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étranger et de rentrer dans les frontières de l'empire. L'empereur déclara, en même temps, au gouvernement français que sa médiation ne devait aucunement préjudicier à la base de l'alliance avec la France, les deux hautes parties contractantes pouvant, de commun accord, placer sous une réserve les stipulations du traité du 14 mars 1812, qui ne se concilieraient pas avec l'attitude commandée par le besoin du rétablissement de la paix. Sa Majesté Impériale ajouta qu'elle était prête à consigner dans un acte diplomatique cette réserve.

Les faits ainsi posés dans leur ordre naturel, il en résulte que l'Autriche est loin de regarder son alliance avec la France, cette alliance qui repose essentiellement sur le principe de la paix, comme inconciliable avec sa médiation, qui ne tend qu'à ramener le repos en Europe. L'empereur n'eût jamais sanctionné une alliance qui n'eût pas porté sur la base de la paix. Il renoncerait à tout engagement qui s'opposerait à son établissement.

S. M. L'EMPEREUR DES FRANÇAIS, désirant en outre que l'offre et l'acceptation de la médiation autrichienne soient également consignées dans un acte diplomatique, l'empereur d'Autriche n'a aucune difficulté de se prêter à cette demande.

Sa Majesté Impériale a ordonné en conséquence au soussigné de déclarer à S. Exc. le duc de Bassano :

1° Qu'ayant la persuasion qu'il n'y aurait pas opposition entre le traité du 14 mars 1812 et la médiation de l'Autriche, elle autorise le soussigné à convenir, avec le gouvernement français, d'une réserve expresse à l'égard de celles de ses stipulations qui s'en trouveraient affectées;

2o Qu'elle ne se refuse aucunement à passer une convention relativement à l'offre et à l'acceptation de la médiation autrichienne ;

3° Que le soussigné, enfin, est chargé et muni de pleins pouvoirs nécessaires pour régler les termes de ces deux actes et pour les signer.

Le soussigné saisit cette occasion pour renouveler à S. Exc. le duc de Bassano l'assurance de sa haute considération.

Gitschin, le 22 juin 1813.

Signé METTERNICH. No 10.

Le soussigné, ministre d'Etat et des affaires étrangères, a porté à la connaissance de l'EMPEREUR ET ROI la note que S. Exc. M. le duc de Bassano, ministre des relations extérieures de France, lui a fait l'honneur de lui adresser de Dresde, le 15 de ce mois. Sa Majesté Impériale lui a ordonné d'y répondre par les explications sui

vantes:

L'empereur a fait parvenir, dans le mois de février dernier, aux principales puissances belligérantes, l'offre de son intervention pour le rétablissement de la paix. Convaincue que, sans un juste équilibre politique, le repos si nécessaire à l'Europe ne pouvait être complétement assuré, et non moins convaincue que cet équilibre est directement lié à la paix maritime, les vœux de Sa Majesté Impériale durent nécessairement porter sur cette paix; elle eut la satisfaction de voir son intervention acceptée par les puissances auxquelles elle l'avait offerte: l'Angleterre seule la déclina.

La marche des événements conduisit l'Autriche à étendre son intervention à une véritable médiation. L'empereur en adressa l'offre aux principales puissances belligérantes. Toutefois, Sa Majesté Impériale a cru devoir attendre l'époque où

la médiation serait formellement acceptée, pour faire une nouvelle démarche vis-à-vis du gouvernement britannique. Cette démarche a lieu dans ce moment.

Des forces immenses se trouvent cependant rapprochées; l'armistice a un terme prochain, et des armées en présence s'opposent trop directement à la prolongation d'un simple armistice, pour que l'empereur puisse admettre comme possible la réunion immédiate d'un congrès, auquel seraient appelées toutes les puissances de l'Europe, y compris des plénipotentiaires de la régence de Cadix, et des Etats-Unis d'Amérique. Comment, en effet, supposer que les préparatifs indispensables, la discussion sur les formes à donner au congrès, l'arrivée des plénipotentiaires et la négociation préalable sur les bases de la pacification, n'entraîneraient pas des longueurs qui nécessiteraient une dislocation très-différente des armées ? Et comment admettre la possibilité que l'une ou l'autre des parties belligérantes voulût se dessaisir, sans garantie, des avantages dont elle croirait avoir un gage assuré dans la position actuelle de ses forces?

Dans cet état de choses, l'empereur s'est attaché à concilier les démarches en faveur d'une pacification générale, avec la conjoncture actuelle. Sa Majesté Impériale a proposé qu'il fût négocié, sous sa médiation, une paix entre les principales puissances du continent, qui, elle-même, servirait de base à la pacification générale. Cette paix première replacera les puissances dans une attitude qui leur permettra d'attendre la réunion d'un congrès général. Elle conduira directement à la paix maritime, en sorte que celle-ci sera le complément de la paix continentale. Nul doute enfin que cette négociation ne puisse facilement se terminer avant l'expiration de l'armistice.

Et, comme le château de Gitschin, en Bohême, se présente à la fois comme le lieu le plus rapproché et le plus central entre les deux grands quartiers généraux, Sa Majesté Impériale n'hésite pas à proposer à S. M. l'EMPEREUR NAPOLÉON d'envoyer un négociateur de sa part audit château de Gitschin.

Le soussigné a ordre d'ajouter que la même demande vient d'être adressée à S. M. l'empereur de Russie et à S. M. le roi de Prusse.

Il suffit sans doute d'avoir énoncé le but de cette invitation, pour que S. M. L'EMPEREUR DES FRANÇAIS ne puisse plus conserver le moindre doute, qu'il n'entre aucunement dans les vues de l'empereur d'Autriche de confondre sa médiation, librement acceptée par les puissances, avec des formes qui emporteraient exclusion des négociateurs chargés de défendre directement les intérêts des hautes parties intervenantes. Sa Majesté Impériale s'est toujours montrée défenseur trop zélé des droits des souverains et du principe de l'indépendance des puissances, pour qu'elle croie avoir besoin d'assurer qu'elle respecte les uns et les autres jusque dans leurs moindres

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Roi la première note qui lui a été remise hier par S. Exc. le comte de Metternich, sous la date du 22 de ce mois.

S. M. L'EMPEREUR ET ROI a vu avec satisfaction que S. M. l'empereur d'Autriche persiste dans les sentiments et dans les dispositions qui ont dicté les stipulations du traité d'alliance du 14 mars 1812.

Mais S. M. l'empereur d'Autriche désirant une réserve expresse, à l'égard de celles des conditions dudit traité qu'il ne juge pas applicables aux circonstances actuelles, et ayant muni M. le comte de Metternich des pouvoirs nécessaires pour négocier à cet effet une convention avec le gouvernement français, SA MAJESTÉ IMPÉRIALE ET ROYALE a ordonné au soussigné de déclarer qu'il est pareillement muni de pleins pouvoirs pour négocier, conclure et signer ladite convention.

Le soussigné, etc. Dresde, le 22 juin 1813.

Signé LE DUC DE BASSANO.

No 12.

Note du duc de Bassano à M. le comte de Metternich.

Le soussigné, etc., ayant reçu des instructions et des pouvoirs pour négocier, conclure et signer les réserves que S. M. l'empereur d'Autriche juge convenable de faire au traité d'alliance du 14 mars 1812, et voulant, conformément aux intentions de S. M. L'EMPEREUR ET ROI, accélérer, autant qu'il est possible, cette négociation, entre sur-le-champ en matière, et prie dès ce moment S. Exc. le comte de Metternich de lui remettre le projet des réserves désirées par sa cour.

Le traité d'alliance se compose de neuf articles. Par l'article 1er, les deux hautes parties contractantes s'engagent à apporter la plus grande attention à maintenir la bonne intelligence si heureusement établie entre elles, leurs Etats et sujets respectifs.

S. M. l'empereur d'Autriche est sans doute aujourd'hui dans les mêmes dispositions. Cependant la position de l'armée autrichienne en Bohême, qui garde son cordon devant l'armée française, et qui, contre l'usage établi, interdit le passage aux officiers et agents français munis de passeports en règle, constitue un changement de relations essentiellement nuisible au but de cet article. Si cette stipulation doit subsister, il serait convenable de part et d'autre de prendre, sans délai, des mesures pour éviter tout ce qui pourrait altérer la bonne intelligence et de s'entendre au sujet du placement des troupes sur les frontières respectives.

Par l'article 2, les deux parties contractantes se garantissent l'intégrité de leurs territoires actuels.

SA MAJESTÉ persiste dans cette garantie en ce qui la concerne. Le soussigné a l'honneur de prier M. le comte de Metternich de lui faire connaître si l'Autriche y persiste également, ou si l'article 2 du traité doit être placé dans les réserves.

L'article 3 stipule l'obligation par les deux parties contractantes de se secourir mutuellement dans le cas où, malgré les bons offices employés par l'une ou par l'autre, l'une ou l'autre viendrait à être attaquée ou menacée.

Les articles 4 et 5 déterminent la quotité du secours et l'époque où il doit être fourni.

SA MAJESTE, Constante dans ses principes, regarde ces stipulations comme utiles et dans l'esprit de l'alliance. Toutefois le soussigné aura l'honneur de s'expliquer sur les modifications que l'Autriche aurait désirées aussitôt qu'elles lui seront connues.

Les articles 6 et 7 sont relatifs à la garantie réciproque de l'intégrité de l'empire Ottoman et des principes de la navigation des neutres.

Le soussigné désire également connaître les réserves dont l'Autriche jugerait ces deux articles susceptibles.

Quand aux articles secrets, les réserves dont ils peuvent être l'objet seraient un corollaire de celles que devraient éprouver les articles patents et sur lesquels il est dès lors nécessaire de connaître préalablement les vues que S. Exc. le comte de Metternich aurait à présenter. Le soussigné, etc, Dresde, le 27 juin 1813.

Signé LE DUC de BASSANO.

No 13.

Note du duc de Bassano à M. le comte de Metternich.

Le soussigné, ministre des relations extérieures, a porté à la connaissance de S. M. L'EMPEREUR ET ROI, la seconde note qui lui a été remise hier, par S. Exc. le comte de Metternich, sous la date du 22 de ce mois.

SA MAJESTÉ IMPÉRIALE ET ROYALE a éprouvé une véritable satisfaction des explications contenues dans cette note, en regrettant le temps qui s'est écoulé depuis la signature de l'armistice et qui aurait été si utilement employé à l'œuvre de la paix; elle reconnaît, d'après la déclaration qui lui est faite des sentiments dont S. M. l'empereur François est animé pour les droits des souverains, que ces retards ne sauraient être imputės à l'Autriche.

SA MAJESTÉ IMPÉRIALE ET ROYALE a été également satisfaite d'apprendre que S. Exc. le comte de Metternich était revêtu des pouvoirs nécessaires pour négocier une convention relative à l'acceptation de la médiation de S. M. l'empereur d'Autriche, etelle a en conséquence ordonné au soussigné de déclarer qu'il est pareillement muni de pleins pouvoirs pour négocier, conclure et signer ladite convention.

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Le soussigné, ministre d'Etat et des affaires étrangères de S. M. l'empereur d'Autriche, a reçu les deux notes que S. Exc. le duc de Bassano lui a fait l'honneur de lui adresser ce matin.

L'attitude du médiateur ne peut sans doute se concevoir sans la plus entière indépendance. Si l'indépendance politique de l'Autriche ne peut être affectée par l'esprit de l'alliance du 14 mars 1812, alliance purement défensive et fondée directement sur la conservation de la paix du continent et sur le désir du rétablissement de la paix maritime, il n'en est cependant pas de meine de la lettre de ce traité.

Le soussigné ne pouvant que se référer à sa note du 22 juin, et répondant à celle en date de ce jour de M. le duc de Bassano, propose à Son Excellence d'écarter, dans un moment aussi important pour l'humanité, toute discussion sur les articles particuliers du traité du 14 mars 1812, et de placer la réserve relative audit traité dans une déclaration commune à l'Autriche et à la France, telle que pourrait être celle que le soussigné a l'honneur de joindre ici en projet.

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La qualité de médiateur emportant la plus entière liberté et n'admettant aucune obligation qui pourrait se trouver en opposition avec les intérêts de l'une ou l'autre des parties intervenantes, LL. MM. II. et RR. I'EMPEREUR DES FRANÇAIS, Roi D'ITALIE, et l'empereur d'Autriche, roi de Hongrie et de Bohême, animés d'un égal désir de concourir, par tous les moyens en leur pouvoir, au rétablissement le plus prompt de la paix, savoir, S. M. l'empereur d'Autriche par l'offre qu'elle a faite de sa médiation aux puissances belligérantes, et S. M. L'EMPEREUR, DES FRANCAIS, par l'acceptation de la médiation de l'Autriche. Leursdites Majestés Impériales, ne voulant d'un autre côté aucunement préjuger par le fait de la médiation contre l'existence de l'alliance établie entre elles par le traité du 14 mars 1812, sont convenues, d'un commun accord, de déclarer que les stipulations dudit traité qui affecteraient l'impartialité du médiateur, seront suspendues pour tout le cours des négociations, en réservant expressément de faire revivre lesdites stipulations, sauf les modifications que, d'un commun accord, elles jugeraient devoir y apporter en suite de la pacification qui, dans le moment actuel, fait le premier objet des soins de Leurs Majestés Impériales.

No 15.

Note de M. le comte de Metternich au duc de Bas

sano.

Le soussigné, ministre d'Etat et des affaires étrangères de S. M. l'empereur d'Autriche, a reçu la note que S. Exc. le duc de Bassano lui a fait l'honneur de lui adresser en date d'hier.

Les dispositions de S. M. L'EMPEREUR DES FRANÇAIS, ROI D'ITALIE, qui se trouvent exprimées dans cette note en faveur de l'ouverture la plus prompte des négociations, et le désir du cabinet autrichien de seconder l'œuvre de la paix par tous les moyens en son pouvoir, déterminent le soussigné à adresser à S. Exc. le duc de Bassano, pour constater, et l'offre de la médiation de l'Autriche et l'acceptation de cette médiation par la France, l'office ci-joint portant purement et simplement l'offre de la médiation de Sa Majesté Impériale et Royale Apostolique.

Le soussigné saisit cette occasion pour renouveler à S. Exc. le duc de Bassano l'assurance de sa haute considération.

Dresde, le 29 juin 1813,

Signé LE COMTE de MetterNICH.

Le soussigné, ministre d'Etat et des affaires étrangères de S. M. l'empereur d'Autriche, en se référant au contenu de sa note du 22 juin, est autorisé à porter à la connaissance de S. M. L'EMPEREUR DES FRANÇAIS, ROI D'ITALIE, l'offre formelle de la médiation de S. M. l'empereur d'Autriche, roi de Hongrie et de Bohême, pour la paix.

S. M. l'empereur de toutes les Russies et S. M. le roi de Prusse ayant accepté la médiation de Sa Majesté Impériale et Royale Apostolique, Leursdites Majestés l'empereur de Russie et le roi de Prusse étant prêtes à envoyer des négociateurs au chàteau de Gitschin en Bohême, le soussigné a l'honneur de prier M. le duc de Bassano de le mettre à même d'informer l'Empereur, son auguste mai

tre, de la détermination de S. M. L'EMPEREUR DES FRANÇAIS, ROI D'ITALIE.

Le soussigné saisit cette occasion pour renouveler à S. Exc. le ministre des relations l'assurance de sa haute considération. Dresde, le 29 juin 1813.

Signé LE COMTE DE METTERNICH.

No 16.

Note du ministre des relations extérieures, en réponse à la note du comte de Metternich, du 28 juin, sur la question de l'alliance.

Le soussigné, ministre des relations extérieures, a placé sous les yeux de S. M. L'EMPEREUR ET ROÍ la note de M. le comte de Metternich en date d'hier.

La proposition contenue dans cette note tend à mettre en réserve non quelques articles du traité d'alliance du 14 mars 1812, mais le traité lui-même en son entier, ce qui parait en opposition avec les déclarations faites jusqu'à ce jour par la cour de Vienne, et même avec les dispositions exprimées par M. le comte de Metternich, dans sa précédente note du 22 de ce mois.

Il n'est au pouvoir de personne de faire que ce qui n'existe pas existe; or, on ne pourrait dire que le traité d'alliance existe, si toutes les stipulations étaient placées dans les réserves.

SA MAJESTÉ avait pensé que ces réserves, qui devaient être l'objet de la convention à conclure, ne se rapportaient qu'à quelques articles jugés par la cour de Vienne inapplicables aux circonstances actuelles; mais puisqu'elles doivent embrasser, ainsi que la note de S. Exc. le comte de Metternich autorise à le croire, la lettre même du traité tout entier, SA MAJESTÉ ne peut considérer ce vœu de la cour de Vienne que comme l'équivalent d'une renonciation à l'alliance.

Le traité du 14 mars 1812 avait été conclu dans l'opinion qu'il était favorable à toutes les parties. SA MAJESTE, qui ne veut pas rendre son alliance onéreuse à ses amis, ne fait aucune difficulté de renoncer à celle qui la liait avec l'Autriche, si tel est le vœu de S. M. l'empereur François. Ce changement dans les rapports de la France et de l'Autriche n'altèrera en rien l'amitié et la bonne intelligence résultant des derniers traités qui ont rétabli la paix entre les deux puissances. Le soussigné, etc.

Dresde, le 29 juin 1813.

Signé LE DUC DE BASSANO.

N° 17.

Note du ministre des relations extérieures, en réponse à celle de M. de Metternich, du 29 juin, sur la question de la médiation. Avec un canevas de convention.

Le soussigné, ministre des relations extérieures, a placé sous les yeux de S. M. L'EMPEREUR ET RO la note de S Exc. le comte de Metternich, en date de ce jour, et relative à l'offre que la cour de Vienne fait de sa médiation.

SA MAJESTÉ IMPÉriale et RoyaLE l'a chargé, en réponse à ladite note, de présenter le projet d'articles ci-joint comme un simple canevas pouvant servir à la négociation, pour laquelle M. le comte de Metternich et le soussigné sont respectivement munis de pleins pouvoirs.

M. le comte de Metternich reconnaîtra dans le sens des dispositions projetées le désir de SA MAJESTE de replacer sur ses bases l'Europe ébranlée par trente années de guerre, et substituer à des paix partielles, une paix générale négociée, non

:

dans le cabinet, mais devant toute l'Europe et en face de tous les peuples.

C'est ainsi qu'il en fut usé à Munster, à Nimègue, à Ryswick, à Utrecht; les puissances ne furent point arrêtées par la complication des intérêts et les lenteurs inséparables d'une négociation générale; et même lorsqu'à Osnabruck, on avait de plus à concilier des idées de religion, toujours si délicates, et de leur nature si peu susceptibles de modification, toutes les difficultés furent surmontées avec le temps et la persévérance. Pourquoi, aujourd'hui qu'elles sont assurément moins grandes, désespérerait-on de parvenir à un heureux succès?

SA MAJESTÉ préfère, pour le lieu du congrès, Vienne ou Prague, comine de grandes résidences où tous les négociateurs pourront se trouver réunis. Elle s'en rapporte au médiateur sur les mesures de police à prendre pour faire jouir les plénipotentiaires des priviléges et des honneurs qui appartiennent à leur caractère et à la dignité des souverains qu'ils représentent.

Le soussigné, etc.

Signé LE DUC DE BASSANO..

Dresde, le 29 juin 1813.

Annexe du No 17.

Canevas de convention pour l'offre et l'acceptation de la médiation de S. M. l'empereur d'Autriche.

Dresde, 29 juin 1813.

Art. 1er. S. M. l'empereur d'Autriche offre sa médiation pour la pacification générale.

Art. 2. Sadite Majesté, en offrant sa médiation, n'entend pas se présenter comme arbitre, mais comme un médiateur animé du plus parfait désintéressement et de la plus entière impartialité, et ayant pour but de concilier les différends, et de faciliter, autant qu'il dépendra de lui, la pacification générale.

Art. 3. La médiation s'étendra à l'Angleterre, aux Etats-Unis, au roi d'Espagne, à la régence de Cadix et à toutes puissances des deux masses belligérantes.

S. M. l'empereur d'Autriche leur proposera les villes de Vienne ou de Prague pour le lieu du congrès.

Art. 4. S. M. L'EMPEREUR DES FRANCAIS accepte pour lui et ses alliés la médiation de S. M. l'empereur d'Autriche, telle qu'elle est proposée par les articles ci-dessus.

Elle accepte également pour le lieu du congrès celle des villes de Vienne ou de Prague qui sera le plus à la convenance des autres parties belligérantes.

Art. 5. Les plénipotentiaires français, russes et prussiens se réuniront, dans ladite ville, dans les cinq premiers jours de juillet, sous la médiation de l'Autriche, afin de commencer les négociations, et, soit par des préliminaires, soit par une convention, soit par un traité de paix particulier, de faire cesser l'effusion du sang qui afflige le continent.

Art. 6. Si, au 20 juillet, l'une des deux parties belligérantes dénonce l'armistice conformément à la convention du 4 juin, les négociations du congrès n'éprouveront pour cela aucune interruption.

Art. 7. La présente convention, etc.

N° 18.

Projet d'articles pour l'application de la médiation de l'Autriche à la paix générale, convenu avec M. de Metternich et emporté par lui.

Dresde, 30 juin 1813.

LL. MM., etc., etc., s'étant entendues par la convention du 30 juin, relativement aux négociations à faire sous la médiation de l'Autriche pour la paix continentale, et jugeant à propos de convenir également de ce qui regarde les négociations pour la paix générale, ont nommé, etc.

Art. S. M. l'empereur d'Autriche fera l'offre de sa médiation à toutes les puissances belligérantes pour la réunion d'un congrès de pacification générale qui fixe, sur des bases stables, les intérêts de toutes les puissances de l'Europe ébranlée depuis vingt-cinq ans.

Art. Il sera convoqué à cet effet un congrès général dans les villes de Prague ou de Vienne, au choix des parties.

Art. Les Etats-Unis d'Amérique sont invités d'y envoyer des plénipotentiaires.

Il sera, pour l'Espagne, admis des plénipotentiaires du roi d'Espagne et de la régence de Cadix. Art. Tout plénipotentiaire des puissances belligérantes ayant accepté la médiation de S. M. l'empereur d'Autriche pour la pacification générale, qui se présentera au lieu des négociations avant le 10 août, sera admis.

No 19.

S. M. L'EMPEREUR DES FRANÇAIS, ROI D'ITALIE, etc., et S. M. l'empereur d'Autriche, etc., etc., animés d'un égal désir de parvenir au rétablissement de la paix, et ayant à cet effet, Sadite Majesté l'empereur d'Autriche, offert sa médiation pour la paix générale, et à son défaut, pour la paix continentale, et S. M. l'EMPEREUR DES FRANÇAIS ayant manifesté l'intention d'accepter ladite médiation, ont jugé à propos de constater ladite offre et ladite acceptation par une convention; en conséquence, Leursdites Majestés ont nommé pour leurs plénipotentiaires, savoir: S. M. L'EMPEREUR DES FRANCAIS, M. Hugues-Bernard, comte Maret, duc de Bassano, etc., etc., et S. M. l'empereur d'Autriche, M. le comte Clément Wenceslas de Metternich-Winnebourg-Ochsenhausen, chevalier de la Toison-d'Or, etc., etc., son ministre des affaires étrangères, lesquels, après avoir échangé leurs pleins pouvoirs respectifs, sont convenus des articles suivants :

Art. 1er. S. M. l'empereur d'Autriche offre sa médiation pour la paix générale ou continentale. Art. 2. S. M. L'EMPEREUR DES FRANÇAIS accepte ladite médiation.

Art. 3. Les plénipotentiaires français, russes et prussiens se réuniront, avant le 5 juillet, dans la ville de Prague.

Art. 4. Vu l'insuffisance du temps qui reste à courir jusqu'au 20 juillet, terme fixé pour l'expiration de l'armistice par la convention signée à Pleiswithz le 4 juin, S. M. L'EMPEREUR DES FRANÇAIS s'engage à de pas dénoncer ledit armistice avant le 10 août, et S. M. l'empereur d'Autriche se réserve de faire agréer le même engagement à la Russie et à la Prusse.

Art. 5. La présente convention ne sera pas rendue publique.

Elle sera ratifiée, et les ratifications en seront

échangées à Dresde dans le terme de quatre jours. Fait et signé à Dresde le 30 juin 1813.

Signé LE DUC DE BASSANO.

LE COMTE DE METTERNICH.

No 20.

Copie d'une lettre de M. le comte de Metternich au ministre des relations extérieures.

Gitschin, le 3 juillet 1813.

Monsieur le Duc,

Je fais passer à M. le comte de Bubna deux lettres autographes de S. M. I. et R. A., dont l'une est en réponse à celle de S. M. L'EMPEREUR DES FRANCAIS, en date du 30 juin, et l'autre porte ratification de la convention du 10. Cet officier général s'adressera à Votre Excellence pour la présentation desdites lettres et pour les faire parvenir à leur haute destination, suivant que Votre Excellence le trouvera le mieux convenir.

Sa Majesté s'est fait un plaisir d'accéder au désir de l'EMPEREUR relativement au lieu des négociations, et elle a donné sur-le-champ des ordres, afin que tout soit préparé à Prague pour la réception des négociateurs. Ces nouvelles dispositions exigeant toutefois quelques jours, la réunion ne pourrait guère se faire avant le 8 du mois. Je m'empresse de vous en prévenir, Monsieur le Duc, pour que l'arrivée simultanée des négociateurs puisse avoir lieu dans la journée du 8 de juillet. J'adresse la même information et invitation au ministre de S. M. l'empereur de Russie et à celui de S. M. le roi de Prusse.

Je prie Votre Excellence d'agréer, etc.
Signé METTERNICH.

No 21.

Copie d'une lettre de M. le comte de Metternich au ministre des relations extérieures.

Brandeis, le 8 juillet 1813.

Monsieur le Duc,

Par ma lettre du 3 de ce mois, j'ai eu l'honneur de prévenir Votre Excellence de l'invitation que nous adressons au ministère de S. M. l'empereur de Russie et à celui de S. M. le roi de Prusse, pour la réunion des négociateurs respectifs à Prague; les réponses de M. le secrétaire d'Etat comte Nesselrode, et de M. le chancelier baron de Hardenberg, en date du 6, me sont parvenues ici ce matin par estafette. Elles portent, l'une et l'autre que le terme de HUIT, que nous avions proposé, étant trop rapproché pour que cet intervalle pùt suffire au temps requis pour les expéditions, instructions et pour le voyage, les négociateurs russe et prussien seraient sans faute rendus à Prague dans la journée du 12. Je présume, d'après ce que Votre Excellence m'a fait l'honneur de me dire, que cette époque de réunion sera également de votre convenance. Du reste, les arrangements sont prêts de notre côté pour la réception convenable des négociateurs au lieu de leur réunion.

Agréez, Monsieur le Duc, etc.
Signé METTERNICH.

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se rendre auprès de vous, afin d'avoir des nouvelles sur la nomination des plénipotentiaires russe et prussien, l'ouverture des négociations et la prolongation de l'armistice, lorsque M. le comte de Bubna m'a remis la lettre que Votre Excellence m'a fait l'honneur de m'écrire hier.

Nos plénipotentiaires seraient, sans aucune difficulté, à Prague le 12, quoique ceux de la Russie ne nous fussent pas connus. Cet objet est de peu d'importance; mais il n'en est pas de même de ce qui regarde la prolongation de l'armistice il est indispensable que nous sachions à quoi nous en tenir, et nous attendrons avec impatience le retour du courrier chargé de cette lettre.

SA MAJESTÉ avait pensé que, conformément à l'article 4 de la convention du 30 juin, S. M. l'empereur d'Autriche s'étant réservé de faire agréer à la Russie et à la Prusse l'engagement que nous avions pris, vous vous seriez chargé de cet objet, et vous auriez fait connaître l'arrangement adopté. La prolongation de l'armistice devait être publiée dans les places et à l'armée. Je prie Votre Excellence de me faire savoir ce qu'elle côté, le prince de Neufchâtel écrit à nos commisa fait et ce qu'elle a appris à ce sujet. De notre saires à Neumarkt, la lettre dont je vais donner communication à M. de Bubna. Nous aurions fait cette démarche dès le premier moment, si nous n'avions pas cru que vous vous en étiez chargé. Etant engagés, il nous importe de savoir si nos ennemis le sont. S'ils ne l'étaient pas, et s'ils devaient refuser de prendre le même engagement que nous, la position que nous avions voulu éclaircir se trouverait embrouillée de nouveau. SA MAJESTÉ a lieu de regretter, Monsieur le Comte, que Votre Excellence ne se soit pas expliquée, s'il doit en résulter une nouvelle perte de temps.

L'EMPEREUR désire que M. le comte de Narbonne reste à Prague ou aille à Brandeis, si S. M. l'empereur d'Autriche veut bien permettre qu'il soit dans le lieu où elle se trouve. SA MAJESTÉ a voulu, pour accélérer, que son ambassadeur fût à portée de recevoir les communications que vous voudriez lui faire.

Signé LE DUC DE BASSANO.

No 23.

Copie d'une lettre de M. le comte de Metternich, à M. le comte de Bubna.

Prague, le 12 juillet 1813.

Monsieur le Comte,

Je reçois, dans le moment où j'allais expédier le présent courrier, la note que M. le duc de Bassano m'a adressée le 9 juillet. Pour ne pas arrêter la présente expédition, je me réserve d'avoir l'honneur de lui répondre officiellement demain. Je vous prie de le prévenir toutefois que, d'après un courrier qui m'est arrivé la nuit dernière de Reichenbach, les cours de Russie et de Prusse ont reconnu officiellement le terme du 10 août prochain comme terme de négociation, et qu'elles ne dénonceront point, de leur côté, l'armistice avant cette époque. Il est tout simple que ce qui peut avoir trait à une prolongation d'armistice dans les formes militaires, est du ressort de la commission à Neumarkt. J'ai vu avec plaisir, par ce que me mande M. le duc de Bassano, que l'on y a déjà transmis l'ordre aux commissaires français de s'entendre avec les commissaires ennemis.

Je vous prie, Monsieur le Comte, de vous acquitter sur-le-champ de cette commission vis-à-vis de

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