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Charles le Chauve?

(d'après une Miniature servant de Frontispice au hore dh de cet Empereur B. Rale

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empoisonné par le juif Sédécias, son médecin.

CHARLES le CHAUVE (monnaies de). Ce prince est le seul roi des deux premières dynasties qui ait rendu des ordonnances un peu détaillées sur le fait de la monnaie. La première, datée d'Attigny, avait pour but de réprimer les faux monnayeurs; elle fut suivie la même année par le fameux édit de Piste, dont le texte se trouve imprimé dans le Traité des monnaies de France de Leblanc. La valeur de l'or fin était fixée par cet édit à douze fois celle de l'argent; la livre d'or d'un titre inférieur ne devait valoir que dix livres d'argent. Le palais impérial et neuf villes seulement devaient posséder des ateliers monétaires. Ces villes étaient: Orléans, Quentoric (Saint-Josse près Etaples, département du Pas-de-Calais), Paris, Châlon sur-Saône, Sens, Melle, Rouen, Narbonne et Reims. La monnaie qui avait eu cours jusqu'alors devait être décriée; et, à partir de la messe de Saint-Remi, on ne devait plus recevoir que les espèces nouvelles, dont le type devait présenter, d'un côté, le nom du roi dans la légende, et au milieu son monogramme; et de l'autre le nom de la ville, et au milieu une croix. Tous les comtes qui avaient dans leur ressort une des villes ci-dessus mentionnées, étaient tenus d'envoyer à Senlis leur vicomte avec leur monétaire et deux cautions, pour y recevoir de l'épargne cinq livres d'argent avec un poids, afin de commencer à travailler. Les mêmes personnes devaient revenir à Senlis quelques mois après, pour remettre aux officiers de l'empereur les cing livres d'argent réduites en deuiers. Enfin des peines sévères étaient prononcées contre les faussaires et contre les monnayeurs infidèles. Un nouveau capitulaire, daté de Crécy-sur-Oise, renouvela en 861 cette ordonnance, et y ajouta une pénalité contre ceux qui refusaient les nouvelles monnaies; cette pénalité consistait dans l'application d'un fer rouge sur le front.

Quelque formelle que soit l'ordonnance que nous venons d'analyser, on

ne connaît aucun denier qui ait été frappé conformément à ses prescriptions; et cependant Charles le Chauve est de tous les princes celui dont les monnaies sont les plus nombreuses. On compte près de deux cents villes où l'on en a frappé sous son règne. Les types de ces monnaies sont d'ailleurs assez variés. Celui que l'on rencontre le plus communément présente d'un côté le monogramme de Charles, avec la légende GRATIA DI REX, de l'autre une croix grecque, et le nom de la ville ou du lieu où la pièce a été frappé : AVRELIANIS CIVI

TAS, KALA MONASTERIVM, CASTRA

MONETA, CARISIACO PALATIO, etc... D'autres pièces, celles de Beauvais, par exemple, portent d'un côté le monogramme de Charles, le nom de la ville autour, et de l'autre côté celui du roi : CAROLVS REX FRANCORVM, avec une croix dans le champ. D'au tres, comme celles de Bourges, présentent des deux côtés le nom de la ville.

On a vu que Charles le Chauve se fit décerner, vers la fin de sa vie, le titre d'empereur. Quelques-uns de ses deniers lui donnent en effet ce titre. Ces pièces, qui furent frappées à Tonnerre, à Bourges, à Auxerre et à Nevers, présentent d'un côté la légende : CARLVS IMP. AVG., avec le monogramme de Charles, et de l'autre le nom de la ville, avec une croix. Le style de ces pièces s'oppose d'ailleurs à ce qu'on les attribue, comme l'ont fait quelques auteurs, à Charlemagne.

CHARLES LE GROS, né vers 832 mort en 888, est quelquefois compté parmi les rois de France. C'était le troisième fils de Louis le Germanique. Proclamé successivement empereur et roi d'Italie, roi d'Allemagne et roi de France, il parut un instant réunir sous sa domination tout l'empire de Charlemagne; mais c'était une véritable dérision. Tant d'éléments divers ne pouvaient plus former un empire; et il n'y avait plus d'unité possible, depuis que la féodalité avait pris possession du sol dans toutes les provinces envahies jadis par les barbares. Char

les le Gros fut déposé en 888, et sa déposition marqua le démeinbrement final et définitif de l'empire que Charlemagne avait fondé.

CHARLES LE GROS (monnaies de). Les monnaies attribuées à ce prince sont des deniers ou des oboles. A l'exception d'une seule, qui porte d'un côté une croix, avec la légende: CARLVS IMPERAT, et de l'autre l'image d'un temple, avec les deux mots XPISTIANA RELIGIO, toutes ces monnaies, frappées à Arles, à Béziers, à Nîmes et à Uzès, présentent d'un côté le monogramme de Charles, avec le nom de la ville où elles ont été frappées, et de l'autre une croix, avec le nom du roi.

CHARLES III, dit le Simple, fils de Louis le Bègue, né en 879, fut longtemps privé du trône, à cause de sa jeunesse et des malheurs qui frappè rent sa famille après la déposition de Charles le Gros. Toutefois, l'empereur Arnould et le duc de Lorraine, Žvintibold, le soutinrent contre Eudes, qui avait usurpé le trône; et enfin la mort de ce prince (898) le laissa sans compétiteurs.

Le seul événement de son règne qui mérite d'être cité est la fondation du duché de Normandie. Charles le Simple avait résolu d'attacher au sol çes pirates du nord qui venaient tous les ans remonter les grands fleuves, en répandant partout la dévastation et la terreur. Leur chef Rollon consentit à recevoir le baptême des mains de l'archevêque de Rouen; et, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte (911), Charles. lui céda toute cette partie de l'ancienne Neustrie qui porta depuis le nom de Normandie. Rollon lui prêta serment de fidélité et se reconnut son vassal; mais il ne le défendit pas contre les nombreux ennemis qui s'élevèrent à diverses reprises contre lui. Ces ennemis n'étaient autres que les seigneurs qui continuaient à battre en brèche la royauté, afin de fonder sur ses ruines leur indépendance. L'un d'eux, Herbert II, comte de Vermandois, parvint à attirer Charles dans ses Etats, se rendit maître de sa personne, et le

retint prisonnier dans la tour de Péronne jusqu'à la fin de sa vie (929). Ce fut sans doute à la confiance imprudente que ce malheureux prince avait témoignée à Herbert, qu'il dut le surnom de Simple; mais on aurait tort de conclure de ce surnom, qu'il ait été le plus incapable des Carlovingiens.

CHARLES LE SIMPLE (monnaies de). Charles le Simple porta longtemps le titre de roi, et l'on dut frapper à son nom un grand nombre de deniers. On lui en a, en effet, attribué beaucoup, et les numismates sont convenus de lui donner tous ceux qui ne peuvent convenir à Charlemagne, et qui ne portent pas d'un côté la légende GRATIA DI REX, avec le monogramme de Charles, et de l'autre un nom de ville avec une croix (nous avons dit que ces derniers appartiennent probablement à Charles le Chauve). Une telle classification est, comme on le voit, bien douteuse. Deux circonstances viennent d'ailleurs augmenter la difficulté. A l'époque où Charles le Simple monta sur le trône, l'empire carlovingien était en pleine dissolution. Chaque seigneur s'était rendu maître absolu dans ses terres, et la puissance féodale était constituée. Au milieu des troubles qui furent la suite de cette révolution, le peuple perdit toute confiance dans la monnaie qui avait cours; et, comme il arrive toujours dans les temps de troubles, il rechercha de préférence les pièces anciennes, telles que celles de Charlemagne, de Louis le Débonnaire, et des premiers Carlovingiens. Les seigneurs imaginèrent alors de copier tout simplement ces monnaies anciennes, et cet usage, qui dura pendant tout le moyen âge, apporta dans le monnayage une telle confusion, que, jusqu'à Richard Cœur de Lion, on frappa à Melle, dans le Poitou, des pièces au nom de Charles (CARLVS REX EO pour Carlus rex Aquitaniæ, (voyez Monnaie de Melle); qu'à Angoulême et à Langres on en frappa jusqu'au treizième siècle au nom de Louis (LODOICVS EGOLISSIME LINCONIS VRBS LVDOVICVS.

MET

ALO

REX), bien qu'aucun prince du nom de Charles ou de Louis n'ait été maître de ces villes. A cette époque, Charles le Simple se trouvait, à l'égard de ses sujets, dans la même position que les grands barons; il fut comme eux obligé, pour donner du crédit à ses monnaies, d'adopter les types anciens; de sorte que ses espèces se confondent d'un côté avec celles de Charlemagne, et de l'autre avec les deniers qui furent frappés pendant le moyen age à l'imitation de ces dernières. Au reste, en traitant des monnaies des villes, nous essayerons de déterminer celles qui lui appartiennent réellement.

CHARLES IV, dit le Bel, comte de la Marche, troisième fils de Philippe le Bel, né en 1294, succéda à son frère Philippe le Long, le 3 janvier 1322. Son règne ne fut que la continuation des règnes précédents. Mêmes besoins et mêmes expédients pour y subvenir. Pour remplir son trésor épuisé, il confisqua les biens des Lombards et les exila de France, altéra les monnaies, et dépouilla, sous divers prétextes, un grand nombre des plus riches seigneurs. A l'extérieur, il fut heureux contre les Flamands, qui s'étaient révoltés contre leur comte, dévoué aux intérêts de la France; il aida sa sœur Isabelle dans sa lutte contre son mari, Édouard II, roi d'Angleterre, qui fut vaincu et expira dans les plus affreuses tortures; mais il échoua dans sa tentative pour se faire proclamer empereur, quoique le pape l'eût recommandé puissamment aux électeurs. Du reste, la fatalité qui semblait attachée à la race de Philippe le Bel, tomba sur lui comme sur ses frères aînés. Il mourut sans laisser de postérité mâle, et avec lui s'éteignit la ligne des Capétiens directs.

Il tomba malade à Vincennes le jour de Noël de l'année 1327, et souffrit longtemps decruelles douleurs. «Quand il aperçut, dit Froissard, que mourir lui convenoit, il devisa que s'il avenoit que la reine s'accouchât d'un fils, il vouloit que messire Philippe de Valois, son cousin germain, en fût mainbourg (tuteur), et régent du royaume,

jusques à donc que son fils seroit en âge d'être roi; et s'il avenoit que ce fut une fille, que les douze pairs et hauts barons de France eussent conseil et avis entre eux d'en ordonner, et donnassent le royaume à celui qui avoir le devoit. Sur ce, le roi Charles alla mourir environ la chandeleur. Ni demeura mie grandement après ce, que la reine Jeanne accoucha d'une fille. De quoi le plus du royaume en furent durement troublés et courroucés (*). »

CHARLES LE BEL (monnaies de). Ce prince fit frapper des monnaies d'or, des monnaies d'argent, et des monnaies de billon. Les premières sont connues sous les noms de moutons et de royaux. Les moutons ou aignels étaient d'or fin et valaient vingt-cinq sous; on en taillait cinquante- neuf au marc. Ils représentaient au droit l'agneau pascal, avec la légende AGNUS DEI, et le nom du roi en abrégé, KLS REX, se lisait audessous des pieds du mouton; au revers on voyait une croix fleuronnée, encadrée et cantonnée de fleurs de lis, avec la légende ordinaire : XPCC VINCIT, XPCC REGNAT, etc. On cessa en 1325 de fabriquer des moutons, et ces pièces furent remplacées par de doubles royaux et de petits royaux, que le peuple nommait longs vestus. Le double royal était d'or fin comme l'agnel et valait vingt-cinq sous; on en taillait cinquante-huit au marc. Le petit royal valait moitié moins. Le type de ces pièces représentait le roi sous une arcade gothique, vêtu d'un long habit, la couronne en tête et le sceptre en main; la légende était: KOL REX FRANCOR. Le revers, où on lisait la légende ordinaire des pièces d'or, présentait aussi une croix fleuronnée et enfermée dans quatre cercles concentriques cantonnés de quatre

couronnes.

Les monnaies d'argent frappées sous Charles le Bel sont des gros tournois, des demi-gros, et des ́oboles tierces. Toutes ces pièces, dont

(*) Chronique de Froissard, ch. 49.

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