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DU MARECHAL NEY,

Due d'Elchingen, prince de la Moskowa, pair de France, chevalier de Saint-Louis, grand cordon de la Légion-d'Honneur, officier de la Couronne de Fer, grand-croix de l'ordre du Christ.

MICHEL NEY naquit, à Sarre-Louis, le 10 janvier 1769, d'une famille peu fortunée; une vie dissipée lui fit négliger son éducation ; il s'enrôla, comme soldat, avant la révolution, dans le quatrième régiment de hussards, alors Colonel-Général; doué d'une force et d'une adresse extraordinaires pour tous les exercices du corps, en outre d'une taille avantageuse, et très-bon cavalier, il fut successivement brigadier et maréchal-des-logis; en 1792, adjudant sous-officier; lieutenant, en 193; et capitaine, en 1794. Il plut au général Kléber, par son air décidé et son activité, ce qui le fit surnommer l'infatigable. Kléber l'ayant fait nommer adjudant-général chef d'escadron, lui confia plusieurs missions de partisan, dont Ney s'acquitta avec succès.

EXTRAIT DU PROCÉS DU MARÉCHAL NEY. 651

En 1794, il se signala au passage de la Lahn; en 1800, à l'armée du Rhin, dans toutes les campagnes d'Allemagne, en Espagne, en Italie et en Russie, où il fit preuve rage et de talens militaires.

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Le bruit courut dans l'armée ennemie que le maréchal Ney avoit été tué. Voici comment s'exprime, à ce sujet, le prince-royal de Suède (Bernadotte), dans son bulletin du 12 septembre 1813: « Si le prince de la Moskowa (Ney) est mort, l'empereur Napoléon a perdu l'un de ses meilleurs capitaines. Accous tumé à la grande guerre depuis long-temps, il avoit donné, dans toutes les occasions, des preuves d'une rare valeur et d'un talent consommé. Dans la dernière campagne de Russie, ce fut lui qui sauva les débris de l'armée française; elle et toute la France lui ont rendu cet honorable témoignage. »>

Il est malheureux que sa conduite envers Louis XVIII flétrisse ses lauriers. Le Roi, voulant reconnoître ses services distingués et sa haute réputation militaire, le nomma, par ordonnance du 20 mai 1814, commandant en chef du corps royal des cuirassiers, des dragons, des chasseurs et des chevaux-légers-lanciers de France; chevalier de Saint-Louis le 1er juin, et pair de France le 4 du même mois.

A la nouvelle de l'arrivée de Buonaparte,

le maréchal Ney dit an Roi, avant de partir pour son gouvernement de la sixième division militaire: «Sire, vous pouvez compter sur moi, je ramenerai Buonaparte dans une cage de fer », et baise la main du Roi.

Dès le 13, le maréchal avoit rejoint Buonaparte, à Lons-le-Saulnier, où il publia un ordre du jour daté de Lons-le-Saulnier, 13 mars (Voir pag. 477).

Après la bataille de Mont-Saint-Jean, il vint à Paris siéger à la chambre des pairs de Buonaparte.

Le maréchal Ney avoit suivi le mouvement de l'armée française, sous les murs de Paris, qui fut obligée, d'après la capitulation avec le duc de Wellington et le prince Blucher, de se retirer de l'autre côté de la Loire; mais, ayant été compris dans l'ordonnance du Roi, du 24 juillet 1815, portant que les généraux et officiers qui l'avoient trahi avant le 20 mars, ou qui avoient attaqué la France et le gouvernement à main armée, etc., seroient traduits devant un conseil de guerre. Ney se retira dans le château des Bessonies, situé entre les villes de Figeac, de Saint-Céré et de Maurs, à une lieue de cette dernière, où il arriva le 31 juillet, sous le nom de M. d'Escaffre, ancienne maison d'Auvergne; il fut arrêté daus ce château, le 3 août, à trois heures du matin. Con

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duit à Paris par une forte escorte, il y arriva le 19 du même mois, et fut déposé à la conciergerie. Le 9 novembre, le Maréchal paroît devant un conseil de guerre composé des maréchaux Jourdan, Masséna, Mortier, Augereau; des lieutenans généraux Gazan et Claparède; de M. Joinville, ordonnateur, remplissant les fonctions de procureur du Roi; et du maréchal-de-camp Grundler, faisant les fonctions de rapporteur.

Dans la séance du 10, le conseil de guerre s'est déclaré incompétent pour juger le maréchal Ney.

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Le 11 novembre, le Roi rend une ordonnanee portant: «Vu l'article 35 de la charte constitutionnelle, nos ministres entendus, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit: «La chambre des pairs procédera, sans délai, au jugement du maréchal Ney, accusé de haute trahison et d'attentat contre la sûreté de l'état; elle conservera, pour ce jugement, les mêmes formes que pour les propositions de lois, sans néanmoins se diviser en bureaux.

« Le président de la chambre interrogera l'accusé, pendant l'audience, entendra les témoins et dirigera les débats; les opinions seront prises suivant les formes usitées dans les tribunaux. »

Les ministres présidés par le duc de Riche

lieu, portent cette ordonnance à la chambre

des pairs.

Le maréchal Ney écrit aux ambassadeurs des quatre grandes puissances alliées, pour réclamer en sa faveur l'un des articles du traité fait à Vienne, le 13 mars 1815, entre les ministres des souverains alliés, article 12, du 5 juillet, portant:

« Seront pareillement respectées les personnes et les propriétés particulières, les habitans, et en général tous les individus qui se trouvent dans la capitulation, continueront à jouir de leurs droits et liberté, sans pouvoir être inquiétés ni recherchés en rien, relativement aux fonctions qu'ils occupent ou auront occupées, à leur conduite et à leurs opinions politiques v. Voy. pag. 583.

Le duc de Wellington, dans une audience particulière accordée à madame la maréchale Ney, a donné pour motif de la disposition où il étoit personnellement de n'intervenir en rien dans le procès du Maréchal :

Que S. M. le roi de France n'avoit pas ratifié la convention du 3 juillet;

« Que la stipulation écrite en l'article 1r. n'exprimoit qu'une renonciation des hautes. puissances, pour leur compte, à rechercher qui que ce fût en France, pour raison de sa conduite et de ses opinions politiques ;

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