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Sen golle vernement.

guerre avec

ginois.

souveraine, et parurent le forcer à monter sur le trône, objet constant de son ambition.

Son premier acte fut d'abolir les dettes et de partager également les terres entre tous les citoyens. Le peuple, recevant de sa main les dépouilles des grands, s'unit à lui par l'intérêt, le plus fort des liens.

Agathocle, croyant alors son pouvoir bien affermi, se montra plus humain. Il fit des lois assez sages; pour occuper l'armée, il se mit en campagne et s'empara de toutes les villes de Sicile qui Sa n'appartenaient pas à Carthage. Malgré ce ménales Cartha- gement, les Carthaginois envoyèrent contre lui Amilcar avec une armée. Les mécontens s'y joignirent; Agathocle perdit une grande bataille, et se vit forcé de se renfermer dans Syracuse. Assiégé par les Carthaginois, il se crut perdu sans ressource. Dans cet instant critique, son génie lui suggère le projet le plus audacieux. Il arme les esclaves prend avec lui la plus grande partie de ses troupes, et ne laisse dans la ville qu'une garnison suffisante pour défendre les remparts. Sous prétexte de faire une expédition sur les côtes de Sicile, il monte sur sa flotte, met à la voile et débarque en Afrique près de Carthage. Pour comble de témérité, craignant d'affaiblir ses forces, s'il en laissait une partie sur ses vaisseaux, il dit à ses soldats : « J'ai juré à Proserpine et à Cérès de leur offrir >> notre flotte en sacrifice si elles favorisaient notre

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>> entreprise : accomplissez mes sermens pour que
>> les dieux nous donnent la victoire.» A ces mots
il saisit une torche; ses soldats entraînés le suivent,
et tous les vaisseaux sont consumés
par la flamme.
L'armée, forcée par cette résolution extrême de
vaincre ou de périr, marcha contre les ennemis
qui étaient sortis de leurs murs sous les ordres de
Bomilcar et d'Hannon.

Agathocle, avant de commencer le combat, Sa victoire. se servit d'un étrange artifice pour ranimer le courage de ses troupes. Il lâcha tout à coup un grand nombre de hiboux qu'il avait fait ramasser. Ces oiseaux, ne pouvant voler bien loin en plein jour, allèrent se percher sur les boucliers des soldats qui regardèrent cet événement comme un signe évident de la protection de Minerve. Leur ardeur s'en accrut; ils remportèrent une victoire complète. Hannon périt dans le combat; Bomilcar se retira sans perte, mais non sans être soupçonné de trahison. De retour à Carthage, il tenta une révolution dans le dessein de semparer du pouvoir suprême. Son projet échoua; le peuple s'arma contre lui et le fit mourir.

Agathocle, profitant de ses succès, ravagea les campagnes, s'empara de plusieurs forts, et prit une des plus puissantes cités de l'Afrique, qu'on appelait la grande ville. Cependant les Carthaginois, effrayés de ses progrès, avaient envoyé en Sicile à Amilcar l'ordre de quitter cette île pour

venir aux secours de sa patrie. Ce général, avant d'obéir, essaya d'effrayer et de tromper les Syra-cusains. Il fit passer dans la ville des débris de vaisseaux siciliens, dans l'intention de faire croire aux habitans que leur roi et son armée avaient péri. Déjà le peuple, consterné, parlait de capituler et de rendre la ville; mais au même instant on vit arriver dans le port un petit esquif, envoyé par Agathocle, qui apprenait sa victoire et qui portait la tête d'Hannon: on la jeta dans le camp des Carthaginois. Cet horrible présent répandit la terreur dans leur armée.

que

Agathocle, en Afrique, avait engagé dans son alliance Ophellas, roi des Cyrénéens, en lui promettant le trône de Carthage. Ophellas arrive dans son camp; Agathocle, aussi fourbe cruel, l'assassine et se rend maître de son armée. Pendant ce temps beaucoup de villes de Sicile, profitant de l'absence du tyran, s'étaient liguées pour secouer son joug. Informé de ces nouvelles, il s'embarque et laisse en Afrique Archagatus son fils.

La renommée d'Agathocle, devenue plus éclatante par le succès de son invasion, lui donna beaucoup de facilités pour lever des troupes, et en il rétablit ses affaires en Sicile. Mais peu de temps à peine il s'en était rendu maître qu'un courrier lui arrive, et lui apprend que trois corps d'armée carthaginois, ayant marché contre son son fils, l'ont défait complètement. Il retourne promptement en

Désastre dans son ar

Afrique; et, quoique ses affaires y fussent presque
dans une situation désespérée, son étoile lui donna
encore la possibilité d'échapper aux Carthaginois.
Six mille Grecs de son armée désertaient une nuit
pour passer à l'ennemi:dans cet instant un incendie més.
éclata avec violence dans le camp des Carthaginois.
Ceux-ci, effrayés par les flammes, voyant un gros
corps d'ennemis arriver, se crurent perdus, prirent
la fuite et coururent jusqu'à Carthage, persuadés
qu'Agathocle y entrerait pêle-mêle avec eux. Les six
mille Grecs, à la vue de ce désordre, s'imaginant
qu'un corps de leur armée battait les ennemis, re-
tournèrent sur leurs pas. Leur arrivée répandit dans
le camp d'Agathocle la même terreur que leur ap-
proche avait excitée dans le camp carthaginois
officiers, soldats, tout prend la fuite. Les esclaves,
restés sans maîtres, se livrent au pillage, s'eni-
vrent et mettent le feu au camp, qui en peu
d'heures disparut dans les flammes.

Agathocle, sans vivres, sans équipages, sans espoir, avait formé le dessein d'abandonner l'armée. Ses soldats, et son fils même, pénétrant son projet, l'arrêtèrent et l'enchaînèrent. Bientôt le désordre suivit l'indiscipline: la discorde des chefs, la licence du soldat, l'incendie du camp, la crainte des Carthaginois excitèrent une sédition. Dans la nuit, à la faveur du tumulte, Agathocle se sauva, s'embarqua et retourna en Sicile. L'armée, furieuse de son évasion, massacra ses fils, et nomma

Massacre à Syracuse.

des généraux qui conclurent avec Carthage un traité par lequel les Carthaginois s'obligèrent à les transporter dans leur île, et à leur céder la ville de Sélinonte.

Agathocle, arrivé en Sicile, leva de nouvelles troupes, prit d'assaut la ville d'Égeste, et en passa les habitans au fil de l'épée. Dès qu'il apprit la mort de ses fils et la capitulation de son armée, son caractère cruel devint féroce; il ordonna à son frère Antander de faire périr tous les Syracusains qui tenaient par le sang ou par l'amitié aux officiers ou aux soldats de l'armée d'Afrique.

Jamais on ne vit un tel massacre; les rues étaient remplies de cadavres, les murailles de la ville et les eaux de la mer furent teintes de sang. Cet excès d'atrocité produisit la révolte. Un banni, nommé Dinocrate, se mit à la tête des citoyens armés, et battit si complétement le tyran que celui-ci demanda la paix, et offrit de lui céder le trône, à condition qu'on lui laisserait deux forteresses. On rejeta ces propositions. Le désespoir lui rendit sa force; il marcha contre les rebelles, les mit en déroute, et les tailla en pièces. Un corps nombreux, retranché sur une montagne, capitula. On avait promis la vie aux soldats qui le composaient; ils rendirent leurs armes, et aussitôt Agathocle les fit tous tuer, et n'accorda de grâce qu'à leur chef Dinocrate. Ses vices le rendaient digne de lui; il le prit pour compagnon et pour ami.

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