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Christianisme, dans le 4° siècle parvint au plus haut point d'influence - et de pouvoir en Arménie et en Géorgie '. Si l'on en excepte plusieurs miliers de Juifs, qui, avec Zarobabel, sous Cyrus, et avec Esdra, sous Artaxerxe, retournèrent en Palestine pour rebâtir le temple de Jérusalem, la plupart de ces Juifs restèrent dans la Perse, et autres lieux de l'Asie, ne voulant pas quitter leur nouvelle patrie, où, à la suite de l'émigration de leurs pères un grand nombre avait vu le jour, et où, moyennant le paiement d'un tribut aux Perses, ils jouissaient d'une aisance et d'un état plus ou moins libre, pour aller s'entasser dans la Judée et la Samarie, dont les limites étroites et montagneuses n'auraient pu contenir leur multitude, et surtout les dix tribus d'Israël, accrues et multipliées dans un pays etranger. CONSTANTIN,

Ex-patriarche grec de Constantinople.

• Cette famille était celle de Pangratides, qui, selon la tradition armémienne, après la captivité des Hébreux et leur dispersion par toute l'Asie, se rendit en Arménie, 500 ans avant J.-C. Le roi de l'Arménie, Vagharschag, qui vécut un siècle avant l'ère chrétienne, investit Pacarad (Pangratius) pour ses vertus et ses fidèles services, de la haute et insigne charge de couronner les rois de l'Arménie. Plus tard. sous Dertade ou Tiridate II, qui régna en Arménie au 4° siècle, et qui fut converti au Christianisme, par saint Grégoire, la famille de Pangratides, qui embrassa aussi la foi du Christ, acquit en Arménie tant de biens, avec le tems, par des alliance avec les premières familles du pays, ainsi que par les guerres, que les Pangratides devinrent maîtres de plusieurs provinces depuis les confins de la Mésopotamie jusqu'en Géorgie, et devinrent plus puissans que bien d'autres seigneurs de l'Arménie. Il ne leur manquait que le titre de souverains, qui leur fut donné au 8e siècle, par les califes de Bagdad. Les empereurs de Constantinople ne les appelaient que du titre de seigneurs et les honoraient de la dignité de Patrices. L'un des princes de cette famille alla s'établir en Géorgie, où il épousa l'héritière de ce royaume, et y régna, léguant, après sa mort, le royaume des Géorgiens à ses héritiers. Ceux-ci, comme descendans des Hébreux ajoutèrent à leurs autres titres celui de fils de David et de Salomon. La royauté de cette dynastie orthodoxe qui, plus tard, fut divisée en deux royaumes donnés, l'un à Cahète et L'autre à Imérèle, dura jusqu'au commencement de notre siècle, époque à laquelle elle fut annexée à la Russie.

Science Historique.

LA CHRONOLOGIE IMAGINAIRE

ET

LA CHRONOLOGIE VERITABLE DES INDIENS.

Nous l'avons déjà dit plusieurs fois, toute la littérature et toute la science des livres indiens sont un chaos véritable, parce que l'une et l'autre sont privées du fil conducteur de toute histoire, la Chronologie. Ce n'est que parce que l'on ignore la véritable époque des différens auteurs et systèmes indiens connus en Europe, qu'on les tourne contre la religion chrétienne. On l'accuse d'avoir copié des dogmes et des maximes auxquels le plus souvent elle a donné elle-même naissance: introduire un ordre chronologique dans ces études et dans ces découvertes, c'est le service le plus grand que l'on puisse rendre à la science et à la religion. Différens savans y ont donné leurs soins avec plus ou moins de succès. L'ouvrage de M. l'abbé Guérin, missionnaire, sur l'Astronomie indienne, dont nous avons déjà donné l'Introduction, présente cet avantage, qu'il fixe avec certitude quelques époques pendant lesquelles ont vécu certains personnages, ou ont été composés certains livres. Nous avons dit que l'ouvrage avait été imprimé aux frais du gouvernement. Malheureusement il reste encore à publier l'atlas de planches assez nombreuses; et les évènemens de février ont absorbé les fonds qui devaient être consacrés à cette publication. En attendant nous allons publier le chapitre où il est traité de la chronologie indienne. Il est important pour les lecteurs des Annales de connaître ce que l'on sait de certain en fait de chronologie, c'est-à-dire d'ères et de cycles chez les peuples indiens. Tout ce qui sort de là, ils peuvent le déclarer hypothétique et faux. Car ce n'est pas par impression ou par inspiration que l'on peut fixer l'époque d'un livre.

A. B.

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Inventée par Moyo et Admise dans les Computs

Chronologie fabuleuse des Dieux et des hommes. par Monou, vivant au 3e siècle de notre ère. indiens seulement au 5e siècle. - Par quelle opération astronomique on as construit cette chronologie. Chronologie réelle des Hindous, fondée sur les ères et les cycles. Tableau de ces diverses chronologies. — Nouveauté

de l'ère de Bouddha.

« Les Indiens ont une chronologie fabuleuse, comme tous les anciens peuples. Moyo ou Monou en sont probablement les premiers propagateurs dans l'Inde; car c'est dans leurs ouvrages qu'on la voit développée par principes pour la première fois. Monou donne les raisons de cette chronologie; Moyo n'en donne que les résultats; mais ils sont l'un et l'autre parfaitement d'accord.

En général, comme il y a quatre âges; il y a aussi quatre castes et quatre Védas. Les Védas, les castes et les âges ne sont pas également bons. Brommo a tiré de sa bouche la première caste, celle des Brammes; de ses bras la deuxième caste, celle des Khyettris; de ses cuisses la troisième caste, celle des Voïshyas; et de ses pieds la quatrième caste, celle des Shoûdras '. Les Védas ont été tirés aussi de quelques organes plus ou moins nobles de Brommo, le Dieu-Monde ou le Dieu-Nature. Le Rig-ved, le Yodjour ved et le Sham-ved ont été extraits le premier du Feu, le second de l'Air, le troisième du Soleil ; le quatrième Ved, l'Othorvo-ved, a une origine inconnue. De même la chronologie vient de Brommo. Avant de faire connaître sa génération divine, il est bon de dire un mot des quatre derniers âges qui sont mesurés par de longues périodes d'années.

Dans le premier âge, la vertu régnait seule sur la terre; cet âge a duré 1,728,000 années. L'homme avait une taille de 21 coudées, et il n'était appelé par la mort qu'au bout de 400 ans. La justice se tenait ferme comme un bœuf sur ses quatre pieds.

Dans le second âge, la justice était descendue, avec la vérité, à un quart du puits: les hommes avaient un quart de mal dans leurs actions et trois quarts de bien. Ils vivaient 300 ans et avaient 14 coudées de haut, ce second âge a duré 1,296,000 ans.

Le troisième âge, qui est de 854,000 années, était moitié bon,

1 Monou, I. 1, v. 31. Nous laissons ici le prononciation de M. Guérin. - Monou, l. 1, v. 23.

moitié mauvais. La justice, représentée par le Taureau, n'avait que deux pieds. Les hommes avaient 7 coudées de haut; la moitié de leurs œuvres était bonne; l'autre, mauvaise; ils vivaient 200 ans.

Le quatrième âge, qui est le nôtre, doit durer 432,000 ans; en 1845, il y a 4,946 ans qu'il est commencé. La justice, la vérité et la vertu sont descendues aux trois quarts du puits; le Taureau qui les représente n'a plus qu'un pied. Les hommes mentent trois fois avant de dire un mot de vrai ; ils ne vivent que 100 ans, et ils n'ont que 3 coudées et 1/2 de haut (ce qui leur fait une taille moyenne de 5 pieds 3 pouces anglais).

La durée moyenne de la vie de l'homme, dans les quatre âges d'or, d'argent, de fer et de plomb, est mal estimée par Monou2, disent les Brammes du Bengale dans leurs almanachs. L'homme vivait, d'après eux, dans l'âge de la vertu complète, tant qu'il voulait; la mort ne le frappait qu'à regret au bout de 100,000 ans; son corps avait toujours sa plus forte vigueur. Les hommes du second âge vivaient 1,200 ans; l'esprit ne les quittait que quand leurs os se fondaient et s'en allaient en eau. Dans le troisième âge, l'âme quittait le corps de l'homme au bout de 1,000 ans, parce que le sang en avait quitté les veines en s'évaporant. Enfin, dans l'âge de Koli, les hommes ne vivent que 120 ans, et ils meurent quand ils cessent de

manger.

Passons maintenant à la chronologic divine qui est le pendant de tout cela.

Les Pitris (les dieux mânes, ancêtres du genre humain) demeurent dans la lune. Comme la lune ne fait qu'un tour sur elle-même en un mois, les Pitris, placés à son équateur, n'ont qu'un jour et qu'une nuit, pendant que nous comptons à l'équateur 30 jours et 30 nuits, à cause des 30 révolutions de la terre devant le soleil, qui fait le

Il devait donc durer encore 428,054 ans.

2 Liv. 1, vers 81, 82, 83, 84, 85, 86.

3 Quelques Brammes disent que la terre tourne autour du soleil; mais le plus grand nombre soutient qu'elle est immobile. Ce passage de Monou, interprété comme il doit l'être, semble venir à l'appui du mouvement de la terre; et suppose une vraie connaissance des rapports du soleil, de la lune et de notre globe.

jour et la nuit pour les hommes et les Pitris. Mais les Debtas, qui sont assis au pôle nord de la terre, comptent encore bien moins de jours et de nuits que nous et les Pitris, dans le même tems, car ils n'ont qu'un jour et qu'une nuit pendant les 12 jours et 12 nuits des Pitris de l'équateur de la lune, et les 360 jours et 360 nuits des habitans de Lanka, sous l'équateur terrestre 2. Cela vient de l'inclinaison de l'axe de la Terre sur le plan de l'écliptique pendant sa rotation autour du Soleil.

Ces principes incontestables étant posés, la chronologie se développera facilement. Ainsi, dans le système (tothabidhoh) 3, on dit que le Krito-youg des dieux vaut 4,000 ans ; qu'il est précédé et suivi de deux crépuscules égaux qui valent ensemble 800 ans; ce qui fait un total de 4,800 ans. En multipliant ce nombre par 360, on a l'équivalent en années des hommes :

4,800 X 3601,728,000.

Le second âge vaut 3,000 ans et a deux crépuscules de 600 ans; total 3,600 ans :

3,600 X 360 = 1,296,000.

Le troisième vaut 2,000 ans et a deux crépuscules de 400 ans ; total 2,400 :

2,400 × 360=864,000.

Le dernier vaut 1,000 ans et a deux crépuscules de 200 ans ; total 1,200 ans :

1,200 × 360=432,000.

La somme des quatre ages des dieux est de 12,000 ans;

12,000 X 360

valeur d'un Yougo.

4,320,000,

Il est évident que les crépuscules et les nombres fondamentaux des ages, qui vont toujours en diminuant d'un quart à partir du premier age, sont la base romanesque de tout le reste.

Shoûrdjyo est plus précis que Monou pour le développement de son

• Monou, l. 1, vers 65, 66.

* Monou, l. 1, vers 67.

> Monou, l. 1, vers 69.

♦ Monou, l. 1, v. 69, 70, et Shoûrdjyo, chant 1.

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