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je vous le fais copier sur papier végétal, et je vous le transmettrai aussitôt qu'on me l'aura remis.

Les deux manuscrits portés sous les numéros 130 et 131 de notre catalogue ne peuvent vous être d'aucune utilité. Ce sont des copies faites au XVIIIe siècle de certains écrits relatifs à la signature du formulaire. Il n'y a que des discussions théologiques. Rien de relatif aux personnes.

Je vous prie de ne pas perdre de vue ma demande relative au portrait de M. d'Espinchal.

Ici j'ai parlé à plusieurs personnes du travail que vous allez publier, et toutes désireraient qu'en regard du véritable Pascal, on pût voir le pseudo-Pascal. Mais si vous ne vous décidez pas à réimprimer cette falsification, ne renoncez pas au parti de mettre en marge les chiffres des pages de l'édition de Didot.

Recevez la nouvelle assurance de mes sentiments les plus dévoués.

GONOD.

Clermont-Ferrand, 17 9bre 1843.

Monsieur et ami,

A votre première arrivée au ministère, vous avez dû recevoir le mémoire de Domat (1) que je me suis empressé de vous adresser, et, si vous n'avez pas reçu exactement la copie de la généalogie de Pascal promise par M. Lancelevée, vous n'aurez pas sans doute accusé mon exactitude. Mercredi dernier, pour vous expliquer ce retard, je vous ai envoyé la lettre que votre copiste m'écrivit pour se soustraire à mes importunités. Je vous envoie enfin aujourd'hui la copie elle-même qui n'a pu partir hier parce que je suis arrivé trop tard de la campagne.

Quoique je n'aie pas encore reçu de vos nouvelles, j'aime à croire que votre voyage a été heureux et qu'après les premiers moments donnés à l'amitié, vous avez repris votre œuvre chérie.

(1) C'est peut-être le Mémoire pour servir à l'histoire de M. Domat publié par Cousin (Jacqueline Pascal, Paris, Didier, 1877, in-8o, p. 428), à moins que ce ne soit la Requête présentée par les habitants de la ville de Clermont en Auvergne contre les RR. PP. jésuites (eodem libro, p. 445), ou le procès-verbal et la lettre accompagnant le procès-verbal dans l'affaire du P. Duhamel (eodem libro, p. 449).

Vous désirez, comme moi, savoir en quoi consiste l'éloge donné à Made Périer par la marquise de Sablé (1). Vous pouvez, je crois, charger M. Desbouis de cette recherche. La marquise de Sablé était Madeleine de Souvré, fille de M. de Souvré, gouverneur de Louis XIII; née en 1602, morte en 1678; on a d'elle un petit volume in-12, intitulé Maximes et pensées diverses, Paris, 1678. On pourrait peut-être trouver quelque utile indication à l'aide des tables dans la collection des Mémoires sur l'histoire de France publiée par Petitot et Monmerqué. Vous pourrez peut-être consulter à ce sujet M. Monmerqué lui-même, très instruit de ces sortes d'anecdotes. Je vous prie instamment de ne pas négliger de me transmettre le résultat de vos recherches à ce sujet.

Connaissez-vous le jugement de M. Nisard sur les Pensées de Pascal? Il m'a paru singulier. Vous le trouverez dans son précis de la littérature française, Dictionnaire de la conversation, t. XXVIII, 56e livraison (2).

(1) Fléchier, dans ses Mémoires sur les Grands-Jours de 1665, écrivait : « Les échevines (de Clermont) rendirent leur visite en corps (aux dames des commissaires des Grands-Jours), et firent le présent de la ville. La personne qui nous parut plus raisonnable fut Mme Périer; les louanges que Mme la marquise de Sablé lui donne, la réputation que M. Pascal, son frère, s'étoit acquise, et sa propre vertu, la rendent très considérable dans la ville, et quelque gloire qu'elle tire de l'estime où elle est, et de la parenté qu'elle a eue, elle seroit illustre quand il n'y auroit point de marquise de Sablé, et quand il n'y auroit jamais eu de M. Pascal. »

(2) Voici ce que M. Nisard, après avoir parlé des Provinciales, écrivait dans le Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Paris, Belin-Mandat, 1836, t. XXVIII, p. 248, sur les Pensées: « ...Je ne dirai pas la même chose des Pensées : là tout est neuf, tout est vivant, tout est d'hier, fonds et forme. Il faudrait en excepter pourtant une notable partie, la partie de démonstration de la vérité du christianisme, dont la forme seule a conservé de la vie, mais dont les idées, quoique merveilleusement déduites, feront toujours moins de conquêtes et retiendront moins de fidèles que les traditions de famille, les habitudes et le catéchisme. C'est peut-être cette partie des Pensées qui a tué la raison de Pascal ; car, quoiqu'il n'ait pas été absolument fou, il est certain que ses facultés furent gravement altérées. Pascal appliquait à des idées de foi spontanée, à des faits impalpables, la même rigueur d'analyse qu'aux théorèmes d'algèbre et de géométrie, lesquels sont des faits positifs, réels, ayant un fonds palpable et une fin. Il employait le même instrument à deux ordres d'idées qui s'excluent. Ainsi, arrivé au doute, en voulant trop creuser la foi, il se trouble, sa tête s'égare, et il se jette les yeux grands ouverts dans une croyance qui demande à l'homme de l'accepter les yeux fermés, et il se précipite dans la foi, tout frémissant de scepticisme. La nature avait mis dans Pascal deux choses qui se combattent et s'entre-détruisent, au détriment, soit de la raison, soit de la santé de l'homme qui en porte le fardeau : le don des sciences exactes et les plus belles facultés de l'imagination. Entre ces deux nécessités de sa nature, dont l'une le poussait, comme un enfant à la foi, et dont l'autre

Adieu, Monsieur et ami, ne différez donc pas plus longtemps de me donner de vos nouvelles, et croyez-moi pour la vie. Votre tout dévoué et ami,

GONOD (1).

Clermont, mardi 28 novembre 1843.

Monsieur et ami,

J'ai reçu votre lettre du 22 avec d'autant plus de plaisir que votre silence me donnait de véritables inquiétudes sur votre santé. Je vous remercie de les avoir enfin dissipées, car j'espère que vous êtes complètement remis de l'indisposition dont vous me parlez.

J'ai reçu hier le no du Journal des Savants (2) et les pièces que vous y avez jointes. J'ai fait remettre immédiatement rue Terrasse le paquet adressé à M. Bellaigue. J'ai reçu encore presque au même instant la Rhétorique d'Aristote (3) que Por

le retenait, révolté et gémissant, dans le doute froid de la raison, Pascal fut brisé: Pascal alla jusqu'à se reprocher sa santé, jusqu'à prier Dieu qu'il aggravât ses maladies. Il faut lire cette étrange et sublime prière où il demande à Dieu de lui donner le bon usage de ses maladies, où il raisonne cette pensée avec une vigueur de déduction incroyable, où il convaine Dieu, où il l'enlace, si je puis me servir de mots si profanes, de sa pressante dialectique, où il le réduit à l'impossibilité de ne pas exaucer sa prière, sauf à lui en demander pardon ensuite. Je ne sache rien de plus pénible que ce langage algébrique, infaillible en quelque manière comme les nombres, appliqué à l'ordre de pensées le plus ardent et le plus spontané, à la prière. La folie de Pascal dut être de haïr sa raison. Parmi ses pensées, beaucoup sont contestables, quelques-unes sont fausses, plusieurs absurdes; mais presque toutes sont écrites dans un style pittoresque, poétique, hardi, simple, pourtant, comme celui des Provinciales, mais simples dans des sujets magnifiques, dans des vérités éternelles, dans des erreurs qui agiteront toujours l'homme. Celles-mêmes qui sont universellement reconnues pour fausses, remuent l'esprit dans ses dernières profondeurs, et en inspirent, soit de bonnes, soit de contradictoires, et toujours un grand nombre à la fois, ce qui rend la lecture des Pensées si intéressante et si féconde. L'influence des écrits de Pascal fut décisive pour la prose française... » Le reste de ce morceau est consacré à la louange des qualités qu'allaient apporter au style français les dons divers de Pascal écri vain.

(1) Adresse: A Monsieur, Monsieur Faugère, Secrétaire rédacteur au Ministère des Affaires étrangères, Paris.

(2) Sans doute l'un des numéros du Journal des Savants qui contenait les Documents inédits sur Domat publiés par Victor Cousin en 1843, p. 5 et p. 76.

(3) Il s'agit probablement du livre: De la Rhétorique d'Aristote, thèse présentée à la Faculté des Lettres de Paris par Ernest Havet. Paris, impr. de Crapelet, 1843, in-8°, 132 p.

quet (1) m'a expédiée. Je vous remercie beaucoup de cet envoi. L'ouvrage m'intéressera beaucoup, quoiqu'il ne me paraisse pas aussi bon que je le supposais.

Je joins à cette lettre le fragment de Fléchier que vous me les notes relatives au mémoire sur Domat. demandez, ainsi que J'ai vu aujourd'hui même M. Bayle-Mouillard à qui j'ai fait vos compliments. Il vous recommande expressément de distinguer dans votre édition ce qui est inédit en le mettant entre [], ne fût-ce qu'un mot ajouté; il croit avec moi que la chose sera facile et intéressera beaucoup de lecteurs.

Quand vous verrez M. Desbouis (2), dites-lui, s'il vous plaît, que vous vous chargerez de me faire parvenir par la voie de l'Université les pièces qu'il aurait à m'envoyer. Je crains qu'il ne me fasse attendre certaines choses, faute d'occasion.

Dans la généalogie de Savaron, je n'ai rien vu qui pût rattacher la famille Guerrier à celle de Pascal. J'ai et je fais copier en ce moment le tableau généalogique (3) que nous avons vu

(1) Porquet est le libraire, 1, quai Voltaire, à Paris qui allait publier les Mémoires de Fléchier sur les Grands-Jours d'Auvergne en 1844.

(2) M. Gaspard Desbouis, d'abord archiviste de Clermont, succéda à M. Gonod en qualité de bibliothécaire. C'était un homme instruit qui connaissait parfaitement l'histoire de l'Auvergne et était un bibliophile distingué. Il avait rassemblé une collection particulière de livres sur l'Auvergne qui fut vendue à Paris, salle Sylvestre. Il a publié quelques plaquettes d'histoire. Il a aidé Chéruel et la librairie Hachette à donner une nouvelle édition des Mémoires sur les grands jours d'Auvergne où l'on négligea quelque peu le souvenir du premier éditeur, M. Benoît Gonod. On peut ranger M. Desbouis parmi les pascalisants d'Auvergne, car il a publié dans le t. II des Mémoires de l'Académie de Clermont-Ferrand, 1860, p. 323 à 462, un extrait du Recueil d'Utrecht: Mémoire sur la vie de M. Pascal, contenant aussi quelques particularités de celle de ses parents. Il mourut le 13 décembre 1864.

(3) La Bibliothèque de Clermont possède, manuscrit 713, un Tableau généalogique de la famille Pascal. On y lit dans un cartouche : « Tableau généalogique. Jeanne Enjobert, fille de Jacques Enjobert et d'Anne Delafon et femme d'Etienne Pascal, de Clermont en Auvergne, peu de temps avant son décès arrivé en l'an 1641, en la 80° année de son âge, faisant le dénombrement de ses neveux et nièces, en compta jusqu'au nombre de 469 lors vivants, outre plus de 1000 autres morts qu'elle avait vus durant sa vie ; ce qui ayant été trouvé merveilleux pour une si grande multitude, a donné sujet à Blaise Pascal, conseiller et secrétaire du Roi, l'un de ses enfants, d'en faire dresser cette table généalogique... ». C'est une copie qui date du XIXe siècle et qui aurait été faite sur un ancien exemplaire imprimé. Elle est sur une feuille de papier collée sur toile. C'est probablement la copie qu'avait fait exécuter M. Gonod.

chez M. Durant (1). Si j'aperçois plus tard quelque relation entre ces deux familles, je vous en ferai part.

Talonné par l'heure, je me hâte de vous remercier en gros de tout ce que vous avez fait et dit pour moi.

Toujours tout à vous,

GONOD.

J'ai eu le temps de passer à la Bibliothèque, et je vous ai transcrit à la hâte la généalogie que vous désirez.

(A suivre)

Ernest Jovy.

Les Anoblis et les confirmations de noblesse en Auvergne

:

de 1643 à 1771

(Suite)

Belamy Parti: au 1 d'azur, au chevron d'or, accompagné en pointe d'un levrier passant de gueules et en chef de deux pins de sinople; au 2 de gueules, à trois têtes de levriers, arrachées d'argent, colletées de sable, deux et une. (2).

I. Charles Belamy, originaire de Normandie, épousa à Paris, le 2 juin 1720, Jeanne Venard, veuve de Pierre-Nicolas Nioche. D'abord avocat en parlement dans la capitale, il se fixa ensuite en Auvergne par l'achat qu'il fit de la charge de l'office de receveur alternatif des tailles de l'élection de Brioude, le 30 mai 1727, devant Roy, notaire au Châtelet de Paris. C'est lui qui fit construire l'immeuble qui abrite actuellement la sous

(1) Il s'agit de M. Jean-Baptiste-François-César Durant de Juvizy fils qui habitait Clermont et avait trois sœurs dont l'une avait épousé M. de Laizer et une autre M. Esquirou de Parieu, avocat à Riom. Il était le fils de Jean-Baptiste Durant, écuyer, sieur de Juvizy, lieutenant au régiment de Lyonnais à l'époque de son mariage, le 18 octobre 1744, avec Anne Pascal de la Pradelle. C'est sans doute ce mariage avec Anne Pascal qui explique la présence du tableau généalogique des Pascal chez M. Durant de Juvizy qui était aussi le petit-fils de François Durant, seigneur de Pérignat, conseiller à la cour des aides (J.-B. Bouillet, Nobiliaire d'Auvergne, Clermont-Ferrand, imprimerie de Perrol, 1847, t. II, p. 386). M. Durant de Juvizy est encore nommé dans la lettre suivante du 10 décembre 1843, (2) G. Paul: Armorial du Velay, p. 47.

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