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Sa nomi

nation de

sime.

»gnités que vous m'avez conférées; j'aime mieux » abdiquer le commandement que de me voir >> soupçonné d'intelligence avec des traîtres. >>

A ces mots le peuple, toujours enclin à la mégénéralis fiance, devint furieux, et s'écria qu'il fallait agir, comme du temps de Gélon, pour sauver la patrie; et, sans prendre le temps de réfléchir, il proclame Denys généralissime, et lui donne un pouvoir absolu.

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Denys sentit qu'il fallait se hâter d'achever son entreprise, de peur que le peuple, surpris de ce qu'il avait fait, ne s'aperçût qu'il s'était donné un maître. Il invita tous les citoyens au-dessous de quarante ans à se rendre, avec des vivres pour trente jours, à Léontium, ville remplie de déser– teurs et d'étrangers, se doutant bien que la plupart des Syracusains, et surtout les plus riches, ne le suivraient pas. Il partit en effet avec peu de monde, et campa près de Léontium. Tout à coup, pendant la nuit, on entend au milieu du camp un grand tumulte excité des émissaires de Denys. Il feint d'être effrayé, se lève à la hâte, sort du camp, et court se réfugier dans la citadelle de Léontium avec les soldats qui lui étaient le plus dévoués.

par

Au point du jour il rassemble le peuple, se plaint de la haine que lui attire sa fidélité, assure qu'on a tenté de l'assassiner, et demande qu'on lui permette, pour sa sûreté, de prendre six cents gar

des près de sa personne. La multitude fait rarement des conjurations, mais y croit facilement : elle lui accorde les six cents hommes qu'il désire; il en prend mille, les arme, les paie magnifiquement, fait de grandes promesses aux soldats étrangers, renvoie à Sparte Dexippe dont il se méfiait, rappelle près de lui la garnison de Géla dont il était sûr, attire sous ses drapeaux tous les déserteurs, les gens sans aveu, les exilés, les criminels: avec ce cortége, digne d'un tyran, il rentre dans Syracuse. Le peuple consterné, craignant à la fois Denys, son escorte et les Carthaginois, baisse en silence la tête sous le joug.

Denys, pour affermir son autorité, épouse la fille d'Hermoerate, dont on chérissait la mémoire ; donne sa sœur à Polixène, beau-frère de ce géné– ral; fait sanctionner dans une assemblée publique toutes ses opérations; et envoie au supplice Daphné et Démarque, citoyens courageux qui seuls s'étaient opposés à son usurpation. Ce fut ainsi que de simple greffier il devint tyran de Syracuse.

Bientôt on apprit que les Carthaginois assiégeaient Géla: Denys la secourut faiblement, et se borna, sans combattre, à favoriser la fuite d'une partie des habitans qui en sortaient; l'ennemi égorle reste. Cet événement fit soupçonner Denys d'intelligence avec Imileon. Peu de temps après les citoyens de Camarine abandonnèrent leur ville, pour éviter le sort des habitans de Géla.

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Sédition

Jans le camp

La vue de ces victimes, ruinées par l'ennemi, de Denys. et si mal protégées par le tyran, excita une sédition dans son camp. Une partie de ses troupes l'abandonna et revint à Syracuse. Ces soldats furieux pillèrent le palais de Denys, outragèrent sa femme et la firent mourir par leurs violences.

paix entre

Les riches et les grands de Syracuse, saisissant cette occasion, se révoltent et envoient des cavaliers pour tuer le tyran. Ses soldats étrangers le défendent; il arrive avec cinq cents hommes, met le feu aux portes de la ville, y pénètre et fait massacrer tout le parti aristocratique qui lui en défendait l'entrée.

Traité de Sur ces entrefaites Imilcon envoya un héraut à Carthage et Syracuse pour négocier : on signa un traité par

Syracuse.

lequel Carthage accorda la paix à condition qu'elle garderait une partie de la Sicile et que Syracuse resterait sous le pouvoir de Denys. Cette convention confirma les anciens soupçons, et fit croire généralement que, pour régner, Denys avait vendu sa patrie. Cette paix fut conclue l'an du monde 3600, quatre cent quatre ans avant Jésus-Christ, à l'époque de la mort de Darius Nothus.

Certain d'être haï, Denys ne crut pouvoir régner que par la crainte sur la majorité de ses sujets qu'il regardait comme ses ennemis. Il immola les uns pour effrayer les autres, fortifia un quartier de la ville qu'on appelait l'Isle, le flanqua de tours, bâtit une citadelle, y logea de préfé

rence les étrangers, fit construire dans cette enceinte beaucoup de boutiques, mit en place toutes ses créatures, donna les meilleures terres des proscrits à ses favoris, et partagea le reste entre les citoyens et les mercenaires.

Ayant assuré de cette sorte sa domination, il s'occupa à consoler les Syracusains, par un peu de gloire, de la perte de leur liberté. Il se mit à la tête de son armée, et subjugua plusieurs peuples qui dans la dernière guerre avaient donné des secours aux Carthaginois. Tandis qu'il assiégeait Nouvelle Herbérine, les troupes syracusaines qui étaient l'arco de avec lui se révoltèrent, armèrent les bannis, et le forcèrent de se retirer à Syracuse avec ses soldats restés fidèles.

Les révoltés le suivirent, s'emparèrent de l'Épipole, lui fermèrent toute communication avec la campagne, mirent sa tête à prix, et promirent le droit de cité aux étrangers qui l'abandonneraient. Ils en gagnèrent beaucoup par ce moyen, Avec leur secours et quelques alliés ils formèrem le siége de la citadelle. Denys, réduit à l'extrémité, avait tellement perdu l'espoir de se sauver, qu'il délibérait avec ses amis sur le genre de mort qui devait terminer ses jours. Dans cet instant Philiste lui reproche son désespoir, relève son courage, et le détermine à tenter encore la ruse et la force. Denys négocie; il demande aux rebelles la permission de sortir de la ville avec les siens :

révolte dans

l'armée

Denys.

on le lui permet, et on lui accorde cinq vaisseaux. La nécessité de les équiper lui fait gagner du temps; les Syracusains, dans une fausse sécurité, désarment une partie de leurs troupes. Denys avait fait appeler secrètement des Campaniens en garnison dans les places appartenant aux Carthaginois. Ils arrivent au nombre de quinze cents, forcent les portes, et s'ouvrent un passage jusqu'à la citadelle. Le découragement s'empare des Syracusains; Denys, saisissant le moment favorable, fait une sortie impétueuse, renverse ce qui se trouve sur son passage, disperse ses ennemis, et s'empare de la ville. Instruit par l'expérience du danger des excès, il arrête le carnage, promet l'oubli du passé, et congédie les Campaniens.

Dans ce même temps les Lacédémoniens, qui venaient de ruiner la liberté d'Athènes, envoyèrent des ambassadeurs à Syracuse pour y fortifier la tyrannie.

Denys, craignant une nouvelle révolte, profita du moment où les citoyens étaient à la moisson, pour fouiller toutes les maisons et pour enlever les armes. Revenant ensuite au projet d'illustrer sa patrie qu'il asservissait, il s'empara de Naxe, de Catane, de Léontium; enrichit Syracuse par ses trophées; et forma le dessein de se rendre maître de Rhège. Une sédition qui éclata parmi ses troupes le força d'y renoncer.

Apprenant alors que les garnisons carthagi

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