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» S. M. T. C., pour le bonheur de son pays » et pour le maintien de la paix du monde, » seront couronnés d'un succès complet, et » que la France, rétablie sur ses anciennes >> bases, reprendra la place éminente à laquelle elle est appelée dans le système >> européen.

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» Les soussignés ont l'honneur de réitérer, » à S. Exc. M. le duc de Richelieu, les assu>>rances de leur haute considération.

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Signé METTERNICH, CASTLEREAGH,
» HARDENBERG, CAPO-D'ISTRIA. »

Les souverains étaient encore assemblés à Paris, lorsque l'un d'eux, l'empereur Alexandre, conçut le projet d'un acte qui semblait devoir donner à la diplomatie une direction toute nouvelle; ce fut le fameux traité de la Sainte Alliance. Ceux qui avaient pu observer ce prince durant son second séjour à Paris, l'avaient trouvé enclin à une exaltation mystique. Il sentait le besoin de s'humilier dans les prospérités que le ciel lui envoyait. Après avoir vu tout ce qu'avait coûté à Napoléon le vertige de l'orgueil, il mettait tous ses soins à s'en défendre. De là je ne sais quelle mélancolie que tous ses entretiens trahissaient. On

1815.

La Sainte Alliance,

1815.

s'étonnait de le voir rechercher avec assiduité la conversation de madame la baronne de Krudener, qui, née allemande, n'avait paru d'abord que vouloir reproduire les grâces et la légèreté françaises. D'agréables romans l'avaient en quelque sorte naturalisée parmi nous. Depuis quelques années un autre sentiment s'était emparé de son âme; sa dévotion s'était complue aux rêveries de l'illuminisme. Disciple de cette secte, elle aspirait à en devenir le chef; son ambition et son zèle s'exaltèrent jusqu'à vouloir diriger la politique des souverains. La faveur dont elle jouit auprès de l'empereur Alexandre fut passagère. Quand elle le suivit à Saint-Pétersbourg, ce prince ne tarda point à sentir l'importunité de cette direction spirituelle. Il serait possible, cependant, que ses conseils eussent eu quelque part sinon à la conception première, du moins à la rédaction assez obscure, assez bizarre du traité de la Sainte Alliance. La voici :

<< AU NOM DE LA TRÈS-SAINTE ET INDIVISIBLE » Trinité,

» LL. MM. l'empereur d'Autriche, le roi » de Prusse et l'empereur de Russie, par » suite des grands événemens qui ont signalé

» en Europe le cours des trois dernières an» nées, et principalement des bienfaits qu'il » a plu à la divine Providence de répandre sur >> les états dont les gouvernemens ont placé >> leur confiance et leur espoir en elle seule, >> ayant acquis la conviction intime qu'il est >> nécessaire d'asseoir la marche à adopter par >> les puissances dans leurs rapports mutuels » sur les vérités sublimes que nous enseigne » l'éternelle religion du Dieu sauveur ;

>> Déclarons solennellement que le pré>> sent acte n'a pour objet que de manifester >> à la face de l'univers leur détermination » inébranlable, de ne prendre pour règle de >> leur conduite, soit dans l'administration » de leurs états respectifs, soit dans leurs >> relations politiques avec tout autre gou>> vernement, que les préceptes de cette religion sainte, préceptes de justice, de >> charité et de paix, qui, loin d'être unique»ment applicables à la vie privée, doivent >> au contraire influer directement sur les ré>> solutions des princes, et guider toutes leurs » démarches, comme étant le seul moyen » de consolider les institutions humaines et » de remédier à leurs imperfections.

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>> En conséquence, LL. MM. sont conve»> nues des articles suivans:

1815.

1815.

« Art. 1". Conformément aux paroles des » Saintes Écritures, qui ordonnent à tous les » hommes de se regarder comme frères, les >> trois monarques contractans demeureront >> unis par les liens d'une fraternité véritable » et indissoluble; et, se considérant comme >> compatriotes, ils se prêteront, en toute >> occasion et en tout lieu, assistance, aide et » secours; se regardant envers leurs sujets et >> armées comme pères de famille, ils les diri» geront dans le même esprit de fraternité >> dont ils sont animés, pour protéger la reli»gion, la paix et la justice.

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» 2. En conséquence, le seul principe en vigueur, soit entre lesdits gouvernemens, >> soit entre leurs sujets, sera celui de se ren» dre réciproquement service, de se témoi»gner, par une bienveillance inaltérable, » l'affection mutuelle dont ils doivent être >> animés, de ne se considérer tous que comme >> membres d'une même nation chrétienne, >> les trois princes alliés ne s'envisageant eux» mêmes que comme délégués par la Providence pour gouverner trois branches d'une » même famille, savoir, l'Autriche, la Prusse >> et la Russie; confessant ainsi, que la nation

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chrétienne, dont eux et leurs peuples font » partie, n'a réellement d'autre souverain que

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>> celui à qui seul appartient en propriété la puissance, parce qu'en lui seul se trouvent >> tous les trésors de l'amour, de la science » et de la sagesse infinie, c'est-à-dire Dieu, >> notre divin Sauveur Jésus-Christ, le Verbe » du Très-Haut, la parole de vie. LL. MM. re>> commandent en conséquence, avec la plus >> tendre sollicitude, à leurs peuples, comme unique moyen de jouir de cette paix qui >> naît de la bonne conscience, et qui seule est >> durable, de se fortifier chaque jour davan>> tage dans les principes et l'exercice des de» voirs que le divin Sauveur a enseignés aux >> hommes.

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>> 3. Toutes les puissances qui voudront so» lennellement avouer les principes sacrés qui » ont dicté le présent acte, et reconnaîtront >> combien il est important au bonheur des na>>tions trop long-temps agitées, que ces vérités >> exercent désormais sur les destinées humai>> nes toute l'influence qui leur appartient, » seront reçues avec autant d'empressement d'affection dans cette Sainte Alliance.

» que

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» Fait triple, et signé à Paris, l'an de
grâce 1815 (26 septembre).

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1815.

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