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les fois que les Siciliens seraient en guerre avec les étrangers, ils donneraient le commandement de leurs armées à un général corinthien. Plutarque, trop indulgent d'ailleurs pour la seule action coupable de sa vie, le place avec raison au-dessus d'Épaminondas, de Thémistocle, d'Agésilas et des autres héros de la Grèce.

* An du monde 3666.

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tion d'Agathocle au pouvoir.-Sa cruauté.-Son gouvernement.

-

tre de son armée. - Massacre à Syracuse. Mort d'Agathocle.-Règne de Hiéron.-Règne de Hiéronyne.

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Sa mort.

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Siége, blocus et prise de Syracuse par Marcellus.
de la Sicile en province romaine.

- Réduction

Si les lois de Timoléon semblaient propres à établir une sage liberté, la population qu'il attira dans Syracuse n'était pas faite pour y maintenir long-temps la concorde; car des hommes de tant de nations différentes y portaient chacun l'esprit, les coutumes et les préjugés de leur patrie. Syracuse ne jouit pas vingt ans de la liberté ; et encore ce temps fut agité par beaucoup de dissensions qu'excitaient le penchant des militaires pour la tyrannie, la turbulence des amis de la démocratie, et l'orgueil des partisans de l'oligarchie.

Les Carthaginois, ne perdant pas de vue le dessein de s'emparer de la Sicile, fomentaient tous ces Gouverne- partis et alimentaient les troubles. Enfin Sosistrate, nique de So- l'un des généraux Syracusains, parvint, avec l'appui de l'armée, à s'emparer d'un pouvoir presque absolu, et, comme tous les tyrans, chassa des em

sistrate.

plois, bannit et dépouilla tous les citoyens qui voulaient défendre la liberté. Un d'eux, nommé Démas, puissant par ses richesses, et qui s'était distingué à la guerre, traversa long-temps ses projets. Démas avait pris én amitié un jeune homme nommé Agathocle, fils d'un potier, remarquable par sa force prodigieuse et par une rare beauté.

Démas, élu chef par les Agrigentins, donna mille hommes à commander à Agathocle. A la tête de cette troupe, il déploya une intelligence, montra une audace et fit des exploits qui lui acquirent beaucoup de renommée. Démas mourut; sa veuve, éprise d'Agathocle, l'épousa, et lui apporta une immense fortune.

La richesse d'Agathocle, son crédit sur le peuple, sa vaillance et son ambition le rendirent suspect à Sosistrate, et le tyran voulut le faire assassiner. Il se déroba à ses coups, et, suivi de quelques partisans, chercha fortune en Italie. Son caractère trop violent le fit chasser de deux villes de cette contrée. Sosistrate l'y poursuivait toujours. Agathocle, ayant rassemblé quelques aventuriers et des bannis, attaqua et battit les troupes de son persécuteur.

Sosistrate, plus ambitieux qu'habile, se trompa Son exil. sur ses forces; il tenta de détruire dans Syracuse toute forme de gouvernement démocratique. Le peuple se révolta et le bannit. Chassé de la ville avec sept cents des principaux partisans de l'oli

garchie, il demanda des secours aux Carthaginois, et voulut, avec leur appui, rétablir la tyrannie. Les Syracusains lui opposèrent Agathocle, qu'ils chargèrent du commandement de leurs troupes. Prétention Le nouveau général, par sa valeur, justifia leur au pouvoir. choix, défit complètement les ennemis et reçut

d'Agatocle

sept blessures en combattant. De retour dans la ville, son impétuosité trahit sa politique; il laissa percer le désir d'arriver au pouvoir suprême; le peuple s'irrita; les amis de la liberté formèrent le projet de le faire périr. Averti de ce complot et voulant s'assurer de sa réalité, il revêtit un esclave de ses vêtemens et lui ordonna de se rendre le soir dans l'endroit où les conjurés devaient exécuter leur dessein. Cet homme fut massacré. Agathocle, déguisé, se déroba par la fuite aux poignards de ses ennemis. Tandis que les Syracusains croyaient s'être délivrés de cet ambitieux, et se réjouissaient de sa mort, il reparut tout à coup aux portes de la ville à la tête d'une armée d'étrangers qu'il avait levée en Sicile. La surprise augmenta la crainte ; on négocia au lieu de combattre, et le peuple permit à Agathocle de rentrer dans Syracuse. On exigea de lui le serment de renvoyer ses troupes et de ne rien entreprendre contre la démocratie. Il se prêta à tout ce qu'on voulut, et congédia ses soldats, mais en leur indiquant un lieu de réunion et les moyens de se rejoindre au premier signal.

Peu de temps après, sous prétexte d'une expé- Sa cruauté. dition projetée par les Syracusains contre la ville d'Erbite, il rassembla son armée, la fortifia d'un grand nombre d'hommes tirés de la lie du peuple et leur dit « Avant de combattre les ennemis » étrangers, délivrez-vous d'ennemis plus dange>> reux. Syracuse renferme un sénat composé de >> six cents tyrans plus oppresseurs que les Car>> thaginois; jamais nous ne goûterons de repos >> tant qu'eux et leurs partisans resteront en vie. » Avant de verser votre sang pour la patrie, as>> surez votre existence et sa liberté; détruisez » toutes les sangsues du peuple et saisissez-vous » de leurs biens. » A ces mots il donne le signal du carnage; les soldats furieux égorgent tous les citoyens dont la fortune ou le rang excitaient leur haine; ils n'épargnèrent ni l'âge ni le sexe; le massacre et le pillage durèrent deux jours; plus de quatre mille personnes périrent. Enfin Agathocle fit cesser cette boucherie. Rassemblant ensuite les citoyens consternés qui avaient survécu au massacre, il leur dit : « Vos maux étaient » grands; ils exigeaient un remède violent. Je » vous ai affranchis de vos tyrans; j'ai consolidé » la démocratie par leur mort; à présent je me >> voue à la retraite et au repos. »

Tous les complices de ses crimes avaient besoin de son appui pour que leurs violences restassent impunies. Ils le conjurèrent de garder la puissance

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