Page images
PDF
EPUB

tance *. On employa tour à tour la force et l'a-
dresse pour
lui faire manger des viandes immon-
des; mais il préféra une mort glorieuse à une vie
infâme: «Je demande moi-même le supplice,
» dit-il; j'aime mieux périr que dissimuler. J'é-
>> chapperais à la main des hommes, mais non
» pas à celle de Dieu. Je ne veux pas ternir le peu
» de jours qui me restent à vivre; j'espère en
» mourant laisser aux jeunes gens un exemple de
>> fermeté qui leur apprendra à préférer la loi de
» Dieu à leur propre vie. » Sa vertu irrita ses
bourreaux qui le firent périr sous leurs coups. Le
dévouement et la piété d'Éléazar eurent bientôt
des imitateurs.

et mort des

On exposa à des épreuves plus cruelles sept Supplice frères que leur martyre rendit fameux, et que Machabées. l'Ecriture nomme Machabées. Ils étaient jeunes et de famille distinguée; on louait généralement leur ardente piété. Antiochus crut que leur jeunesse céderait à sa puissance ; qu'il les forcerait à sacrifier aux idoles, et que leur exemple porterait le peu de Juifs restés fidèles à les imiter. Il les fit venir en sa présence; mais, les trouvant insensibles à ses séductions et à ses menaces, il espéra que la douleur affaiblirait leur courage, les livra tour à tour aux plus affreux tourmens, et rendit leur mère témoin de leur supplice **. On leur Avant Jésus-Christ 167.

* An du monde 3837. ** Même année, 3837.

Fuite de Mathathias

coupa les mains et les pieds, et, lorsqu'ils n'étaient plus qu'un tronc informe, ils furent jetés dans une chaudière pour y trouver la fin de leur existence. Aucun d'eux ne céda au tyran; tous lui parlèrent avec une fière liberté; ils attribuèrent leurs malheurs aux péchés du peuple, et prédirent au roi qu'il serait puni et terrassé par ce Dieu qu'il osait combattre.

Antiochus, pensant que sa cruauté lui serait plus nuisible qu'utile si aucun d'eux ne cédait à son autorité, parut s'attendrir un moment en faveur du plus jeune des Machabées. Il employa pour le séduire les caresses et les promesses, lui fit envisager le sort le plus brillant, s'il voulait lui obéir, et engagea sa mère à sauver le seul fils qui lui restât. Mais cette femme courageuse ne parla à son fils que pour l'affermir contre toute crainte, et pour l'empêcher de renoncer à la gloire de ses frères par une lâcheté. Le jeune enfant demeura fidèle, et le roi furieux le fit périr ainsi que sa

mère.

Tandis que toutes les villes de la Judée et des avec ses fils. pays circonvoisins voyaient leurs habitans consternés livrés au fer des bourreaux ou à la honte de l'apostasie, Mathathias, prêtre de la famille d'Aaron, révéré dans sa patrie par sa naissance et ses vertus, s'échappa de Jérusalem avec ses fils, non pour fuir le martyre, mais dans l'espoir de défendre l'indépendance de sa nation, son culte,

ses lois, et de la venger de tant d'injures et de cruautés.

Il se réfugia sur une montagne déserte, près de la ville de Modin. Ses enfans s'appelaient Jean, surnommé Gaddès; Simon, surnommé Thaci ; Judas, appelé Machabée; Eléazar, nommé Abbaron; et Jonathas, surnommé Appus. Jamais dans aucun pays, on ne vit d'hommes dont les noms fussent plus dignes d'être conservés dans la mémoire de leurs compatriotes.

La Judée était esclave; on avait exterminé ses guerriers, pillé ses richesses, renversé sés autels et ses lois. L'empire d'Asie pesait tout entier sur elle; les troupes d'Antiochus occupaient toutes ses forteresses. Le peuple, fatigué de massacres et de persécutions, n'avait plus, dans sa ruine totale, d'autre bien à conserver que la vie; et, pour la racheter, tout obéissait au vainqueur.

་་

Son

entreprise

Dans un tel état d'abaissement et de consternation, il paraît prodigieux qu'un seul homme, sans courageuse. autre secours que son courage et sa famille, ait pu former le projet d'affranchir sa nation, de chasser l'étranger, de rétablir la république des Juifs, et de relever un temple dont toutes les nations avaient conspiré et consommé la ruine. C'est cependant ce projet glorieux que conçut Mathathias, et qu'accomplirent ses héroïques enfans.

Il commença d'abord par un de ces coups hardis qui seuls peuvent électriser des âmes abat

tues en les étonnant par une grande audace et en les enflammant par un grand exemple.

Il entra dans la ville de Modin, parla au peuple, lui rappela sa gloire passée et son humiliation présente, mais chercha vainement à lui faire préférer une mort glorieuse au sacrilége et à l'apostasie. Les officiers d'Antiochus se présentèrent, ordonnèrent de sacrifier aux idoles; tous gardaient un honteux silence. Un Juif, plus corrompu ou plus effrayé que les autres, s'avance au pied de l'autel pour faire son sacrifice; Mathathias indigné lui plonge une épée dans le sein, tue l'officier persan qui le protégeait, et renverse aux yeux de sa troupe et l'autel et l'idole *. Il représente ensuite aux habitans qu'après une telle action il n'y a plus de salut à espérer pour la ville qui en a été le théâtre, et qu'il ne reste plus qu'à vaincre ou à mourir. La foule, faible et indécise, se disperse; les hommes courageux entourent Mathathias, et se retirent avec lui sur la montagne déserte qu'il habitait. Son parti s'y grossit peu à peu de tous ceux qui conserSa victoire vaient quelque religion et quelque vaillance. Les troupes d'Antiochus vinrent l'attaquer; mais, animés par le désespoir, les Juifs battirent leurs ennemis et les mirent en fuite.

sur les Per

ses.

Ce premier succès augmenta les partisans du vengeur d'Israël qui fut bientôt en état de s'é

* An du monde 3837. - Avant Jésus-Christ 167.

tendre hors de sa retraite, de remporter de nouveaux avantages et d'affranchir plusieurs villes du joug honteux des Syriens.

Mathathias, fort avancé en âge, termina bientôt sa mort. sa glorieuse carrière : il chargea, en mourant, son fils aîné Simon de l'administration, et Judas de la guerre.

Judas Ma

Judas, comme on l'a vu plus haut, portait le 'Exploits de nom de Machabée, heureux présage de ses vic- chabée. toires. Cet illustre guerrier devint la gloire d'Israël qui lui dut sa délivrance. Une valeur indomptable, une piété sans bornes, une justice inflexible, une célérité inconcevable dans ses entreprises formaient les principaux traits du caractère de ce héros qui défit et ruina, à la tête de six mille hommes, les innombrables armées de la Syrie; conquérant d'autant plus fortuné que son pays fut sa seule conquête, et que la justice conduisit toujours ses armes. « Il se revêtit, dit l'Ecriture, de >> ses armes comme un géant, et son épée mettait » à couvert toutes ses troupes. Il parut dans les >> combats comme un lion qui court à sa proie, et » répandit de toutes parts la terreur de son nom.»>

Apollonius fut le premier des généraux d'Antiochus dont il triompha *. Dès le commencement de la bataille, il se précipita sur le général ennemi, le tua et s'empara de son épée. Cette prompte vic

* An du monde 3838. - Ayant Jésus-Christ 166.

« PreviousContinue »