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⚫ fidélité inviolable... On est vraiment surpris de trouver de si nobles débris » de la tradition primitive au milieu de peuples livrés à tant de folles supers>titions.»-Trait de foi d'une vieile femme.

Lettre du P. Laverlochère, oblat de Marie, datée de Longueil, près Montréal, 15 septembre 1846. Visite à différentes chrétientés de sauvages, tous bien disposés.

16. CAP DE BONNE ESPÉRANCE. - Lettre de M. Devereux, missionnaire. Historique de la mission, établie en 1841 dans le district de Georges. La ville de ce nom compte déjà 14,000 habitans. Nature belle et fertile.-Description d'une célèbre caverne dite de Cango.-Il y a dans la colonie environ 150 catholiques et une chapelle dans la ville; espoir du missionnaire.

(Départs de missionnaires).

MÉLANGES.

De la Religion des Fouriéristes. — Un journal phalanstérien qui a l'habitude de noyer quelques bonnes idées dans un immense flot de rêveries et de chimères, a mis en contraste les œuvres de ce qu'il nomme la bourgeoisie avec celles du peuple dans la politique, l'industrie, les sciences et les arts. Etant arrivé au chapitre de la religion, il a écrit les lignes suivantes, dont nous ne voulons pas priver nos lecteurs. On verra de quelle manière certaines écoles instruirent le peuple :

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« Enfin, dans la religion, l'œuvre de la bourgeoisie se résume entière. Elle » a renversé avec raison le Dieu vengeur et colère, féodal et monarchique, qui comptait beaucoup de réprouvés et fort peu d'élus. Mais hélas! elle » n'a trouvé que la sèche analyse, la critique, le doute, le scepticisme et l'a>> théisme, pour combler le vide des âmes. Pour tout effort de foi religieuse, » elle n'a inventé qu'un Dieu constitutionnel, juste-milieu, éclectique, qui » n'est ni esprit ni chair, ni bien ni mal, qui est inviolable, mais irrespon» sable, qui règne et ne gouverne pas, qui prête serment à la constitution des » lois mathématiques votées par les agens de la nature, mais qui n'a aucun » rapport, aucun contact immédiat, vivant et sympathique avec les choses, les » êtres et les idées de ce monde.

» Non, ce Dieu n'est pas celui de la démocratie nouvelle. L'homme du peu» ple régénéré voudra sentir Dieu sur la terre comme dans le ciel, et le bénir » en lui comme dans ses semblables. Il sera prêtre et révélateur lui-même, » au mème titre qu'il sera souverain, propriétaire, savant et artiste. Dieu pour » lui sera la vie universelle, l'association et l'harmonie de tous les êtres. La » religion définitive du peuple aura pour dogme la synthèse des sciences, pour » culte l'industrie attrayante, pour temple l'univers, pour autel la terre, pour prètres et desservans tous les hommes selon leur degré d'intelligence et » d'amour. >>

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Nous ne nous arrêterons pas sur la religion que le journal fouriériste attribue à la bourgeoisie. Ce Dieu constitutionnel, éclectique, régnant el ne gouvernant pas, prétant serment aux lois mathématiques volées par les agens de la nature, qu'est-ce que cela ? Du galimatias double, un style que Mascarille aurait envié pour gagner le cœur des Précieuses ridicules. Si la religion de la bourgeoisie est la Profession de foi du Vicaire savoyard, comme le pense M. Gousin, encore faut-il en parler avec plus de bon sens et de respect.

Mais ce qui mérite attention, c'est la religion de la démocratie nouvelle, selon le journal phalanstérien. Jusqu'ici les disciples de l'école sociétaire avaient déclaré qu'ils adoptaient le Christianisme, au moins dans ses points essentiels. Ils se fachaient même (et nous en savons quelque chose ), quand on exprimait quelques doutes là-dessus. Ils prétendaient être les interprètes les plus fidèles et les plus consciencieux de la pensée du Christ. Mais nous voici bien loin de compte. La religion du peuple ne sera plus désormais qu'un pantheisme absolu. Son Dieu sera la vie universelle, l'association et l'harmonie de tous les élres. Lisez que Dieu n'est rien de plus que l'ensemble des Jois de la nature; il n'a aucune vie personnelle et distincte; il n'est pas séparé de la matière ; il est la matière même dans les lois qui la gouvernent. Entre cette idée et le dogme du Christianisme, qu'y a-t-il de commun?

La religion definitive n'aura d'autre culte que l'industrie, qui deviendra altrayaute, si elle le peut. Son dogme consistera dans la synthèse des sciences. Il reste à savoir comment le peuple acquerra assez de science pour en saisir la synthèse et en faire la vie de son âme; tous les travailleurs, apparemment, sous le régime sociétaire, seront capables d'être membres de l'Institut. Il nous suffit de signaler ces tristes aberrations. Le fouriérisme ne gagnera pas de nouveaux disciples avec de pareilles utopies; il compromettra seule ment le peu d'idées justes et utiles dont il est le défenseur.»

(Le Semeur).

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DES LANGUES ET DES HISTOIRES DE L'ORIENT

PENDANT LES ANNÉES 1846 ET 1847 '.

Les découvertes qui se font tous les jours nous révèlent de plus en plus l'importance des études orientales. Nous le disons sans crainte, c'est grâce à ces études que les traditions bibliques, qui ne sont autre chose que la propre histoire de la Révélation positive et extérieure de Dieu, la seule qui ait constitué la vraie religion, seront constatées et prouvées à ne pouvoir plus offrir de doute. Voilà que déjà Ninive est sortie de ses ruines, et va élever sa grande voix : ces ruines parleront et nous raconteront les exploits d'Holoferne, les faits peut-être de Tobie, d'Esther, de tous nos personnages bibliques. Dans un prochain cahier, un des membres les plus distingués de notre académie des inscriptions, un des plus hardis et des plus heureux investigateurs des alphabets et des langues de l'Orient, viendra répandre la clarté dans cette chronologie des livres de Judith et de Daniel, que les commentateurs croyaient inexpliquables. Mais ce n'est pas seulement l'affirmation de la vraie tradition qui doit ressortir de ces études, c'est encore la connaissance exacte de toutes les fausses traditions, et en même tems leur explication. Avant un siècle, les missionnaires catholiques pourront aller dans tous les pays non chrétiens, et là,

1 Voir le tableau des mêmes études pendant l'année 1845, dans notre t. ziv p. 102.

III SERIE. TOME XVIII.

N° 107; 1848.

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expliqueront à tous les païens leurs propres livres; ils leur diront quand et par qui ils ont été composés; ce qu'il y a de vrai et ce qu'il y a de faux; comment il faut accepter ce qu'il y a de vrai, et le compléter par la révélation et la tradition complète. Et alors, tous ces peuples ne pourront résister à cette lumière, qui sera sortie en grande partie de nos académies et de nos savans. Suivons donc avec curiosité, je dirais presque avec respect, le développement et le progrès de la science orientale.

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A. B.

1. Progrès dans l'étude de l'histoire de la littérature, de la poésie, de la théologie et de la philosophie arabe.

« La littérature arabe s'est enrichie d'ouvrages nombreux, considérables, et embrassant presque toutes les partiés de l'histoire et des lettres des Arabes. L'illustre Reiske avait composé, il y a maintenant un siècle, un ouvrage sur l'histoire ancienne des Arabes, qu'il n'a pas eu le tems de publier, et qui, après sa mort, passait pour perdu. Il avait lui-même communiqué les matériaux qu'il avait réunis à Eichhorn, qui s'en est servi dans ses Monumenta antiquissimæ historiæ Arabum, et les mêmes cahiers ont été plus tard mis à profit par Rasmussen. Mais, il y a peu d'années, M. Wustenfeld découvrit, dans la bibliothèque de Goettingue, une copie de l'ouvrage même. de Reiske, et se décida à le publier, par piété pour la mémoire de l'auteur, en le complétant par de nombreuses additions '....

Il manquait, malgré tous ces travaux, un ouvrage sur l'ensemble de cette partie obscure de l'histoire. Les difficultés inhérentes au sujet sont extrêmement grandes; il fallait suivre le sort d'une multitude de tribus qui ne formaient pas un corps de nation, et dont les chroniques consistaient en tables généalogiques, en traditions populaires, en fragmens de poésies improvisées et conservées seulement dans la mémoire des familles; il fallait coordonner ces faits incomplets, en juger l'authenticité, en tirer tout ce qu'ils contiennent de vérités sans en exagérer la portée; les contrôler l'un par l'antre, les complé

1 J. J. Reiskii primæ lineæ historiæ regnorum arabicorum, et rerum ab Arabibus medio inter Christum et Muhammedem tempore geslarum, eum tabulis genealogicis e libro manuscripto edidit F. Wüstenfeld, Goettingen, 1847, in-8°. (xvi et 274 pages.)

ter par les témoignages épars que nous fournissent les annales des peuples qui ont été en contact avec les Arabes avant Mahomet; enfin, réunir tous ces traits isolés dans un tableau général qui pût donner bune idée de l'état de la race arabe au moment où elle devint une nation unie, conquérante, et prenant sa place dans l'histoire universelle. Cette grande entreprise a été tentée par M. Caussin de Perceval et conduite à sa fin par un travail de plus de dix ans, dont il vient de *publier le résultat sous le titre trop modeste d'Essai sur l'histoire des Arabes avant l'Islamisme1. On y trouve toutes les données que fournissent sur ce sujet les poètes, les commentateurs, les généalogistes et les chroniqueurs des Arabes, et toutes celles que les auteurs grecs et latins y ajoutent, éclairées par une critique sage, ordonnées avec le plus grand soin, et présentant un ensemble qui restera la base de tous les travaux futurs sur ce sujet ; car la découverte de nouveaux manuscrits arabes et l'étude des inscriptions himyarites pourront servir à préciser des points indécis, lever des difficultés aujourd'hui insolubles, aider à remplir le cadre dans lequel l'absence de matériaux laisse nécessairement beaucoup de vides; mais rien ne pourra changer l'ensemble de ce tableau si savamment ordonné.

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A cette introduction à l'histoire des Arabes, se rattachent naturellement les travaux nombreux qui ont été faits sur les époques postěrieures de l'histoire de ce peuple et de sa religion. La première mention est due à la continuation de l'Histoire des khalifes?, par M. Weil, à Heindelberg, dont le second volume vient de paraître.... Le sujet de l'ouvrage de M. Weil est l'histoire politique du khalifat d'Orient, et le second volume s'étend depuis la chute des Ommiades jusqu'à la mort du 22e khalife de la dynastie des Abassides. C'était l'époque de la plus grande splendeur extérieure de l'empire des Arabes, où leur pouvoir, et en même tems leur culture intellec

'Essai sur l'histoire des Arabes avant l'Islamisme, pendant l'époque de Mahomet et jusqu'à la réduction de toutes les tribus sous la loi musulmane, par A. P. Caussin de Perceval. Paris, 1847, in-8°; vol. 1, p. x11, 424, et 11 tableaux ; vol. 11, p. 702. (Le troisième et dernier volume est sous presse.)

2 Geschichte der Chalifen, aus handschriftlichen groesstenheils noch unbenützten Quellen bearbeitet von Dr G. Weil. Mannheim, 1848, in-8°, vol. 11, (702 pages.)

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