Page images
PDF
EPUB

comprendre les alliés de la Grande-Bretagne en guerre avec la France.

Si, d'un autre côté, la cour de Vienne n'a de part à la démarche du prince de Starhemberg qu'une simple autorisation de recevoir et de transmettre au gouvernement britannique les communications dont la France jugerait à propos de le charger, dans ce cas le soussigné à ordre de faire observer au prince Starhemberg, que, quoique le caractère dont il est revêtu par sa cour et les formalités par lesquelles il a été accrédité auprès de Sa Majesté, doivent lui mériter une entière confiance dans l'exercice des fonctions diplomatiques qu'il remplit au nom de l'empereur son maître, cependant, lorsqu'il déclare parler au nom d'une autre puissance, la cour à laquelle il s'adresse ne croit pas devoir admettre une communication semblable, et en faire la base d'une mesure publique et importante, à moins qu'il ne lui soit présenté une autorisation précise à cet effet, et un document spécial et authentique.

D'après la teneur de la note du prince Starhemberg, il paraît que la note du soussigné, du 23 novembre, a été communiquée au gouvernement français. Le gouvernement français est donc muni d'un gage solennel et authentique des dispositions pacifiques de Sa Majesté. Il en résulte que Sa Majesté a le droit d'attendre un gage également solennel et authentique des dispositions réciproques de la France, avant que l'on exige d'elle des explications ultérieures.

La proposition faite à Sa Majesté d'envoyer des négociateurs à Paris, sans qu'il soit fait mention d'une réciprocité de mesures précises et ostensibles de la part de la France, sur les déclarations déjà faites au nom de Sa Majesté, est si éloignée de fournir la preuve d'une disposition réciproque, qu'elle ne peut être considérée par Sa Majesté que comme renfermant un doute inexcusable de la sincérité des déclarations de Sa Majesté.

Mais ce défaut d'une autorisation formelle et d'une assurance réciproque n'est pas le seul vice matériel de cette communication du prince Starhemberg.

Sa Majesté est invitée à envoyer des plénipotentiaires à Paris, sans qu'on lui donne la plus légère connaissance des bases sur lesquelles on veut fonder cette négociation.

Si on avait pu mettre en question qu'il fût nécessaire d'établir préalablement la base de la négociation pour fonder l'espérance de son heureuse conclusion, l'expérience de la dernière négociation avec la France aurait mis la chose hors de doute.

Elle a également démontré le désavantage et l'inconvénient d'une négociation à Paris.

Sa Majesté veut traiter avec la France, mais elle ne veut traiter que sur le pied d'une égalité parfaite. Elle est prête à traiter avec les alliés de la France; mais la négociation doit également embrasser les intérêts des alliés de la Grande-Bretagne.

Aussitôt que les bases d'une négociation auront été déterminées d'une manière satisfaisante, et qu'on sera convenu d'un lieu contre lequel il ne puisse être fait d'objection, Sa Majesté sera disposée à nommer des plénipotentiaires pour se réunir à ceux des autres puissances engagées dans la guerre mais Sa Majesté ne consentira pas de nouveau à envoyer ses plénipotentiaires dans une capitale hostile.

:

Mais, lorsque Sa Majesté a permis au soussigné d'adresser cette exposition franche et nullement équivoque de ses sentiments au ministre de l'empereur d'Autriche, elle a en même temps chargé

[blocks in formation]

Les circonstances actuelles de l'Europe nous ont réunis à Erfurth. Notre première pensée est de céder au vou et aux besoins de tous les peuples, et de chercher, par une prompte pacification avec Votre Majesté, le remède le plus efficace aux malheurs qui pèsent sur toutes les nations. Nous en faisons connaître notre sincère désir à Votre Majesté par cette présente lettre.

La guerre longue et sanglante qui a déchiré le continent est terminée, sans qu'elle puisse se renouveler. Beaucoup de changements ont eu lieu en Europe beaucoup d'Etats ont été bouleversés. La cause est dans l'état d'agitation et de malheurs où la cessation d'un commerce maritime a placé les grands peuples. De plus grands changements encore peuvent avoir lieu, et tout contraires à la politique de la nation anglaise. La paix est donc à la fois dans l'intérêt des peuples de la Grande-Bretagne.

Nous nous réunissons pour prier Votre Majesté d'écouter la voix de l'humanité, en faisant taire celle des passions, de chercher, avec l'intention d'y parvenir, à concilier tous les intérêts, et par là garantir toutes les puissances qui existent et assurer le bonheur de l'Europe et de cette génération à la tête de laquelle la Providence nous a placés.

NAPOLÉON. ALEXANDRE.

No 2.

Copie de la lettre du ministre des relations extérieures à M Canning.

(Jointe à la lettre des deux empereurs). Erfurth, le 12 cctobre 1808.

Monsieur,

J'ai l'honneur d'adresser à Votre excellence une lettre que l'EMPEREUR DES FRANÇAIS et celui de toutes les Russies écrivent à S. M. britannique. Sans doute la grandeur et la sincérité de cette démarche seront appréciées: on ne peut attribuer à faiblesse ce qui est le résultat de l'intime liaison des deux plus grands monarques du continent, unis pour la paix comme pour la guerre.

S. M. L'EMPEREUR m'a chargé de faire connaître à Votre Excellence qu'elle a nommé des plénipotentiaires, qui se rendront dans la ville du continent où S. M. le roi de la Grande-Bretagne et ses alliés enverront leurs plénipotentiaires. Quant aux bases de la négociation, Leurs Majestés sont disposées à adopter celles précédemment pro

[blocks in formation]

J'envoie à Votre Excellence une lettre que les Empereurs écrivent au roi d'Angleterre. S.M. I'Empereur de Russie se flatte que l'Angleterre appréciera la sincérité et la grandeur de cette démarche elle ne peut attribuer à faiblesse ce qui est le résultat de l'union intime des deux plus grands monarques du continent, unis pour la paix comme pour la guerre.

Sa Majesté m'a chargé de faire connaître à Votre Excellence qu'elle a nommé des plénipotentiaires, qui se dirigeront sur la ville du continent, où S. M. le roi d'Angleterre et ses alliés dirigeront leurs plénipotentiaires; et que, quant aux bases de la négociation, Leurs Majestés ne trouvent pas d'inconvénient à adopter toutes celles précédemment proposées par l'Angleterre même, savoir, l'uti possidetis, et toute autre base fondée sur la justice et sur la réciprocité et l'égalité qui doivent régner entre toutes les grandes nations. J'ai l'honneur d'être, etc.

Signé COMTE DE ROMANZOFF.

[blocks in formation]

Ayant mis sous les yeux du roi mon maître les deux lettres que Votre Excellence m'a transmises d'Erfurth, dont une était adressée à Sa Majesté, j'ai reçu l'ordre de Sa Majesté de répondre à cette lettre par la note officielle que j'ai l'honneur de joindre ici.

Il m'est ordonné d'ajouter que Sa Majesté ne tardera pas à communiquer au roi de Suède et au gouvernement d'Espagne les propositious qui ont été faites à Sa Majesté.

Votre Excellence sentira qu'il est nécessaire que Sa Majesté reçoive, sans délai, l'assurance que l'admission du gouvernement d'Espagne, comme

[blocks in formation]

Traduction de la note de M. Canning adressée à M. le comte de Champagny.

(Jointe à la lettre du même jour.)

Londres, le 28 octobre 1808.

Le roi a constamment déclaré qu'il désirait la paix, et qu'il était prêt à entrer en négociation pour une paix générale, sur des termes conformes

ce qu'exigent l'honneur de sa couronne, sa fidélité à ses engagements, le repos durable et la sécurité de l'Europe. Sa Majesté répète cette déclaration.

Si l'état du continent est un état d'agitation et de misère, si plusieurs Etats ont été renversés, si d'autres encore sont menacés de l'être, c'est une consolation pour le roi de penser qu'aucune partie de ces convulsions qu'on a déjà éprouvées ou dont on est menacé pour l'avenir, ne peut, en aucun point, lui être imputée.

Le roi reconnaît volontiers que d'aussi terribles changements sont en effet contraires à la politique de la Grande-Bretagne.

Si là cause de tant de misère se trouve dans la stagnation des relations commerciales, quoiqu'on ne dût point attendre de Sa Majesté qu'elle apprit seulement avec regret que le système imaginé pour la destruction du commerce de ses sujets est retombé sur ceux qui en ont été les auteurs ou les instruments, cependant il n'est ni dans les dispositions de Sa Majesté, ni dans le caractère du peuple sur lequel elle régne, de se réjouir des privations et des malheurs des nations mêmes qui se sont coalisées contre lui.

Sa Majesté désire avec sollicitude la fin des souffrances du continent.

En s'engageant dans la guerre actuelle, elle a eu pour objet immédiat la sûreté nationale. Cette guerre ne s'est prolongée que parce que ses ennemis n'ont offert aucun moyen de la terminer avec sécurité et d'une manière honorable.

Mais, dans le cours d'une guerre commencée pour sa propre défense, de nouvelles obligations ont été imposées à Sa Majesté en faveur des puissances que les agressions d'un ennemi commun ont forcées de faire cause commune avec elle, ou qui ont sollicité l'assistance et l'appui de Sa Majesté pour le recouvrement de l'indépendance nationale.

Les intérêts de la couronne de Portugal et ceux de Sa Majesté Sicilienne sont confiés à l'amitié et à la protection de Sa Majesté.

Sa Majesté tient au roi de Suède par les liens de la plus étroite alliance, et par des stipulations qui unissent leurs conseils pour la paix comme pour la guerre.

Sa Majesté n'est encore liée à l'Espagne par aucun acte formel; mais elle a contracté avec cette nation, à la face de l'univers, des engagements non moins sacrés, et qui, dans l'opinion de Sa Majesté, la lient autant que les traités les plus solennels.

Sa Majesté suppose donc qu'en lui proposant

des négociations pour la paix générale, les relations subsistant entre elle et la monarchie espagnole ont été clairement prises en considération, et que l'on a entendu que le gouvernement agissant au nom de Ferdinand VII serait partie dans les négociations dans lesquelles Sa Majesté est invitée à entrer.

N° 7.

Copie de la lettre de M. Canning à l'ambassadeur de Russie à Paris.

(Cette lettre a été remise à M. de Romanzoff. Elle était accompagnée d'une note de M. Canning, en date du 28 octobre, entièrement conforme à celle adressée à M. de Champagny.)

Londres, le 28 octobre 1808.

Monsieur l'ambassadeur,

Ayant mis sous les yeux du roi mon maître les deux lettres que M. le comte Nicolas de Romanzoff m'a transmises d'Erfurth, j'ai reçu les ordres de Sa Majesté de répondre à celle qui lui est adressée, par la note officielle que j'ai l'honneur d'envoyer ci-jointe à Votre Excellence.

Quelque disposée qu'aurait pu être Sa Majesté à répondre directement à S. M. T'empereur de Russie, vous ne sauriez ne pas sentir, Monsieur l'ambassadeur, que par la façon inusitée dont les lettres signées par Sa Majesté Impériale ont été rédigées, et qui les a privées entièrement du caractère d'une communication particulière et personnelle, Sa Majesté s'est trouvée dans l'impossibilité de se servir de cette marque de respect envers l'empereur de Russie, sans reconnaître en même temps des titres que Sa Majesté n'a pas reconnus.

J'ai ordre d'ajouter au contenu de la note officielle, que Sa Majesté s'empressera de communiquer à S. M. le roi de Suède, et au gouvernement actuel de l'Espagne, les propositions qui lui ont été faites.

Votre Excellence verra qu'il est de toute nécessité que Sa Majesté soit immédiatement assurée que la France reconnaisse le gouvernement de l'Espagne comme partie à toute négociation.

Que telle soit l'intention de l'empereur de Russie, Sa Majesté ne peut pas en douter.

Sa Majesté se rappelle avec satisfaction le vif intérêt que Sa Majesté Impériale a toujours témoigné pour le bien-être et la dignité de la monarchie espagnole, et elle n'a pas besoin d'autre assurance que Sa Majesté Impériale ne saurait avoir été induite à sanctionner par sa concurrence ou par son approbation, des usurpations dont le principe n'est pas moins injuste que l'exemple en est dangereux pour tous les souverains légitimes. Aussitôt que les réponses sur cet objet auront été reçues, et que Sa Majesté aura appris les sentiments de S. M. le roi de Suède et ceux du gouvernement de l'Espagne, je ne manquerai pas de prendre les ordres de Sa Majesté pour les communications à faire sur les objets ultérieurs de la lettre de M. le comte de Romanzoff.

J'ai l'honneur d'être, etc.

Signé GEORGE CANNING. N° 8.

Copie de la lettre de M. le comte de Champagny à M. Canning.

(Remise au courrier anglais porteur de la lettre du 28 octobre.)

Paris, le 31 octobre 1808. Monsieur, S. M. L'EMPEREUR mon maitre étant parti de Paris, je ne veux pas attendre ses ordres pour accuser réception à Votre Excellence de la lettre qu'elle m'a fait l'honneur de m'écrire le

[blocks in formation]

Le prompt départ du courrier anglais qui m'a remis la lettre de Votre Excellence, en date du 28 de ce mois, m'oblige de me borner en ce moment à vous en accuser la réception. Je me félicite de ce que mon arrivée à Paris m'a mis à portée de recevoir moi-même cettre lettre adressée

l'ambassadeur de Russie; et M. de Tolstoï, qui occupait ce poste, ayant été rappelé par l'Empereur mon maître, pour être remplacé par le prince Kourakin, je me vois avec plaisir dans le cas de correspondre directement avec Votre Excellence. J'ai l'honneur, etc.

Signé COMTE N. DE ROMANZOFF.

No 10.

Copie de la note adressé e par S. Exc. le comte de Champagny à M. Canning. (Réponse à la note du 28 octobre.)

Paris, le 28 novembre 1808.

Le soussigné a mis sous les yeux de l'EMPEREUR Son maître la note de S. Exc. M. Canning.

S'il était vrai que les maux de la guerre ne se fissent sentir que sur le continent, il y aurait sans doute peu d'espérance d'arriver à la paix.

Les deux Empereurs s'étaient flattés qu'on ne se serait pas mépris à Londres sur le but de leur démarche. Le ministre anglais l'aurait-il attribuée à faiblesse ou besoin, lorsque tout homme d'Etat impartial reconnaîtra, dans l'esprit de paix et de modération qui l'a dictée, le caractère de la puissance et de la véritable grandeur? La France et la Russie peuvent soutenir la guerre aussi longtemps qu'on ne sera pas revenu à Londres à des dispositions justes et égales; et elles y sont déterminées.

Comment le Gouvernement français peut-il considérer la proposition qui lui est faite d'admettre à la négociation les insurgés espagnols? Qu'aurait dit le Gouvernement anglais, si on lui avait proposé d'admettre les insurgés catholiques d'Irlande? La France, sans avoir de traité avec eux, a eu aussi avec eux des rapports, leur a fait des promesses, et souvent leur a envoyé des secours. Une telle proposition pouvait-elle trouver place dans une note où l'on devait avoir pour but, non d'irriter, mais de chercher à se concilier et à s'entendre!

L'Angleterre serait dans une étrange erreur, si, contre l'expérience du passé, elle avait encore l'idée de lutter avec avantage sur le continent contre les armées françaises! Quel espoir auraitelle, aujourd'hui surtout que la France est irréVocablement unie avec la Russie?

Le soussigné est chargé de réitérer la proposition d'admettre à la négociation tous les alliés du roi d'Angleterre, soit le roi qui règne au Brésil,

[blocks in formation]

Je transmets à Votre Excellence ma réponse à la note du 28 octobre, qu'elle a bien voulu adresser à M. le comte de Tolstoï, et je saisis avec empressement cette nouvelle occasion de lui réitérer les assurances de ma haute considération.

Signé COMTE ROMANZOFF.

N° 12.

Copie de la note de M. le comte de Romanzoff à M. Canning.

Paris, le 16-28 novembre 1808.

Le soussigné, ministre des affaires étrangères de S. M. l'Empereur de Russie, a l'honneur de répondre à la note du 28 octobre, signée par M. Canning, secrétaire d'Etat de S. M. le roi de la Grande-Bretagne, et adressée par S. Exc. à M. l'ambassadeur de Russie à Paris,

Que l'admission des rois alliés de l'Angleterre au congrès ne peut être l'objet d'aucune difficulté et que la Russie et la France y consentent.

Mais ce principe ne s'étend pas du tout à ce
qu'il faille y admettre les plénipotentiaires des
insurgés espagnols. L'Empereur de Russie ne le

pas; son empire dans des circonstances ana-
logues, et l'Angleterre peut s'en rappeler une par-
ticulière, a toujours été fidèle au même principe:
de plus, il a déjà reconnu le roi Joseph Napoléon;
il a annoncé à Sa Majesté Britannique, qu'il était
uni avec l'EMPEREUR DES FRANCAIS pour la paix
comme pour la guerre, et Sa Majesté Impériale le
répète ici. Elle est résolue de ne pas séparer ses
intérêts de ceux de ce monarque; mais tous les
deux ils sont prêts à conclure la paix, pourvu
qu'elle soit juste, honorable et égale pour toutes
les parties.

Le soussigné voit avec plaisir que, dans cette
différence d'opinions sur les Espagnols, il ne se
présente rien qui puisse empêcher ou retarder
l'ouverture du congrès. Il tire sa persuasion, à cet
égard, de ce que Sa Majesté Britannique a confié
elle-même aux deux Empereurs qu'aucun enga-
sement positif ne la liait avec ceux qui ont pris
les armes en Espagne.

Après quinze ans de guerre, l'Europe a droit de réclamer la paix. L'intérêt de toutes les puissances, y compris celui de l'Angleterre, est de la rendre générale. L'humanité le commande, et un pareil vœu ne sera certainement pas étranger au cœur de Sa Majesté Britannique. Comment se feraitil que seule elle s'éloignât d'un pareil dessein et refùsât de terminer les maux de l'humanité souffrante?

Le soussigné renouvelle par conséquent, au nom de l'Empereur, son auguste maître, la proposition déjà faite d'envoyer des plénipotentiaires dans la ville du continent, qu'il plaira à Sa Majesté

les plénipotentiaires des rois alliés de l'Angle-
Britannique de désigner; d'admettre au congrès
terre; de traiter sur la base de l'uti possidetis et
celle de la puissance respective des parties belli-
gérantes, d'accepter enfin toute base qui aurait
pour but de conclure une paix dans laquelle toutes
les parties trouveraient honneur, justice et égalité.
Le soussigné a l'honneur, etc.

Signé COMTE N. DE ROMANZOFF.

No 13.

Copie de la lettre de M. Canning à M. de Cham

[ocr errors]

pagny.

(Remise au courrier français qui avait apporté les lettres du 28 novembre.)

Monsieur,

Londres, le 7 décembre 1808.

J'ai l'honneur d'accuser réception à Votre Excellence de sa lettre du 28 de ce mois dernier, et de la note officielle qui y était jointe.

Aussitôt que j'aurai reçu les ordres du roi au sujet de cette note, je ne manquerai pas de vous transmettre la réponse que Sa Majesté m'aura ordonné de faire, par un messager anglais. J'ai l'honneur, etc.

Signé GEORGE CANNING.
No 14.

Copie de la lettre de M. Canning à M. le comte de
Romanzoff.

(Remise au courrier français qui avait apporté les
lettres du 28 novembre.)

Londres, le 7 décembre 1808.

Monsieur le comte,

Je ne tarderai pas de transmettre à Votre Excel-
lence, par un courrier anglais, la réponse que le
roi mon maître m'ordonnera de faire à la note
officielle qui était jointe à la lettre de Votre Excel-
lence en date du 16-28 du mois passé, dont j'ai
l'honneur d'accuser la réception.
Je prie Votre Excellence d'agréer, etc.
Signe GEORGE CANNING.
No 15.

Copie de la lettre de M. Canning à M. le comte de
Champagny.

(Apportée par un deuxième courrier anglais.)
Londres, le 9 décembre 1808.

Monsieur,

J'ai l'honneur de transmettre à Votre Excellence la réponse ci-jointe, que Sa Majesté m'a ordonné de faire à la note officielle que Votre Excellence m'a adressée dans sa lettre du 28 novembre.

J'ai l'honneur, etc.

Signé GEORGE CANNING.
No 16.
Copie de la note de M. Canning adressée à M. le
comte de Champagny.

(Accompagnant la lettre du même jour.)
Londres, le 9 décembre 1808.

Le soussigné, principal secrétaire d'Etat de Sa Majesté pour les affaires étrangères, a mis sous les yeux du roi son maître la note qui lui a été transmise par Son Excellence M. Champagny, en date du 28 novembre.

Il lui est spécialement ordonné par Sa Majesté de s'abstenir de relever les choses et les expressions insultantes pour Sa Majesté, pour ses alliés et pour la nation espagnole, dont abonde la note officielle transmise par M. de Champagny.

Sa Majesté aurait désiré traiter sur les principes d'une justice égale, d'une paix qui aurait concilié les intérêts respectifs de toutes les puissances engagées dans la guerre; et Sa Majesté regrette sincèrement que ce désir soit trompé.

Mais Sa Majesté est déterminée à ne pas abandonner la cause de la nation espagnole et de la royauté légitime d'Espagne; et la prétention de la France d'exclure de la négociation le gouvernement central et suprême, agissant au nom de S. M. C. Ferdinand VII, est telle, que Sa Majesté ne pourrait l'admettre sans acquiescer à une usurpation qui n'a rien de comparable dans l'histoire du monde.

Le soussigné prie, etc.

Signé GEORGE CANNING.

N° 17.

Traduction de la note adressée par M. Canning à M. le comte de Romanzoff. (Apportée par un courrier anglais. )

Londres, le 9 décembre 1808. Le soussigné, principal secrétaire d'Etat de Sa Majesté pour les affaires étrangères, à mis sous les yeux du roi son maître la note qui lui a été transmise par Son Excellence le comte Nicolas de Romanzoff, ministre des affaires étrangères de Sa Majesté l'empereur de toutes les Russies, en date du 16-28 novembre.

Le roi voit avec étonnement et regret l'attente que l'on paraît avoir conçue que Sa Majesté commencerait une négociation pour la paix générale, en abandonnant d'abord la cause de la nation espagnole et de la monarchie légitime d'Espagne, par déférence pour une usurpation qui n'a rien de comparable dans l'histoire du monde.

Sa Majesté avait espéré que la part qu'avait l'empereur de Russie dans les ouvertures qui lui étaient faites, aurait offert à Sa Majesté une garantie contre la crainte de se voir proposer une condition aussi injuste dans ses effets, aussi dangereuse dans son exemple.

Et Sa Majesté ne peut concevoir par quelle obligation de devoir ou d'intérêt, ou par quel principe de politique russe, Sa Majesté Impériale peut s'être trouvée forcée de reconnaître le droit que s'est arrogé la France de déposer et d'emprisonner des souverains ses amis, et de s'attribuer à elle-même la souveraineté sur des nations loyales et indépendantes.

Si tels sont les principes auxquels l'Empereur s'est inviolablement attaché, pour le soutien desquels il a engagé l'honneur et les ressources de son empire, et s'il s'est uni à la France pour les établir par la guerre et les maintenir dans la paix, Sa Majesté voit avec un profond regret une détermination qui doit aggraver et prolonger les maux de l'Europe; mais on ne peut lui attribuer d'occasionner la continuation des calamités de la guerre, en faisant évanouir toute espérance d'une paix compatible avec la justice et l'hon

[blocks in formation]
[blocks in formation]

Copie de la lettre de M. le comte de Romanzoff à M. Canning.

(Remise au courrier anglais porteur des lettres du 9 décembre.)

Paris, le 1-13 décembre 1808. Le courrier que j'avais adressé à Votre Excellence est revenu ici, et m'a apporté la lettre qu'elle m'a fait l'honneur de m'écrire le 7 décembre; quelques heures après, le courrier qu'elle a envoyé à Paris m'a remis une lettre de la part de Votre Excellence, sans date, et qui était accompagnée d'une note datée du 9 décembre : je vais transmettre le tout à la connaissance de l'Empereur mon maître.

J'ai l'honneur d'être, etc.

Signé COMTE N. DE ROMANZOFF.
N° 20.

Déclaration de Sa Majesté le roi d'Angleterre, du décembre 1808, insérée dans le Courrier

de Londres du 16 décembre.

Les ouvertures faites à Sa Majesté par les gouvernements de Russie et de France n'ont abouti à aucune négociation; et les communications auxquelles ces ouvertures ont donné lieu étant terminées, Sa Majesté croit devoir, sans délai et publiquement, faire connaitre qu'elles sont ter

minées.

La continuation d'une négociation apparente, quand la paix est reconnue absolument impossible, ne pouvait être avantageuse qu'à l'ennemi.

Elle aurait donné à la France le moyen de semer la défiance et la jalousie dans les conseils de ceux qui se sont réunis pour résister à son oppression; et si, parmi les nations qui présentent contre la France une indépendance douteuse et précaire, il s'en trouve qui, même en ce moment, balançent entre la ruine certaine qui résultera d'une inaction prolongée, et les dangers incertains d'un effort pour échapper à cette ruine, la perspective trompeuse d'une paix entre la Grande-Bretagne et là France ne manquerait pas d'être singulièrement funeste à ces nations. Le vain espoir du retour de la tranquillité pourrait ralentir leurs préparatifs, ou la crainte d'être abandonnées à elles-mêmes pourrait ébranler leurs résolutions.

Sa Majesté était bien persuadée que tel était, dans le fait, le principal objet de la France dans les propositions transmises d'Erfurth à Sa Majesté.

Mais au moment où des résultats si imposants par leur importance, ou si redoutables par leur incertitude, pouvaient dépendre de la détermination de continuer la guerre ou de faire la paix, le roi a cru se devoir à lui-même de s'assurer, au delà même de la possibilité d'un doute, des vues et des intentions de ses ennemis.

Sa Majesté se refusait à croire que l'empereur de Russie se fut si aveuglément et si fatalement dévoué à une puissance avec laquelle Sa Majesté Impériale s'était malheureusement alliée, qu'elle était préparée à seconder ouvertement l'usurpation de la monarchie espagnole, et à reconnaître et à soutenir le droit, que s'est arrogé la France,

« PreviousContinue »