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C'est ainsi que Thomas I, comte de Maurienne, montrait plus tard, sinon la même puissance, du moins une égale bonne volonté à l'égard de l'hospice, quand il promettait ainsi de le défendre de toutes ses forces: Ego bonus advocatus et bonus defensor fratres Montis >> Jovis et omnia quæ illorum sunt bonâ fide defensare et manutenere >> promitto. >>

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Ailleurs, et surtout dans les donations de simples fidèles, reparaît cette langue si douce de la charité chrétienne qui croit et qui espère dans le Dieu dont elle exécute les plus saintes lois en soulageant les pauvres et les malheureux : « Qu'il soit connu de tous qu'Eberard, » pour le bien de son áme, et pour l'ame de ses ancêtres, donne à perpétuité à la maison des pauvres du Mont-Joux, à Uldric, pré» vôt, et aux autres religieux tout ce que............. 2. »

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Qu'il soit connu de tous que dame Agnès, par l'intermédiaire » de Guillaume son fils, a donné à la maison de Saint-Bernard au >> Mont-Joux et aux religieux de cette maison pour l'œuvre et le sou» tient des pauvres, une............... 3. »

« Bref de souvenir que D. Anselme de Porta a donné pour le bien » de son áme, pour le bien de l'áme de son père, de sa mère et de » ses frères, à la maison de Saint-Bernard au Mont-Joux, pour » l'œuvre et le soutien des pauvres cette.... Dame Isabelle épouse » de D. Anselme a approuvé et confirmé cette donation, ainsi qu'Ay>> mon et Anselme leurs fils, l'an du Seigneur 1190, par autorité de » G., évêque, lequel a excommunié tous ceux qui portent atteinte

. En 1206. On peut encore voir en particulier les actes de l'empereur Henri en 1193, deux autres de Thomas vers la même époque, ceux d'Amédée IV en 1234, et d'autres comtes ou ducs de Savoie en faveur du SaintBernard.

2 Donation d'Ebrard, février 1168. «Notum sit omnibus quoniam Ebrardus donat in perpetuum pro animâ suâ et pro animabus antecessorum suorum, domui pauperum Montisionis, et Uldrico preposito, et aliis fratribus ipsius domus, totum illum quod......▾ Historiæ patriæ monumenta edila ivssv regis Caroli Alberti. Charlarvm, tomus ; in-folo; Turin, imprimerie royale, 1836, p. 852.

3 Donalion d'Agnès, janvier 1181. Notum sit omnibus quod domina Agnes dedit per manum Guillelmi filii sui domui Sancti-Bernardi montis Iouis, et fratribus ipsius domus ad opus et ad sustentationem pauperum unam.............. ►

Loc. cit., p. 905.

» à ce don, commettraient une injustice evers ladite maison et » envers les pauvres à qui ce don est fait '. »

On aime aussi à entendre les princes eux mêmes tenir un semblable langage, et dire comme l'empereur Henri, par exemple, lorsqu'en 1180, il donnait sur sa cassette, vingt marcs d'argent chaque année, pro remedio animæ suæ', jusqu'à ce qu'il pût assigner à l'hospice des terres d'un revenu suffisant, et demandait que les religieux, en échange, fissent mention de lui et de ses ancêtres dans leurs prières.

Faut-il s'étonner d'après cela que les fidèles relevant à ce point l'œuvre des pauvres, dans ce vénérable hospice de Saint Bernard, aient honoré du titre de serviteurs des pauvres les religieux qui le desservaient? Faut-il s'étonner si ces religieux eux-mêmes se glorifiaient du même titre, et s'intitulaient avec les vieux prévôts Armand et Pierre de Porta, « pauperum Montis Jovis humilis minister ? »

Pourquoi faut-il que les faiblesses et les passions humaines aient abusé plus tard de tant de dons? Pourquoi faut-il que l'ambition et la cupidité des fils aient aussi tristement détourné la source d'abondance ouverte aux pauvres par la généreuse charité de leurs ayeux? LUQUET, Evêque d'Hésebon.

'Donation d'Anselme de Porta, 1190. — « Breue recordationis quod donnus Anselmus de Porta dedit pro animâ suâ et pro animabus patris et matris sue, et fratrum suorum domui Sancti-Bernardi montis Iouis ad opus et sustentacionem pauperum illam........ Hoc donum laudauit et confirmauit domina Ysabel uxor donni Anselmi, et Aymo et Anselmi filii eorum per manum G. episcopi, anno Domini M. C. LXXXX, qui excommunicauit omnes qui de hoc dono iniuriam fecerint predictæ domui et pauperibus quibus datum est. » Loc. cit., p. 967.

2 Dipl. daté de Milan, le 3 des kal. d'avril 1180.

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Vente d'Isabelle, août 1177. Notum sit omnibus quod Ysabel uendit in perpetuum per manum Odonis sui aduocati domui pauperum montis Iouis et serviloribus eius totum illud allodium...... » - Dans des actes de donations de Remy et de ses frères en 1193, de Frecza en 1196, de Giraut et de ses frères en 1207, de Rifferio en 1217, et bien d'autres encore, on trouve des indications comme celles-ci: Hospitali montis Iouis et seruitoribus eius, ecclesiæ montis Iouis et seruitoribus eius, domui montis louvis et seruilo»ribus eius. » — Hist. pat. mon.. p. 885, 998, 1032, 1139.

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Polémique Catholique.

DE LA

PERPÉTUITÉ DES MIRACLES DANS L'ÉGLISE,

LETTRE A M. L'ABBÉ LAFFETAY,

Chanoine de Bayeux, docteur es-lettres.

MIRACLE DU TEMPLE DE JÉRUSALEM. (Suite).

Nexxnxa; Takihate! Tu as vaincu Galiléen.

JULIEN.

Comme le célèbre évêque de Glocester, comme Bergier, comme le P. De Colonia, comme le docteur Dællinger, comme le docteur Alzog', nous pensons que le témoignage de saint Grégoire, confirmé par plusieurs autres écrivains, par Sozomène, par Socrate, par Rufin, par Théodoret, par Philostorge, présente toutes les garanties propres à satisfaire un esprit judicieux 3.

L'Eglise sous Julien.

▪ Voir le 1er art. au no précédent ci-dessus, p. 68. a Alzog, Histoire universelle de l'Eglise, 1. 3 Nous ne nous occuperons pas ici, pour justifier saint Grégoire, à essayer de démontrer comme Dollinger et Warburton que les croix qui s'attachèrent aux vêtemens n'étaient qu'une conséquence naturelle du miracle. Ces deux savans auteurs citent plusieurs faits curieux à l'appui de leur opinion. Nous ne croyons cependant nullement nécessaire pour montrer l'autorité du témoignage du saint évêque, d'entrer dans tous les détails de cette discussion. Nous nous bornerons donc à rapporter ce qu'a dit là-dessus Dællinger: « Que l'on ait vu sur les corps et sur les vêtemens des personnes présentes, des croix brillantes pendant la nuit, d'une couleur sombre pendant le jour; ceci s'explique très-bien par l'action combinée du tremblement de terre, de l'orage et de la foudre, et il y en a d'autres exemples. Dans l'année 1595, la foudre ayant frappé l'Eglise de Wells, en Angleterre, les personnes qui étaient en ce moment dans l'église trouvèrent ensuite des croix marquées sur diverses parties de leur corps. En 1660, après une éruption du Vésuve, on vit en grande quantité, dans plusieurs endroits du royaume de Naples, des croix imprimées

Recherchons, en effet, ce qu'on a pensé du miracle qui déconcerta les projets de Julien dans les tems postérieurs à celui des contemporains.

L'empereur, dit Sozomène, n'avait pour les Chrétiens que la haine la plus implacable, tandis qu'il favorisait les juifs et qu'il ne cessait de donner à leurs patriarches des marques de sa bienveillance. » Il écrivit à ces derniers d'adresser leurs prières au ciel pour la prospérité de sa personne et de son règne. Cette conduite, autant que je puis le conjecturer, n'était pas fondée sur une estime particulière de la religion judaïque, puisqu'il n'ignorait pas que celle des Chrétiens en tirait son origiue, ayant toutes les deux les mêmes prophètes et les mêmes patriarches; sa prédilection pour les juifs n'avait d'autre but que de mortifier les Chrétiens, peut-être aussi pensait-il qu'en leur prodiguant ses faveurs il viendrait plus aisément à bout d'en faire des idolâtres... Ayant fait venir les principaux de la nation, il les pria de pratiquer les préceptes de Moïse et les coutumes de leurs ancêtres. On lui répondit que le temple de Jérusalem étant détruit, et la nation dispersée, on ne pouvait offrir des sacrifices sans prévariquer aux lois. L'empereur leur fit aussitôt donner l'argent nécessaire pour rebâtir le temple, leur enjoignant d'observer dans les cérémonies et les sacrifices la même forme et les mêmes règles qui avaient été en usage chez leurs prédécesseurs. Ce peuple, assez aveugle pour ne pas voir l'impossibilité d'un projet formellement contraire aux prédictions sacrées des prophètes, se préparait à l'exécuter avec tout le soin et l'ardeur imaginable. On fit venir des architectes; on rassembla des matériaux; on nettoya les endroits où l'on devait asseoir les fondemens. La joie qui les animait allait si loin, qu'on voyait leurs épouses mêmes transporter dans leurs robes les décombres de l'an

à des vêtemens et à des nappes d'autel, suivant le rapport de Kircher qui en fut témoin et qui a exposé les faits dans un écrit intitulé: Diatribe de prodigiosis crucibus quæ, tam suprà vesles hominum quam res alias, non pridem post ullimum incendium Vesuvii, Neapoli comparuerunt. Or, comme ce sont précisément ces croix que les écrivains chrétiens ont fait ressortir et qu'ils ont décrites avec un soin particulier, il est évident qu'ils suivaient sur ce point des documens authentiques et non de simples oui-dire. » Dollinger, Origines du christianisme, 11, Julien.

cien temple, offrir leurs colliers et leurs ornemens les plus précieux pour contribuer aux frais de l'entreprise. Enfin, les juifs, les gentils et Julien lui-même, sacrifièrent à cet ouvrage leurs autres affaires; ils oublièrent jusqu'à leurs propres animosités, persuadés que cette entreprise allait bientôt convaincre les hommes de la fausseté des prédictions de Jésus-Christ.

» On rapporte que, le jour qui précéda celui où l'on devait jeter les fondemens, la terre trembla, dispersa les pierres qui devaient servir à l'ouvrage et fit périr une multitude de juifs, tant de ceux qui travaillaient que de ceux qui étaient accourus pour être spectateurs des travaux. Les maisons du voisinage et les portiques publics qui renfermaient beaucoup de monde s'écroulèrent tout-à-coup. Parmi ceux qui furent ensevelis sous les ruines, les uns (et c'était le plus grand nombre) furent écrasés, d'autres mouraient à mesure qu'on les retirait, et d'autres, enfin, étaient à demi-morts, ayant les cuisses fra- ́ cassées ou d'autres parties du corps mutilées. Dès que Dieu fit cesser le tremblement de terre, les juifs qui avaient survécu à leurs confrères se remirent à l'ouvrage, et quoique le mauvais succès de leur première entreprise fût une preuve convaincante que le ciel ne l'avait point approuvée, ils osèrent, néanmoins, reprendre leurs travaux avec plus d'ardeur que jamais. Mais ce fut en vain; car on rapporte qu'aussitôt qu'ils recommencèrent à travailler, un feu s'élança des fondemens du Temple, et consuma beaucoup d'ouvriers.

>> Cette circonstance est rapportée par tout le monde, on la regarde comme certaine, personne ne la révoque en doute. Il y a, néanmoins, quelque différence dans la manière dont on la raconte; les uns disent que la flamme atteignit les ouvriers lorsqu'ils voulurent entrer de force dans un temple; d'autres disaient que la chose arriva lorsqu'on commença de transporter les décombres; soit que l'on s'en tienne à ce dernier rapport, soit qu'on adopte le premier sentiment, la chose est également surprenante.

» On vit encore un autre prodige, plus étonnant et plus évident que celui dont nous venons de faire le récit : les habits des Juifs se trouvèrent marqués du signe de la croix; on voyait leurs vêtemens parsemés d'étoiles faites avec tant d'art que si elles y avaient été mises par la main de l'ouvrier: ce qui fut cause que plusieurs d'entre eux

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