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coup d'anecdotes piquantes, mais qui ne sont pas toujours exactes. Bernier mourut le 18 mai 1698, âgé de soixante et seize ans.

BERNIER (Louis-François), cultivateur à Passy en Valois, se fit remarquer par ses sentiments patriotiques au commencement de la révolution, et fut envoyé à l'Assemblée législative par le département de l'Aisne. Le département de Seine-et-Marne le nomma, en 1792, député à la Convention nationale. Il s'y plaça au Marais; et, dans le procès de Louis XVI, vota la détention jusqu'à l'acceptation de la constitution, en demandant qu'alors le peuple fût appelé à juger lui-même l'accusé. Après le 9 thermidor, il fut envoyé à Évreux pour y désarmer les anciens comités révolutionnaires, et se montra cruel dans la répression d'une insurrection occasionnée par le transport des grains. La réélection des deux tiers des membres de la Convention lui donna entrée au conseil des Cinq-Cents; il en sortit en 1798. Après le 18 brumaire, il fut nommé commissaire près le tribunal de première instance du 3e arrondissement de Seineet-Marne c'est là que se termina sa carrière politique.

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BERNIER (Nicolas), né à Mantes en 1664, mort à Paris en 1734, fut successivement maître de la Sainte-Chapelle et de la chapelle du roi. Il fit, dans sa jeunesse, le voyage d'Italie, et poussa si loin l'amour de son art, que, pour avoir des leçons de Caldara, compositeur alors célèbre à Rome, il se fit recevoir dans sa maison comme domestique. Bernier fonda en France une école qui fut longtemps célèbre. Parmi ses compositions, on distingue son Miserere, et six livres de cantates, dont les paroles sont en partie de J. B. Rousseau.

BERNIER (N.), trouvère du treizième siècle, dont il nous reste un fabliau intitulé: La Housse partie. Cette jolie pièce, que l'on a imprimée, d'après le manuscrit 7218 de la bibliothèque du roi, se trouve au tome IV, pages 472485, du recueil de Meon. Legrand d'Aussy en donne la traduction dans

son recueil de fabliaux, et l'intitule: Le Bourgeois d'Abbeville, alias, le Housse coupée en deux. On pense que Bernier était Picard; c'est tout ce qu'on sait de lui.

BERNIÈRES, terre et seigneurie de Normandie, à vingt et un kilomètres sud-ouest du grand Andely, érigée en marquisat en 1678.

BERNIS, terre et marquisat du Vivarais, à dix kilomètres sud-ouest de Viviers.

BERNIS (François-Joachim de Pierres, comte de Lyon et cardinal de), naquit à Saint-Marcel de l'Ardèche, en 1715. Après avoir passé les premieres années de sa jeunesse dans les chapitres nobles de Brioude et de Lyon, où sa naissance l'avait fait admettre, il vint à Paris, et entra dans le monde des salons: il y réussit par l'élégance de son esprit, par l'aisance et la galanterie de ses manières. Ce genre de succès n'etait pas celui qui convenait le mieux 3 sa profession, et le cardinal de Fleury le fit venir un jour pour l'exhorter sévèrement à une vie plus grave. Ce prelat était même si mécontent, qu'il finit par lui dire « Vous n'avez rien à espérer de moi tant que je vivrai. — J'attendrai,» répondit l'abbé de Bernis. Il attendit longtemps en effet: mais la patience ne lui fut pas difficile au milieu des plaisirs qu'il goûtait comme homme du monde et comme poete. Enfin, par le crédit de ses amis, il fut nommé à l'ambassade de Venise. Il s'acquitta bien de sa mission, et, à son retour, fut admis au conseil d'Etat. Une fortune plus haute encore l'attendait: il fut appelé au ministère des affaires étrangères, et l'on vit qu' n'avait rien perdu pour attendre. Mais, soit que les circonstances offrissent des difficultés insurmontables, soit que les talents que l'abbé de Bernis avait montrés dans ses premiers emplois re fussent point à la hauteur de sa nogvelle tâche, ce ministère n'eut que des résultats fâcheux pour la France. Il est certain que l'abbé de Bernis prit une grande part à ce traité conclu avec l'Autriche, dont la guerre de sept ars fut la fatale conséquence. Aussi fut-il

un de ceux contre lesquels l'opinion publique se prononça avec le plus de force, quand arrivèrent ces défaites qui contraignirent la France à d'humiliantes concessions. Il céda devant un mécontentement qu'il retrouvait au sein même de la cour, et donna sa démission. Elle fut acceptée, et le ministre déchu demeura à l'écart et en disgrâce jusqu'en 1764. Avant de se retirer, il avait reçu du pape Clément XIII le chapeau de cardinal. Au bout de six ans, la cour revint à lui, et le roi le nomma à l'archevêché d'Albi, puis l'envoya à Rome en qua lité d'ambassadeur. Le cardinal de Bernis remplit ce poste jusqu'à l'année 1794, où il mourut. Sa maison ne Cessa pas d'être ouverte aux voyageurs français, qui étaient toujours sûrs d'y trouver une hospitalité bienveillante et magnifique. Les ouvrages qu'a laissés le cardinal de Bernis sont des épîtres en vers, des pièces légères, un poëme sur les quatre saisons. Dans ces différents ouvrages, il y a de l'éclat et de la grâce: mais son coloris est souvent trop apprêté, et sa grâce dégénère aisément en fadeur. Voltaire l'appelait Babet la bouquetière, à cause des fleurs qu'il répandait à l'excès dans ses vers. Malgré le nombre des ornements, on sent chez lui cette sécheresse qui tient à l'absence d'émotions véritables. Cette poésie, parée et coquette, est glacée au fond. Le cardinal de Bernis, qui avait adopté sans restriction les moeurs du dix-huitième siècle, fut un des plus raffinés adulateurs de madame de Pompadour. Les vers qu'il lui adresse sont un échantillon parfait de ce genre prétentieux et fade, bafoué par notre époque sous le nom de rococo. Dans sa vieillesse, il revint à des sujets plus graves: mais son poeme de la Religion vengée, auquel il travailla longtemps, est un ouvrage faible qui est demeuré obscur. BERNVALD (traité de), ce traité fut signé entre Louis XIII et GustaveAdolphe le 23 janvier 1631, pendant la guerre de trente ans (*).

() Voy. ANNALES, t. I, p. 478.

tant

BEROALD (Mathieu), né à Saint-Denis, près Paris, fit de brillantes études au collège du cardinal Lemoine, puis se rendit à Agen, où il fut précepteur d'Hector Frégose, depuis évêque de cette ville; il s'y fit protestant, et vint ensuite à Paris, où il fut précepteur d'Agrippa d'Aubigné. Arrêté à Coutances, à cause de ses opinions religieuses, il fut condamné à être brûlé vif. Mais il parvint à s'enfuir, et se rendit à Orléans, où il fut attaqué de la peste. Rendu à la santé, il alla à la Rochelle, puis à Sancerre, et se distingua au siège de cette ville par le maréchal de la Châtre. Après avoir séjourné quelque temps à Sedan, il vint à Genève en 1574, et y professa la philosophie. On croit qu'il y mourut en 1576. On a de lui: Chronicon, sacræ scripturæ autoritate constitutum, 1575, in-fol.

BÉROALD DE VERVILLE (François), fils du précédent, naquit à Paris en 1558. Il se fit catholique après la mort de son père, et embrassa même l'état ecclésiastique. Après avoir étudié les sciences exactes, et y avoir obtenu quelques succès, il se livra tout entier à la littérature, et publia un assez grand nombre d'ouvrages, dont un seul est recherché à cause de sa singularité. C'est son Moyen de parvenir, imprimé d'abord sous le titre de Salmigondis. Ce livre a été souvent réimprimé; l'édition sans date, in-12, de 347 pages, que l'on attribue aux Elzevirs, est fort recherchée des amateurs. Béroald avait obtenu un ca

nonicat à Tours; on croit qu'il mourut dans cette ville en 1612.

BERQUIN (Arnaud), surnommé à juste titre l'ami des enfants, débuta dans la carrière des lettres par quelques idylles gracieuses, et par des romances pleines de sentiment. En 1775, il fit imprimer, sous le titre de Tableaux anglais, une traduction de morceaux philosophiques extraits des divers ouvrages périodiques publiés en Angleterre. Mais son ouvrage le plus remarquable, celui qui a rendu son nom populaire, c'est, sans contredit, l'Ami des enfants, 6 vol. in-12, que l'Académie

française déclara, en 1754, être le livre le plus utile qui eût été publié dans le cours de cette année. Berquin mourut à Paris, le 21 décembre 1791, dans sa quarante troisième année. Outre les Ouvrages que nous venons de citer, on lui doit encore 1° Lecture pour les enfants; 2° l'Ami de l'adolescence; 3° Sandfort et Merton; 4° Le petit Grandisson; 5° Bibliothèque des villages; 6o Le livre des familles; 7° Introduction familière à la connaissance de la nature. Ses œuvres complètes ont été imprimées plusieurs fois sous différents formats.

BERQUIN (Louis), gentilhomme artésien, conseiller du roi François Ier, se rendit célèbre au commencement du seizième siècle, par son zèle pour le luthérianisme naissant. Dénoncé au parlement, en 1523, comme fauteur de l'hérésie, il fut condamné à faire abjuration publique; mais il refusa de se soumettre, fut détenu en prison, et ne dut sa liberté qu'à l'intervention du roi, qui professait beaucoup d'estime pour sa science et ses talents comme écrivain. Retiré à Amiens, Berquin continua à dogmatiser et à publier des livres en faveur du protestantisme un second arrêt du parlement vint le frapper en 1526; mais il en fut encore garanti par la protection du roi. Les dangers qu'il courut alors pour la seconde fois ne le rendirent point plus prudent, et il refusa de suivre les conseils d'Erasme, son ami, qui l'engageait à cesser d'écrire ou à sortir du royaume; arrêté une troisième fois, il fut condamné à avoir la langue percée et à être enfermé le reste de ses jours. Cette fois, il en appela vainement au roi; son appel au pape n'eut pas plus de succès; il refusa constamment de faire abjuration, et fut brûlé en place de Grève le 17 avril 1529.

BERR (Isaac de Turique), respectable israélite né à Nancy en 1743, fut un des premiers qui élevèrent la voix en faveur des juifs, au commencement de la révolution. Il réclama pour eux avec éloquence les droits de citoyens et la création d'une école d'enseigne

ment religieux. Il parut à la barre de l'Assemblée constituante à la tête d'une députation des coreligionnaires, et y fit écouter avec un respectueux silence le discours qu'il prononça en faveur de ses frères. En 1807, il s'établit entre lui et l'abbé Grégoire un débat où les deux adversaires montrèrent une douceur et une modération remarquables. M. Berr fut un des hommes qui contribuèrent le plus à l'organisation du culte israélite en France. Il mourut à Nancy en novembre 1828, à l'âge de quatre-vingtcinq ans.

BERR (Michel), fils du précédent, né à Nancy en 1780, fut le premier israélite qui exerça en France la profession d'avocat. Cependant, malgré l'éclat de ses débuts, il abandonna bientôt cette carrière pour suivre celle des lettres et de l'administration. Il a publié plusieurs ouvrages estimés; nous citerons seulement les suivants : Appel à la justice des nations et des rois, Strasbourg, 1801; c'est un plaidoyer plein de talent, en faveur de l'émancipation sociale des juifs; cet ouvrage excita un enthousiasme universel, et fut traduit dans presque toutes les langues de l'Europe; Du divorce considéré chez les israélites, réfutation d'un discours prononcé à la chambre des députés par M. de Bonald; entin De la liberté des cultes et du décret sur l'observance exacte des fêtes et dimanches.

BERRE, Berra, ville de Provence, département des Bouches-du-Rhône, à vingt kilomètres sud-ouest d'Aix. Population dix-neuf cents habitants. On croit qu'elle s'est formée des ruines d'Astromela, détruite par les Visi goths, à la fin du cinquième siècle. C'était, dans le moyen âge, une place importante. Elle fut prise, en 1590, par le duc de Savoie, Charles-Emmanuel; mais ce prince la restitua à la France à la paix de Vervins.

Berre donne son nom à un vaste étang de cinq lieues de longueur, et d'environ quinze lieues de circuit. «Vers le sud-est de cet étang, est un chemin d'une grande lieue de longueur sur

vingt pieds de largeur; ce chemin traverse l'étang de Berre, et le sépare de l'etang de Beaumont. On prétend dans le pays que Caius Marius fit faire ce chemin en une nuit de temps et en présence des ennemis; ce qu'il y a de certain, c'est qu'on l'appelle Lou Caiou, dénomination qu'on croit s'être formée par corruption du mot Caius. » (D'Expilly.)

BERROYER (Claude), avocat au parlement de Paris, a joui au palais d'une grande réputation, quoiqu'il se soit plus occupé à publier ou à commenter les ouvrages d'autrui qu'à produire de son propre fonds. Son meilleur ouvrage est la Bibliothèque des coutumes (1699, in-4°), qu'il a publiée en commun avec de Laurière. Il a coopéré aussi, avec de Laurière et Loyer, à la Table chronologique des ordonnances des rois de la troisième race.

BERRUYER (Jean-François) naquit à Lyon le 6 janvier 1737; entré dans T'armée en 1753, comme simple soldat, il se trouva au siége de Port-Mahon, fit la guerre de sept ans, celle de Corse, et obtint le grade de capitaine pour prix de ses services. La révolution le fit colonel des carabiniers. Bientôt il devint général de division, et servit avec peu de succès dans la guerre de la Vendée. Il fut nommé par le Directoire commandant des Invalides, et occupa ce poste si important depuis 1796 jusqu'à sa mort, qui arriva le 27 avril 1804.

BERRUYER (Joseph-Isaac) naquit à Rouen le 7 novembre 1681. Il professa longtemps avec distinction les humanités chez les jésuites, et mourut à Paris le 18 février 1758, dans la maison professe où il s'était retiré. Il publia en 1728 une Histoire du peuple de Dieu qui eut une grande célébrité. Cependant le ton léger et romanesque du style, et les réflexions inconvenantes dont ce livre est rempli, le firent condamner, des 1731, par l'évêque de Montpellier, puis par une assemblée du clergé tenue a Conflans, et enfin par le pape Clément XIII en 1758. L'assemblée du clergé, en 1760, et la faculté de théologie, en 1762, rendirent de nouveaux

jugements contre l'Histoire du peuple de Dieu. Les jésuites virent dans ces attaques réitérées un acte d'hostilité contre leur ordre, ils se défendirent, et c'est à la polémique vive et soutenue qui eut lieu alors, que le livre du P. Berruyer dut en grande partie sa célébrité.

BERRY, Biturigensis tractus, ancienne province avec le titre de duché. Au temps de César, le Berry était habité par les Bituriges Cubi; plus tard, il fut compris dans la première Aquiquitaine. Il appartint ensuite successivement aux Romains, aux Goths et aux Francs. Il fut gouverné par des comtes particuliers depuis Pepin le Bref jusqu'en 927. A cette époque, le comté de Bourges fut supprimé par le roi Raoul, qui décida que le vicomte de Bourges, le seigneur de Bourbon, le prince de Déols, et les autres seigneurs du Berry, relèveraient immédiatement de la couronne. En 1101, Philippe Ier acheta la vicomté de Bourges (voy. ce mot). Les rois de France acquirent depuis d'autres domaines dans le Berry; Philippe II acheta la châtellenie d'Issoudun; on confisqua en 1332, sur Robert III d'Artois, celle de Mehun, et en 1361, celle de Vierzon sur Guillaume, duc de Juliers. En 1360, le Berry fut érigé en duché-pairie, et donné par le roi Jean en apanage à son fils Jean, dont les fils moururent sans postérité (1416). Le Berry fut alors réuni de nouveau à la couronne. Depuis, il fut encore donné en apanage à Jean, fils de Charles VI, à Charles V, fils de ce prince, depuis Charles VII, à Charles de Guyenne, frère de Louis XI, à Jeanne de France, première femme de Louis XII, à Marguerite de Valois, à François, duc d'Alençon, à Louise, veuve de Henri III, enfin à Charles, fils du second dauphin. Le second fils du dauphin, fils de Louis XV, depuis roi, sous le nom de Louis XVI, et Charles-Ferdinand, fils du comte d'Artois, depuis Charles X, ont aussi porté le titre de ducs de Berry (*). Cette province forme aujourd'hui les départements de l'Indre et du Cher.

(*) Voyez les ANNALES, t. I, p. 82.

BERRY (Caroline-Ferdinande-Louise de Bourbon, duchesse de), fille de François Ier, roi de Naples, et nièce de Marie-Amélie, reine actuelle des Français, naquit à Naples, le 5 novembre 1798. Elle épousa, le 18 juin 1816, le duc de Berry. La jeune du chesse devint bientôt l'une des femmes les plus aimables de la cour. Avide de plaisirs, elle s'y livra avec une ardeur tout italienne, et sa conduite, surtout depuis la mort de son époux, donna lieu à quelque scandale, et fit même attaquer la légitimité de son fils. Mais en même temps elle se distinguait par sa bienfaisance et par la protection éclairée qu'elle accordait aux artistes. Sa galerie de Rosny était composée avec un goût exquis. Elle ne prit aucune part aux actes du règne de Charles X, et fut l'une des premières à faire à ce prince, au sujet de ses ordonnances, des représentations énergiques qui furent mal reçues.

Après la révolution de juillet, la duchesse de Berry suivit en Angleterre la famille de son époux. Mais elle la quitta bientôt, et, après quelques voyages et beaucoup d'intrigues, elle revint en France en 1832. C'est pendant qu'éclatait à Marseille la conspiration du Carlo-Alberto, qu'elle débarqua à l'ouest de cette ville, dans la nuit du 28 au 29 avril. De là, elle se dirigea, en traversant la France, vers les départements de l'Ouest, où les carlistes l'attendaient pour se révolter. Le 3 juin 1832, l'insurrection avait pris un caractère assez sérieux pour que le gouvernement mit en état de siége les départements de Maine-et-Loire, de la Vendée, de la Loire-Inférieure et des Deux-Sèvres. Henri V fut proclamé roi, et Marie-Caroline prit le titre de régente de France. Mais l'esprit public avait fait des progrès dans l'ouest de la France depuis 1793; si l'on excepte les familles nobles, la population de ces départements est maintenant imbue des principes démocratiques les plus avancés. Il fut impossible de rétablir la Vendée; et sauf quelques gentilshommes, quelques vagabonds, quelques réfractaires et quelques aven

turiers, le parti carliste ou plutôt henriquinquiste fut peu nombreux. Toutes ses tentatives échouèrent devant la bravoure des troupes et surtout devant le patriotisme des gardes nationales. La défaite des chouans au château de la Penissière, le 7 juin 1832, jeta la consternation dans le parti, et l'arrestation de la duchesse de Berry à Nantes, au mois de novembre, mit fin à la guerre civile.

Depuis longtemps, le gouvernement savait que la prétendue régente resi dait à Nantes, mais on ignorait le lieu qui lui servait de refuge, lorsqu'elle fut vendue par un de ses affides, nommé Deutz. Le 6 novembre au soir, cet homme avertit l'autorité que la duchesse venait d'arriver à Nantes, et qu'elle était dans la maison de mademoiselle Duguigny, rue Haute-du-Château. Le quartier fut aussitôt cerné par douze cents soldats et par la garde nationale; mais toutes les perquisitions furent infructueuses, et l'on désesperait de rien découvrir, lorsque vers dix heures du matin, la duchesse sortit d'une cachette placée derrière une cheminée, dont la plaque servait d'entrée. On avait fait du feu toute la nuit dans cette cheminée, et la chaleur, qui etait devenue insupportable dans le lieu où la duchesse se tenait cachée, l'avait forcée d'en sortir. Elle avait avec elle mademoi selle de Kersabiec, M. de Ménars et M. Guibourg, avocat de Nantes. Les prisonniers furent conduits au château, et de là emmenés, sur un bâtiment de l'Etat, à Blaye, où on les enferma dans la citadelle, depuis longtemps préparee pour les recevoir.

La cour royale de Poitiers avait rendu un arrêt qui mettait la duchesse et ses complices en état d'accusation pour provocation à la guerre civile, etc. Le public s'attendait à ce que la justice ordinaire serait chargée de juger cette affaire; c'était d'ailleurs une consécration du principe de l'égalité des Français devant la loi, reconnu par la charte. Le gouvernement en décida autrement. Le 8 novembre, une ordonnance déclara qu'un projet de loi serait présenté aux chambres pour

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