Page images
PDF
EPUB

:

20 MAI. Convention entre les quatre grandes puissances et la Suisse. « En conformité des communications qui ont été faites, le 6 mai, ont conclu la convention suivante : l'alliance entre les cours d'Autriche, de Russie, de la Grande-Bretagne et de Prusse, a pour but le rétablissement de la paix en Europe. Les plus grands intérêts de la Suisse, étroitement liés avec cet objet, elle déclare qu'elle adhère formellement au même système, et promet de ne jamais s'en séparer, de ne point former d'autres relations politiques, ni entrer dans aucunes négociations opposées à ce système, et de contribuer de tous ses moyens à remplir le but de cette alliance, etc.»>

-Entrée de l'armée anglaise à la Martinique, au nom de Louis XVIII, d'après une convention signée au quartier-général de la Barbade.

22.

[ocr errors]

Appel de S. A. R. le prince Léopold aux Napolitains, daté de Naples. Léopold, infant des Deux - Siciles, etc. « Napolitains, vous me voyez au milieu de vous; je suis ravi de vous retrouver au bout de dix ans tels que vous avez toujours été, et je vous remercie de la consolation inappréciable que vous me procurez de pouvoir l'annoncer à mon auguste père et souverain. Il revient au milieu de ses enfans, comme le chef de la grande famille, etc.;

malheur à celui qui voudroit altérer la joie publique, en excitant des troubles et des inquiétudes sous le voile du patriotisme et d'une fidélité simulée, etc.; il n'y a plus de coupables; tous n'ont cédé qu'à l'empire des circonstances, etc. »

23 MAI, Publication officielle sur les évènemens en Italie. « Grâces aux habiles dispositions du baron Bianchi et à la bravoure distinguée des troupes autrichiennes, la guerre perfide que Murat avoit entreprise, s'est terminée après une campagne de six semaines, par sa chute du trône qu'il avoit usurpé, etc. »

Champ-de-Mai de Buonaparte.

yer JUIN. Solennité du Champ-de-Mai au Champ-de-Mars, où l'on a construit une immense salle formant le demi-cercle, en face du bâtiment de l'Ecole Militaire, mais tournant le dos au ciel, qui ne devoit ni ne pouvoit être témoin d'un rassemblement de plusieurs milliers de parjures, et de lâches adulateurs d'un charlatan qui venoit annoncer une nouvelle tragédie. Le trône de Napoléon étoit élevé de trente pieds au-dessus des députés; au bas quarante marches, sur lesquelles sont venus s'asseoir tous les esclaves. Comme l'enceinte devoit contenir dix-huit à vingt-mille électeurs, et que, pour

l'honneur français, il n'y en a eu qu'environ deux mille sept cents qui soient venus à Paris, le comte de Ségur, grand-maître de cérémonie, avoit fait annoncer dans les journaux que tous les officiers de terre et de mer pourroient entrer sans billets; les banquettes se sont trouvées à peu près garnies. Napoléon étant sur son trône, la messe a été célébrée par l'archevêque de Tours, assisté du cardinal de Bayanne et de quatre autres évêques. C'est ainsi que six ministres de l'église ont prêté leur saint ministère pour outrager la Divinité. Après la messe, tous les membres des collèges électoraux présens se sont placés sur les marches du trône : on a chargé M. Dubois, avocat du département de Maineet-Loire, comme ayant une forte voix, delire une prétendue adresse exprimant le vœu de l'assemblée nationale réunie au Champ-de-Mai, pour l'empereur. La vérité est que cette adresse avoit été rédigée dans le cabinet de Napoléon, par Regnauld de St-Jean-d'Angély). Nous n'en citerons que les passages suivans : « Sire, le peuple français vous avoit décerné la couronne; vous l'avez déposée sans son aveu; son suffrage vient de vous imposer de la reprendre; un contrat nouveau s'est formé entre la nation et V. M. Rassemblés de tous les points de l'empire autour de la table de la loi, où nous venons émettre le vœu du peuple, ce vou, seule source

dont

légitime du pouvoir; il nous est impossible de faire retentir la voix de la France, ne pas nous sommes les organes immédiats; de ne pas dire, en présence de l'Europe, au chef auguste de la nation, ce qu'elle attend de lui, ce qu'il doit attendre d'elle, etc. Des milliers de fonctionnaires, de magistrats, qui depuis vingt-cinq ans suivent les mêmes maximes, et parmi lesquels nous venons de choisir nos représentans, etc. Ainsi, comme l'on voit, ce sont les fonctionnaires qui représentent la nation; c'étoit le peuple de Napoléon. « Sire, comment votre marche triomphale de Cannes à Paris n'a-t-elle pas dessillé tous les yeux ? Dans l'histoire de tous les peuples et de tous les siècles, est il une scène plus nationale, plus héroïque, plus imposante? Ce triomphe, qui n'a point coûté de sang, ne fuffit pas pour détromper nos ennemis.... en veulent-ils de plus sanglans? Eh bien! Sire, attendez de nous tout ce qu'un héros fondateur est en droit d'attendre d'une nation fidèle, énergique, généreuse, inébranlable dans ses principes, invariable dans le but de ses efforts, etc. »

Après cette lecture, l'archichancelier (Cambacérès), a proclamé l'acceptation de la constitution. Le comte de Ségur a dit : « Au nom de l'empereur, je déclare que l'acte additionnel aux constitutions de l'empire, a été accepté par

le peuple français ». Joseph Buonaparte présente une plume à Napoléon, qui signe l'acte de promulgation de la constitution.

Napoléon, assis et couvert, a prononcé un long discours dans lequel on remarque ces phrases: « Comme ce roi d'Athènes; je me suis sacrifié pour mon peuple, dans l'espoir de voir se réaliser la promesse donnée à la France, son intégrité naturelle, ses honneurs et ses droits, etc.; Français! ma volonté est celle du peuple, mes droits sont les siens; mon honneur, ma gloire, mon bonheur, ne peuvent être autres que l'honneur, la gloire et le bonheur de la France. >>

Après ce discours, l'archevêque de Bourges,à genoux, présente à Napoléon les saints évangiles, qui a prêté serment en ces termes : « Je jure d'observer, de faire observer les constitutions de l'empire. » L'archichancelier (Cambacérès), s'avançant au pied du trône, a prononcé, le premier, le serment d'obéissance aux constitutions et de fidélité à l'empereur. L'assemblée a répeté: Nous le jurons. Ainsi, les électeurs de Buonaparte ne sont venus à Paris que pour prononcer ces trois mots : Nous le jurons.

Après le Te Deum, chanté par la musique de la chapelle, Napoléon descend de son trône, entouré de ses esclaves: il se rend au Champ-deMars où se trouvoient cinquante mille hommes

« PreviousContinue »