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voit ses paysages, grimpé sur un arbre, à travers les mailles du feuillage. Comment échapper aux procédés de ces maîtres? Comment tenter des descriptions qui ne rappelleraient pas les leurs? Camille Lemonnier, par une sorte de miracle dont les histoires littéraires lui sauront gré un jour, a sauvé le paysage de la banalité et de la mort. Lisez plutôt le Vent dans les moulins. Ce livre n'a pas une page qui ne soit un tableau, et un tableau plus frais, plus clair, plus lumineux que toutes les toiles impressionnistes du monde. Au hasard, je relis celui-ci qui me paraît merveilleux :

« Quelquefois, un måt lentement avance entre les saules, pardessus la campagne; et on ne voit pas tout de suite le bateau. Et puis un lourd chaland apparait à la courbe du tournant, dans une large coulée d'or. Le batelier et ses enfants halent à la file, raides sous l'attelle, les bras touchant terre. A chaque pas ils tirent de toute leur force et ensuite la corde une seconde se détend et ils demeurent sur place, sans avancer, le corps oblique, un pied levé; et de nouveau ils donnent le coup de collier. Le petit spitz noir court à côté d'eux, le long de la berge. Appuyée les reins au gouvernail, la batelière pousse à droite ou à gauche le bateau. >>

D'autres se glanent à tout regard jeté entre les pages :

« On n'aurait plus trouvé dans les maisons que les petits enfants mangeant leur tartine près des poules et les aïeules, une manne entre les genoux, pelant des pommes de terre en rond. »>

... « Le rire de la savoureuse jeune femme s'ouvrit comme un frais cœur de pomme, avec les petits pépins blancs des dents sur deux rangs. »

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L'impressionisme littéraire procède par petits détails, par petites taches jetées dans un pêle-mêle apparent qui finit par donner l'impression exacte avec le moins d'apprêt possible. C'est une tentative d'exprimer la nature dans sa complexité infinie, dans ses incessantes et furtives métamorphoses.

Mais le cœur humain n'est pas moins mobile qu'un paysage. En l'espace d'une minute, nous passons par des sentiments contradictoires. Notre esprit est comme une rue de grande ville où les passants et les voitures se heurtent sans cesse dans toutes les directions.

Dans le Sang et les Roses, Camille Lemonnier applique l'impressionisme à l'analyse de ses héros. Jurieu et Claire, nerveux, impressionnables, remplis de doutes, de sentiments contraires, d'amour puis de haine l'un pour l'autre, d'espoir puis de désespoir, ballottés entre des volontés et des désirs qui mutuellement s'anéantissent, décourageaient d'avance une plume experte seulement aux antiques psychologies. Pour des âmes nouvelles, d'un modernisme aussi maladif et aussi aigu, il fallait des notations d'un genre nouveau, il fallait ce système de petites touches légères, côte à côte, se niant l'une l'autre dans le but de mieux affirmer la contradiction, bien humaine, du portrait.

Il serait très difficile d'extraire du livre des exemples qui me fissent comprendre. Séparés de leur cadre, ces paysages d'âmes ne sont plus qu'un mélange confus, presque puéril. Il en est un pourtant que je citerai, non pour attirer sur lui une admiration qu'on ne peut lui donner sans lire le livre entier, mais pour montrer le procédé sur le vif:

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monté des profonds remous, s'était figé là, dans ce mot, comme le bouillonnement d'une écume? Elle le regarda, émue, étonnée, les yeux chargés de conjectures: il vit qu'elle l'aimait toujours. Il en aima d'une vive, inquiète et fraternelle sympathie Maudru (le rival qu'il redoute). Celui-ci fut touché de la douceur et de la sensibilité de ses yeux. Ils vécurent ainsi ensemble un long charme de vie, mélancolique, subtil et muet. »>

Voilà ce qu'on fait avec trois regards quand, après en avoir été le Rubens, on est le Manet de la phrase française. Camille Lemonnier a un génie multiforme comme la vie elle-même. Il est toujours, dans la forêt des mots, le Mâle de son premier livre, à l'affût des trouvailles heureuses et des chasses qui gonflent le carnier.

GEORGES RENCY

EXPOSITION PAUL SIGNAC

C'est une joie pour l'oeil que cette succession declaires marines, de bords de Seine observés dans la splendeur de l'été, de notations ensoleillées fixées sur le bloc de poche au cours d'une excursion en Hollande, de séjours à Saint-Tropez, à Samors et en Normandie. M. Signac y concentre, dans le prime-saut d'impressions tracées à la pointe du pinceau, son art fait de lumière et d'harmonie.

La technique de l'artiste a subi une évolution heureuse. Au lieu de cerner, comme il le faisait jadis, le contour des objets d'un trait sombre, il dessine ses paysages à petites touches prestes et menues juxtaposées sur le champ du bristol en un papillotage multicolore. C'est léger, aéré, vibrant ; cela chante et rit. Les tons sont posés avec une sûreté et une fermeté qui attestent une réelle maitrise. Il faudrait remonter jusqu'aux pimpantes aquarelles de Jongkind pour trouver non pas l'équivalent de cette vision et de ce procédé, mais une parenté spirituelle avec cette peinture fluide, synthétique et instantanée.

Ajoutez à la gaité du coloris la séduction d'une mise en pages judicieuse, souvent inédite, et l'attrait d'une entente savante du rythme des lignes, parallèle à celle de l'harmonie chromique : vous inférerez de cet ensemble d'éléments que l'exposition qui vient de s'ouvrir dans les galeries de M. S. Bing échappe à toute banalité.

Quelques peintures à l'huile complètent le cycle des cent aquarelles réunies par l'artiste. Ici encore M. Signac se montre, par la liberté et l'aisance de la facture, par la souplesse du dessin et le sens aigu de la couleur, en sérieux progrès.

On ne pourrait, au surplus, mieux définir l'action exercée par le peintre que ne l'a fait en ces termes M. Arsène Alexandre, chargé de présenter celui-ci au public :

« A son tour, M. Signac, grâce à l'activité et la lucide curiosité de son esprit, se sent sollicité par une nouvelle étape à parcourir, qui continue celle des impressionnistes, comme celle-ci avait succédé à celle de Corot, qui succédait elle-même à celle de Constable, qui à son tour avait été précédée par celle des paysagistes hollandais. Il n'hésita point à s'engager dans cette voie, et pas un moment il ne lui viendra à l'idée de faire des concessions pour désarmer l'hostilité. Le plaisir qu'il éprouverait aux satisfactions d'amour propre qui sont le paiement des compromis de conscience, lui semblerait singulièrement mesquin et amer auprès de celui que procurent un acte de volonté accompli et l'application de plus en plus perfectionnée d'une vérité scientifique.

Cette vérité, ou plutôt ce faisceau de vérités, c'est l'analyse des lois de la lumière et de la couleur. Il est vraiment singulier que l'on songe à faire un grief à des peintres de chercher à connaître de plus en plus profondément et sûrement ce sans quoi la peinture ne pourrait exister. On ne saurait, sans sottise, reprocher à un écrivain d'avoir poussé à fond l'étude des mots, de leur formation, de leur vie, des lois de leur groupement, de leurs actions et

réactions, et dès qu'on entre dans le domaine des arts, on exige que celui qui les cultive soit un instinctif, et lui-même décrète que l'ignorance doit être une raison de plaire!...

Ce qui cause le malentendu, c'est qu'un peintre peut créer de très belles œuvres, non pas en étant un ignorant de son métier, mais en laissant de côté un principe scientifique qui peut apporter à ce métier des ressources nouvelles, ou même simplement diffé

rentes.

Ce principe, en ce qui regarde M. Signac et son école, c'est celui de la division de la couleur, énoncé scientifiquement par M. Chevreul et mis en pratique, en quelque sorte lyriquement, par Eugène Delacroix. Il y aura bientôt une vingtaine d'années que Georges Seurat, enlevé en pleines recherches et en pleine formation, ce qui fut extrêmement regrettable, vu l'ardeur et l'avidité de ce cerveau, commença, conjointement avec son camarade Signac, à reprendre par une analyse minutieuse et une application patiente ce que Delacroix avait synthétisé par impulsion et par génie,

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Seulement, un principe scientifique est toujours simple et ses conséquences, le jeu de ses applications, sont toujours d'une variété inépuisable. L'attrait qu'exerce sur un esprit à la fois méthodique et enthousiaste l'étude des surprises logiques qui découlent d'une première et concluante expérience, est la volupté intellectuelle la plus grisante et la plus absorbante qui soit. Aussi comprend-on que Seurat, qui a été une grande force de travail, n'ait été qu'une sorte d'évolution incarnée; et comprend-on, d'autre part, que Paul Signac n'ait jamais cherché d'autre récompense que la poursuite de ses travaux eux-mêmes. >>

OCTAVE MAUS

Les Chanteurs de Saint-Gervais.

Nous avons relaté, la semaine dernière, la pénible impression provoquée de toutes parts par la suppression des Chanteurs de Saint-Gervais. Unanimement on regrette la détermination d'un conseil de fabrique assez bouché aux sensations esthétiques pour anéantir, dans un but mesquin d'économie, un noble effort d'art. Car c'est, paraît-il, une question de gros sous qui a amené cette déplorable et injuste décision. Vainement essaie-t-on de défendre le curé de Saint-Gervais et ses fabriciens en disant que leur attitude fut dictée par un récent mandement épiscopal qui interdit aux femmes l'accès des jubés. S'il en était ainsi, comment expliquer la présence à Saint-Gervais, le jour de la Fête-Dieu, d'une jeune et d'ailleurs gracieuse violoniste qui joua pendant la messe qu'en dites-vous? la « Méditation » de Thaïs?!!!...

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La presse s'indigne, et avec raison. Le Figaro, le Journal, le Cri de Paris, l'Echo de Paris, le Soleil, etc. protestent contre la suppression arbitraire d'une institution qui faisait à l'art musical le plus grand honneur.

Voici, entre autres, la note documentée, courtoise et modérée dans la forme qu'a publiée il y a quelques jours le Journal. Souhaitons que la réclamation qu'elle porte devant l'opinion publique soit écoutée.

« Une décision du conseil de fabrique de l'église SaintGervais fait passer les chanteurs de la dite église du cadre d'activité dans celui de l'histoire. Nous espérons que cette mesure sera rapportée ou que, du moins, transportés dans une autre paroisse, les chantres savants et exquis de la maîtrise de Charles Bordes resteront les Chanteurs de Saint-Gervais. C'est sous ce nom de moyen âge et de pieuse naïveté qu'ils ont conquis sans tapage, et dans le ravissement unanime, une célébrité qui a dépassé Paris. Nous les entendimes, au printemps de 1899, fêter le double centenaire de la mort de Jean Racine, en emplissant de leur harmonie, si adéquate aux choeurs d'Esther qu'ils chantaient, la vieille et modeste église de La Ferté-Milon. Bien sûr, leur vogue était mondaine, et la plupart de ceux et de celles qui délaissaient les chapelles de leur quartier pour venir entendre leurs clairs et profonds accents, n'écoutaient guère l'épitre ou l'Evangile. Mais il faut, pour leur salut, avouer qu'ils ne se fussent

rendus ni à matines ni à vêpres en leur abside paroissiale.Et n'étaitil pas agréable au Seigneur que ses âmes distinguées vinssenouïr ses louanges dans cette roide, grise et haute église, si loint taine et si mal entourée d'hospices moroses et de bâtiments municipaux ou trop ternes ou trop neufs?

On se rappelle l'extase laïque qui salua les chanteurs à leurs débuts. Ils étaient tous instruits, éminents dans leur art, et littéraires. Leur sous-chef, M. Grivollet, fréquentait assidûment chez M. Mallarmé, à ses mardis. Il y a dix ans que Charles Bordes, en un jeune enthousiasme, réunit ses camarades de foi artistique et de foi, sans plus, et qu'il en fit cette phalange sacrée, «< pour la remise en honneur de la musique religieuse traditionnelle des XVo, xvie et xvire siècles. » Palestrina, Cimarosa, les Bach revécurent dans leur inspiration et leur âme et le chant grégorien, restauré à Solesmes par les bénédictins, eut pour la première fois son ampleur et sa pureté.

En 1894, Bordes fonda la Scola cantorum, qui eut un journal et des concours, des brochures, avant d'avoir un local. La Scola ne s'installa qu'en 1895 dans une salle de la rue Stanislas, où on logea un orgue, douze pianos, un atelier de gravure, pour les enfants, et tout de même un magasin de vente. Le 3 novembre 1900, la Scola se transporta rue Saint-Jacques. C'était le compositeur Vincent d'Indy qui prenait la direction artistique de l'entreprise. Toujours secondé par son infatigable et vénérable compagnon de la première heure, M. Alexandre Guilmant, Bordes poursuivait sa tâche. L'œuvre perdait, à vrai dire, un peu de son caractère religieux. Des élèves femmes, de plus en plus nombreuses, s'ajoutaient aux exécutants; on enseignait des maîtres profanes dans le même temps que les classiques et pieux inspirés. C'était, pour prendre l'expression d'un apologiste, un Conservatoire libre. Les femmes suivirent les chanteurs à l'église. Leurs voix pures se mêlèrent à leurs graves voix.

Et les chanteurs de Saint-Gervais, telle la musique de la garde républicaine, alla « donner » en province et à l'étranger. Ils charmèrent, pendant l'Exposition de 1900, la reconstitution du Vieux-Paris. Depuis, en dépit de leur illustration, ils reprirent leur service, leur service divin. Pourquoi donc cette intransigeance des autorités ecclésiastiques? Déjà, le conseil de fabrique de la Trinité avait enlevé à Alexandre Guilmant son siège d'organiste

D'ailleurs, faut-il rappeler qu'au carême de 1901, l'archevêché avait formellement désapprouvé les concerts organisés à SaintEustache par M. d'Harcourt? Est-ce la présence des femmes au choeur qui indispose l'Eglise? Et va-t-on rompre avec l'essor moderne de la musique religieuse, qui, à Saint-Philippe-du-Roule, par exemple, n'accordait qu'aux mariages de première classe la marche de Tannhäuser?

Il était utile, au moment d'un licenciement qu'il faut espérer provisoire, de mettre à l'ordre du jour de l'actualité ces soldats de la foi et de l'art.

En tous cas, les chanteurs de Saint-Gervais ne disparaitront pas et ils affirmeront encore leur existence dès aujourd'hui, dimanche, en prenant part au concert organisé par la Scola cantorum au bénéfice des victimes de la Martinique.

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La Musique à Paris.

Les Grands Concerts ayant clôturé leur saison, la Scola étant toute à ses examens de fin d'année, la Société Nationale à l'élaboration d'œuvres nouvelles, c'est dans l'intimité des soirées particulières et des five o'clock que s'est réfugiée la musique. Parmi les séances, assez nombreuses, de la semaine dernière, signalons l'audition donnée à la salle Pleyel, avec le concours d'artistes de choix, des œuvres de M. Henri Thiébaut et dont le succès pourrait bien valoir au directeur de l'Ecole de musique d'Ixelles la publication prochaine, par un éditeur parisien, des Noëls flamands qu'il a si joliment harmonisés et dont la plupart ont une saveur locale très appréciée.

Le comte Henry de Saussine, dont l'éclectisme éclairé combine avec une admiration profonde pour le drame lyrique un pen

chant non dissimulé pour les petits maitres du XVIe siècle, a eu l'heureuse idée de faire exécuter chez lui, par un groupe d'artistes et d'amateurs qui ont rivalisé de talent et de goût musical - Il Matrimonio segreto de D. Cimarosa, qui inspira, on le sait, à Stendahl quelques-unes de ses plus jolies pages. La première audition eut lieu dans l'hôtel familial de la rue Saint-Guillaume mercredi dernier, en matinée. Une deuxième audition en fut donnée vendredi soir. La troisième aura lieu demain.

Un auditoire des plus élégants a fait fête à l'œuvre spirituelle et charmante d'un maitre que la gloire de Mozart a injustement relégué dans l'oubli. Le Mariage secret est plein de trouvailles mélodiques gracieuses, de détails amusants dont la musicalité s'accorde avec une bouffonnerie exempte de trivialité. Représentée sur la scène dans le style qu'elle exige — et que surent lui donner la comtesse de Saussine, la baronne de Perthuis et Mme de Laboulaye, MM. Maurice Bagès, Charles Guiod et Stéphane Dubois, fort bien accompagnés par Mme Metman, le comte H. de Saussine. le vicomte de La Laurencie et M. Destombes, cette opérette légère intéresserait, à coup sûr, par l'archaïsme de sa fantaisie, le public d'un théâtre lyrique.

La soirée annuelle donnée par Mme Roger dans l'atelier du statuaire de Laheudrie, boulevard Montparnasse, était consacrée entièrement à Gabriel Fauré. Un petit centenaire, comme on dit ici. Séance exquise, dirigée par Pierre de Bréville avec sa précision sûre et sa fine compréhension artistique. Au programme le Tantum ergo (soli, choeurs et orchestre) et le Requiem (soli, chœurs, orchestre et grandes orgues), exécutés l'un et l'autre avec un ensemble impeccable et une expression qui a fait apprécier toute la beauté de ces deux pages magistrales. Les chœurs ont droit à un éloge spécial pour leur homogénéité et la qualité des voix qui les composent. Les soli ont été chantés à merveille par Mile Thérèse Roger et Colette Bourgoin, par Mme G. Rolin et par MM. Maurice Bagès et Viguié. On a bissé le Pie Jesu, dit avec un sentiment profond par Mile Roger, qui a chanté en outre, soit seule, soit avec M. Bagès, quelques-unes des plus belles mélodies de Fauré accompagnées au piano par l'auteur.

0. M.

Loustic cherche à la défendre et reçoit un coup de poing qui défonce sa frêle poitrine. On le transporte à l'hôpital et Jean Taureau va en prison. Un an plus tard le petit blessé, convalescent, respire l'air d'un soir d'automne dans le petit jardin dont les Jolicoeur sont devenus propriétaires depuis que Geneviève, conseillée par Jacques, gagne beaucoup d'argent. Et l'hercule est revenu, repentant, demander pardon; maladroitement il révèle au pauvre Loustic, jusque-là bercé d'un irréalisable espoir, les amours de Jacques et de Geneviève, et l'enfant, désespéré et résigné, s'éteint tout doucement.

Elle est banale, mais jolie, cette intrigue simple que M. Coquard saupoudra de musiquette somme toute point désagréable ni ennuyeuse. Par endroits, de jolis moments d'émotion discrète ; la scène entre Jean Taureau et Geneviève n'est pas sans une certaine puissance; peut-être trouvera-t-on drôle la plaintive mélopée que murmure Loustic convalescent, laquelle ressemble étrangement à l'air connu : « Mad'moisell' écoutez-moi donc! » Ce que je blâmerai surtout, c'est la continuelle élision de syllabes muettes Quell' sottise, j'ai tant d'chagrin, il n'y pens' plus. M. Coquard me semble élever à la hauteur d'une institution un procédé qu'il ferait bien de laisser au café-concert où il l'a évidemment pris.

Un mot seulement de l'interprétation. Acteurs, musiciens et chef d'orchestre semblent tous ravis de la nouvelle pièce et tout marche à souhait. Mile Guiraudon est une bien jolie Geneviève qui chante exquisement. M. Bourdon (Jean Taureau) est excellent, et tous les autres rôles sont tenus d'une façon très satisfaisante. Il eût fallu d'ailleurs une singulière originalité aux artistes pour rendre déplaisants des personnages aussi pareils à trouver dans n'importe quel bon petit opéra comique, pas trop subversif et recommandé aux familles.

M.-D. CALVOCORESSI

LE THÉATRE A PARIS

La Troupe Jolicoeur, opéra comique en trois actes de M. ARTHUR COQUARD. Représenté pour la première fois le vendredi 30 mai 1902.

Moins une œuvre est, je ne dirai pas révolutionnaire, mais tout simplement tendancieuse, et plus il est aisé de la juger. La Troupe Jolicœur est, à première vue, un honnête petit opéra comique sans plus; mais, à bien l'examiner, on s'aperçoit que M. Coquard penche vers l'école des Mascagni et des Puccini et, malgré quelques inévitables réminiscences de Massenet, le style musical autant que la conception de sa pièce me semblent indiquer nettement une tendance vers le fâcheux vérisme. Faut s'en inquiéter ou n'y pas attacher d'importance, je n'en sais trop rien; il me suffit de le constater.

Voici un aperçu du sujet : Le premier acte nous transporte en pleine fête foraine; de vrais chevaux de bois tournent montés par de vraies fillettes; des gens tirent avec de vrais pistolets Flobert, On voit un vrai orgue de bouteilles : toutes les musiques foraines jouent pêle-mêle, qui du Bruant, qui du Ganne, qui de l'Ambroise Thomas. L'effet est amusant mais rappelle trop manifestement les Chevaux de bois de Charpentier; il ne pouvait guère en être autrement. La troupe Jolicoeur comprend notamment un hercule, Jean Taureau, et un jeune pitre du nom de Loustic; tous deux sont amoureux de Geneviève, une petite abandonnée, recueillie par la brave maman Jolicœur et qui, devenue grande, chante de sentimentales romances et ramasse nombre de gros sous. Mais la jeune fille n'aime que Jacques, un compositeur qui l'a vue une fois et depuis la suit partout. Jean Taureau est furieux d'être délaissé, et un soir qu'il est rentré ivre il veut frapper Geneviève,

NÉCROLOGIE

Benjamin Constant.

L'un des peintres français les plus réputés parmi les artistes officiels, assidus aux Salons des Champs-Elysées, M. Benjamin Constant, a succombé le 26 mai aux suites d'une albuminurie. Il était né à Paris le 10 juin 1845.

M. Benjamin Constant dut ses principaux succès aux inspirations qu'il rapporta d'Orient : Les Prisonniers marocains, L'Entrée de Mahomet II à Constantinople, Les Favorites de l'Emir, Le Passe-Temps d'un kalife, Les Chérifas, etc.

On lui doit aussi des travaux décoratifs (hôtel de Ville de Paris, Sorbonne, Opéra-Comique) et de nombreux portraits parmi lesquels ceux de la reine Victoria, du duc d'Aumale, du pape Léon XIII, etc. Deux portraits de lui figurent au Salon des artistes français ceux de lord Saville et de M. de Blowitz.

PETITE CHRONIQUE

Le bureau de location est ouvert pour le concert-festival que les directions des théâtres royaux de la Monnaie et du Parc, des Concerts Ysaye et des Concerts populaires organisent au théâtre de la Monnaie pour venir en aide aux survivants de la terrible catastrophe des Antilles.

Ce grand concert, auquel les artistes belges participeront, aurà lieu le mardi 10 et promet d'être une glorieuse manifestation de l'art belge.

Nous avons dit que parmi les nouveautés de la prochaine campagne de la Monnaie figurait l'Etranger de M. Vincent d'Indy, dont nous publions ci-dessus l'analyse. L'oeuvre sera représentée également à Lyon et à Rouen, mais l'auteur en a réservé la pri

meur au théâtre de la Monnaie qui a monté, on s'en souvient, son premier drame lyrique, Fervaal, avant l'Opéra-Comique de Paris.

Jusqu'au 10 de ce mois, la tournée Desmarets donne à l'Alcazar quatre représentations extraordinaires de la Police tolère, pièce qui n'a pu être représentée à Paris par suite de l'interdiction de la censure.

C'est M. Lespinasse qui dirige, cette année, la campagne d'opérette du théâtre Molière. Le premier spectacle: Boccace, est monté avec des soins luxueux. Dans l'interprétation, MM. Lespinasse, Sylvain Mile Vial; chef d'orchestre: M. Maubourg.

Aujourd'hui. dimanche, deux représentations, en matinée, à 2 heures, et le soir à 8 heures.

Au Waux-Hall, aujourd'hui dimanchic, concert extraordinaire avec le concours du chansonnier M. Lefèvre.

Jeudi prochain, 12 juin, à 8 h. 1/2 du soir, à l'Ecole de musique et de déclamation d'Ixelles (directeur fondateur: M. Henri Thiébaut, local école primaire, 53, rue d'Orléans), seizième conférence par M. L. Wallner sur J.-S. Bach. Partie musicale par Mme Bastien, du théâtre de la Monnaie, Mme Cousin, professeur à l'école, et M. Backaert, répétiteur à l'école.

Le Musée de Berlin vient d'acheter au sculpteur Jules Lagae l'excellent buste de M. Lequime, que nous avons admiré à la Libre Esthétique.

D'autre part, le Musée de Carlsruhe a acquis le beau groupe, déjà connu, représentant son père et de sa mère.

Les concours publics du Conservatoire de Bruxelles s'ouvriront le lundi 16 juin, à 10 heures du matin.

Mardi 17, à 9 h. 1/2, les instruments de cuivre. Jeudi 19, à 9 heures et à 3 heures, les bois. Samedi 21, à 9 h. 1/2, alto, violoncelle et contrebasse. Lundi 23, à 10 heures, la musique de chambre avec piano et la harpe. Mercredi 25, à 9 heures et à 3 heures, piano (jeune filles). Jeudi 26, à 10 heures, le prix Laure Van Cutsem (jeunes filles) et le piano (jeunes gens). Samedi 28, à 3 heures, l'orgue. Le violon prendra quatre séances : le lundi 30 et le mardi 1er juillet, matin 9 heures et après-midi 3 heures. Vendredi 4, à 3 heures, chant théâtral (hommes). Samedi 5, à 9 h. 1/2 et 3 heures, chant théâtral (jeunes filles) et duos de chambre. Mardi 15, à 3 heures, tragédie et comédie.

M. Ernest Van Dyck vient d'arriver à Paris pour y chanter trois fois le rôle de Tristan au Festival lyrique. La première de ces représentations a eu licu hier. Les deuxième et troisième sont fixées à mardi et à jeudi prochains.

Demain lundi, mercredi et vendredi, trois représentations extraordinaires du Crépuscule des dieux sous la direction de M. Hans Richter.

La représentation de samedi (abonnement courant) aura lieu avec le concours de M. Burgstaller et de Mme Bréma.

Paraitra cette semaine : Tendresse, roman de notre collaborateur Albert Erlande (Paris, Ollendorff).

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