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les espérances de l'EMPEREUR NAPOLÉON, puisque, malgré les mouvements menaçants de ses armées au delà d'une ligne où, pour la sécurité de nos frontières, elles auraient dû s'arrêter, tout chez nous se trouve encore dans le même état qu'au départ du dernier courrier; en effet, pas un homme n'est entré en Prusse ni sur le territoire du duché de Varsovie, et aucun nouvel obstacle n'entrave de notre part le maintien de la paix. Au contraire, les dernières instructions que le prince de Kourakin a reçues, lui fournissent tous les moyens de terminer nos différends, et d'entamer cette négociation que votre cour a désirée. Nous avons appris avec plaisir l'accueil que l'EMPEREUR NAPOLEON a fait à nos propositions; la réponse officielle que Votre Excellence y fera et que le prince Kourakin nous annonce, résoudra définitivement l'importante question de la paix ou de la guerre, La modération qui caractérise celle que j'ai l'honneur de vous adresser aujourd'hui, vous offre, Monsieur le Duc, un sûr garant que l'on ne manquera pas de saisir chez nous toutes les nuances qu'elle pourra présenter en faveur de la paix. Sa Majesté en a trouvé une bien agréable dans la démarche faite auprès du gouvernement britannique. Elle est sensible à l'attention que l'EMPEREUR NAPOLÉON a eue de l'en informer; elle appréciera toujours les sacrifices que ce souverain fera pour la conclusion de la paix générale; à ses yeux, il n'y en a pas qui soient assez considérables pour obtenir un aussi grand et beau résultat.

J'ai l'honneur d'offrir à Votre Excellence, etc. Signé LE COMTE DE ROMANZOW.

Pour copie conforme :

Le ministre des relations extérieures, LE DUC DE BASSANO.

No IX.

Lettre du secrétaire d'état pour les affaires étrangères de S. M. Britannique au ministre des relations extérieures.

London, Foreign-office, 23 April 1812.

SIR, Your Excellency's letter of the 17th inst. has been received and laid before the Prince Regent.

His Royal Highness feels it due to his own honour, before he can authorize me to anter in to explanations on the overture which your Excellency has transmitted, to ascertain the precise meaning attached by the Guvernment of France to the following passage in your Excellency's letter «La dynastie actuelle serait déclarée in« dépendante, et l'Espagne régie par une consti«<tution nationale des Cortès.

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If, as his Royal Highness apprhends, the meaning of this proposition is, that the royal authority of Spain, and the government there of by a Cortez, shall be recognized as reseding in the brother of the Ruler of France, and a Cortez formed under his authority, and not in the legitimate sovereign Ferdinand the Seventh and his heirs, and the extraordinary Cortez now exercicing the powers of government in that kingdom, in his name and in his behalf, I am directed frankly and explicitly to declare to your Excellency, that obligations of good faith preclude his Royal Highness from entertaining a proposition for peace founded upon such a basis.

If, however, the expressions referred to apply

to the exsting Government of Spain acting in the name of Ferdinand the Seventh, upon an assurance from your Excellency to that effect, his Royal Highness will be prepared fully to explain himself on the basis that has been transmitted for his Royal Highness consideration it being his Royal Highness earnest desire, in concert with his allies, to contribute to the repose of Europe, and to bring about a peace which may be at once honourable not only for Great Britain and France, but for those States with which they are respectively in connexion.

Having, without reserve, explained the Prince Regent's sentiments upon a point so necessary to be understood previous to further discussion, I shall fulfill his Royal Highness's instructions, by declining unnecessary and recriminatory observations on collateral topics. I may safely trust the justification of the conduct pursued by the Bristish Government, at the several periods referred to in your Excellency's letter, to the correspondence which passed at the time, and to the judgments which the world has long since passed upon it.

With respect to the particular character which the war has unhappily assumed, and the exclusion and arbitrary principles which your Excellency describes as having marked its progress, whilsh I disclaim on the parts of the Bristish government that those evils are attributable to it, I am authorized to assure your Excellency, that it sincerely deplores their existence, as unnecessarily aggravating the miseries of war, and that it is its anxious desire, whether in war or in peace with France, to see the intercourse between nations restored to the liberal and accustomed principles of former times.

1 take this opportunity of offering to your Excellency the assurances of my high consideration, Signed CASTLEREAGH,

To his Excellency the Minister of

Foreign Relations at Paris.

Pour copie conforme :

Le ministre des relations extérieures
LE DUC de BASSANO.

No IX bis.

TRADUCTION.

Copie de la réponse de Lord Castlereagh, secrétaire d'Etat pour les affaires étrangères de S. M. Britannique à la lettre du ministre des relations extérieures, du 17 avril.

Londres, bureau des affaires étrangères,
23 avril 1812.

MONSIEUR,

La lettre de Votre Excellence, du 17 de ce mois, a été reçue et mise sous les yeux du prince-régent.

Son Altesse Royale a senti qu'elle devait à son honneur, avant de m'autoriser à entrer en explication sur l'ouverture que Votre Excellence a transmise, de fixer le sens précis attaché par le gouvernement de France au passage suivant de la lettre de Votre Excellence: «La dynastie ac«tuelle serait déclarée indépendante et l'Espagne régie par une constitution nationale des Cortès. » Si, comme Son Altesse Royale le craint, le sens de cette proposition est que l'autorité royale d'Espagne et son gouvernement établi par les Cortès

seront reconnus comme résidant dans le frère du chef du Gouvernement français et les Cortès formées sous son autorité, et non dans le souverain légitime Ferdinand VII et ses héritiers, et l'assemblée extraordinaire des Cortès, maintenant investie du pouvoir du gouvernement dans ce royaume, en son nom et sous son autorité, il m'est ordonné de déclarer franchement et explicitement à Votre Excellence que des engagements de bonne foi ne permettent pas à Son Alteesse Royale de recevoir une proposition de paix fondée sur une telle base.

Si cependant les expressions ci-dessus citées s'appliquaient au gouvernement actuel d'Espagne exerçant l'autorité au nom de Ferdinand VII, sur l'assurance qu'en donnera Votre Excellence, le prince régent est disposé à s'expliquer pleinement sur la base qui a été transmise pour être prise en considération par Son Altesse Royale, son désir le plus empressé étant, de concert avec ses alliés, de contribuer au repos de l'Europe, et de travailler à une paix qui puisse être à la fois honorable, nonseulement pour la Grande-Bretagne et la France, mais encore pour ceux des Etats avec lesquels chacune de ces puissances a des rapports d'amitié.

Après avoir exposé sans réserve les sentiments du prince régent sur un point sur lequel il est si nécessaire de s'entendre avant d'entrer dans une discussion ultérieure, je me conformerai aux instructions de Son Altesse Royale en évitant de faire des observations inutiles et des récriminations sur les objets accessoires de votre lettre. Je puis heureusement m'en rapporter pour la justification de la conduite que la Grande-Bretagne a tenue aux différentes époques rappelées par Votre Excellence, à la correspondance qui eut lieu alors et aux jugements que le monde en a depuis longtemps portés.

Quant au caractère particulier que la guerre a malheureusement pris et aux principes exclusifs et arbitraires que Votre Excellence signale comme ayant marqué ses progrès, en niant, en ce qui concerne le gouvernement britannique, que ces maux lui doivent être attribués, je suis autorisé à assurer à Votre Excellence qu'il déplore sincèrement leur existence, comme aggravant inutilement les calamités de la guerre, et que son désir le plus vif, soit en paix soit en guerre avec la France, est de voir les relations entre les nations rendues aux principes libéraux et accoutumés des temps précédents.

Je saisis cette occasion d'offrir à Votre Excellence les assurances de ma haute considération. Signé CASTLEREAGH.

Pour copie conforme :

Le ministre des relations extérieures, LE DUC DE BASSANO.

No X.

Copie d'une lettre du ministre des relations extérieures à M. le comte de Lauriston, ambassadeur de SA MAJESTÉ IMPÉRIALE ET ROYALE à SaintPétersbourg.

Monsieur le Comte,

J'ai l'honneur de vous envoyer les copies de deux notes du prince Kourakin, en date des 30 avril et 7 mai;

D'une note que j'ai adressée à cet ambassadeur e 9 du même mois, et de la réponse qu'il m'a faite le même jour;

Et enfin d'une note du 11 mai, qui m'est parvenue hier, et par laquelle le prince Kourakin re

nouvelle sa demande la plus pressante pour obtenir ses passe-ports.'

SA MAJESTÉ ne peut pas croire, Monsieur le Comte, que cet ambassadeur n'ait pas pris beaucoup sur lui. Elle juge convenable que vous demandiez, par une note adressée à M. le comte Soltykoff, des passe-ports pour vous rendre auprès de M. le comte de Romansoff à Wilna ou dans tout autre lieu de rendez-vous qui vous serait assigné. Vous annoncerez à M. le comte Soltykoff que les communications dont vous êtes chargé, et que vous ne pouvez faire qu'au chancelier ou à l'empereur lui-même, sont aussi importantes que pressantes.

Vous montrerez à M le comte de Romanzoff toutes les pièces que je vous envoie. Vous exprimerez l'étonnement que SA MAJESTÉ a dû éprouver lorsque je lui ai rendu compte de démarches si inattendues et si contraires aux dispositions que l'empereur Alexandre vous avait manifestées à vous-même, lorsque elle a vu que dans les notes de l'ambassadeur de Russie on présentait l'évacuation de la Prusse comme une condition sur laquelle la France n'avait pas même à délibérer; condition telle que SA MAJESTÉ n'en avait jamais proposé de semblables, après les plus grandes victoires; lorsqu'enfin, en réclamant l'indépendance de la Prusse, on viole son indépendance, puisqu'on exige la destruction des engagements politiques qu'elle a contractés, en usant du droit qui appartient à tous les souverains. Vous ferez sentir, Monsieur le Comte, combien les notes du prince Kourakin sont opposées, par leur forme et par leur contenu, aux dispositions pacifiques dont cet ambassadeur donnait l'assurance; par quel esprit de conciliation SA MAJESTÉ est portée à penser qu'en les présentant et qu'en y joignant la demande réitérée de ses passe-ports, il est allé au delà de ce qui lui était prescrit, et avec quel regret, si elles étaient véritablement l'expression des intentions et le résultat des ordres de la cour de Pétersbourg, SA MAJESTÉ verrait s'évanouir tout espoir de parvenir,parune négociation qu'elle a constamment provoquée, depuis près de deux ans, à arranger enfin les différends qui divisent les deux pays.

Vous insisterez, Monsieur le Comte, pour obtenir des explications qui puissent laisser encore la voie ouverte à un accommodement.

J'ai l'honneur, etc.

Certifié conforme :

Le ministre des relations extérieures,
LE DUC DE BASSANO.
No XI.

Copie d'une lettre de M. le comte de Romanzow
M. le comte de Lauriston.

Monsieur l'Ambassadeur,

Sa Majesté Impériale vient d'être informée par le comte de Soltykoff que Votre Excellence avait demandé à pouvoir se rendre près d'elle, afin de pouvoir s'acquitter en personne des ordres qu'elle venait de recevoir de la part de l'EMPEREUR son maître.

Quoique au milieu de ses troupes, Sa Majesté eût trouvé plaisir à se détacher un moment de ses occupations présentes pour recevoir près d'elle l'ambassadeur d'un souverain son allié: mais une circonstance tout à fait étrangère à toutes les pensées de Sa Majesté l'en empêche.

Elle vient d'apprendre ce matin que le cours des postes aux lettres entre son empire et les pays

étrangers a été suspendu à Memel, et, à ce qu'il paraît, toute communication avec son empire est interdite.

Depuis, elle a été avertie qu'un de ses courriers, se rendant de l'une de ses missions près d'elle, n'a pas obtenu la permission de passer la frontière pour se rendre en ses Etats, et qu'il a été nécessité de rebrousser chemin.

Des faits aussi extraordinaires ont besoin d'être éclaircis. Sa Majesté n'étant pas prévenue non plus de la nature des communications dont Votre Excellence est chargée, fidèle à son propre système, qui est de suivre le cours des choses ordinaires dans les relations des deux cabinets, vous invite, Monsieur l'Ambassadeur, à préférer de ne point quitter Pétersbourg, et vouloir bien me faire l'honneur de m'adresser par écrit les communications dont vous devez vous acquitter, ou bien d'en écrire directement à Sa Majesté Impériale, à votre choix, et, afin de vous en procurer le moyen, Sa Majesté m'a prescrit de mettre à cet effet à votre disposition le sieur de Baerens, officier dans le corps des Felde-Jagers, qui aura l'honneur de vous remettre cette lettre.

Je prie Votre Excellence, etc.

Signé LE COMTE DE ROMANZOW.

Pour copie conforme :

Le ministre des relations extérieures,
LE DUC DE BASSANO.

N° XII.

Copie de la lettre de M. comte de Lauriston à M. le comte de Romanzow.

Monsieur le Comte,

Les bontés que j'ai éprouvées de la part de S. M. l'empereur Alexandre, les marques de confiance dont elle avait daigné m'honorer, m'avaient empêché de prévoir aucun obstacle au voyage que je devais faire à Wilna. Je m'y étais donc disposé, malgré des douleurs rhumatismales trèsviolentes que j'éprouve depuis plusieurs jours, sentant toute l'importance des communications que j'étais chargé de faire à Sa Majesté ou à Votre Excellence dans des circonstances où le moindre retard est nuisible. Quel a été mon étonnement en recevant la lettre de Votre Excellence! J'ai vu mon espoir déçu; j'ai vu que je m'étais abusé sur l'idée de la confiance que je supposais que Sa Majesté voulait bien m'accorder, puisqu'elle me refuse toute communication directe, soit avec elle, soit avec Votre Excellence dans un moment où cette confiance, que je croyais avoir méritée par ma conduite, par mon zèle constant pour le maintien de l'alliance, pouvait être, je n'hésite pas à le dire, de la plus grande utilité pour les deux empires. Les raisons même que Votre Excellence met en avant pour arrêter mon départ, me sembleraient, au contraire, devoir le rendre plus nécessaire.

Dans des circonstances aussi pressantes, Monsieur le Comte, que peuvent produire des communications par écrit, auxquelles huit jours suffisent à peine pour avoir une réponse, et qui par leur nature même n'offrent aucun moyen de relever assez à temps, pour en éviter les funestes conséquences, toutes les erreurs, tous les mésentendus qu'on peut commettre de part et d'autre, et qui même sont presque inévitables?

Le but principal, le maintien de la paix, ne serait jamais atteint. C'est parce que l'EMPEREUR, mon maître, avait senti combien les lenteurs sont

préjudiciables dans des moments aussi critiques, qu'il m'avait ordonné de me rendre auprès de l'empereur Alexandre et de Votre Excellence afin d'éclaircir tous les doutes, de lever toutes les difficultés sur des points importants au sujet desquels on ne peut s'expliquer que par cette voie si l'on veut conserver l'espoir d'un arrangement, qui est constamment l'objet de ses voeux. Dans la position nouvelle où me place la lettre de Votre Excellence, il ne me reste plus qu'à prendre les ordres de ma cour sur ma conduite ultérieure. J'expédie un courrier pour les solliciter.

Quant à moi en particulier, Monsieur le Comte, je ne puis cacher à Votre Excellence que je suis profondément affecté d'un refus que je puis regarder comme m'étant tout à fait personnel, puisque tout autre que moi, envoyé directement par mon maître, soit général, soit aide-de-camp, eût sans doute obtenu une faveur qui m'est refusée.

N'ayant aucune nouvelle directe au sujet des communications que Votre Excellence m'assure être suspendues entre la Russie et les pays étrangers, je ne puis répondre à cet article de sa lettre. J'ai l'honneur, etc.

Signé LE COMTE DE LAURISTON.

Pour copie conforme :

Le ministre des relations extérieures,
LE DUC DE BASSANO.

No XIII.

Copie d'une lettre du ministre des relations extérieures à M. le comte de Lauriston.

Thorn, le 12 juin 1812.

Monsieur le comte,

Vous avez vu par la lettre que j'ai eu l'honneur de vous écrire le 20 du mois dernier, que la déclaration faite par le prince Kourakin, le 30 avril, et la demande réitérée de ses passe-ports, avaient paru à SA MAJESTÉ des démarches tellement fortes, tellement décisives dans la circonstance, tellement opposées au langage que cet ambassadeur avait tenu jusqu'alors, qu'elle avait de la peine à croire qu'il n'eût pas pris beaucoup sur lui. Nous avons appris depuis que le gouvernement russe avait fait connaître aux divers cabinets la condition imposée à SA MAJESTÉ de l'évacuation du territoire prussien comme un préalable indispensable de toute négociation.

La lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 22 mai, m'annonce que cette déclaration est connue à Saint-Pétersbourg, et je la trouve en même temps indiquée dans les papiers anglais, comme vous pouvez vous en assurer en lisant la feuille ci-jointe.

On ne peut donc plus douter, Monsieur le Comte, que le prince Kourakin n'ait parfaitement compris ses instructions, et ne s'y soit conformé dans sa déclaration du 30 avril, et lorsqu'il a fait et renouvelé la demande de ses passe-ports.

Les démarches du prince Kourakin avaient déterminé SA MAJESTÉ à partir de Paris. La publicité qui leur a été donnée lui a fait sentir la nécessité de quitter Dresde, et de se rapprocher de son armée.

Elle avait espéré que, jusqu'au dernier moment, des pourparlers pourraient encore avoir lieu mais cet espoir cesse d'exister, lorsqu'elle voit que les propositions qu'on aurait réellement à lui faire sont incompatibles avec son honneur. A Austerlitz, lorsque l'armée russe avait été détruite, lorsque l'empereur Alexandre voyait la

sûreté même de sa personne exposée ; à Tilsitt, lorsqu'il ne lui restait plus aucun moyen de soutenir la lutte dans laquelle toutes les forces de son empire avaient succombé, SA MAJESTÉ ne lui a proposé aucune condition dont son honneur pût s'offenser.

Il est aujourd'hui trop certain, Monsieur le Comte, que le gouvernement est résolu à la guerre, pour qu'il convienne que vous restiez plus longtemps à Pétersbourg. SA MAJESTÉ vous ordonne de demander vos passe-ports, et de repasser la frontière. Vous en ferez la demande en adressant à M. le comte Soltykoff la note dont la minute est ci-jointe.

J'ai l'honneur, etc.

Signé LE DUC DE BASSANO.

Pour copie conforme :
Le ministre des relations extérieures,
LE DUC DE BASSANO.
No XIV.

Copie d'une note de M. le comte de Lauriston à
M. le comte Soltykoff.

Le prince Kourakin, après avoir fait les communications qui lui ont été apportées par le dernier courrier qu'il a reçu de Russie, ayant demandé ses passe-ports, et ayant réitéré trois fois sa demande, SA MAJESTÉ les lui a fait remettre. Elle m'ordonne de demander les miens, ma mission se trouvant finie, puisque la demande que le prince Kourakin a faite de ses passe-ports a décidé la rupture, et que S. M. L'EMPEREUR ET Ro se considère, dès cette époque, comme en état de guerre avec la Russie.

Pour copie conforme :

Le ministre des relations extérieures. LE DUC DE BASSANO.

No XV.

Copie d'une lettre du ministre des relations extérieures, à M. le prince Kourakin.

Thorn, le 12 juin 1812.

Monsieur l'Ambasseur,

Par votre note du 30 avril, vous avez déclaré qu'un arrangement entre nos deux cours était impossible, si S. M. L'EMPEREUR ET ROI n'adhérait pas préalablement à la demande péremptoire de l'entière évacuation des Etats prussiens.

Lorsque Votre Excellence m'annonça verbalement cette démarche, je ne lui en dissimulai pas toutes les conséquences. Après la bataille d'Austerlitz, où l'armée russe était cernée, après la bataille de Friedland, où elle avait été défaite, SA MAJESTÉ montra son estime pour la valeur de cette armée, pour la grandeur de la nation russe, et pour le caractère de l'empereur Alexandre, en n'exigeant rien de contraire à l'honneur. Il n'était pas possible de penser que dans les circonstances actuelles de l'Europe, votre souverain, qui ne méconnaît sans doute ni le caractère de l'EMPEREUR, ni celui de la nation française si fidèle à l'honneur, voulût déshonorer la France. S. M. L'EMPEREUR ET ROI ne pouvait donc voir dans la condition de l'évacuation de la Prusse, comme préalable de toute négociation, qu'un refus positif de négocier.

Vous avez confirmé cette opinion, Monsieur l'Ambassadeur, par la demande que vous avez

faite de vos passe-ports le 7 mai, et que vous avez réitérée le 11 et le 24.

J'ai cependant différé de répondre à Votre Excellence, parce que SA MAJESTÉ aimait à se persuader encore que vous étiez allé au delà de vos instructions, en donnant une note, en établissant comme une condition formelle ce qui pourrait être le résultat de la négociation, et en coupant court à toute discussion par la demande de vos passe-ports.

Mais lorsque les dépêches de M. le comte Lauriston, les rapports qui parviennent des diverses cours, les publications mêmes des papiers anglais nous ont appris que votre gouvernement a informé sa capitale et toute l'Europe de la résolution qu'il a prise de n'entrer dans aucune négociation avant que les troupes françaises aient rétrogradé jusqu'à l'Elbe, j'ai reconnu, Monsieur l'Ambassadeur, que je m'étais trompé, et j'ai dû rendre justice à votre expérience et à vos lumières qui vous eussent empêché de vous porter à une démarche aussi extrême, si votre gouvernement ne vous en avait pas fait un devoir absolu.

SA MAJESTÉ ne pouvant plus douter des intentions de votre cour, m'a ordonné de vous envoyer vos passe-ports, dont elle considère la demande réitérée comme une déclaration de guerre.

J'ai l'honneur, etc.

Signé LE DUC DE BASSANO.

Pour copie conforme :

Le ministre des relations extérieures,
LE DUC DE BASSANO.

SÉNAT CONSERVATEUR.

PRÉSIDENCE DE S. EX. LE COMTE DE LACÉPÈDE. Séance du 26 décembre 1812.

Le Sénat conservateur, réuni au nombre de membres prescrits par l'article 90 de l'acte des constitutions, du 13 décembre 1799;

Vu l'article 64 de l'acte des constitutions, du 4 août 1802,

Procède, en exécution dudit article, à la nomination de deux de ses membres, pour remplir, en l'an 1813, les fonctions de secrétaire.

Le dépouillement du scrutin donne la majorité absolue des suffrages aux sénateurs comtes de Lapparent et de Beaumont.

Ils sont proclamés, par M. le président, secrétaires du Sénat pour l'an 1813.

Le Sénat arrête qu'il sera fait un message à S. M. L'EMPEREUR ET RO1, pour l'informer de cette nomination, laquelle sera pareillement notifiée au Corps législatif, lors de sa prochaine session.

Les président et secrétaires,

Signe B.-E.-G.-L. COMTE DE LACÉPÈDE.
LE COMTE DE BEAUMONT.

Vu et scellé :

LE COMTE DE LAPPARENT.

Le chancelier du Sénat, Signé COMTE LAPLACE. Le Sénat conservateur, réuni au nombre de membres prescrit par l'article 90 de l'acte des constitutions, du 13 décembre 1799;

Vu l'article 20 du sénatus-consulte du 4 janvier 1803, portant règlement sur l'administration économique du Sénat;

Procède, en exécution de cet article, à la nomination des sept sénateurs qui doivent entrer

étrangers a été suspendu à Memel, et, à ce qu'il paraît, toute communication avec son empire est interdite.

Depuis, elle a été avertie qu'un de ses courriers, se rendant de l'une de ses missions près d'elle, n'a pas obtenu la permission de passer la frontière pour se rendre en ses Etats, et qu'il a été nécessité de rebrousser chemin.

Des faits aussi extraordinaires ont besoin d'être éclaircis. Sa Majesté n'étant pas prévenue non plus de la nature des communications dont Votre Excellence est chargée, fidèle à son propre système, qui est de suivre le cours des choses ordinaires dans les relations des deux cabinets, vous invite, Monsieur l'Ambassadeur, à préférer de ne point quitter Pétersbourg, et vouloir bien me faire l'honneur de m'adresser par écrit les communications dont vous devez vous acquitter, ou bien d'en écrire directement à Sa Majesté Impériale, à votre choix, et, afin de vous en procurer le moyen, Sa Majesté m'a prescrit de mettre à cet effet à votre disposition le sieur de Baerens, officier dans le corps des Felde-Jagers, qui aura l'honneur de vous remettre cette lettre.

Je prie Votre Excellence, etc.

Signé LE COMte de Romanzow.

Pour copie conforme :

Le ministre des relations extérieures,
LE DUC DE BASSANO.

N° XII.

Copie de la lettre de M. comte de Lauriston à M. le comte de Romanzow.

Monsieur le Comte,

Les bontés que j'ai éprouvées de la part de S. M. l'empereur Alexandre, les marques de con-fiance dont elle avait daigné m'honorer, m'avaient empêché de prévoir aucun obstacle au voyage que je devais faire à Wilna. Je m'y étais donc disposé, malgré des douleurs rhumatismales trèsviolentés que j'éprouve depuis plusieurs jours, sentant toute l'importance des communications que j'étais chargé de faire à Sa Majesté ou à Votre Excellence dans des circonstances où le moindre retard est nuisible. Quel a été mon étonnement en recevant la lettre de Votre Excellence! J'ai vu mon espoir déçu; j'ai vu que je m'étais abusé sur l'idée de la confiance que je supposais que Sa Majesté voulait bien m'accorder, puisqu'elle me refuse toute communication directe, soit avec elle, soit avec Votre Excellence dans un moment où cette confiance, que je croyais avoir méritée par ma conduite, par mon zèle constant pour le maintien de l'alliance, pouvait être, je n'hésite pas à le dire, de la plus grande utilité pour les deux empires. Les raisons même que Votre Excellence met en avant pour arrêter mon départ, me sembleraient, au contraire, devoir le rendre plus nécessaire.

Dans des circonstances aussi pressantes, Monsieur le Comte, que peuvent produire des communications par écrit, auxquelles huit jours suffisent à peine pour avoir une réponse, et qui par leur nature même n'offrent aucun moyen de relever assez à temps, pour en éviter les funestes conséquences, toutes les erreurs, tous les mésentendus qu'on peut commettre de part et d'autre, et qui même sont presque inévitables?

Le but principal, le maintien de la paix, ne serait jamais atteint. C'est parce que l'EMPEREUR, mon maître, avait senti combien les lenteurs sont

préjudiciables dans des moments aussi critiques, qu'il m'avait ordonné de me rendre auprès de l'empereur Alexandre et de Votre Excellence afin d'éclaircir tous les doutes, de lever toutes les difficultés sur des points importants au sujet desquels on ne peut s'expliquer que par cette voie si l'on veut conserver l'espoir d'un arrangement, qui est constamment l'objet de ses vœux. Dans la position nouvelle où me place la lettre de Votre Excellence, il ne me reste plus qu'à prendre les ordres de ma cour sur ma conduite ultérieure. J'expédie un courrier pour les solliciter.

Quant à moi en particulier, Monsieur le Comte, je ne puis cacher à Votre Excellence que je suis profondément affecté d'un refus que je puis regarder comme m'étant tout à fait personnel, puisque tout autre que moi, envoyé directement par mon maître, soit général, soit aide-de-camp, eût sans doute obtenu une faveur qui m'est refusée.

N'ayant aucune nouvelle directe au sujet des communications que Votre Excellence m'assure être suspendues entre la Russie et les pays étrangers, je ne puis répondre à cet article de sa lettre. J'ai l'honneur, etc.

Signé LE COMTE DE LAURISTON.

Pour copie conforme :

Le ministre des relations extérieures,
LE DUC DE BASSANO.

No XIII.

Copie d'une lettre du ministre des relations extérieures à M. le comte de Lauriston.

Thorn, le 12 juin 1812.

Monsieur le comte,

Vous avez vu par la lettre que j'ai eu l'honneur de vous écrire le 20 du mois dernier, que la déclaration faite par le prince Kourakin, le 30 avril, et la demande réitérée de ses passe-ports, avaient paru à SA MAJESTÉ des démarches tellement fortes, tellement décisives dans la circonstance, tellement opposées au langage que cet ambassadeur avait tenu jusqu'alors, qu'elle avait de la peine à croire qu'il n'eût pas pris beaucoup sur lui. Nous avons appris depuis que le gouvernement russe avait fait connaître aux divers cabinets la condition imposée à SA MAJESTÉ de l'évacuation du territoire prussien comme un préalable indispensable de toute négociation.

La lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 22 mai, m'annonce que cette déclaration est connue à Saint-Pétersbourg, et je la trouve en même temps indiquée dans les papiers anglais, comme vous pouvez vous en assurer en lisant la feuille ci-jointe.

On ne peut donc plus douter, Monsieur le Comte, que le prince Kourakin n'ait parfaitement compris ses instructions, et ne s'y soit conformé dans sa déclaration du 30 avril, et lorsqu'il a fait et renouvelé la demande de ses passe-ports.

Les démarches du prince Kourakin avaient déterminé SA MAJESTÉ à partir de Paris. La publicité qui leur a été donnée lui a fait sentir la nécessité de quitter Dresde, et de se rapprocher de son armée.

Elle avait espéré que, jusqu'au dernier moment, des pourparlers pourraient encore avoir lieu; mais cet espoir cesse d'exister, lorsqu'elle voit que les propositions qu'on aurait réellement à lui faire sont incompatibles avec son honneur. A Austerlitz, lorsque l'armée russe avait été détruite, lorsque l'empereur Alexandre voyait la

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