rochefort; son voyage pour l'île Sainte-Hélène, etc, etc.

20 MARS. BUONAPARTE arrive à quatre héűrés

du matin à Fontainebleau; à huit heures, il passe en revue un régiment de lanciers ; sa garde de l'île d'Elbe, et un nombre de déserteurs des différens corps de l'armée, Pavoient rejoint à Fontainebleau, ainsi qu'une quantité d'officiers à demi-soldé. Le général Excelman's avoit fait arborer, à deux heures, l'étendard tricolor sur le château des Tuileries. Le grand chambellan Montesquiou est nommé général de la garde nationale parisienne: il fait arborer la cocardé tricolore. Les officiers

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