Page images
PDF
EPUB

du trône d'Espagne, et lui a porté le dernier coup; et enfin, c'est à un Ecossais, le capitaine Maitland, que Buonaparte s'est rendu à discrétion, à Rochefort; et un Angl aisle conduit à l'île Sainte-Hélène.

INSTRUCTION

SUR LA MANIÈRE DONT SERA TRAITÉ LE GÉNÉRAL BUONAPARTE.

Lettre du ministre de la guerre, lord Bathurst, aux lords de l'amirauté.

Dowing-street, le 30 juillet 1815.

MYLORDS, je désire que VV. SS. aient la bonté de communiquer au contre-amiral sir Georges Cockburn, une copie du mémoire ci-joint, qui doit lui servir d'instruction pour la conduite qu'il a à tenir pendant que le général Buonaparte sera sous sa surveillance.

En confiant une mission aussi importante à des officiers anglais, le prince - régent sent qu'il est inutile de leur faire connoître son désir sincère qu'on n'emploie point pour la

garde du général Buonaparte des mesures plus sévères que celles qui sont nécessaires pour remplir fidèlement le devoir que l'amiral et le gouverneur de Sainte-Hélène ne doivent jamais perdre de vue ; celui de répondre de sa

personne.

On usera avec le général, comme S. A. R. n'en doute pas, de toute espèce d'indulgence qui sera compatible avec les devoirs ci-dessus. Le prince-régent se repose à cet égard, sur le zèle connu et le caractère fermé de sir Georges Cockburn, et il est persuadé que rien ne sera capable de lui faire commettre aucune imprudence contraire à son devoir.

Signé BATHURSt.

MÉMOIRE.

Lorsque le général Buonaparte quittera le Bellerophon pour se rendre à bord du Northumberland, ce sera pour l'amiral Cockburn le moment convenable pour faire visiter les effets que le général pourroit avoir avec lui.

les

L'amiral permettra que tout le bagage, vins et les vivres que le général aura pris avec lui, soient transportés à bord du Northumberland.

Parmi ce bagage est comprise sa vaisselle, à moins qu'elle ne soit si considérable qu'on

ne puisse la regarder comme un article destiné à être converti en argent comptant, plutôt que comme un meuble destiné à son usage.

Son argent; ses pierreries, ses effets susceptibles d'être vendus, de quelque genre qu'ils soient (par conséquent ses lettres-dechange), seront livrés. L'amiral déclarera au général, que le gouvernement britannique n'a nullement l'intention de s'emparer de sa propriété; mais seulement d'en prendre l'administration pour l'empêcher de s'en servir comme de moyens propres à favoriser sa fuite.

. L'examen de ses effets se fera en présence d'une personne nommée par Buonaparte; l'état de ceux qu'il gardera sera signé par cette personne, et par le contre-amiral, ou par celui qu'il aura chargé de dresser cet état.

On emploiera à son entretien les intérêts ou le capital de sa propriété, suivant que le produit en sera plus ou moins considérable, et on lui en laissera à cet égard la principale disposition.

Il pourra de temps en temps faire connoître ses désirs à ce sujet à l'amiral jusqu'à l'arrivée du nouveau gouverneur à Sainte-Hélène ; et ensuite à ce dernier; s'il n'y a rien à objecter contre ses propositions, l'amiral ou le

gouverneur donnera les ordres nécessaires, et la dépense sera payée en traites sur le trésor

de S. M.

Le général Buonaparte peut, en cas de mort, disposer par testament de sa propriété, et être certain que ses dernières volontés seront exécutées ponctuellement.

Comme on pourroit chercher à faire passer une partie de sa fortune pour la propriété des personnes de sa suite, on doit déclarer que la propriété de ceux qui l'accompagnent est soumise aux mêmes dispositions.

Le commandement des troupes destinées a le garder doit être laissé au gouverneur ; mais, d'après les instructions que le gouverneur a reçues, il doit se conformer aux demandes de l'amiral, dans le cas dont il sera question ci-après.

Le général doit être constamment accompagné par un officier nommé par l'amiral, ou, suivant l'occurence, par le gouverneur; lorsque l'on permettra au général de sortir de l'enceinte où les fonctionnaires sont placés, l'officier doit être accompagné au moins d'un militaire d'ordonnance.

Lorsque des vaisseaux arrivent, et aussi long-temps qu'ils sont en vue, le général ne peut sortir de l'enceinte gardée par des factionnaires pendant ce temps; toute communi

cation est interdite avec les habitans. Ceux qui l'accompagnent à Sainte-Hélène sont alors soumis aux mêmes règles, et doivent rester · près de lui. Dans d'autres temps, on laisse à la prudence de l'amiral ou du gouverneur, d'ordonner par rapport à eux les mesures jugées nécessaires.

On doit notifier au général que dans le cas où il feroit quelque tentative pour s'échapper, il sera alors resserré plus étroitement, et faire connoître aux personnes qui l'accompagnent, que si l'on découvre quelques trames ourdies par elles, pour faciliter l'évasion du général, elles en seront séparées et gardées plus étroi

tement.

[ocr errors]

Toutes les lettres adressées au général ou aux personnes de sa suite, seront remises à l'amiral ou au gouverneur, qui les lira avant de les laisser parvenir à leur adresse ; la même précaution aura lieu pour les lettres du général ou des personnes de sa suite. Toute lettre qui ne sera point parvenue à Sainte-Hélène par le secrétaire d'état, ne pourra être remise au général ou à quelqu'un de sa suite, si elle est écrite par quelqu'un qui n'habite point l'île; toutes lettres adressées à des personnes non domiciliées dans l'île, seront expédiées sous le couvert du secrétaire d'état.

« PreviousContinue »