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CHAPITRE SECOND.

Gélon. Son commandement. Son élévation au trône. - Sa victoire sur les Carthaginois. Son sage gouvernement. — Sa

mort. Hieron et Thrasybule.

Règne de Hiéron.

mort.- Règne tyrannique de Thrasybule.

- Victoires de Deucétius.

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Son abandon par son armée. Son exil à Corinthe. - Denys le tyran. — Exploits d'Hermocrate. Sa mort. Description de la ville d'Agrigente. Harangue de Denys. Sa nomination de généralissime. Sa ruse pour accroître son pouvoir. — Sédition dans le camp de Denys. Traité de paix entre Carthage et Syracuse.-Nouvelle révolte dans l'armée de Denys.-Préparatifs hostiles de Denys.— Guerre avec Carthage.-Harangue de Théodore.-Déclaration de Sparte. Fermeté de Testa sœur de Denys.-Victoires de Denys. Son amour pour les lettres.-Sa mort.-Amitié de Damon et de Phytias.—Épée de Damoclès.-Denys le jeune.-Son règne paisible.—Arrivée de Platon à Syracuse.—Exil de Dion.— Retour de Platon à Athènes. Son rappel à Syracuse. - Son retour en Grèce. - Haine de Dion contre Denys. Sa descente en Sicile. - Prise de Syracuse. Disgrâce de Dion. Son rappel. - Sa nomination de généralissime. contre lui. Sa mort. -Descente de Denys en Sicile. - Guerre entre Corinthe et Denys. Commandement de Timoléon.

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racuse par Timoléon. -Ses nouvelles victoires. Son jugement. Sa démission.

Sa cécité. Fin de sa vie.

AVANT

GÉLON.

VANT le règne de Xerxès en Asie, et de Gélon

Commandement de

à Syracuse, les anciens auteurs ne nous ont rien Gélon. transmis de certain sur l'histoire de Sicile; nous

savons seulement par eux que Cléandre, tyran de Géla, ayant péri sous le poignard d'un assassin laissa la couronne à son frère Hippocrate qui confia le commandement de ses armées à un citoyen nommé Gélon, d'une famille sacerdotale, et plus considérable encore par son mérite personnel que par sa naissance.

Gélon se concilia, par sa vaillance et par son habileté, la faveur du peuple et de l'armée. Il enleva Camarine aux Syracusains, et se distingua par beaucoup d'autres exploits. Hippocrate mourut et laissa deux fils. Un parti républicain, assez puissant dans Géla, refusait à ces princes le trône de leur père. Gélon parut s'armer pour eux ; mais, s'étant emparé de vive force de la ville, il se fit déclarer roi par le peuple. Dans ce temps Syracuse était gouvernée républicainement et déchirée par des factions: l'une d'elles, s'emparant de l'autorité, bannit un grand nombre de citoyens. Ceux-ci implorèrent la protection de Gélon: il les ramena à Syracuse, et défit leurs ennemis. Tous au trône. les citoyens, fatigués de l'anarchie et prévenus en faveur de Gélon par sa haute renommée, se soumirent à lui et lui donnèrent le trône avec un pouvoir absolu.

Son

élévation

Les Carthaginois l'attaquèrent: repoussé d'abord par eux, il envoya demander des secours à Athènes et à Sparte; mais sans leur aide il parvint à triompher de ses ennemis, et augmenta tellement ses

forces et sa puissance, que dix ans après, lorsque
Xerxès attaqua la Grèce, Gélon offrit aux Athé-
niens et aux Spartiates deux cents galères, vingt
mille hommes de pied, deux mille chevaux, deux
mille archers et deux mille frondeurs ; il proposait
même de payer les frais de la
les frais de la guerre; mais il vou-
lait le titre de généralissime de la Grèce. Les
Grecs, désirant un allié et craignant un maître,
répondirent qu'ils avaient besoin de soldats et non
de généraux. Leur méfiance n'était pas mal fondée
car, tandis que Gélon leur offrait des secours, il
envoyait dans la Grèce Cadmus, chargé de riches
présens, avec ordre de les offrir à Xerxès dans le
cas où il serait vainqueur.

;

Dans le même temps le roi de Perse, aussi peu sincère, sollicitait l'amitié de Gélon, et, d'un autre côté, engageait les Carthaginois à l'attaquer. De nouveaux troubles survenus les y décidèrent.

Terrillus, tyran d'Hymère, venait d'être renversé de son trône par Théron, roi d'Agrigente. Celui-ci descendait de Cadmus, fondateur de Thèbes, et avait donné sa fille en mariage à Gélon. Les Carthaginois armèrent dans le dessein apparent de faire rentrer Terrillus dans Hymère, mais avec l'intention réelle de s'emparer de la Sicile.

Sa victoire sur les Car

Gélon leva une armée de cinquante-cinq mille hommes pour soutenir son beau-père. Le plus thaginois. habile général de Carthage, Amilcar, à la tête de

*

An du monde 3524. - Avant Jésus-Christ 480.

trois cent mille guerriers, forma le siége d'Hymère. Il y établit deux camps : l'un renfermait ses vaisseaux tirés sur le rivage, et gardés par des troupes de mer; il avait placé dans l'autre son armée de terre. Ces deux camps étaient fortifiés.

Gélon, informé que l'ennemi attendait de Sélinonte un corps de cavalerie auxiliaire, donna ordre à un détachement de troupes à cheval de se présenter à l'heure désignée à la porte du camp ennemi: cette ruse réussit ; les Carthaginois accueillirent cette troupe, croyant que c'était le corps allié qu'ils attendaient. Les Syracusains entrés dans le camp surprirent Amilcar faisant un sacrifice, poignardèrent, et mirent le feu à sa flotte. Au même instant Gélon, à la tête de son armée, attaqua et prit de vive force l'autre camp.

le

Jamais victoire ne fut plus complète et ne fit autant de victimes; des trois cent mille Carthaginois la moitié périt; l'autre moitié tomba dans les fers. Vingt vaisseaux seuls retournèrent en Afrique. Tous les tyrans de Sicile recherchèrent l'amitié du vainqueur. Carthage, craignant de le voir arriver à ses portes, demanda la paix. Gélon l'accorda ; et la principale condition du traité fut que les Carthaginois ne sacrifieraient plus à Saturne de victimes humaines; trophée d'autant plus glorieux pour le roi de Syracuse qu'il signalait, non le triomphe de l'ambition, mais celui de l'humanité. Après avoir terminé cette guerre avec tant d'é

gouverno

clat, Gélon voulait secourir les Grecs contre les Son sage Perses; mais il apprit dans ce moment la victoire ment. de Salamine: donnant alors un rare exemple de modération dans la prospérité, il cessa d'ambitionner la gloire des armes, et ne rechercha que la gloire plus douce et plus solide que donne une administration juste, sage et pacifique. Il ne pressait plus l'activité des arsenaux, mais il encourageait celle des ateliers; il cessa de se montrer à la tête des armées, mais on le vit à la tête des laboureurs.

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De retour à Syracuse, il convoque le peuple, l'invite à se rassembler avec ses armes : il arrive sur la place, seul, sans gardes, désarmé, rend compte aux citoyens de ses dépenses, de son administration civile et militaire, de la situation de l'Etat, rend la liberté à la nation, et lui propose de délibérer sur la forme de gouvernement qu'elle veut choisir.

L'admiration et la reconnaissance dictent des suffrages unanimes; l'amour d'un peuple libre lui rend la couronne, l'affermit, et ordonne qu'on lui érige une statue qui le représente en habit de citoyens.

Long-temps après Timoléon, voulant détruire tous les emblèmes de la tyrannie, renouvela l'usage antique de l'Égypte, et fit faire le procès aux rois dont les statues devaient être brisées. Le peuple les renversa toutes; mais il défendit et conserva celle de Gélon.

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