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>>> ainsi dire collée au corps; forcée de considérer les choses non par elle-même, mais par le moyen des organes comme à travers un ca» chot elle est plongée dans une ignorance complète.... Chaque plaisir, chaque douleur attache l'âme au corps comme avec un » clou, la rend corporelle et lui fait admettre comme vrai tout ce que » le corps lui dit. Or, dès l'instant qu'elle partage les opinions et les plaisirs du corps, elle est forcée de prendre les mêmes mœurs, les » mêmes habitudes, et par conséquent il lui est impossible de jamais » arriver pure dans l'autre monde. Aussi retombe-t-elle dans un autre » corps et y prend-elle racine comme une plante; ce qui la prive de >>> tout commerce avec l'essence pure, simple et divine.... Mais la philosophie reconnaissant que la force du cachot vient des passions, puisqu'elles font que le prisonnier aide lui-même à serrer sa chaîne; » la philosophie, dis-je, et c'est ce que savent les hommes curieux » de s'instruire, exhorte l'âme doucement et travaille à la délivrer. Pour » y parvenir elle lui montre que le témoignage des yeux est trom» peur, que celui des oreilles et des autres sens n'est pas plus in» faillible; elle l'engage donc à se séparer d'eux autant qu'elle ne sera >> pas contrainte d'en faire usage. Elle lui conseille en outre de se re»cueillir et de se renfermer en elle-même, de ne croire qu'à elle-même,

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après avoir conçu avec la pensée pure l'essence des choses, et de >> tenir pour faux tout ce qu'elle aura examiné par un intermédiaire, >> ce qui varie selon la différence de l'organe qu'on y applique. Enfin, » elle l'avertit que ce qu'elle voit par le moyen des sens c'est le sen>>sible et le visible (c'est-à-dire l'illusion, Maia), et ce qu'elle voit » par elle-même c'est l'intelligible et l'immatériel (c'est-à-dire la » vérité)'. »

L'Inde, comme principe de la science, a dû admettre le souvenir de l'état primitif de l'âme. Ce souvenir joue un grand rôle dans Platon. On comprend comment pour lui les idées doivent être innées et la mémoire la première des facultés de l'âme.

." L'âme étant immortelle, étant d'ailleurs née plusieurs fois, et » ayant vu ce qui se passe tant dans ce monde que dans l'autre, et >> toutes choses, il n'est rien qu'elle n'ait appris. C'est pourquoi il

Platon; Phedon ou de l'Ame. Ibid. t. 1, p. 244.

» n'est pas surprenant qu'à l'égard de la vertu et de tout le reste, >> elle soit en état de se ressouvenir de ce qu'elle a su 1.

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2

Apprendre n'est que se ressouvenir. Si ce principe est vrai, il » faut que nous ayons appris dans un autre tems les choses dont nous. > nous ressouvenons dans celui-ci ; et cela est impossible si notre >> âme n'existait pas avant de venir sous cette forme humaine. C'est » une nouvelle preuve que notre âme est quelque chose d'immortel 2. » Avant que de commencer à voir, à entendre, et à faire usage de nos >> autres sens, il faut bien que nous ayons eu connaissance de l'égalité » en soi, puisque nous lui rapportons les choses égales qui tombent » sous nos sens, et que nous voyons qu'elles tendent toutes à cette égalité et qu'elles demeurent toujours au-dessous. Nous avons >> donc eu cette connaissance avant notre naissance ... Nous savons » donc avant que de naître.... Nous avons pu perdre ces connais»sances en naissant, mais les choses nous les rappellent et la science >> actuelle n'est qu'une réminiscence 3.

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L'Inde, comme pour représenter les trois états de la nature humaine, divin, humain et animal, ou les trois élémens qui la constituent, la grâce, l'esprit et le principe vital ou animal, avait admis trois instincts, principes, ou qualités fondamentales de la nature : le Satwa, qui porte vers le beau et le vrai; le Radjas, qui porte vers les choses du monde qui ne sont qu'apparentes; le Tamas ou ténèbres, qui porte à l'inertie intellectuelle. Ces principes sont évidemment les types des trois âmes que Platon place dans l'homme : de l'âme raisonnable qui réside dans la tête; de l'âme passionnée ou uuos, qui a son siége dans la poitrine et de l'âme purement animale qui est placée dans le ventre. Rien n'est plus indien ".

« Les dieux craignant de souiller le principe divin ou l'âme imor» mortelle, sans que cela fût absolument nécessaire, la placèrent dans » la tête; et donnèrent au principe mortel une demeure séparée » dans une autre partie du corps : pour cela ils placèrent une espèce

• Platon, Menon ou de la Vertu. Trad. Cousin., t. vi, p. 172. Platon, Phedon ou de l'Ame. Ibid., t. 1, q. 219.

3 Platon, ibid.

▲ Correspondant, t. xvi, 153.

» d'isthme et de limite entre la tête et la poitrine. Ils attachèrent » donc dans la poitrine ou le thorax le genre mortel de l'âme; et » comme une de ses parties était naturellement meilleure et l'autre » pire; ils divisèrent encore en deux demeures le thorax, et mirent » le diaphragme comme cloison entre les deux '.

L'Inde, par ses trois instincts ou principes de la nature, établit trois catégories dans les âmes tombées, selon qu'elles sont plus ou moins coupables, et s'en sert pour sanctionner l'ordre social des castes et même l'esclavage. Ecoutons les lois de Manou: « Lorsque l'une » de ces qualités domine entièrement dans un corps mortel, elle » rend l'être animé pourvu de ce corps éminemment distingué par » les marques de cette qualité. Les Brahmanes, les anachorètes, les » dévots ascétiques, les saints, les dieux, sont ceux en qui domine la » qualité de bonté et de lumière, Satwa. Les Kchatriyas, les guer»riers, les rois, etc., sont ceux en qui domine la qualité de passion, » Radjas. Les soudras, les barbares, les éléphans, les chevaux et » autres animaux sont ceux en qui domine la qualité d'obscurité, » Tamas 3.» Platon dans sa République fait de ces qualités ou de ces trois âmes un usage politique analogue 4. Ecoutons-le plutôt :

« Nous sommes venus à bout de montrer clairement qu'il y a » dans l'âme de l'homme trois principes qui correspondent à chacun » des trois ordres de l'état, car il faut que la République et le parti>> culier soient prudents, justes et forts de la même manière, ce qui >> a lieu quand chacun des trois ordres fait uniquement ce qui est de » son devoir 5.

» Le Dieu qui vous a formé a fait entrer de l'or dans la composition » de ceux qui sont chargés de gouverner les autres (les magistrats » et les philosophes): aussi sont-ils les plus précieux. Il a mêlé l'ar> gent dans la formation des guerriers, et il a fait entrer le fer et

Platon, Timée ou de la Nature. lb., t. xi, p. 197. ― Republique, l. 1x. t. x, p. 304.

2 Lois de Manou, l. x11, v. 25.

3 Lois de Manou, l. x11, v. 43, 44, 46, 48, 49.

Correspondant, t. xvii, 153.

5 Platon, Republique, l. 1v. t. 1x, p. 225.

» l'airain dans celle des laboureurs, des artisans et autres merce» naires'.

» Comme notre République est composée de trois ordres, des » mercenaires, des guerriers, des magistrats, il est nécessaire que do» mine en chacune de ces classes l'appétit sensitif, l'appétit irascible » et la raison 2.

"

» Or, si celui que la nature a destiné à être artisan ou mercenaire » s'ingérait dans le métier de guerrier, ou le guerrier dans les fonc» tions du magistrat, ce serait la ruine de la société ; ce serait un vé»ritable crime 3. >>

Nous ne pousserons pas plus loin ce parallèle; nous pourrions l'étendre à la théorie de l'univers, à la théorie des notions de l'âme humaine, à la liberté et même à la morale. Nous aurons plus d'une fois encore occasion d'y revenir. C'en est assez pour le moment. Ne dirait-on pas en lisant ces pages, un plagiat, un vol fait par Platon à la philosophie indoue? Ce sont les même dogmes altérés, les mêmes principes, les mêmes conséquences, souvent la même méthode et le même style. Nous tenions à constater ce fait pour mieux établir la généalogie de l'erreur. Si tous les systèmes, toutes les erreurs modernes sont des emprunts faits à Platon, nous suivrons plus facilement la chaîne qui les rattache à l'Inde et de là à la révélation première. Ce sera le moyen de montrer de la manière la plus évidente comment toutes les erreurs ne sont que des vérités altérées et le Paganisme qu'une putréfaction.

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Archéologie Géographique.

ESSAI SUR LES CHALDEENS

ANCIENS ET MODERNES.

Deuxième et dernier Article 1.

Ancienne école chaldéenne d'astronomie.

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Abraham la porte en Egypte. Balaam était de cette école. Elle s'est continuée chez les mages jusqu'à ceux qui vinrent à Béthléem. - L'astronomie dégénère en magie et en pyrolâtrie. Les mages s'unissent, pour persécuter les chrétiens, aux Nestoriens réfugiés en Perse. - Ceux-ci sont protégés des rois de Perse. — Au 7e siècle, ces Nestoriens vont dans l'Inde et à la Chine. - Les Nestoriens actuels. Au 8e siècle les Arabes portent en Chaldée la science grecque. - Faveurs accordées aux savans par les califes; état actuel des montagnards Curdes. Délivrés du joug par le sultan actuel. Leur culte.

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Le collége des savans de Babylone et de toute la terre chaldéenne jouissait, dès son origine, d'une grande célébrité, en ce qu'il s'occupait toujours de l'observation des astres et de la science arithmétique. Ceux d'entre eux qui se trouvaient à Babylone, étaient, comme le dit Hérodote, en outre prêtres de Bélus, « les Chaldéens étant des prêtres de ce Dieu. » La tour élevée dans le temple de Bélus, qui était d'une hauteur extraordinaire et d'une circonférence de deux stades, était très-commode pour la contemplation des astres, vu que par son élévation elle donnait une vue libre du spectacle céleste aux astronomes de la Chaldée, ce qui nous est assuré par Hérodote, qui fait la description détaillée de la largeur et de la longueur de cette tour à huit étages 3, Diodore aussi en fait également mention en disan

Voir le 1er article au no précédent ci-dessus, p. 165.

2 Hérodote, l. 1, ch. 181.

3 Id., ibid.

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