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Séleucus, le détrompa, et fut depuis aussi zélé pour servir les Juifs qu'il s'était montré d'abord les persécuter.

ardent pour

Simon ne fut point découragé par le mauvais succès de son entreprise. Appuyé par le crédit d'Apollonius, il se mit à la tête de tout ce qu'il y avait de Juifs infidèles et d'hommes perdus dans Jérusalem. Par ce moyen il y excita tant de troubles que le grand - prêtre Onias, ne trouvant plus d'autre remède contre ces désordres, sortit de Judée, et courut implorer le secours et l'autorité du roi Séleucus. Il fut reçu à sa cour avec la vénération qu'inspirait sa vertu. Mais les dispositions favorables de Séleucus restèrent sans effet.

Ce monarque mourut, et ne put assurer le trône à son fils Démétrius. Les Romains, suivant les maximes de leur politique artificieuse et dominatrice, envoyèrent en Syrie le frère aîné du feu roi, Antiochus Epiphane, qui avait été élevé à Rome, et que Dieu destinait à être le fléau de la Judée.

Jason, indigne frère du grand-prêtre Onias, Usurpation profita de son absence pour usurper le pouvoir. Il de Jason. se lia avec Simon et avec tous les hommes adonnés à la débauche et à l'idolâtrie; enfin, pour consommer sa perfidie, il vint trouver Antiochus, lui donna trois cent soixante talens d'argent pour obtenir le sacerdoce, et lui en promit deux cents autres, si le roi lui permettait d'établir à Jérusalem les usages des Grecs, des lieux publics d'exerTOME 3.

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cices, et des académies pour la jeunesse. Antiochus, qui avait besoin d'argent pour combattre le parti de son neveu Démétrius, accorda à Jason tout ce qu'il lui demandait.

Des celui-ci se vit revêtu du souverain saque cerdoce, appuyé d'une troupe d'apostats et de gens débauchés, il persuada au peuple que tous ses malheurs venaient de la loi de Moïse, dont la rigueur isolait les Juifs des autres nations, en leur défendant toute alliance avec elles et tout rapport de culte et de mœurs.

Bientôt Jérusalem fut remplie de jeux, de fêtes païennes, de profanations; et le grand-prêtre luimême envoya de l'argent à Tyr pour y faire un sacrifice à Hercule.

Antiochus, après une longue guerre interrompue par une paix et par un partage de peu de durée, triompha de son neveu Démétrius, l'envoya en otage à Rome, devint le seul maître de la Syrie, et, enivré de ses succès, entreprit la conquête de l'Egypte que gouvernait alors Ptolémée Philométor, dont le père, Philopator, avait eu tant de guerres à soutenir contre le grand Antiochus. Son ambition l'aveuglait au point de lui faire oublier que Rome s'était toujours opposée à la réunion des empires d'Egypte et d'Asie.

Antiochus remporta de grandes victoires en Egypte; mais la résistance de cette nation et la politique romaine le forcèrent de renoncer à cette

conquête. Il se contenta de faire une paix glorieuse, et tourna ses vues du côté de la Judée, dont il médita dès lors la ruine. L'accueil qu'il reçut à Jérusalem, et les présens que lui fit la république, ne changèrent point ses projets; ils en retardèrent seulement l'exécution.

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Sa

déposition.

Le pontife Jason jouissait tranquillement du fruit de ses crimes, mais une perfidie semblable à la sienne le punit bientôt de sa trahison. Il avait chargé son frère Ménélaüs de porter le tribut des Juifs à Antiochus. Ce frère perfide capta la faveur du roi par des louanges, des présens et des promesses. Jason fut déposé, et Ménélaüs le rem- Pontificat plaça. Fier de son succès, il crut pouvoir éluder Ménélaüs. les engagemens pris avec le roi; il ne paya pointle tribut aux époques prescrites. Le roi le destitua, et donna sa place à son frère Lysimaque.

Peu de temps après les villes de Tarse et de Mallo en Cilicie se soulevèrent contre Antiochus, parce que le roi les avait cédées à une de ses concubines. Ménélaüs, furieux de sa déposition, voulut profiter de ce soulèvement; il vendit des vases d'or volés par lui dans le temple, et porta le prix de ce sacrilége à Andronic, gouverneur d'Antioche, pour l'aider à apaiser la révolte de la Cilicie. L'ancien grand-prêtre, le vertueux Onias, apprenant dans le fond de sa retraite cette profanation des vases sacrés, éclata en reproches contre son frère Ménélaüs. Celui-ci, craignant que la voix d'Onias

de son frère

Mort

du pontife

Onias.

Mort

Lysimaque.

ne réveillât l'indignation des Juifs, engagea Andronic à se défaire d'un censeur si austère et si dangereux. Andronic, déguisant son barbare dessein, invita Onias à une conférence, et lui enfonça un poignard dans le cœur. Malgré la dépravation qui existait alors à Jérusalem, la mort de ce vieillard révéré répandit parmi les Juifs une extrême désolation; les païens mêmes partageaient leur douleur; et tous, malgré la diversité de leurs intérêts et de leurs cultes, adressèrent à Antiochus de violentes plaintes contre l'auteur de cet attentat. Antiochus, informé de cet événement, donna des regrets à la mémoire d'Onias, et le vengea en ordonnant la mort d'Andronic.

Cependant le pontife Lysimaque continuait à du pontife Jérusalem ses pillages et ses sacriléges, lorsque tout à coup le bruit se répandit dans la ville qu'il avait enlevé et caché les trésors du temple. La multitude s'enflamma de colère, et se souleva contre lui. Il voulut en vain résister à la tête de trois mille hommes qui lui étaient dévoués; sa troupe fut dispersée, et on le massacra lui-même à la porte du temple. L'anarchie suivit cette sédition. On s'adressa au roi pour la faire cesser; mais, à la grande surprise des gens de bien qui réclamaient son autorité, il rendit le sacerdoce à Ménélaüs l'auteur et l'instigateur de tous les crimes commis depuis plusieurs années. Dès ce moment le vice triompha; la vertu fut proscrite; on outragea l'in

nocence; on opprima la pauvreté; on supposa des crimes à la richesse. Ménélaüs protégea tous les brigands, extermina tous les hommes de courage et de mérite; et Jérusalem, sans défense et sans protection, devint le théâtre des vengeances et des cruautés de ce tyran féroce.

Cependant tous ces malheurs, qui accablaient Jérusalem, n'étaient encore qu'un faible présage des calamités qui devaient bientôt fondre sur la Judée.

« Dieu, dit l'Ecriture, voulut encore porter son >> peuple au repentir, et l'avertir par des prodiges » de sa prochaine destruction*. On entendit un >> bruit affreux dans le ciel; on vit dans les airs une » multitude d'hommes armés de casques et d'épées, » des cavaliers qui se livraient des combats et se » lançaient des dards. Mais ces sinistres augures »ne touchèrent point le cœur de l'impie Mé»nélaüs et de ses partisans. » Dans ce temps Antiochus Epiphane, ayant accru ses forces, ses richesses et sa puissance, revint à ses premiers projets contre l'Egypte, et entra dans ce royaume à la tête d'une très-forte armée, espérant que la faiblesse de Ptolémée Philométor lui opposerait peu de résistance. Mais la prédiction faite autrefois par Daniel s'accomplit. Les Romains unirent leurs forces à celles des Egyptiens, et le roi de

* An du monde 3834. - Avant Jésus-Christ 170.

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