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résolution dans une lettre qu'il avoit écrite à M. le Duc de Liancourt.

Suivent la lettre et le discours de M.

Thouret :

Versailles, le premier Août 1789.

M. LE DUC,

J'apprends, en rentrant chez moi, l'honneur infini que l'ASSEMBLEE NATIONALE a bien voulu me faire, en m'élevant à la dignité de son Président. Cet honneur étoit tellement au dessus de mes espérances, que je ne m'étois pas permis d'y aspirer. Si j'eusse été présent lorsque l'élection a été déterminée, j'aurois, à l'instant même, supplié l'Assemblée d'agréer, avec l'hommage de ma respectueuse reconnoissance, les motifs d'excuse qui me portent à lui remettre l'honorable fonction qu'elle a daigné me confier. Je ne m'empresserai pas moins de concourir à ses importans travaux d'une manière moins éclatante, mais plus conforme à l'insuffisance de mes moyens.

J'ai l'honneur d'être avec respect,

Monsieur le Duc

Votre très-humble et très

obéissant serviteur

Signé, THOUREt.

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MESSIEURS,

Lorsque vous avez daigné m'élever à l'honneur de vous présider, cette faveur inestimable étoit audessus de toutes mes espérances: je ne me serois pas cru permis de porter si haut des vœux dont rien n'auroit pu justifier à mes yeux la présomption; mon premier, mon plus vif sentiment fut, et est encore celui de la profonde et respectueuse reconnoissance dont j'ose vous supplier d'agréer l'hommage.

Pressé par ce même sentiment, par l'obligation de vous en donner le plus utile et le plus digne témoignage, je cédai avec empressement au devoir que j'ai rempli par la lettre que j'eus l'honneur d'écrire, dès le soir même, à M. le Duc de Liancourt.

C'est en sentant tout le prix de l'honneur que vous m'avez déféré, et qui ne pourroit pas m'être ravi, que j'ai le courage de me refuser à sa jouissance quand sous d'autres rapports il eût été peut-être excusable de penser que le courage étoit de l'accepter.

J'aurai encore assez de force en cet instant je prendrai assez sur moi-même, pour sacrifier au majestueux intérêt de votre Séance, des détails dont l'objet me seroit personnel je sens bien que l'Individu doit disparoître où les soins de la cause publique ont seuls le droit de se montrer,

et de dominer. Qu'il me soit seulement permis de dire que je suis capable et digne de faire à cette grande cause tous les sacrifices à la fois ; et que c'est à ce double titre que je viens vous demander de recevoir mes 1enerciemens et ma démission.

Sur la démission de M. Thouret, M. le Duc de Liancourt a été invité par l'Assemblée à continuer de remplir la place de Président, jusqu'à ce qu'il eût été procédé à un nouveau scrutin, qui a été renvoyé à deux heures après-midi.

On a lu et annoncé à l'Assemblée plusieurs pièces, entr'autres une Délibération des Habitans et Corps commun de la Ville de Salers, du 19 Juillet 1789; une Adresse des Officiers Municipaux de la Ville d'Autun, du 29 Juillet; une des Citoyens de Vertus en Champagne, du 27 du même mois ; une de la Ville d'Ernée au Maine, du 30; toutes exprimant des sentimens de fidélité pour le Roi, d'attachement à la Monarchie, de reconnoissance pour l'ASSEMBLÉE NATIONALE d'adhésion à ses Décrets, d'estime et de confiance pour le Ministre vertueux

que le Roi a rendu aux desirs de ses Peuples.

On a rendu compte d'une Déclaration par laquelle la Noblesse d'Anjou, en félicitant l'ASSEMBLÉE NATIONALE sur l'heureuse union qui la rend l'appui de la Patrie, adhère à toutes ses décisions; d'une autre Déclaration par laquelle la Noblesse de Barsur-Seine a révoqué révoqué le mandat impératif qu'elle avoit donné à M. le Baron de Crussol, son Député; et l'on a annoncé qu'il avoit été remis sur le Bureau un Ouvrage intitulé : CATÉCHISME DU GENRE HUMAIN.

Il a été fait lecture du Procès-verbal de la Séance du Samedi premier Août, et l'on a notifié à l'Assemblée la nouvelle distribution des Bureaux.

Diverses Motions ont été faites relativement à la forme des discussions et des délibérations publiques; une seule a été agréée: il a été arrêté que l'on écriroit sur deux colonnes les noms des Orateurs qui se proposeroient de parler pour ou contre une proposition ou une motion présentées, et qu'ils seroient alternativement appelés.

Les travaux sur la Constitution ont été repris; et l'on a continué à discuter la question qui avoit déjà été agitée dans la dernière Séance, si l'Assemblée feroit ou ne feroit pas, en tête de la Constitution,

une

déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen.

A deux heures, M. le Président a annoncé que la Séance étoit levée, et qu'on allait se retirer dans les Bureaux, pour procéder au scrutin du nouveau Président et des trois nouveaux Secrétaires.

On a décidé au sort, entre les six Secrétaires actuels, quels seroient les trois sortans et les trois restans: le sort a désigné pour rester, M. l'Abbé Sieyes, M. le Chapelier et M. le Comte de Lally.

La Séance a été indiquée pour six heures de relevée.

Signé, le Duc DE LIANCOURT, Présid. MOUNIER,

LE COMTE DE LALLY-TOLENdal,

STANISLAS DE CLERMONT-TONNERRE,
LE CHAPELIER,

L'ABBÉ SIEYES,

L'ABBÉ GRÉGOIRE, Secrétaires,

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