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de tous les pays contractants; nous n'en sommes pas uniquement réduits aux chiffres de la douane française, et, de leur côté, les auteurs de ces chiffres n'en sont pas réduits à leur propre affirmation pour établir l'autorité de leurs documents. Sous le bénéfice de ces éclaircissements, je crois avoir le droit de dire que les chiffres, après avoir été honteusement baltus et bannis de la discussion à deux heures de l'après-midi, ont quelque droit d'y rentrer à six heures. (Rires approbatifs. Très-bien!

très-bien !)

Je les y ferai donc rentrer, mais avec la discrétion la plus complète.

Maintenant, ayant épuisé ces préliminaires, je vais aborder le fond de la discussion. (A demain ! à demain !)

A demain volontiers, si la Chambre le désire.

M. le Président MÉGE. Puisque la Chambre le désire, la suite de la discussion est remise à demain.

Séance du 20 janvier 1870.

M. le Président MEGE. M. Jules Simon a la parole pour continuer son discours.

M. Jules SIMON. Je pense que la Chambre veut bien se rappeler qu'hier je n'avais pas commencé la discussion de la thèse que j'ai à soutenir devant elle, et que je m'étais seulement expliqué sur un certain nombre de questions préjudicielles.

Il y en avait une extrêmement délicate, puisqu'elle portait sur la valeur des chiffres qui nous sont fournis par l'administration des douanes, et j'avais absolument besoin de réclamer quelque confiance pour ces chiffres, car il serait impossible de discuter une pareille matière si on était réduit ou à ne pas apporter de chiffres ou à organiser une administration provisoire concurremment avec l'administration officielle, ou à se borner aux rensei

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gnements qui nous sont envoyés tous les jours par les intéressés.

L'honorable M. Estancelin n'est pas le seul membre de la Chambre qui reçoive des dépêches; j'en reçois aussi, j'en ai reçu encore tout à l'heure, et c'est parce que ce genre de littérature n'a pas beaucoup d'agrément que je me dispense de vous les lire. (On rit.)

J'ai encore une autre raison pour ne pas le faire : c'est que chaque intérêt je pourrais dire presque chaque intéressé -nous envoyant ses chiffres et des chiffres contradictoires, je suis autorisé à conclure que cette bataille à coups de lettres, à coups de télégrammes et à coups de brochures, n'aboutit à aucune démonstration, et prouve uniquement que nous n'avons rien de plus pressé que de faire notre enquête parlementaire.

Voix nombreuses. C'est vrai! Très-bien! trèsbien!

M. Jules SIMON. Or, ébaucher cette enquête, comme cherchent à le faire quelques-uns de nos collègues dans un intérêt que je respecte et avec une conviction que je respecte au moins autant, en venant ici nous lire les assertions d'un groupe d'industriels, et même d'une simple mai

son de commerce, c'est, en vérité, faire perdre le temps à la Chambre. Personne ne peut se dissimuler qu'avec ces témoignages intéressés, non contrôlés, contradictoires, insignifiants par leur petit nombre, on n'avance en rien l'élucidation d'une question qui intéresse au plus haut degré le pays tout entier. (Assentiment sur plusieurs bancs.)

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Je fais cette remarque parce qu'elle ressort de la situation, et que nous sommes exposés, si la discussion se prolonge, et je ne désire pas qu'elle se prolonge longtemps encore, à voir défiler devant nous, sans ordre, sans méthode, des renseignements confus, qui serviront seulement à embrouiller la question et à faire perdre de vue les principes. (Nouvel assentiment sur les mêmes bancs.)

Pour moi, Messieurs, ainsi que je l'ai dit, je tâcherai de faire rentrer un peu dans la discussion les chiffres qui en avaient été chassés hier à deux heures de l'après-midi; mais je le ferai avec une discrétion extrême, avec tant de discrétion, qu'on m'accusera de tous côtés de n'en pas produire assez; car tous ceux qui ont un chiffre veulent qu'on le cite, et ils se regardent comme blessés si leur attestation n'est pas apportée à cette tribune. Mais qu'ils se tranquillisent; tout le monde dans la

Chambre, partisans et adversaires du LibreÉchange, partisans et adversaires du maintien du traité de commerce, est décidé à ordonner l'enquête parlementaire; or, un grand corps comme celui-ci n'ordonnera pas une enquête pour la rendre immédiatement illusoire, par la façon dont elle sera faite.

Il y aura donc une occasion pour tout le monde. de produire utilement ses assertions dans un moment où elles pourront être non-seulement contrôlées, mais rapprochées les unes des autres et totalisées; jusque-là on ne pourrait que vous faire perdre du temps.

Cela dit, voici, Messieurs, quelques chiffres trèspeu nombreux, qui méritent pourtant que je les indique.

La première assertion des adversaires des traités est celle-ci les traités ont mis la France dans une situation désastreuse.

Eh bien! je réponds par quelques chiffres, et j'avoue modestement que je les emprunte aux Annales du commerce extérieur.

En annonçant ma source, je permets à ceux qui sont occupés à empoisonner les fontaines de dire que cette source ne vaut rien. Pour moi, elle vaut quelque chose, et, quelque décidé que je sois dans

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