trouve-t-on des lettres du premier Consul exprimant son désir de voir Moreau prendre l'offensive; il fait étudier les différents passages des Alpes et les documents sont nombreux dans l'ouvrage sur les reconnaissances qui furent faites. Le 25 mars, un projet d'opérations est arrêté; le 9 avril sont rédigées les instructions relatives au général Masséna et au général Berthier, commandant l'armée de réserve. Les événements vont imposer de notables modifications dans l'exécution du projet qui vient d'être élaboré. Si les mouvements de l'armée de réserve étaient subordonnés à ceux de l'armée du Rhin, ils ne dépendaient pas moins de la situation de l'armée d'Italie; or, les Autrichiens prononçaient une vigoureuse offensive contre celle-ci. Le premier Consul se décide à porter l'armée de réserve de Dijon sur les bords du lac de Genève, tout en activant les mesures relatives à son organisation. Il écrit au ministre de la Guerre en insistant sur la nécessité de soutenir Masséna en faisant faire une diversion par l'armée d'Italie. L'auteur nous donne la correspondance échangée entre le premier Consul et Berthier au sujet du passage des Alpes, elle montre les hésitations de ce dernier entre le Saint-Bernard et le Saint-Gothard. La marche directe à travers la Suisse vers le Saint-Gothard est plus prudente, la marche directe vers le GrandSaint-Bernard permet de secourir plus rapidement Masséna. Les nouvelles reçues de l'armée d'Italie portent le premier Consul à chercher la voie la plus rapide pour faire pénétrer l'armée de réserve dans la vallée du Pô; il se décide pour le Saint-Bernard. Au commencement de mai, le quartier général de l'armée de réserve est à Genève; la situation difficile de l'armée d'Italie est connue. L'opération de la traversée des Alpes se précise l'armée de réserve débouchera en Italie par la vallée d'Aoste, tandis que l'aile gauche de l'armée d'Italie marchera vers Turin et que l'armée du Rhin, victorieuse à Stockach, enverra un détachement en Lombardie par le Saint-Gothard. L'auteur donne les instructions du premier Consul à Berthier pour la marche vers le Saint-Bernard : « Mélas paiera cher ses succès momentanés, ajoute Bonaparte, et j'espère qu'il n'aura rien à reprocher à Beaulieu et à Wurmser. › Le premier Consul quitte Paris le 6 mai et arrive à Genève le 9 mai. La division Watrin est cantonnée à l'entrée du Valais, à deux marches du Grand-Saint-Bernard; le reste de l'armée est échelonné sur la rive nord du lac de Genève, mais les équipages ne sont pas encore constitués, les approvisionnements ne sont pas encore réunis. Force est donc d'attendre pour entrer en Italie. Les mesures administratives se succèdent, pendant que Marescot fait la reconnaissance du Saint-Bernard et résume son travail dans plusieurs notes que donne l'ouvrage. Enfin les instructions sont données pour le passage. Lannes prend le commandement de l'avant-garde, le quartier général est porté à Lausanne. Le mouvement commence le 14 mai, les troupes vont se mettre successivement en mouvement pour franchir la chaîne des Alpes; au fur et à mesure, les mesures sont prises pour les alléger, compléter leur armement, assurer leur subsistance. Lannes arrive le 16 mai à Aoste et en chasse l'ennemi. Les difficultés sont grandes pour le passage de l'artillerie; elles sont cependant surmontées. Dans la matinée du 19, les premiers échelons de l'avant-garde se portent vers le fort de Bard, situé entre Aoste et Ivrée, les autres troupes suivent. Le fort de Bard constituait un obstacle réel; le 20 mai, Berthier écrit au premier Consul que le château de Bard, par sa position et par lui-même, est hors de toute attaque de vive force et qu'il le fait tourner par l'infanterie. Le passage du Grand-Saint-Bernard a commencé le 14 mai; le 23 mai, le gros de l'armée, soit environ 40,000 hommes, a achevé de passer le col. Mais, si l'armée était réunie dans la vallée d'Aoste, assurée d'en pouvoir déboucher à Ivrée que tenait l'avant-garde sous Lannes, il importait d'enlever au plus tôt le fort de Bard, ou de faire passer l'artillerie malgré sa résistance. Après beaucoup de difficultés et d'hésitations, on parvint à faire passer de nuit quelques pièces d'artillerie; toute l'armée va se concentrer à Ivrée, il ne restera en arrière que la plus grande partie de l'artillerie. Pendant que l'armée de réserve entre en Piémont et marche sur Milan, la division Chabran continue le siège du fort de Bard. Le 1er juin, le fort de Bard était enfin entre nos mains et cette capitulation rendait la route libre. La documentation du travail de M. le capitaine de Cugnac est considérable; peut-être aurait-on pu diminuer quelque peu ce formidable amas de rapports administratifs et militaires. Cet ouvrage constitue cependant un ensemble précieux de matériaux de valeur qui permettra à l'historien d'étudier la campagne de l'armée de réserve en 1800 sur les documents originaux. The Natives of South Africa. Their economic and social Condition, edited by the South African Native Races Committee. London, John Murray, 1904. In-8°, xv-360 pages. Constitué en 1899 pour combattre l'esprit d'intolérance chez les colons blancs de l'Afrique australe et pour travailler dans cette partie du continent noir à la constitution d'une société où blancs et noirs se respecteront et se soutiendront les uns les autres, le comité des races indigènes de l'Afrique australe a débuté par instituer, dès l'année même de sa fondation, une minutieuse enquête relative à la condition économique et sociale des indigènes du sud de l'Afrique; puis, dans le volume dont nous venons de transcrire le titre, il en a dégagé les résultats. Géographes, sociologues et historiens trouveront également leur profit à lire ce sérieux ouvrage; sur l'importance et sur la répartition des populations indigènes de l'Afrique australe, sur leurs lois et coutumes, sur leur genre de vie, la façon dont elles sont gouvernées, la tenure des terres, l'organisation du travail, les différentes sortes de travail et les salaires, sur les rapports juridiques du maître et du serviteur, l'éducation des indigènes, les impôts qu'ils paient, etc., il semble difficile de réunir des documents plus intéressants et plus précis. De ces documents, le comité des races indigènes de l'Afrique australe a tiré des conclusions très sages et très prudentes, proclamant le développement indéniable des races bantoues, la prédominance de la vie agricole, la persistance de l'autorité de leurs lois et de leurs coutumes pour la majorité des indigènes, avouant aussi qu'il convenait de redouter que, sur plus d'un point, les sujets de l'Angleterre ne fussent victimes d'injustices, constatant que les impôts auxquels ils sont soumis sont fort lourds pour eux, réclamant la prohibition totale de la vente de toute liqueur frelatée, etc. Deux appendices, contenant : le premier, les réponses faites au questionnaire du comité; le second, la liste des desiderata sur lesquels le même comité a appelé l'attention du ministre des Colonies, complètent ce précieux volume, fournissant sur un moment très intéressant de l'évolution des populations indigènes de l'Afrique méridionale les renseignements les mieux contrôlés et les plus complets. Henri FROIDEVAUX. Fontes Juris Canonici selecti, collegit prof. Andreas GALANTE. OEniponte, libreria Wagneriana, 1906. In-8°, xvI-677 pages. M. Galante a rendu un très grand service à tous ceux qui ont besoin de retrouver rapidement pour une question déterminée les textes essentiels de la législation canonique ou qui veulent étudier ces textes sans avoir besoin de compulser les collections des conciles et le Corpus juris canonici de Friedberg. M. G. a adopté une excellente division méthodique et chronologique à la fois. Le titre I comprend les textes constitutifs de l'Église primitive anténicéenne; le titre II les textes essentiels relatifs aux rapports de l'Eglise et de l'État depuis les origines jusqu'à 1870; le titre III les textes relatifs à l'ordination, répartis en dix-sept chapitres; le titre IV les textes relatifs à la hiérarchie; le titre V ceux relatifs à la papauté. Les neuf titres suivants se rapportent aux cardinaux, à la curie, aux légats, aux métropolitains, aux évêques, aux chapitres, aux vicaires et coadjuteurs épiscopaux, aux prêtres paroissiaux, aux ordres religieuz. Les textes sont publiés avec un très grand soin et avec les références bibliographiques nécessaires, mais sans notes. Ils nous ont paru choisis avec une grande objectivité scientifique, sauf peut-être ceux sur le célibat ecclésiastique, qui donnent l'impression que l'Église a été plus hésitante sur ce chapitre qu'elle ne l'a été en réalité. G. MONOD. RECUEILS PÉRIODIQUES ET SOCIÉTÉS SAVANTES. 1. — Bulletin critique. 1905, 5 déc. - Gabriel Monod. Jules Michelet (art. à lire d'Alfred Baudrillart). - F. Brunot. Histoire de la langue et de la littérature françaises, des origines à 1900; t. I: De l'époque latine à la Renaissance (excellent). 15 déc. Abbé Charles Boutard. Lamennais; sa vie et ses doctrines; la renaissance de l'ultramontanisme, 1782-1828 (intéressant; des lacunes et des erreurs assez nombreuses, mais vénielles; l'auteur n'a pas « l'ampleur exigée par le sujet »). — Jules Viard et Eugène Déprez. Chronique de Jean le Bel; t. I. - E. Grangier. Annales d'Estavayer, d'après le ms. de Philippe Grangier, chanoine d'Estavayer, 1743-1817 (bon). Variété Saint Patrice et son dernier historien (annonce et analyse de l'excellent ouvrage du prof. Bury). 25 déc. P. Ubald d'Alençon. Les opuscules de saint François d'Assise (bonne traduction). Paul Sabatier. De l'évolution des légendes, à propos de la visite de Jacqueline de Settesoli à saint François (beaucoup d'excellents aperçus). Dom Marius Férotin. Le Liber ordinum en usage dans l'Église wisigothique et mozarabe, du ve au xie siècle (publication soignée, bon texte et très utile commentaire). F. Uzureau. Histoire du Champ-des-Martyrs (très intéressant). H. Dehérain. L'expansion des Boers au XIXe s. (bonne histoire des Boers pendant la première moitié du xIx® s.). — Abbé G. Durville. Catalogue de la bibliothèque du musée Thomas Dobrée (à Nantes); t. I : Manuscrits. 1906, 5 janv. Pierre Suau. Saint François de Borgia, 1510-1572 (ouvrage d'édification; certaines parties sont intéressantes et assez neuves; mais l'auteur n'a pas su montrer la place tenue par ce Borgia dans le développement de la Société de Jésus en Espagne). Colajanni. Latins et Anglo-Saxons; races supérieures et races inférieures (réfutation sensée et savante de l'anthroposociologie; mais que l'auteur est prolixe et redondant!). — Fréd. Bruilhart. La seigneurie et la paroisse de Font (bonne monographie; Font est une ancienne seigneurie située sur les bords du lac de Neuchâtel). = 15 janv. Ch. de Loménie. Trois années de la vie de Chateaubriand, 1814-1816 (intéressant; mais il n'est pas sûr que l'auteur ait réussi à prouver dans sa thèse que Chateaubriand conçut les conditions d'un vrai libéralisme et réalisa le type du vrai libéral). = Variété H. Dumaine. L'ancienne version syriaque des Évangiles (d'après l'œuvre de Crawford Burkitt). 25 janv. G. Letourneau. La mission de J.-J. Olier et la fondation des grands séminaires en France (bon, malgré de grosses erreurs). — Abbé P. Richard. Origines de la nonciature de France. Nonces résidants avant Léon X, 1456-1511 (excellent). P. Delarue. Le clergé et le - culte catholique en Bretagne pendant la Révolution; district de Dol (publie beaucoup de documents intéressants). 2. Revue critique d'histoire et de littérature. 1905, 9 déc. W. M. Flinders Petree. A history of Egypt from the xixth to the xxxth dynastie (recueil de matériaux pour chaque règne, avec une riche bibliographie. Très précieux à consulter). G. C. Pier. A new historical stela of the Intef (publie une inscription importante pour aider à constituer la série royale de la XIe dynastie). J. Wei!, J. Chamonard et L. Blum. OEuvres complètes de Flavius Josèphe, traduites en français sous la direction de Th. Reinach (traduction utile et méritoire). J. Steenstrup. Die Bayeux-Tapete (remarquable). A. Elkan. Die Publicistik der Bartholomæus-Nacht und Mornays Vindiciæ contra tyrannos (bonne étude sur les écrivains qui ont traité la doctrine de la souveraineté du peuple au XVIe s. Revendique pour Duplessis-Mornay la paternité des Vindicia). = 16 déc. BouchéLeclercq. Histoire des Lagides; 2 vol. (remarquable, surtout par la méthode d'une rigueur toute scientifique suivie par l'auteur). P. Allard. Julien l'Apostat; t. II et III (attrayant et instructif). Cagnat et Besnier. L'année épigraphique; année 1904. - P. Imbart de La Tour. Les origines de la Réforme. La France moderne (remarquable; c'est du bon Taine). = 23 déc. J. Sottas. Une escadre française aux Indes en 1690. Histoire de la Compagnie royale des Indes orientales, 1664-1719 (bon). — Jul. Hatschek. Englisches Staatsrecht, mit Berücksichtigung der für Schottland und Irland geltenden Sonderheiten; t. I : Die Verfassung (bon). 30 déc. G. Glotz. La solidarité de la famille en Grèce (art. à lire de Th. Reinach). Chantepie de La Saussaye. Lehrbuch der Religionsgeschichte; 3e éd. (bon; mais pourquoi n'y est-il fait aucune place au christianisme?). W. Norden. Das Papsttum und Byzanz (important). 1906, 8 janv. William Woodville-Rockhill. China's intercourse with Korea, from the xvith century to 1895 (utile, mais très incomplet). A. de Saint-Léger et Ph. Sagnac. Les cahiers de la Flandre maritime en 1789; t. I (excellente édition critique). = 15 janv. E. Hühn. Hilfsbuch zum Verstandnis der Bibel; t. IV (le t. IV de cet excellent manuel contient une histoire de Jésus et du christianisme primitif). E. Giran. Jésus de Nazareth; notes historiques et critiques (estimable). W. Otto. Priester und Tempel im hellenistischen Egypten; ein Beitrag zur Kulturgeschichte des Hellenismus; Bd. I (excellent). - J. Marquart. Untersuchungen zur Geschichte von Erån (bon). - K. Roth. Geschichte des Byzantinischen Reiches (bon petit manuel). — G. Gallavresi. Il diritto ellettorale politico secondo la Costituzione della Repubblica Cisalpina (bon). = 22 janv. J. Capart. Recueil des monuments égyptiens; 2° série (important). H. Schæfer. Urkunden der ælteren Æthiopenkönige; I (excellente édition de textes qui seront utiles aux savants déjà formés comme aux étudiants). - -- - 3. Journal des Savants. 1905, déc. L. LEGER. Le cycle |