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suivants l'état actuel de la bibliothèque :

Imprimés, environ 720,000 volumes, parmi lesquels se trouve la plus belle collection qui existe des premiers produits de l'imprimerie.

Manuscrits, environ 80,000 volumes, et plusieurs centaines de milliers de pièces historiques, classées dans des

cartons.

Estampes et cartes, plus de 120,000 pieces contenues dans plus de 6,000 volumes et portefeuilles.

Médailles et antiques, plus de 100,000 médailles, sans compter les pierres gravées et les antiques.

Nous avons, en citant la loi du 25 vendémiaire an IV, fait connaître la constitution libérale dont la bibliothèque, aussi bien que tous les grands établissements scientifiques fondés ou réorganisés à cette époque (*), avait eté dotée par la Convention; nous avons dit en même temps que, depuis, tous les efforts du pouvoir avaient eu pour but de modifier cette constitution. Nous devons, avant de terminer cette notice sur l'un des établissements qui font le plus d'honneur à la France, exposer en peu de mots l'histoire de son organisation, et des différentes modifications qu'elle a subies. Et d'abord, nous devons faire ressortir les avantages de la constitution de l'an IV. La Convention, en attribuant l'administration de la bibliothèque à une réunion de savants tout à fait indépendants du pouvoir, avait voulu mettre en dehors et à l'abri des préoccupations de la politique du moment, ce vaste dépôt des plus précieuses richesses de la France. A cette administration ainsi confiée aux membres du conservatoire, était attachée la disposition des fonds annuels accordés à l'établissement, sous la seule condition de rendre compte de l'emploi de ces fonds au pouvoir exécutif. C'était une Conséquence des principes mêmes qui avaient guidé la Convention dans le

(*)Citons, entre autres, l'Institut national, le Muséum d'histoire naturelle, le Bureau des longitudes, le Collège de France, etc.

523 vote de la loi. En effet, par les mains de qui des sommes qui doivent être tifiques, tels que livres, manuscrits, consacrées à l'acquisition d'objets scienmédailles, antiques, estampes et cartes, peuvent-elles être employées d'une manière plus judicieuse et avec plus d'opportunité dans l'intérêt du progrès des études, et d'après l'état de la science, que par les mains d'hommes qui ont consacré toute leur vie aux travaux de cette science, et qui ont dépôt qu'ils conservent? Enfin la resacquis une connaissance complète du ponsabilité, qui était aussi pour les conservateurs une conséquence de leurs fonctions particulières, comme placés gestion collective, comme membres du à la tête d'un dépôt spécial, et de leur conservatoire, exigeait qu'ils eussent draient à vaquer parmi eux, le droit de remplir les places qui vienplois inférieurs. forte raison de nommer à tous les emet à plus

tage pour une société d'hommes labo« C'est toujours un immense avanla constitution même, à l'abri de tous les rieux et spéciaux, que d'être placés, par caprices de l'autorité supérieure. C'est une grande satisfaction donnée à la dans les corps savants, ces places émiraison que de voir supprimées partout, nentes qui tombent bientôt dans les mains d'un homme puissant ou deviennent le patrimoine d'une famille (*). La loi de l'an Iv n'eût-elle produit que qu'elle a été bonne et utile. Affranchie ce seul bénifice, il faut déjà reconnaître ainsi de l'autorité absolue des gouvernements qui se sont succédé depuis quarante ans, la bibliothèque s'est rec'est le propre des administrations crutée d'hommes honorables; car si collectives d'écarter, en général, de

(*) On pourra se faire une idée de l'importance de l'abus que l'on signale ici, et qu'un ministre a voulu dernièrement établir, en voyant ci-après, dans la liste des hommes qui ont été préposés, avant la révolution, à la garde de notre grand dépôt littéraire, la charge de bibliothécaire se perpétuer pendant près d'un siècle dans la même famille, et échoir deux fois à un enfant de huit ans.

toute participation à leurs affaires, les hommes supérieurs, dont la nomination est presque un coup d'Etat, et que l'autorité pourrait seule leur imposer, il y a du moins certitude avec elles qu'elles ne feront jamais de ces choix honteux que la faveur personnelle ou une lâche considération du moment dictent parfois aux gouvernements; aussi n'a-t-on point vu dans la bibliothèque royale le scandale des nominations arbitraires qui ont peuplé les autres bibliothèques d'une foule d'employés étrangers au service et à la connaissance des livres, qui ont imposé partout, de nouvelles charges au budget de l'État, qui ont introduit enfin le désordre et la confusion là où sont surtout nécessaires les habitudes de l'ordre et de la régularité des formes administratives. Enfin, et c'est encore un bienfait de l'organisation de la bibliothèque, aucun acte secret, équivoque, aucun abus même n'a pu être commis impunément dans une administration composée de plusieurs membres dont la responsabilité est commune, dont les droits sont égaux, dont la surveillance est nécessairement réciproque, et dont les débats sont soumis, jusqu'à un certain point, au contrôle de la publicité (*). »

Toutefois, l'indépendance presque absolue où la loi de l'an Iv plaçait le conservatoire de la bibliothèque à l'égard du pouvoir, effraya bientôt les gouvernements qui succédèrent à celui de la Convention. Le gouvernement consulaire, bien qu'il conservât encore beaucoup des formes d'une république, essaya le premier d'établir dans l'administration de la bibliothèque quelque chose d'analogue à ce qui se passait dans l'Etat. Sous le ministère de Lucien Bonaparte, il y eut une espèce de dictateur improvisé parmi les conservateurs de la bibliothèque, et qui fut constitué le chef de tous ceux dont il était l'égal. Mais cette tentative ne

(*) Rapport adressé, en 1832, à M. Guizot, par M. H. Royer-Collard, chef de la division des lettres au ministère de l'instruction publique.

réussit pas; l'arrêté ministériel fut rapporté au bout d'un mois, et le titulaire de cette dictature éphémère rentra paisiblement, et sur ses propres instances, dans le sein du conservatoire, où il n'avait pas eu le temps de se faire des ennemis, et où il ne retrouva que des confrères.

« L'empire, qui succéda au consulat, revendiqua avec plus de ménagement et plus de succès les droits du pouvoir sur l'administration de la bibliothèque. Alors encore, un conservateur pouvait être nommé par le conservatoire; et le cas s'étant présenté à la mort de Legrand d'Aussy, M. Dacier fut nomimé de cette manière. L'empereur, qui ne voulait ni détruire le droit du conservatoire, ni perdre le sien, nomma aussi M. Dacier. De cette façon, sans doute, il n'y avait pas de conflit; l'organisation de la bibliothèque restait intacte; l'autorité du chef de l'État était satisfaite. Mais l'empereur, qui nommait l'élu du conservatoire, pouvait très-bien ne pas le nominer, cu même en nommer un autre; et, sans doute, s'il eût pris fantaisie à l'homme qui faisait alors des rois de faire des conservateurs, ce n'est pas la loi de la Convention, ni même l'opposition du conservatoire qui l'en eût empêché. Napoléon cependant, tout absolu qu'il était, s'arrêta devant la loi qui avait institué cette espèce de république. Il se contenta d'exiger que, pour les places de conservateurs qui deviendraient vacantes, le conservatoire lui présentât trois candidats. Il laissa intactes les autres attributions accordées au conservatoire par la loi de la Convention.

« La restauration trouva les choses en cet état; et, ce qui peut sembler presque aussi extraordinaire, elle les y maintint;... l'œuvre de la république resta sous l'empire de la légitimité, telle, à peu de chose près, que la lui avaient léguée le pouvoir et le génie de Napoléon...

« Les choses restèrent en cet état jusqu'au moment où fut rendue, sous le ministère de M. de Martignac, l'ordonnance du 2 novembre 1828. Une

pensée d'économie, encore plus que de pouvoir, dominait dans cette nouvelle organisation, où il ne devait plus y avoir qu'un seul conservateur par département, mais où les cinq conservateurs des cinq départements composaient seuls le conseil d'administration, toujours sous le nom de conservatoire, et conservaient toutes leurs anciennes attributions... Cependant la réduction des places de conservateurs à une seule par département était une innovation fâcheuse. La science y perdait, avec des emplois toujours honorablement remplis, autant de moyens puissants d'encouragements ou de récompense pour les études longues et sérieuses... L'État y perdait lui-même une garantie de bonne administration, que ne peut lui donner la présence d'un chef unique, privé de l'assistance ou du contrôle d'un collègue éclairé. On suppléait en partie à cet inconvénient par la création de conservateurs adjoints; ce qui était une innovation heureuse, mais seulement dans l'intérêt du service, puisque ces nouveaux fonctionnaires, tenus en dehors du conservatoire, ne pouvaient apporter dans les discussions la part d'influence due à leur expérience et à leur mérite (*). »

L'ordonnance du 14 novembre 1832, dont nous nous bornerons à rappeler sommairement les principales dispositions, vint porter remède à ces inconvénients. En effet, cette ordonnance rétablit les deux conservateurs par département; admit les conservateurs adjoints aux délibérations du conservatoire, avec voix consultative, et accorda de nouvelles garanties aux employés, qui, une fois nommés, ne pouvaient plus étre révoqués que par le ministre, sur un rapport du conservatoire. Mais une innovation plus grave, et par laquelle le ministère semblait préluder aux mesures qui furent tentées depuis, ce fut la création d'un directeur de la bibliothèque, pris dans le sein du con

(*) 3 lettre des conservateurs de la bibliothèque royale au ministre de l'instruction publique, p. 10 et suiv.

servatoire, présenté par lui, mais nommé pour cinq ans par le ministre,

Toutefois, le régime introduit à la bibliothèque par cette ordonnance fut, pour elle, le signal de grandes améliorations, non-seulement parce qu'il réalisa quelques perfectionnements administratifs indiqués par l'expérience, mais encore parce qu'il accrut d'une manière notable la dotation de la bibliothèque. On lui donna ce qui lui manquait de bras indispensables. Les répertoires des collections, dans les départements autres que celui des livres imprimés, furent bientôt à jour; et, en 1838, il ne restait de véritablement arriéré que la tâche toujours croissante du département le plus chargé. Les chambres, voulant alors mettre fin à cet arriéré, votèrent pour la bibliothèque une somme de un million deux cent soixante-quatre mille francs, dont l'emploi, réparti sur huit années, devait, suivant les prévisions du conservatoire, suffire pour combler les principales lacunes de reliures et d'acquisitions, et pour achever un nouveau catalogue, mis en harmonie avec les derniers progrès de la science.

Le ministère entre les mains duquel étaient alors les affaires de la France, et qui avait, il faut le dire, fait de louables efforts pour exciter, en faveur de notre grand dépôt littéraire, la munificence du parlement, conçut, quand il eut obtenu la somme qu'il réclamait, l'espoir de la transformer en un supplément aux fonds secrets, devenus insuffisants. Mais, pour cela, il fallait détruire l'indépendance du conservatoire, dont on ne pouvait espérer les complaisances qu'on était assuré d'obtenir d'un directeur général, placé sous la dépendance immédiate du ministre, et dont l'existence eût été liée au maintien du système. Telle fut le véritable motif de l'ordonnance de 1839.

Les conservateurs de la bibliothèque s'opposèrent à l'exécution de cette ordonnance; leurs réclamations trouvèrent de l'écho dans l'opinion publique, qui ne vit pas seulement dans cette mesure arbitraire une atteinte portée

à la constitution de notre grand dépôt littéraire, mais un précédent dont le pouvoir pouvait plus tard s'autoriser pour changer également, par ordonnance, l'organisation de nos autres établissements scientifiques, fondés aussi par des lois, à cette époque d'où datent tant de glorieuses fondations. Le ministre fut obligé de renoncer à l'exécution de son ordonnance, et son successeur se hâta de la rapporter, pour en revenir au régime de 1832, sous lequel la bibliothèque est encore aujourd'hui.

Nous croyons, en terminant cette histoire de la bibliothèque nationale, devoir donner ici les noms des hommes auxquels elle a été confiée depuis sa fondation, et dont les soins successifs ont tant contribué à la rendre ce qu'elle est aujourd'hui, c'est-à-dire, la plus grande, la plus précieuse et la plus libérale de toutes les collections scientifiques du monde.

Gardes des livres de la librairie du Louvre. 1373. Gilles Mallet.

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tellier, alors âgé de 8 ans, connu depuis sous le nom d'abbé Louvois, qui, comme nous l'avons déjà dit, réunit ces fonctions à l'intendance du cabinet des médailles et antiques, et prend le titre de bibliothécaire du roi. Bibliothécaires du roi.

1684. L'abbé de Louvois.
1718. L'abbé Jean-Paul Bignon.
1741. Armand-Jérôme Bignon.
1770. Jean-Frédéric-Guillaume Bignon.
1783. Lenoir, ancien lieutenant de police.
1790. Le président d'Ormesson-de-Noyseau.
1792. Chamfort.

1793. Lefebvre de Villebrune.

Gardes de la bibliothèque (*).

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la plupart, consacrées à des spécialités et, en général, de date fort récente.

Les plus importantes sont, après la bibliothèque nationale, celle de l'Arsenal, fondée par le marquis de Paulmy, ancien ambassadeur de France en Pologne, et augmentée d'une grande partie des livres de la bibliothèque du duc de la Vallière par le comte d'Artois, qui en avait fait l'acquisition, en 1781; la bibliothèque Mazarine, dont nous avons fait plus haut l'histoire; la bibliothèque de Saint-Geneviève, fondée en 1623, enrichie successivement par les donations du cardinal de la Rochefoucauld, et de Letellier, archevêque de Paris (*); enfin, la biblothèque de la ville, tirée, en 1795, des dépôts littéraires formés à cette époque.

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Dutheil.

De la faculté des lettres..

30,000

314

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Lenormant.

Naudet.

Manuscrits.

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Champollion-Figeac.

Médailles et antiques.

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Millin.

Raoul-Rochette.

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(*) C'est la seule qui soit maintenant ouverte le soir au public. Cette innovation date de 1838.

(**) Fondée en 1793 par le comité d'instruction publique de la Convention, lors du transport à Paris des livres des corporations supprimées.

(***) Le premier fonds de cette bibliothèque provient de l'ancienne collection de la ville, qui contenait à peine 20,000 volumes. Elle est réservée aux membres de l'Institut, mais tous les étrangers présentés par eux y sont admis. C'est la bibliothèque de Paris la plus riche en ouvrages nouveaux.

(****) Créée en l'an 11,

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