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manifestation parlementaire ce passage rempli d'un véritable sentiment patriotique :

» Le roi Guillaume-Frédéric vivra : il vivrà dans le cœur de tous, sire, ce prince qui, accouru naguère à la voix du peuple pour sauver la patrie du danger dont elle était menacée, avait consacré depuis, sans relâche et pendant plus d'un quart de siècle, toute son activité, tous ses soins, tous ses efforts au bonheur de la Néerlande, sans qu'on vît jamais son âme caliné et résignée se démentir un seul instant. Nous ne cesserons de reconnaître avec gratitude tout le bien qui s'opéra durant le règne du prince que Dieu a rappelé à lui, et nous implorons la providence, afin qu'elle daigne dans sa bonté dispenser à V. M. les forces nécessaires pour supporter avec l'humilité du chrétien la profonde douleur qu'elle vient d'essuyer. Cette douleur, sire, la nation et ses représentants la ressentent de toute la puissance de ce sentiment d'attachement intime pour la personne de V. M., qui unit depuis des siècles les destinées de la Néerlande à celles de l'ilustre dynastiè d'Orange. »

Dans l'histoire particulière de ce pays il faut signaler un acte d'intolérance religieuse dont heureusement les exemples sont assez rares de nos jours.

Le vicaire général de l'ile de Curaçao (possession Néer landaise dans les Indes-Occidentales avait été nommé (août), par le Saint-Père, évêque in partibus; il était venu en Néerlande pour y être sacré avec toute la pompe de l'église catholique. Déjà l'on avait disposé la nouvelle église catholique dite de Moïse et Aaron, à Amsterdam : c'était une véritable fête à laquelle s'attendaient les fidèles. Le clergé protestant s'émul de cette manifestation assurément peu dangereuse en soi, et une dépêche du gouvernement, arrivée quelques jours avant celui fixé pour la cérémonie, invita le nouvel évêque à ne pas se faire sacrer à Amsterdam. La cérémonie eut lieu à Warmond, petit village à deux ou trois lieues de la ville. L'indignation des catholiques fut générale, en présence de ces ridicules manœuvres.

CHAPITRE II.

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CONFÉDÉRATION GERMANIQUE.- Développements et système de l'association douanière.-Avenir commercial et industriel de l'Autriche.― Tendances politiques.

AUTRICHE.— son rôle dans la révolution Serbe. Dans les troubles de l'Italie-Convention postale avec la Russie.- Traité avec les États Italiens. -Tendances constitutionnelles à l'intérieur.- Réclamations de lá dièle provinciale dans la basse Autriche.-Censure de la Gazette d'Ausbourg. -Éludes pour la réduction des tarifs.-Chemins de fer.-Emprunt. HONGRIE.-Ordonnance concernant la langue Magyare.- Question de la langue nationale. Son adoption par la diète à l'exclusion de toute autre. - Veto royal.—Rescrit sur la langue latine.-Désordres graves dans les comitats. Réclamations des comitats.-Ouverture de la diéte.Discours royal-Adresse.- Projet de nouvelle législation criminelle.Organisation des municipalités.-Censure. - Mariages mixtes. - College de jésuites. — Catholiques de Pologne. - Exposition de l'industrie. PRUSSE.-Tendances libérales.-Pétitions en ce sens - - Réclamatious du duché de Posen.— Esprit des provinces rhénanes.— Liberté de la presse. -Publicité des débats.-Pétition de Koenigsberg.-Ordonnances concernant la censure.- Tribunal d'appel.-Loi sur le divorce.- Nouveau Code Pénal.-Perte de la noblesse.-Duel.- Tribunaux d'honneur.- Réduction de l'impôt du sel.- Misère des provinces rhénanes.- Chemins de fer. Port de Trèves déclaré port franc.- Projet de jonction du Rhin à la mer du Nord.-Conséquences pour l'avenir.- Israelites.-Anniversaire du traité de Verdun.- Rétablissement de l'ordre du Cygne.- Mort du prince Albert de Prusse.- Voyage de l'empereur de Russie. - Renouvellement du cartel d'extradition.-Négociations pour un traité de commerce avec la Belgique.— Négociations avec le Danemark.— Accessions à l'union douanière. — Relations commerciales avec le Brésil. - Projet de traité avec les États-Unis.

BAVIERE.-Proposition sur la liberté de la presse.- Circulaire de la cens sure.-Réclamations pour une réforme de la législation.-Projet de loi sur les chemins de fer.-Emprunt.-Fortifications fédérales.- Clôture de la session.

HANOVRE.-Voyage du roi en Angleterre.-Privilége obtenu pour les vaisseaux hanôvriens.-Convention avec le Danemark.-Traité de douanes. Mariage du prince heréditaire.

BADE.-Ouverture de la session.-Démission de M. Blittersdorf.-Triomphe de l'opinion libérale.- Projet de Code Pénal.-Motion sur les tribunaux d'honneur.-Sur la ferme des jeux.-Emprunt des chemins de fer. - Ordonnance sur le mariage des militaires.-Sur le mariage des français.

WURTEMBERG.-Résolution concernant les chemins de fer.-Clôture de la session.- Discours du roi. HESSE-DARMSTADT.-Emprunt des chemins de fer. Traité avec Franc

fort.

HESSE-ÉLECTORALE.— Ouverture de la session des États.-Loi sur les mariages mixtes.

SAXE ROYALE. Refus du roi de recevoir l'adresse.-Procédure criminelle.

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Entrée désormais dans une voie nouvelle de réformes lentes et de développement industriel, l'Allemagne poursuit sa route à la faveur de la paix générale. Deux grands faits caractérisent sa marche : l'extension continuelle, mais systématique et prudente des conquêtes faites par l'association douanière, d'un côté; de l'autre, la réserve et l'isolement graduel de l'empire Autrichien. Quel sera le rôle que choisira l'Autriche? viendra-t-elle se fondre dans cette grande unité germanique qui commence par l'industrie et tend, peut-être, à finir par la politique? Ou bien lui sera-t-il réservé de créer, à côté de cette puissance nouvelle dont la Prusse est le centre, une autre puissance indépendaute et capable de contrebalancer la première, une association Austro-Italienne? A ces questions que n'a pas encoro réso

lues l'histoire répondent, ici le danger, pour l'association de Stuttgart, d'une accession aussi importante que celle de l'Autriche, d'une conquête qui apporterait au sein de l'union un élément nouveau, original; là, l'immense variété des éléments hétérogènes et des intérêts opposés dont se composerait une association parallèle au Zollverein Prussien.

Les développements de l'union douanière de Stuttgart sont curieux à étudier. Quelques États allemands répugnent encore à la fusion commerciale: le Hanôvre, par exemple, trouve à ses résistances un encouragement secret dans les concessions de la Grande-Bretagne. L'esprit anglais a déjà compris que l'esprit allemand s'émancipe et que les triomphes du Zollverein sont des échecs pour son commerce d'exportation. Aussi, la pensée habile et profonde qui a présidé à la création de l'association douanière s'attache-t-elle à en maintenir l'intégrité pour en augmenter la force : c'est moins l'étendue que l'homogénéité qu'elle recherche dans ses alliances. C'est ainsi que la Belgique a vu repousser ses avances et que la Prusse, par la création d'un nouveau débouché rhénan (Voy. Prusse), par la direction intelligente de ses lignes de fer, s'apprête à créer, pour le compte du grand corps dont elle s'est faite la tête, une force maritime et industrielle véritablement importante. C'est en vain que la Belgique aura lié son grand port de l'Escaut à la capitale des provinces rhénanes : c'est en vain que la Hollande occupera, sur les bouches du grand fleuve allemand, cette position admirable qui fit autrefois sa puissance et sa richesse; l'Allemagne industrielle se dégage peu à peu de ces liens, n'use qu'avec discrétion des avantages nouveaux que lui offrent ses voisins et travaille à créer au commerce allemand des voies allemandes, une marine aliemande, des ports allemands.

Telle est la situation générale de la Confédération Germanique, au point de vue industriel: partout les chemins de fer sont votés avec prudence, construits avec activitė; Ann. hist. pour 1843.

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pas un petit État qui reste en arrière, et l'Autriche ellemême, qu'on accuse d'immobilité, donne l'exemple d'une heureuse hardiesse et d'une intelligente promptitude.

Au point de vue politique, rien de nouveau en Allemagne. Moralement, l'influence russe y perd du terrain tous les jours. L'Autriche, placée entre ses habitudes diplomatiques et ses besoins nouveaux, flotte indécise et s'étonne de sa faiblesse. Les deux révolutions de Grèce et de Serbie lui ont montré de combien peu son nom pesait dans la balance politique: elle a pu voir, à ses portes, triompher l'influence de la Russie; mais les empiétements sourds et constants de la politique du Czar n'ont pu qu'éveiller ses défiances, sans la décider à des alliances nouvelles.

AUTRICHE.

Nous avons déjà dit quel avait été le rôle politique de l'empire dans ses rapports avec les principautés du Danube et, d'ailleurs, ceci a été exposé plus loin dans un chapitre spé cial. La conduite du gouvernement autrichien à l'occasion des troubles de l'Italie trouvera également sa place dans l'histoire des légations.

Dans l'ordre des faits de politique extérieure l'histoire de l'Autriche ne nous offre, cette année, que deux traités, l'un avec la Russie, l'autre avec les divers États italiens.

Entre la Russie et l'Autriche fut signée (7 mars) une convention postale qui facilitait les relations des deux empires. Un traité postal était également l'objet de négociations ouvertes avec la Prusse, et le conseiller aulique, M. le baron Nell de Nellenberg, avait été envoyé à Berlin, en qualité de commissaire impérial, pour applanir les difficultés que présentait la confection de ce traité : mais, à la fin de l'année, les négociations n'avaient encore amené aucun résultat.

Un autre traité plus important fut conclu avec les divers États et duchés d'Italie que traverse le Pô, ainsi qu'avec les

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